Forum Med Suisse 2011 ;11(12):206–212 210
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centres. Les antihistaminiques intraveineux (par ex. di-
phénhydramine ou clémastine) sont souvent utilisés en
cas de survenue de manifestations cutanées, telles
qu’érythème, urticaire ou angiœdème, ou d’un prurit gé-
néralisé ou prononcé. Toutefois, les antihistaminiques ne
permettent pas de venir àbout d’un bronchospasme, de
normaliser la pression artérielle et de remédier àunchoc
anaphylactique [31]. Après prise orale d’un antihistami-
nique, l’entrée en action du médicament interviendra au
plus tôt après 30 minutes; néanmoins, dans la plupart
des cas, cette période de latence est plus longue [32]. Une
régression rapide des symptômes après prise orale d’un
antihistaminique est le plus souvent la conséquence
d’une rémission spontanée. La clémastine devrait être
administrée lentementpar voie intraveineuse, car l’admi-
nistration rapide en bolus entraîne presque systémati-
quement une chute de la pression artérielle [13, 14].
Dans ce cas, il s’agit d’un effet pharmacologique et non
pas d’une allergie, par ex. àdes composants du médica-
ment. Cette (nouvelle) chute tensionnelle ne résulte pas
non plus de la réaction allergique.
Corticostéroïdes
Les corticostéroïdes ne sont pas des médicaments de
première ligne, car ils n’exercent pas d’effets directs
sur les symptômes aigus [13, 15]. Après injection intra-
veineuse, l’action complète du médicament survient au
plus tôt après 1 heure; ce temps de latence s’élève à
4 heures en cas d’administration orale. L’administra-
tion de corticostéroïdes vise à empêcher les réactions
retardées ou tardives liées à l’activation massive des
mastocytes. Il n’existe pas suffisamment de données
permettant de savoir si les corticostéroïdes protègent
réellement contre une évolution biphasique ou retar-
dée. Les corticostéroïdes sont avant tout efficaces dans
le traitement des bronchospasmes. Les recommanda-
tions posologiques et la répétition des doses varient,
mais une dose de 1–2 mg/kg de poids corporel par ad-
ministration devrait être suffisante.
Antihistaminiques H2
Les antagonistes des récepteurs H2, comme la raniti-
dine, doivent uniquement être administrés en associa-
tion avec un antihistaminique H1. Les études démon-
trant un effet après la seule prise d’un antagoniste H2
font défaut. Il n’est pas exclu que des bradycardies ou
une dyspnée puissent survenir en cas de prise d’un an-
tihistaminique H2 seul [13]Bêta-2-mimétiques
Le salbutamol, administré par nébulisation ou via une
chambre d’inhalation, peut être administré en cas de
bronchospasme, de toux ou de dyspnée. Il est essentiel
d’administrer une dose suffisamment élevée (tab. 2)
[13, 16]. Par ailleurs, il faut tenir compte du fait que les
bêta-2-mimétiques sélectifs n’ont pas d’effet alpha-1
agoniste et qu’ils n’agissent donc pas sur le système
cardiovasculaire.
Marche à suivre après le traitement aigu
En fonction du degré de sévérité, de l’évolution de la
réaction allergique et de la réponse au traitement, le
patient doit être hospitalisé et surveillé après le traite-
ment aigu [13, 16, 17]. A cet égard, la présence de
comorbidités (par ex.broncho-pneumopathie chro-
nique obstructive, asthme, maladies cardio-vasculaires)
joue également un rôle déterminant [33]. Des évolu-
tions retardées ou biphasiques sont rapportées chez
environ un cinquième des adultes et elles sont plus
rares chez les enfants [34]. Ces réactions tardives résul-
tent en partie également d’un traitement primaire in-
suffisant. Les patients traités par bêtabloquants peu-
vent mettre plus de temps à se rétablir, en raison du
blocage des récepteurs bêta et d’une réponse insuffi-
sante à l’apport endogène ou exogène d’adrénaline [13,
33]. Même si tous les patients ne nécessitent pas une
surveillance de 24 heures après une réaction allergique
généralisée, une surveillance d’au minimum 4 heures
devrait tout de même être assurée [13, 16].
Prise en charge des patients
après une anaphylaxie
Après le traitement aigu, tout patient victime d’une
réaction allergique généralisée – quel que soit le degré
de sévérité (tab. 4 p) – devrait disposer de médica-
ments d’urgence, qui peuvent être pris immédiatement
en cas de récidive [17, 20]. Le kit d’urgence est com-
posé d’un antihistaminique (par ex.deux comprimés de
lévocétirizine, cétirizine, fexofénadine) et d’un cortico-
stéroïde (par ex. deux comprimés à 50 mg de predniso-
lone) [13–15, 27]. Au lieu des comprimés, chez les en-
fants en bas âge, les antihistaminiques peuvent être
prescrits sous forme de gouttes (par ex. gouttes de céti-
rizine – 0,25 mg/kg), de sirop (par ex. desloratidine –
1,25–2,5 mg) ou de comprimés hydrosolubles (par ex.
Betnesol – 0,2–0,5 mg/kg) [13, 15]. En fonction du de-
gré de sévérité clinique, des maladies préexistantes
(par ex. asthme) ou de l’allergène incriminé (allergènes
alimentaires cachés), une préparation à base d’adréna-
line doit en plus être prescrite et les patients doivent
être formés à la manipulation de l’auto-injecteur.
Après une réaction allergique généralisée soupçonnée,
tout patient doit être référé pour une consultation aller-
gologique détaillée afin de déterminer la cause et d’en-
seigner au patient les principales règles de conduite
à tenir (par ex. en cas d’allergie médicamenteuse:
connaissance des médicaments alternatifs [12, 15–17,
20]). Dans certains cas (par ex. allergie au venin d’hy-
ménoptères), une immunothérapie spécifique peut per-
mettre d’obtenir un degré élevé de protection en cas de
nouvelle exposition à l’allergène [35]. En fonction de
la cause (par ex. médicaments, latex, aliments spéci-
fiques), le patient recevra un certificat d’urgence, qu’il
peut présenter en cas de besoin. Notre expérience
nous amontré qu’environ un quart des patients sont à
nouveau confrontés au même facteur déclenchant ou
àunfacteur déclenchant similaire en l’espace de
quelques mois/années [2]. En fonction de l’éducation
dispensée aux patients, les médicaments d’urgence
sont utilisés en cas de récidive et deux tiers des pa-
tients utilisent également la préparation àbase d’adré-
naline.