C o nc lus i o n Pr Emmanuel HIRSCH Professeur des universités, Directeur de l’Espace Régional de réflexion éthique Ile-de-France, de l’Espace national de réflexion éthique MND, et du Département de recherche coéthique, Université Paris-Sud EA1610 « études sur les Sciences et les techniques », Université ParisSud, Président du Conseil scientifique Sciences humaines et sociales de France Alzheimer et maladies apparentées Je ne résumerai pas les échanges et les interventions de cette journée. Avec France Alzheimer et maladies apparentées, des personnes se mobilisent pour lutter contre l’inéluctable et refuser des situations inacceptables. L’association, qui fête ses 30 ans, est un lieu d’innovation sociale et humaine. En plaçant l’accent sur cette dimension humaine, elle a imposé à la communauté des chercheurs une autre forme d’attention. Il faut aussi mobiliser le reste de la société. Merci à France Alzheimer et maladies apparentées d’exister, pour toutes les avancées qu’elle a permises concernant la maladie d’Alzheimer mais aussi dans de nombreux autres domaines, notamment celui des maladies neurodégénératives. Les chercheurs expriment une certaine forme d’urgence, d’impatience et de responsabilité, et ce quelle que soit leur discipline. Les personnes malades et les proches ont de fortes attentes vis-à-vis de la recherche, qui est une source d’espérance pour l’avenir. Ceux qui donnent leur 44 cerveau à la recherche accomplissent un acte d’une grande générosité, dans une société qualifiée d’individualiste. Dans le milieu associatif, le temps des improvisations est passé. Il n’est plus à la hauteur des enjeux actuels. Le moment est venu de produire des recherches. Le proche est désormais devenu un partenaire du soin et du suivi de la personne. La recherche doit permettre de donner de la cohérence et de la lisibilité à des données qui, autrement, resteraient informelles. Par ailleurs, le temps de la recherche s’oppose à l’impatience de trouver des résultats. La recherche dans le domaine des sciences humaines et sociales se concrétise plus rapidement que la recherche scientifique. étant enracinée dans le terrain, France Alzheimer et maladies apparentées a une intelligence pratique, qui produit des résultats concrets. Une société doit être digne de ses chercheurs. Or, aujourd’hui, les chercheurs ont les plus grandes difficultés à chercher. Les politiques ne parviennent pas à comprendre qu’il faut mobiliser des compétences et des moyens pour la recherche. Le temps des politiques diffère de celui des chercheurs, qui sont confrontés à d’importants problèmes de financement et se heurtent au jeu des lobbies. Enfin, dans une société qui doute de tout, le milieu de la recherche est l’un des creusets de la confiance en la démocratie. Il est un lieu de créativité, de communauté, de responsabilité, d’engagement, de rigueur, de passion et de dévouement. La société n’est peut-être pas digne de ses chercheurs, car elle ne reconnaît pas suffisamment leurs apports. Les politiques pourraient s’inspirer de l’intelligence témoignée par les personnes affectées par la maladie d’Alzheimer, pour définir leurs politiques publiques. 45