
R.Caruccio 7e Biennale de l’Éducation et de la Formation
« Quelles approches pour faciliter le développement des personnes dans les
organisations d’éducation et de formation ? » Lyon, 14-17 avril 2004 4
l’intégrité personnelle du formateur (RICŒUR, ibid.). Cette règle de réciprocité existe aussi
dans la relation d’intersubjectivité du formateur avec le sujet-formé (positionnement-type B).
Le système de notation devient complexe pour les formateurs, car parfois, il s’ajoute une
reconnaissance de la nécessité de la règle pour le contexte. L’obligation de répondre à la
demande institutionnelle peut provoquer aussi un sentiment de responsabilité et de conviction
chez le formateur pour délibérer (positionnement-type B et C). À partir d’un sentiment de
faire justice, par une recherche d’équité de conditions pour évaluer, le formateur explore les
moyens et les critères qui sont d’après lui, plus adaptés au contexte. Sa recherche vise, bien ou
mal, réparer son implication dans le respect de la demande de l’institution. Dans ces
conditions, des sentiments de culpabilité ou de remords peuvent résulter du devoir d’obéir à la
règle institutionnelle (positionnements-types A et B). Le sentiment et un désir moral de tenir
sa promesse, face aux sujets-formés, doit « sauver la réputation » (BAGNOLI, 2000) du
formateur et son « intégrité personnelle » (RICŒUR, 1995). Le troisième positionnement-
type semble correspondre à un désir de participation au changement du contexte institutionnel
par le formateur avec la création de nouvelles règles qui puissent permettre au sujet-formé de
continuer à se développer dans ce contexte. Dans ce nouveau rapport d’indépendance à
l’institution, le formateur cherche créer des conditions « pour que l’agent humain continue à
se développer dans des institutions plus justes » (Ibid., 1990, p. 297). Ce positionnement
représente le dépassement du respect de la règle par le respect des personnes, dans la priorité
établie par le formateur. Cela rappelle l’énonciation de la « norme de réciprocité », du « motif
de bienveillance », de faire quelque chose en faveur de quelqu’un (Ibid., p. 255). Cela
correspond encore au conflit entre l’universalisme et le « contextualisme » de la règle (de
justice) qui « affecte toutes les sphères de la moralité » (Ibid.). Les maximes qui passent avec
succès l’épreuve d’universalisation sont les devoirs qui ne sont pas déduits mais dérivés des
« propositions de sens » qui sont issues de la pratique quotidienne. Le conflit pour RICŒUR,
contrairement à KANT, n’est possible que dans l’application de la règle à la situation
concrète, où se trouve l’altérité des personnes. « L’exception faite au bénéfice d’autrui »
rappelle la prédominance du principe d’humanité dans la délibération du formateur.
Bibliographie
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CANTO-SPERBER, M. L’inquiétude morale et la vie humaine, Paris, PUF, 2002.
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choix professionnel. Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) et Université de
Louvain-La-Neuve, Paris, France. « Mémoire de DEA non publié », 1998-99.
CHARAUDEAU, P. Grammaire du sens et de l’expression, Paris, Hachette,1992, p.569-652.
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223 et 253.
KANT, E. (1785). Métaphysique des Mœurs I. Fondation, Trad. Alain Renault, Paris,
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PUF, 1999,
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LAVALLARD M.-H. Évaluation et déontologie, in Bulletin de psychologie, n° 445 / janv.-
févr. Paris, 2000.
MISRAHI, R.Qu’est-ce que l’éthique ? , Paris, Armand Colin, 1997.
RICŒUR , P. (1990). Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
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La Règle d’Or en question (1989), Paris, Seuil, 1993, p.273-78.
Ibid., La philosophie de la volonté 1, Paris, Seuil, 1950.