
Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : diagnostic et prise en charge de l’apathie
HAS / Service des bonnes pratiques professionnelles / Juillet 2014
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Généralités
L’apathie (de l’alpha privatif et affection, passion) renvoie historiquement à « l’impassibilité
voulue, l’état de l'âme dont aucune émotion ne vient troubler la tranquillité »
. Dans la Grèce
antique « l’apathie du sage des Stoïciens »
est ainsi une condition préliminaire à la pensée
épurée d’affects perturbateurs comme la peur ou la passion. Cette signification perdurera peu ou
prou jusqu’à l’époque contemporaine à partir de laquelle le terme sera principalement associé à la
« nonchalance »1 et à « l’indolence à agir, à sentir »2, avec la connotation péjorative du manque de
« volonté » que ces termes comportent. Les définitions médicales modernes de l’apathie prennent
leur source dans les travaux de Marin datant des années 1990 (1) et sont en lien avec cette
définition contemporaine. Le modèle de Marin décrit l’apathie comme un syndrome clinique dont
le processus principal consiste en un déficit persistant de la motivation rapporté par le
sujet lui-même ou par l’entourage. Cet état contraste avec le niveau antérieur de
fonctionnement du sujet ou les standards d’âge et de culture. Marin a décrit des
manifestations comportementales (diminution des comportements dirigés vers un but),
cognitives et émotionnelles de l’apathie. Afin de garder la spécificité de ce syndrome et
d’exclure les diagnostics différentiels, ces manifestations ne devraient pas être attribuables à une
diminution du niveau de conscience, à un déficit intellectuel ou à une détresse émotionnelle.
Cependant, dans de nombreuses situations cliniques, l’apathie n’apparaît pas en tant que
syndrome isolé mais comme dimension symptomatique d’un état pathologique préexistant comme
dans les maladies neurodégénératives, dans certains troubles psychiatriques ou certaines
affections générales qui n’entrent pas dans le champ de ce travail (cf. tableau 1).
Ce document aborde l’apathie chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou de maladies
apparentées (MA et MA), dont la démarche diagnostique a été décrite dans la recommandation de
bonne pratique publiée par la HAS en 2011 (2).
Au cours de ces affections, l’apathie est très fréquente (cf. chapitre 2) et il a été montré qu’elle
s’accompagne d’une aggravation du pronostic fonctionnel des patients et d’une majoration du
sentiment de fardeau des proches aidants (cf. § 5.2).
Par ailleurs on associe plus fréquemment la MA et MA à des manifestations psycho-
comportementales revêtant un caractère perturbateur qu’à des comportements de retrait comme
l’apathie. Les troubles du comportement perturbateurs ont fait l’objet d’une recommandation de
bonne pratique spécifique publiée par la HAS en 2009 (3). Dans un contexte institutionnel par
exemple, le malade apathique se fera naturellement moins remarquer par l’ensemble du personnel
soignant que le malade agité ou bruyant qui perturbe directement son environnement. Dans le
cadre d’une prise en charge globale des patients atteints de la MA et MA, il apparaît donc
important d’orienter les différentes catégories d’intervenants concernés pour faciliter l’identification
et la prise en charge des patients apathiques.
Enfin, un enjeu important de cette recommandation de bonne pratique réside dans le fait que
l’apathie est souvent confondue avec la dépression, pouvant aboutir à un traitement thérapeutique
inadapté.
Dictionnaire de l’Académie française, 9e édition, accessible sur http://www.academie-francaise.fr/le-
dictionnaire/consultation-en-ligne
Dictionnaire d’Émile Littré