diogramme suggère la possibilité d’un infarctus. Les tro-
ponines I et T sont des protéines qui interviennent dans la
contraction musculaire cardiaque et sont libérées en cas de
nécrose tissulaire. L’élévation de la troponine I ou T fait
partie aujourd’hui des critères qui définissent la nécrose
cardiaque, mais cette nécrose n’est pas nécessairement en
rapport avec une pathologie coronaire.
Du fait de leur bonne spécificité et sensibilité (RV
+
>10et
RV
-
< 0,1), le dosage des troponines est utilisé pour
confirmer ou exclure un infarctus (intérêt thérapeutique
primaire). Il permet d’établir le diagnostic d’infarctus avec
une spécificité supérieure à 95 % [5]. De fait, ce dosage
remplace celui des CK et autres marqueurs moins spécifi-
ques (ASAT, LDH) qui deviennent généralement inutiles
[6]. Le dosage des CK-MB, bien qu’encore réalisé dans de
nombreux centres, apparaît aujourd’hui nettement moins
spécifique et moins sensible que le dosage des troponines
[7]. Devant un syndrome coronarien aigu clinique sans
élévation du segment ST, un dosage de troponine permet
de distinguer un infarctus du myocarde (dosage positif)
d’une angine instable (dosage négatif). Ces deux entités,
infarctus du myocarde et angine instable, sont en fait
actuellement considérées comme une même maladie mais
de sévérité différente [8]. Le dosage est considéré comme
positif au-delà du 99
e
percentile, c’est-à-dire en pratique
au-delà de la limite de détection de la méthode de dosage,
compte tenu de sa précision. Cependant, en cas de détresse
respiratoire, que l’étiologie soit cardiaque, septique ou
embolique, la spécificité vis-à-vis de l’infarctus chute. En
effet, les troponines s’élèvent en situation d’hypoxie
sévère, d’insuffisance circulatoire et/ou d’hypertension
artérielle pulmonaire [9], en cas de souffrance myocardi-
que liée à une myocardite, à un trouble du rythme ou à une
intoxication (monoxyde de carbone, cocaïne...). Dans ces
conditions, devant une dyspnée aiguë, pour retenir le dia-
gnostic de thrombose coronaire, d’autres tests doivent être
positifs (ECG, imagerie) et/ou un seuil plus élevé que le
99
e
percentile peut être utilisé.
La sensibilité du dosage des troponines est supérieure à
90 % à partir de la sixième heure après le début de la
symptomatologie. Le dosage de troponine (Tn) est donc
utilisé aussi pour exclure le diagnostic d’infarctus mais il
doit être négatif et répété jusqu’à la douzième heure après
l’arrivée aux urgences. Ce délai limite l’intérêt des tropo-
nines en situation d’urgence où les gestes thérapeutiques
les plus efficaces doivent être effectués au mieux avant la
sixième heure (donc sans attendre une possible élévation
des troponines). L’élévation de la myoglobine (Mb) est
plus précoce mais sa spécificité est médiocre même si ses
performances peuvent être améliorées par une répétition
des dosages.
Le dosage d’une troponine apporte également des rensei-
gnements tertiaires c’est-à-dire sur la sévérité de l’atteinte.
En cas de syndrome coronarien aigu, un test positif dès
l’arrivée du patient est en faveur d’une thrombolyse ou
d’une angioplastie même en l’absence d’élévation du seg-
ment ST [10]. Des taux élevés sont par ailleurs de puis-
sants marqueurs indépendants de mortalité et de morbidité
au cours de l’insuffisance coronaire aiguë [11]. La valeur
pronostique d’une troponine positive peut donc être utili-
sée comme élément déterminant dans l’intensification du
traitement et l’orientation des patients. En cas d’embolie
pulmonaire, le dosage de troponine pourrait aussi apporter
des renseignements sur la sévérité de l’atteinte, son éléva-
tion signant des micro-infarctus du cœur droit. Ainsi dans
une série publiée en 2000, la mortalité observée chez 56
malades était de 44 % en cas de troponine élevée contre
3 % chez les malades troponine négative. Ces malades
avaient des lésions coronaires comparables, mais le taux
de dysfonction du ventricule droit était plus fréquent en
cas de troponine élevée [12]. Une troponine élevée au
cours d’une embolie pulmonaire pourrait donc être un
argument pour une thrombolyse ou une embolectomie
[13].
Les peptides natriurétiques
Le peptide natriurétique BNP (brain natriuretic peptide)
est une hormone cardiaque sécrétée spécifiquement par le
cœur et essentiellement par les ventricules cardiaques (et
faiblement par les parois atriales) en réponse à une mise
en tension anormale de la paroi ventriculaire. Les parois
atriales sécrètent davantage le peptide ANP (atrial natriu-
Tableau 1. Éléments cliniques et paracliniques permettant de
calculer le score de Fine (d’après [4]).
A
ˆge Années (- 10 pour les femmes)
Patient institutionnalisé + 10
Maladie néoplasique + 30
Maladie hépatique + 20
Insuffisance cardiaque gauche + 10
Maladie cérébrovasculaire + 10
Maladie rénale + 20
Altération des fonctions supérieures + 20
Fréquence respiratoire > 30/min + 20
Pression artérielle systolique
<90mmHg
+15
Température < 35 °C ou > 40 °C + 10
Fréquence cardiaque > 125/min + 30
pH < 7,35 + 20
Urée > 11 mmo/L + 20
Hématocrite < 30 % + 10
PaO2 < 60 mmHg + 10
Épanchement pleural + 10
Ce score est utilisé pour évaluer le risque de mortalité en cas de pneumo-
pathie aiguë communautaire. Si le score est inférieur ou égal à 90, le
risque est faible (< 3 %). Entre 91 et 130 le risque est modéré (8 %).
Au-delà de 130 la mortalité est importante (29 %).
Dyspnée aiguë aux urgences
Ann Biol Clin, vol. 63, n° 4, juillet-août 2005 381
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