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anatomopathologistes), et paramédicaux (diététiciens, kinés, psychologues)
ainsi que des coordinatrices de transplantation.
INDICATIONS, INTERVENTION ET PERSPECTIVES
Chez l’enfant, les deux indications principales de greffe de foie sont l’atrésie
biliaire (une forme de maladie inammatoire néonatale des voies biliaires) et
les cancers du foie. Dans le cadre du donneur vivant, les conditions médicales
et éthiques s’avèrent très strictes : le donneur doit faire partie de la famille de
l’enfant, le père et la mère principalement. Chaque candidat donneur effectue
un bilan de santé nécessaire pour évaluer le risque de l’opération ; le donneur
est également évalué par un médecin indépendant qui veille à ses intérêts et
devient en quelque sorte son « avocat médical ».
L’intervention chirurgicale de don hépatique dure de quatre à cinq heures et
requiert une hospitalisation de sept à huit jours. Le donneur conserve 75 à 80 %
du volume de son foie ; celui-ci va d’ailleurs s’hypertrophier an de compenser
la petite perte fonctionnelle. Pour le receveur, il existe malgré tout le risque d’un
phénomène de rejet. Il s’agit d’une réaction biologique de l’enfant vis-à-vis du
foie transplanté, lequel lui est immunologiquement étranger. « Ce risque est ac-
tuellement très bien maîtrisé grâce à un traitement immunosuppresseur minimal,
rassure le Pr Reding. Notre Centre travaille en ce moment pour améliorer encore
les traitements immunosuppresseurs et, pourquoi pas dans un avenir proche,
mettre au point un protocole permettant l’induction d’une tolérance du receveur
à son greffon. »
La greffe hépatique pédiatrique : un défi chirurgical, un travail
d’équipe, une aventure humaine
CoeurPoumon FoieReinPancréas
La greffe hépatique adulte : un calcul délicat !
Depuis vingt ans, la gree hépatique pédiatrique
par donneur vivant est un programme phare du
Centre de Transplantation de l’UCL et donne d’ex-
cellents résultats. Les Cliniques universitaires Saint-
Luc prennent en charge de nombreux enfants qui
proviennent parfois d’au-delà de nos frontières.
Les résultats de la transplantation hépatique pédia-
trique par donneur vivant dépassent aujourd’hui un
taux de survie de 95 % après un an. « Notre expérience à long terme nous indique
que les enfants transplantés deviendront adolescents puis adultes et qu’ils pour-
ront fonder une famille », se réjouit le Pr Raymond Reding. Fort de ces résul-
tats, la transplantation hépatique pédiatrique par donneur vivant à Saint-Luc
est devenue l’un des programmes les plus actifs en Europe et en Amérique
du Nord avec, à ce jour, plus de 250 greffes de ce type réalisées aux Cliniques.
Le principe qui sous-tend ces greffes de foie pédiatriques consiste à utiliser la
partie gauche du foie d’un adulte, laquelle s’inscrit particulièrement bien dans
la cavité abdominale d’un enfant. Le don de foie par donneur vivant est une
déclinaison de ce principe.
PÉDIATRES ET CHIRURGIENS : MAIN DANS LA MAIN
Le succès de ce programme réside dans la qualité du travail de l’équipe médico-
chirurgicale s’occupant des enfants transplantés. En effet, la préparation
médicale des patients, le rafnement des techniques chirurgicales et des
traitements immunosuppresseurs adaptés contribuent au succès de l’entre-
prise. « Pédiatres et chirurgiens travaillent main dans la main », insiste le
Pr Reding. Par ailleurs, ils peuvent compter sur la précieuse collaboration de
tous leurs collègues soignants (radiologues, anesthésistes, réanimateurs,
La transplantation hépatique adulte par donneur
vivant est une procédure complexe tant pour le
donneur que pour le receveur. Le Pr Jan Lerut,
Directeur du Centre de transplantation de l’UCL,
fait le point sur cette pratique.
UN CALCUL DIFFICILE
La transplantation hépatique adulte par donneur
vivant est une intervention qui présente des risques
tant pour le donneur que pour le receveur. Au niveau adulte, il convient de pré-
lever entre 60 et 70% du foie du donneur. Pour que le greffon fonctionne chez
le receveur, il doit correspondre idéalement à au moins 1% de sa masse corpo-
relle ; sinon, son besoin métabolique ne sera pas couvert. « C’est comme si vous
mettiez un moteur de 2CV dans une voiture de course, illustre le Pr Lerut. Ce ne
serait pas sufsant. » Mais si l’on prélève une partie trop importante du foie (au-
delà de 70%) chez le donneur, il risquera lui aussi de se retrouver en insufsance
hépatique et d’encourir des complications. Le donneur deviendrait lui-même
receveur d’organes ! Il s’agit donc d’un calcul très complexe, qui se fait à l’aide
d’un programme informatique allemand très élaboré. « Par ailleurs, les receveurs
adultes souffrent souvent de plusieurs pathologies liées à leur insufsance hépa-
tique et le temps d’attente avant la transplantation peut être considérable. »
UN SUIVI IMPORTANT
Après la transplantation, tant le donneur que le receveur doivent bénécier
d’un suivi strict et régulier. « Cela représente deux consultations par semaine,
poursuit le Pr Lerut. L’intervention peut entraîner certaines difcultés : si le greffon
n’est pas assez grand ou s’il y a des problèmes de la voie biliaire ou de la vascula-
risation, des vaisseaux et des artères peuvent se boucher. » A l’instar des autres
transplantations, le donneur suit un traitement immunosuppresseur impor-
tant. Après un certain temps, la fréquence des consultations diminue.
PERSPECTIVES
Actuellement, aux Cliniques Saint-Luc, le nombre de greffes hépatiques adultes
réalisées à partir de donneur vivant s’élève à quarante. « Contrairement à la
transplantation hépatique pédiatrique, nous procédons surtout à des transplanta-
tions par donneur post-mortem. Cela s’explique par les risques plus importants qui
entourent les greffes par donneur vivant. Dans l’avenir, nous comptons augmenter
le nombre de ce type de transplantation en renforçant et réorganisant l’équipe. »
HOMMAGE À HERMAN TOB
La Fondation Euroliver a été mise à l’honneur lors d’un symposium en dé-
cembre dernier. Les actions de sensibilisation à la transplantation et au don
d’organes chez les adolescents étaient l’un des sujets abordés. Euroliver est la
fondation créée par feu Herman Tob, un ancien patient de Saint-Luc qui fut un
grand mécène du Centre de transplantation des Cliniques Saint-Luc et de l’UCL.
TABLE D’OPÉRATION BACKTHERM
Une collecte de fonds, menée par l’association de patients greffés hépatiques
« Hépatotransplant », a permis l’acquisition d’une table de travail Backtherm
pour l’équipe de transplantation hépatique de Saint-Luc. D’une valeur de
30.000 €, cette table d’opération permet de préparer les greffons de manière
optimale. L’organe est maintenu à une température constante de 4° et est ainsi
mieux préservé.
Depuis les débuts de la transplantation hépatique à Saint-Luc, « Hépatotrans-
plant » accompagne les patients greffés adultes avant, pendant et après leur in-
tervention. L’association organise également de nombreuses activités à desti-
nation des transplantés, leur permettant de partager leur expérience. Enn, elle
sensibilise le grand public à la transplantation via des séances d’informations.
«Les enfants transplantés deviendront adolescents
puis adultes et pourront fonder une famille.»
«Pour que le greffon fonctionne chez
le receveur, il doit correspondre idéalement
à au moins 1% de sa masse corporelle.»
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