M Y A S T H É N I E AVANT-PROPOS Proposée sous forme de classeur pour faciliter l'accès et la mise à jour des informations, chaque monographie Myoline rassemble les connaissances scientifiques, médicales et psychosociales sur une maladie neuromusculaire. Regroupés en chapitres repérés par des intercalaires, les textes développent les informations utiles pour les professionnels médicaux et paramédicaux qui font le diagnostic, suivent et traitent des personnes atteintes de maladie neuromusculaire. La définition donne une idée synthétique de la maladie. Les textes sont précédé par des résumés en gras. Certains paragraphes en italique donnent des précisions souvent techniques. L‘expérience et le vécu des personnes concernées recueillis au sein de l‘Association Française contre les Myopathies, viennent enrichir le contenu de ces monographies. La monographie Myoline “Myasthénie” a été rédigée par Cécile JAEGER, sous la direction d‘Hélène RIVIERE. Nous remercions tout particulièrement : le Docteur Sonia BERRIH-AKNIN, Madame Chantal DAUCHET, le Docteur Bruno EYMARD, Madame Mireille FOURNIOL, le Professeur Philippe GAJDOS, le Docteur Cyril GAUD, Le Professeur Jean-Marie WARTER, qui ont pris le temps et la peine de lire et corriger attentivement le manuscrit. ASSOCIATION FRANÇAISE CONTRE LES MYOPATHIES 1, rue de l‘Internationale BP59 91002 EVRY cedex M Y A S T H É N I E SOMMAIRE ● DÉFINITION..................................................................................1-1 ● ÉPIDÉMIOLOGIE. .........................................................................2-1 ● PHYSIOPATHOLOGIE ...................................................................3-1 ■ Physiopathologie de la myasthénie de l’adulte........................3-1 Généralités Rôle des Ac anti RACh Origine de la myasthénie Rôle du thymus Autres anomalies immunologiques. Myasthénie séronégative ■ Physiopathologie de la myasthénie néonatale. ...................... 3-5 ● DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE ACQUISE AUTO-IMMUNE ... 4-1 ■ Appareil musculaire .................................................................4-2 Description clinique (évolution de l'atteinte musculaire, facteurspronostiques) Examens complémentaires (électromyographie, dosage des anticorps, tests pharmacologiques aux anticholinestérasiques, biopsie musculaire) ■ Appareil respiratoire ..............................................................4-10 Description clinique (la décompensation respiratoire,les infections respiratoires, l’influence du sommeil) Examens complémentaires (radiographie pulmonaire, explorations fonctionnelles respiratoires, gaz du sang,scanner thoracique) ■ Psychologie............................................................................4-12 ■ Glandes endocrines. ..............................................................4-13 Thymus Thyroïde ■ Appareil digestif ....................................................................4-13 ■ Gynécologie ...........................................................................4-13 Myasthénie et menstruations Myasthénie et contraception ■ Appareil cardio-vasculaire .....................................................4-14 Description clinique Examens complémentaires ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM ● DESCRIPTION DES FORMES CLINIQUES......................................5-1 ■ Myasthénie néonatale ..............................................................5-1 ■ Myasthénie infantile et juvénile ...............................................5-2 ■ Myasthénie et grossesse..........................................................5-3 Pendant la grossesse Lors de l'accouchement En post partum ■ Myasthénie familiale................................................................5-4 ■ Myasthénie oculaire.................................................................5-4 ■ Myasthénie induite par la D-Pénicillamine...............................5-4 ● GENETIQUE .................................................................................6-1 ● DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL ........................................................7-1 ■ Affections neurologiques ou psychiatriques ............................7-2 Sclérose en plaque Sclérose latérale amyotrophique Neuropathies périphériques Paralysies périodiques Neurasthénie ■ Syndromes myasthéniformes. .................................................7-2 Myopathies Syndrome de Lambert-Eaton Syndromes myasthéniques congénitaux Endocrinopathies ■ Intoxications ............................................................................7-4 Le botulisme Autres intoxications ● PRISE EN CHARGE .......................................................................8-1 ■ Surveillance .............................................................................8-2 ■ Prévention des complications ..................................................8-2 ■ Contre-indications médicamenteuses ......................................8-3 Contre-indications absolues Contre-indications relatives ■ Traitement de la myasthénie acquise auto-immune ................8-4 Traitement médicamenteux (les inhibiteurs de la cholinestérase ou anti-cholinestérasiques, les corticoïdes, les drogues cytotoxiques, les traitements adjuvants, les perspectives d'avenir) Thymectomie Echanges plasmatiques Immunoglobulines ■ Traitement de la décompensation respiratoire ......................8-11 Mesures de réanimation Ventilation assistée ■ Traitement de la myasthénie chez la femme enceinte............8-12 ■ Traitement de la myasthénie néonatale transitoire ................8-13 ■ Traitement de la myasthénie infantile et juvénile ..................8-14 ■ Traitement de la myasthénie oculaire ....................................8-14 ■ Traitement de la myasthénie induite par la D-Pénicillamine ..8-14 ■ Précautions en cas d’intervention chirurgicale ......................8-15 En pré-opératoire En per-opératoire En post-opératoire ● PATHOLOGIES ASSOCIEES..........................................................9-1 ■ Myasthénie et thymome. .........................................................9-1 ■ Myasthénie et maladies auto-immunes. ..................................9-2 ■ Myasthénie et pathologies non auto-immunes. .......................9-3 ● DROIT ET INSERTION.................................................................10-1 ■ Droit .......................................................................................10-1 Le remboursement des frais médicaux Les commissions Les cartes d’invalidité et de station debout pénible Les allocations Les exonérations. Les abattements Les transports Les aides à domicile Assurance vieillesse des personnes au foyer ■ Etudes et formation professionnelle ......................................10-4 Les transports scolaires et universitaires Les examens. L’aménagement des épreuves L’aménagement des études supérieures L’orientation professionnelle ■ Travail ....................................................................................10-5 Les négociations avec l’employeur La reconnaissance de travailleur handicapé La recherche d’un emploi Le travail en milieu ordinaire de production Le travail en milieu protégé L’Allocation Compensatrice pour Frais Professionnels (ACFP) Le reclassement professionnel La cessation de l’activité professionnelle La pension d’invalidité ● RECHERCHE ...............................................................................11-1 ■ Réalisation d’un modèle animal expérimental. ......................11-1 ■ Origine de la réponse auto-immune et rôle du thymus. .........11-2 ● CRITERÈS DE DIAGNOSTIC ........................................................12-1 ● BIBLIOGRAPHIE .........................................................................13-1 ● ABRÉVIATIONS ..........................................................................14-1 ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM DÉFINITION M Y A S T H É N I E DÉFINITION La myasthénie est une maladie neuromusculaire chronique liée à un défaut de transmission de l’influx nerveux entre le nerf et le muscle. Cette anomalie de la transmission neuromusculaire est limitée aux muscles dont la commande est volontaire. Elle atteint les deux sexes et peut débuter à n’importe quel âge. On observe une plus grande fréquence de début chez la femme entre 20 et 40 ans, et chez l’homme après 40 ans. C’est une maladie relativement rare (4 à 6 cas pour 100 000 habitants), de type auto-immun, dont la physiopathologie, grâce à d’importantes découvertes, commence à être mieux connue. La plupart des sujets myasthéniques sont porteurs d’auto-anticorps se fixant sur les récepteurs de l’acétylcholine situés sur la membrane postsynaptique de la jonction neuro-musculaire. Des anomalies du thymus sont fréquemment retrouvées dans la myasthénie. La myasthénie est caractérisée par une faiblesse musculaire qui s’aggrave à l’effort. Généralement, cette faiblesse musculaire est peu importante le matin, puis augmente dans la journée. Le repos entraîne une amélioration de la force musculaire. Cependant, dans les formes graves de la maladie, la force musculaire est diminuée en permanence et ne s’améliore pas, même après un repos prolongé. Les premiers symptômes peuvent survenir après un choc émotionnel, une infection, une intervention chirurgicale, ou l’administration de substances bloquant la conduction neuromusculaire. Une notion de myasthénie familiale est retrouvée dans moins de 5% des cas. Le début est insidieux et la reconnaissance des premiers signes peut être difficile. Dans près de la moitié des cas, les premiers signes sont oculaires, avec une diplopie ou un ptosis. Dans les ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 1-1 autres cas, le début est marqué par une difficulté de phonation, de mastication, ou par une faiblesse des muscles des membres. L’évolution est très variable. Les premiers signes peuvent rester isolés, notamment les signes oculaires : dans environ 15% des cas, ils restent les seuls symptômes de la maladie. Souvent, la maladie s’aggrave par poussées et s’enrichit de nouveaux symptômes aboutissant en général, en 12 à 24 mois, à une faiblesse généralisée. Dans d’autres cas, l’évolution est entrecoupée de rémissions plus ou moins complètes et de durée très variable, imprévisible, pouvant aller de quelques mois à quelques années. La gravité de la maladie dépend de la topographie et de l’intensité de la faiblesse musculaire. Les formes les plus graves sont celles où il existe une atteinte des muscles de la déglutition et/ou des muscles respiratoires, nécessitant parfois des séjours en réanimation avec assistance ventilatoire temporaire ou permanente. L’amélioration des moyens de réanimation a fait considérablement diminuer la mortalité de cette maladie au cours des poussées aiguës. La myasthénie peut revêtir différentes formes cliniques selon l’âge et le terrain de survenue : outre la myasthénie de l’adulte, on décrit la myasthénie néonatale transitoire chez des nouveaux-nés de mère myasthénique, la myasthénie juvénile chez l’enfant ou l’adolescent, la myasthénie chez la femme enceinte. La prise en charge est constituée essentiellement par un traitement médicamenteux et une surveillance en milieu spécialisé, afin de permettre au malade myasthénique la vie la plus normale possible en dehors des poussées, avec respect de l’intégration socio-professionnelle. Même si certains patients présentent toujours une forme grave et invalidante, la thymectomie, les traitements immunosuppresseurs et les échanges plasmatiques ont permis d’améliorer le pronostic des formes sévères. 1-2 FORME ADULTE COMMUNE M Y A S T H É N I E ÉPIDÉMIOLOGIE L'incidence est la fréquence de nouveaux cas. Elle est égale au nombre de cas (individus atteints) apparus au cours d’une année rapporté à la population exposée au risque. La myasthénie survient dans toutes les races et à tous les âges, avec deux pics de fréquence : l’un avant 35 ans avec une nette prédominance féminine, l’autre après 50 ans où l’atteinte des deux sexes est sensiblement la même. L’incidence est de 2 à 5 nouveaux cas par an et par million de personnes. La prévalence est le nombre de cas à un moment donné. Elle est égale au nombre d’individus atteints à un moment donné rapporté à celui de la population moyenne au même moment. La prévalence est de 43 à 64 par million d’habitants, soit environ 5 individus sur 100 000 (Engel, 1986). En France, on compte environ 3 à 4000 personnes myasthéniques. La mortalité et la morbidité ont considérablement diminué avec l’amélioration des technique thérapeutiques. De 31% entre 1940 et1957, la mortalité est passée à environ 7% des malades entre 1966 et 1985 (Grob, 1987). Le sex ratio est de 4 hommes pour 6 femmes. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 2-1 2-2 PHYSIOPATHOLOGIE M Y A S T H É N I E PHYSIOPATHOLOGIE La myasthénie est une anomalie de la transmision de l’influx nerveux vers la fibre musculaire. Elle résulte du blocage des récepteurs de l’acétylcholine, situés sur la membrane postsynaptique, par des auto-anticorps anti-récepteurs de l’acétylcholine. PHYSIOPATHOLOGIE DE LA MYASTHÉNIE DE L’ADULTE ● GÉNÉRALITÉS ● PHYSIOPATHOLOGIE DE LA MYASTHÉNIE DE L’ADULTE ● PHYSIOPATHOLOGIE DE LA MYASTHÉNIE NÉONATALE (d’après Simon et Gajdos, 1981, et C. GoulonGoëau, 1987, 1989, et 1992). La myasthénie est une anomalie de la transmision de l’influx nerveux vers la fibre musculaire. Elle résulte du blocage des récepteurs de l’acétylcholine (RACh), situés sur la membrane postsynaptique, par des auto-anticorps anti-récepteurs de l’acétylcholine (Ac anti-RACh). La synapse ou jonction neuro-musculaire (JNM) met en contact la terminaison d’une fibre nerveuse et un segment privilégié d’une fibre musculaire, la plaque motrice ; ces deux parties, pré et post-synaptiques, sont séparées par la fente synaptique de 50 nm environ. Au niveau de la membrane présynaptique, il existe des zones actives faites de petits amas arrondis de 10 à 12 nm (ou particules actives) disposés en doubles rangées parallèles : il s’agit des canaux calciques voltage-dépendants. L’acétylcholine (ACh), médiateur chimique de la ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 3-1 physiopathologie de la myasthénie de l'adulte 3-2 transmission neuro-musculaire, est synthétisée à la terminaison du nerf moteur et stockée dans des vésicules pré-synaptiques. La membrane postsynapique présente de nombreux replis au sommet desquels se concentrent des récepteurs de l’acétylcholine (RACh). Le récepteur de l’acétylcholine (RACh) est une glycoprotéine (PM 250 000 environ), mesurant 11 nm de long sur 8,5 nm de large, intégrée à la membrane post-synaptique, et faisant un relief de 5,5 nm à la surface de cette membrane. Il est constitué de 5 sous-unités : 2α, 1β, 1δ et 1ε chez l’adulte, ou 1γ chez le fœtus. Ces 3 dernières traversent chacune la membrane post-synaptique, et forment entre elles une rosette entourant un canal à travers lequel se font les échanges ioniques. Les sites de liaison de l’ACh sont situés à la surface de la macromolécule, essentiellement au niveau des sous-unités α. Entre les 5 sous-unités d’un récepteur, et entre les récepteurs des différentes espèces, existent des homologies qui suggèrent que les gènes codant les différentes sous-unités dérivent d’un gène ancestral commun. Les gènes des différentes sous-unités ont été clonés, et on a pu ainsi déterminer la séquence en acides aminés des sous-unités. La moitié N-terminale de la chaine est extracytoplasmique, la moitié C-terminale est en grande partie transmembranaire. La demi-vie des RACh est en moyenne de 6 à 13 jours. Ils subissent une endocytose et sont dégradés dans le réseau lysosomial qui s’étend de la membrane post-synaptique au sarcoplasme de la plaque motrice. Leur concentration reste constante grâce à leur renouvellement rapide. Dans les muscles dénervés, leur dégradation est accélérée mais bien compensée. L’arrivée d’un potentiel d’action à la terminaison nerveuse libère des quantas d’ACh dans la fente synaptique. Chaque quantum contient environ 10 000 molécules d’ACh. Spontanément, des quanta m (molécules d’ACh) sont libérés en petit nombre dans la synapse, donnant naissance à une dépolarisation locale de faible amplitude ; c’est le potentiel miniature de plaque motrice (Miniature End Plate Potentiel ou M.E.P.P.). Lors d’une stimulation nerveuse, une grande quantité d’ACh est libérée. La combinaison de l’ACh avec son récepteur spécifique entraîne l’ouverture transitoire et sélective des canaux aux ions Na+, K+, Ca++. Le passage des ions au tra- vers de ces canaux entraîne ainsi une diminution de la différence de potentiel transmembranaire. Il s’ensuit une dépolarisation de la membrane post-synaptique. Le potentiel de plaque motrice dépasse le seuil critique, engendrant alors un potentiel d’action qui se propage le long de la membrane de la fibre musculaire, provoquant la contraction de celle-ci. Le processus entier de la transmission est très rapide, de l’ordre de la milliseconde. Il prend fin par diffusion de l’ACh hors de la synapse, et par son hydrolyse in situ par l’acétylcholinestérase. Cette enzyme lytique est localisée sur toute la partie externe de la membrane postsynaptique, en particulier au fond des plis qui réalisent en quelque sorte des “pièges à ACh”. L’amplitude de la dépolarisation dépend du nombre d’interactions entre les molécules d’ACh et leur récepteur. Normalement, seule une fraction des molécules d’ACh libérées par la terminaison nerveuse se combine avec les sites récepteurs ; or le nombre d’interactions est plus grand que celui nécessaire pour déclencher un potentiel d’action. Cet excès représente la “marge de sécurité” de la transmission neuro-musculaire. Tout processus qui réduit la probabilité d’interaction, et donc la marge de sécurité, compromet la transmission neuro-musculaire. Chez les sujets myasthéniques, la microscopie électronique a mis en évidence des anomalies morphologiques de la jonction neuro-musculaire consistant en un élargissement de la fente synaptique, un effacement des replis de la membrane postsynaptique, une réduction de la densité en RACh. L’alpha-bungarotoxine radiomarquée (125 α Bgt) est une neurotoxine purifiée à partir du venin de certains serpents et capable de se fixer de façon spécifique et irréversible sur les sites de liaison du RACh. Grâce à cette neurotoxine, il a été démontré que le nombre des récepteurs de l'acétylcholine à la JNM des sujets myasthéniques est très diminué, et que la plupart des sujets myasthéniques ont des anticorps sériques anti-récepteurs de l’acétylcholine (Ac anti-RACh). ● RÔLE DES Ac ANTI RACh Les Ac anti-RACh sont des Ac polyconaux constitués de différents sous-groupes d’IgG, sans prédominance d’un sous-groupe ; une faible partie réagit avec les sites de liaison de l’α-Bgt (Ac blo- quants) ; la majorité se fixe en dehors des sites de liaison de l’α-Bgt, sur la surface extra-cellulaire des sous-unités α du récepteur, ou région immunogénique principale (MIR) du RACh. Une confirmation a été apportée par des Ac monoclonaux spécifiques de la MIR qui empêchent la fixation sur celui-ci de la majorité des Ac antiRACh. Ces anticorps sont responsables du défaut de conduction neuro-musculaire. Les arguments en sont : • la réalisation d’une myasthénie auto-immune expérimentale après immunisation d’animaux avec du RACh purifié à partir des organes électriques de certains poissons ou du muscle de mammifère ; • la possibilité de transférer passivement la maladie à des souris par des IgG purifiées de myasthéniques ; • l’amélioration immédiate et transitoire de la myasthénie après échange plasmatique ; • la survenue d’une myasthénie néonatale transitoire chez 12% environ des nouveaux-nés de mère myasthénique. Environ 90% des patients ont dans leur sérum des Ac anti-RACh que l’on dose essentiellement par technique radio-immunologique (ou rarement par technique enzymatique (ELISA), encore peu utilisée en routine). On en décrit 3 types : Ac précipitants, Ac bloquants, Ac modulants. Il n’y a pas de corrélation entre le taux des anticorps anti-RACh et la gravité clinique: il est fréquent que des patients en rémission sans traitement gardent des taux positifs. On n’a pas obtenu de meilleure corrélation avec l’état clinique en dosant les anticorps bloquants ou en étudiant l’effet pathogène des sérums sur des myotubes en culture. A l’inverse, dans 10 à 15% des myasthénies authentifiées sur d’autres critères, le dosage des Ac anti-RAch, quelle que soit la technique employée, est négatif (voir “Myasthénie séronégative”). Et l’on peut observer des formes graves séronégatives qui, comme les formes séropositives, s’améliorent de façon spectaculaire après échange plasmatique. Qu’il y ait ou non un thymome, que la myasthénie ait débuté avant ou après 40 ans, on n’a pas trouvé de différences dans la distribution des chaînes légères et des sous-classes d’IgG, dans l’inhibition de la liaison de l’α-Bgt, ou dans la ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● réactivité des Ac anti-RACh vis-à-vis de récepteurs provenant de muscles squelettiques normaux ou dénervés et de muscles oculaires. Par contre, chez les myasthéniques atteints de forme localisée oculaire, les Ac anti-Rach ne sont retrouvés que dans 50% des cas, avec une plus grande proportion de chaines légères Κ et d’IgG3, et ces Ac réagiraient mieux avec les RACh de muscles oculaires. Les caractéristiques des Ac pourraient se modifier au cours de la myasthénie ; ainsi le pourcentage des chaines légères Κ et l’affinité des Ac pour les récepteurs seraient plus faibles dans les formes récentes que dans les cas évoluant depuis plus d’un an. Ces anticorps anti-RACh entraînent une diminution du nombre des récepteurs à l’acétylcholine par 3 mécanismes (Eymard, 1991), démontrés in vitro : • lyse de la membrane post-synaptique, soit dépendante du complément, soit du fait d’une endocytose excessive et prolongée. • modulation antigénique ou augmentation de la vitesse de dégradation des RACh (Ac modulants) : en effet, les molécules bivalentes sont capables de se lier à des sites antigéniques identiques de différentes molécules du RACh. Sur des cultures de cellules musculaires mises au contact d’un sérum myasthénique, on a remarqué que les RACh se groupaient en grappe et pénétraient à l’intérieur de la cellule (endocytose) pour y subir une dégradation. Des constatations très voisines ont été faites sur des préparations neuromusculaires soumises expérimentalement à des IgG de myasthénique. • blocage direct du site de liaison de l’ACh, ou blocage allostérique si l’Ac se combine à un site différent (Ac bloquants). Les Ac bloquants ont été détectés dans 7 à 90% des sérums de myasthéniques, mais dans la plupart des cas, ils ne représentent qu’une faible partie du total des Ac antiRACh. physiopathologie de la myasthénie de l'adulte PHYSIOPATHOLOGIE ● ORIGINE DE LA MYASTHÉNIE L’origine de la myasthénie prête encore à discussion : est-elle secondaire à une altération primitive du récepteur ou à un contôle immunologique défectueux vis-à-vis d’un antigène normal, ou encore à ces deux mécanismes réunis ? Un évènement intercurrent, en particulier une infection virale, a été invoqué mais une sensibilisation à un épitope commun au virus et au AFM 3-3 physiopathologie de la myasthénie de l'adulte RACh n’est guère concevable. Un autre évènement est la myasthénie induite par la D-Pénicillamine mais elle cesse dans la grande majorité des cas à l’arrêt du médicament. Une susceptibilité génétique est très vraisemblable, comme en attestent les formes familiales de myasthénie auto-immune, la constatation chez les proches indemnes de signes électriques ou d’une élévation des Ac anti-RACh, enfin les groupes HLA particulièrement fréquents (voir “Génétique”). Enfin il est maintenant clairement établi que le thymus joue un rôle important, voire déclenchant, dans la survenue de la myasthénie. ● RÔLE DU THYMUS Une anomalie thymique, soit hyperplasie, soit thymome, existe chez 80% des myasthéniques (voir “Myasthénie et thymome”). Plusieurs arguments tendent à affirmer le rôle du thymus : • la thymectomie peut être suivie d’une amélioration voire d’une rémission de la myasthénie. On a observé des récidives de myasthénie contemporaines de celles d’un thymome. • le thymus hyperplasique est le siège de nombreux centres germinatifs (prolifération lymphocytaire ectopique développée dans l’espace extra-parenchymateux) (Berrih-Aknin, 1987). Ces centres sont constitués d’une grande quantité de lymphocytes B (centres clairs) et d’une couronne de lymphocytes T. • les lymphocytes thymiques de myasthéniques, mis en culture, produisent des anticorps antirécepteurs de l’acétylcholine, en nombre d’autant plus élevé que le nombre de centres germinatifs dans le thymus est grand. • les cellules myoïdes et épithéliales du thymus portent à leur surface des récepteurs à l’acétylcholine. La coexistence dans le thymus de l’antigène (RACh) et de cellules capables de produire ou de faciliter la production d’anticorps suggère que la réaction d’autosensibilisation des lymphocytes contre le RACh pourrait prendre place dans le thymus. • il existe une bonne corrélation entre l’histologie thymique et le taux d’anticorps : les hyperplasies sont associées à des taux élevés d’anticorps, les thymomes à des taux intermédiaires et les thymus involutifs à des taux faibles (Berrih-Aknin, 1987). Cependant, ces aspects ne sont pas spécifiques 3-4 de la myasthénie (Berrih-Aknin, 1987). Les centres germinatifs sont retrouvés dans d’autres pathologies auto-immunes ; la présence d’un thymome n’est pas toujours associée à la myasthénie ; les effets bénéfiques de la thymectomie ne sont pas constants, et n’entraînent pas toujours une diminution du taux des anticorps antiRACh. Quand c’est le cas, la diminution du taux de ces anticorps est lente. Ces réserves ne remettent pas en cause le rôle du thymus dans la pathogénèse de la myasthénie, mais laissent ouvertes les discussions quant au mécanisme de l’atteinte thymique. Il en existe quatre principaux (Berrih-Aknin, 1987) : • d’abord le thymus pourrait représenter un site unique d’autosensibilisation envers les déterminants antigéniques du RACh, en raison d’une expression spécifique des épitopes du RACh. • ensuite le thymus contribuerait de façon significative à la production d’Ac anti-RACh par l’intermédiaire d’une proportion anormale de cellules B thymiques. • troisièmement, le thymus produirait certains sous-groupes de cellules T en proportion anormale, déséquilibrant la répartition des cellules T : en effet on observe une modification du rapport T4/T8 chez environ un tiers des patients. • enfin le thymus pourrait intervenir dans la pathogénèse de la myasthénie par la production d’hormones thymiques, en particulier la thymopoïétine qui se lie avec une grande affinité aux RACh. Le lien entre ces mécanismes immunologiques et les manifestations cliniques de la myasthénie n’est cependant pas toujours évident. Bien que ces mécanismes aient été démontrés à plusieurs reprises, on comprend mal pourquoi les effets de la thymectomie (amélioration clinique, diminution du taux des Ac anti-RACh) sont retardés, voire inconstants. Cependant, il est sûr, d’après ces études, que l’effet de la thymectomie est bénéfique, surtout chez les femmes jeunes ayant une hyperplasie thymique, ou les sujets âgés ayant un thymome. ● AUTRES ANOMALIES IMMUNOLOGIQUES Immunité cellulaire périphérique : De nombreux travaux ont décrit des réponses spécifiques et non spécifiques de l’antigène (RACh) (Eymard, 1991). Il a été montré une corrélation entre la sévérité de la maladie, le taux d’anticorps et la réponse cellulaire T à plusieurs peptides antigéniques correspondant à des segments du RACh. En outre, les patients myasthéniques présentent une hyperactivité des lymphocytes T thymiques ou périphériques, mesurée par une réponse proliférative à l’interleukine 2 sans stimulation préalable. On a également trouvé une activation des lymphocytes B thymiques en présence de divers facteurs. D’autres anomalies immunologiques peuvent s’observer chez les myasthéniques : • des anticorps anti-muscle strié (Ac anti-MS) sont présents chez environ un tiers des patients ; • la myasthénie peut s’associer à d’autres maladies auto-immunes : hyper ou hypothyroïdie (une anomalie de la fonction thyroïdienne est observée chez 10% des patients), lupus érythémateux disséminé, polyarthrite rhumatoïde, polymyosite, anémie de Biermer (voir “Pathologies Associées”). ● MYASTHÉNIE SÉRONÉGATIVE Dans 10 à 15% des myasthénies authentifiées sur d’autres critères, de gravité variable, le dosage des Ac anti-RACh, quelle que soit la technique employée, est négatif. Ces patients bénéficient comme les autres des échanges plasmatiques, ce qui suggère un mécanisme auto-immun à médiation humorale (Eymard, 1991). Des explications ont été avancées : • liaison de tous les anticorps sur les récepteurs, et par conséquent, absence d’anticorps circulants ; • incapacité de détecter les anticorps en raison de leur faible affinité ou de leur incapacité à reconnaître l’antigène employé dans la réaction ; • formation de complexes immuns ; • anticorps dirigés vers d’autres constituants de la jonction neuro-musculaire que le récepteur lui-même (Mossman, 1986 ; Newsom-Davis, 1987). ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● PHYSIOPATHOLOGIE DE LA MYASTHÉNIE NÉONATALE C’est la forme clinique de myasthénie observée chez certains nouveaux-nés de mère myasthénique, survenant le plus souvent dans les 48 heures suivant la naissance, et regressant sans séquelles ni récidives en quelques jours à quelques semaines. Elle est dûe au passage transplacentaire passif d’Ac anti-RACh (Samuels, 1989), sans qu’il semble exister de corrélation entre le taux d’Ac anti-RACh chez l’enfant et l’existence d’une myasthénie néonatale. Mais la présence de ces anticorps passifs n’explique pas tout. En effet, la plupart des enfants de mère myasthénique, nouveaux-nés indemnes, ont des Ac anti-RACh identiques à ceux de leur mère, alors que certains nouveauxnés myasthéniques possèdent des Ac anti-RACh ayant des idiotypes différents de ceux de leur mère et une demi-vie plus longue. Plusieurs hypothèses ont été avancées : nouveaux-nés atteints non pas du seul fait du transfert passif des Ac, mais parce qu’ils produiraient eux-même temporairement des Ac anti-RACh par passage d’immunocytes de la mère (Lefvert, 1983, cité par Eymard,1991) ; lésions des propres récepteurs de l’enfant, produites elles-même par les Ac de la mère, qui déclencheraient une réaction immune transitoire ; facteur libéré par le thymus de l’enfant (Olanow, 1981, cité par Eymard, 1991). physiopathologie de la myasthénie néonatale PHYSIOPATHOLOGIE La variabilité d’expression de la myasthénie néonatale est également inexpliquée (Eymard, 1991) : outre la forme habituelle débutant à la naissance ou peu après celle-ci, il existe une forme particulière de myasthénie néo-natale où la paralysie myasthénique s’installe au cours de la vie foetale, induisant des rétractions musculaires et des déformations articulaires (arthrogrypose), un excès de liquide amniotique (hydramnios) secondaire à des troubles de déglutition du foetus. Cette forme foetale est rarissime, d’une gran- AFM 3-5 physiopathologie de la myasthénie néonatale 3-6 de sévérité et elle a une évolution très prolongée. Elle serait rapportée à l’action des anticorps d’origine maternelle dirigés contre les récepteurs de l’acétylcholine de la jonction neuromusculaire du foetus ou du nouveau-né. Cependant ce facteur ne serait pas le seul responsable de l’arthrogrypose (Tranchant, 1991), qui pourrait être la conséquence d’un début anté-natal de la myasthénie. Mais cette hypothèse n’est pas vérifiée. Etant donné la précocité du transfert maternofoetal des anticorps (dès les premiers mois de grossesse), la rareté des formes très précoces de myasthénie néonatale est surprenante. Cela suggère que la vulnérabilité du RACh de l’enfant pourrait dépendre de son degré de maturation (Eymard, 1991). On n’a pas retrouvé de facteur prédictif de la survenue d’une myasthénie néonatale et de son degré de gravité chez un enfant de mère myasthénique. Cependant certains auteurs évoquent une plus grande fréquence de survenue s’il existe déjà un cas de myasthénie néonatale chez un enfant précédent dans la fratrie (Ahlsten, 1992), bien que cela ne soit pas toujours retrouvé (Mitchell, 1992). Cependant l’étude clinique et immunologique de différentes catégories d’anticorps (Ac précipitants, Ac bloquants, Ac modulants) chez 52 couples mère myasthénique-enfant a permis de tirer les conclusions suivantes (Eymard, 1991) : • le nouveau-né (myasthénique ou non) est dans l’ensemble exposé aux mêmes Ac anti-RACh que ceux de sa mère, transférés par voie transplacentaire : les spécificités antigéniques reconnues par leurs propres Ac anti-RACh sont identiques. Le transfert concerne les différentes catégories d’anticorps testés : précipitants, bloquants, modulants. Il n’existe pas non plus de différence significative entre les mères myasthéniques et les mères non transmettrices, ce qui s’inscrit contre l’hypothèse de Lefvert ; • la survenue de myasthénie néonatale, indépendante de la sévérité de la myasthénie maternelle, est étroitement corrélée au niveau d’Ac précipitants, bloquants et modulants, alors que pour ces mêmes catégories d’Ac, aucune corrélation n’est relevée avec la sévérité de la myasthénie maternelle. La mère myasthénique et son enfant se comportent donc comme deux hôtes de susceptibilité différente à la même agression immunologique ; • les Ac bloquants ont un titre significativement plus élevé dans les formes sévères de myasthénie néonatale. Ces constatations n’expliquent cependant pas l’absence de myasthénie néonatale chez certains nouveaux-nés en dépit de titres élevés d’Ac antiRACh (quelle que soit la catégorie testée), ni la nature et les mécanismes d’action des facteurs de “l’hôte” modulant chez l’enfant et la mère l’effet des Ac anti-RACh. DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE AUTO-IMMUNE M Y A S T H É N I E DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE AUTO-IMMUNE ● ● ● ● ● ● ● La myasthénie auto-immune se manifeste cliniquement par une atteinte de la musculature volontaire. Elle se traduit par une fatigabilité musculaire à l’effort, des troubles de la déglutition, une insuffisance respiratoire pouvant se décompenser lors de certaines occasions. Elle évolue par poussées, entre lesquelles la rémission est variable (d’un individu à l’autre et d’une poussée à l’autre). La principale complication est la décompensation respiratoire, qui en gage le pronostic vital. Imprévisible, parfois d'installation brutale, sa gravité doit être évaluée rapidement afin de mettre en route dans les meilleurs délais les mesures de prise en charge nécessaires. Les difficultés psychologiques présentes dans la moitié des cas sont le reflet des difficultés d'adaptation à une maladie invisible et aléatoire. APPAREIL MUSCULAIRE APPAREIL RESPIRATOIRE PSYCHOLOGIE GLANDES ENDOCRINES GYNECOLOGIE APPAREIL DIGESTIF APPAREIL CARDIO VASCULAIRE Le bilan paraclinique comporte les dosages immunologiques d’auto-anticorps, principalement les anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine, l’EMG, le scanner thoracique à la recherche d’une anomalie thymique, et le typage HLA. Les tests pharmacologiques confirment le diagnostic. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 4-1 appareil musculaire APPAREIL MUSCULAIRE L’atteinte musculaire concerne exclusivement la musculature striée, notamment : les muscles oculo-moteurs, les muscles de la face, les muscles masticateurs, les muscles laryngés, les muscles pharyngés, les muscles de l’oreille moyenne, les muscles axiaux, les muscles des membres et les muscles respiratoires. Elle se traduit essentiellement, au début de la maladie, par une fatigabilité musculaire augmentant à l’effort et diminuant au repos. L'examen clinique met en évidence cette variabilité de la force musculaire, très évocatrice de la myasthénie. Les premières années sont en général marquées par la survenue de poussées plus ou moins régressives (dont on retrouve souvent le facteur déclenchant) entre lesquelles les rémissions sont de durée variable. Il semble cependant que la probabilité de rémission complète augmente avec le temps. Dans 10 à 15% des cas, l’atteinte reste localisée aux muscles oculaires. Dans la grande majorité des cas, elle s’étend à d’autres groupes musculaires. Tout au long de sa vie, le patient myasthénique est menacé par la survenue d’épisodes d’insuffisance respiratoire aiguë, souvent imprévisibles, liés à la paralysie des muscles respiratoires et de la déglutition, qui nécessitent rapidement la mise en route d’un traitement. L’atteinte musculaire est confirmée par l’EMG (réponse décrémentielle à une stimulation répétitive, allongement du jitter à l'EMG sur fibre unique), le dosage d’auto-anticorps, principalement les anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine. Ceux-ci sont retrouvés dans le sérum de 70% à 90% des personnes myasthéniques. Chez 5 à 10% de personnes présentant une myasthénie généralisée, le taux des Ac anti-RACH est indétectable (myasthénie séronégative). Les tests pharmacologiques aux anticholinestérasiques confirment le diagnostic. La biopsie musculaire n'est utile qu'en cas de doute diagnostique pour éliminer une autre pathologie musculaire. 4-2 ● DESCRIPTION CLINIQUE L’atteinte musculaire concerne exclusivement la musculature striée. Il n’y a pas d’atteinte musculaire lisse. Les premiers signes de la maladie sont un déficit de la force musculaire et une fatigabilité musculaire qui varient dans la journée, en intensité et en topographie : habituellement, ils apparaissent ou s’aggravent à la fatigue et à l’effort physique, sont plus marqués le soir que le matin, disparaissent ou s’atténuent après un temps de repos, de manière toutefois relative. Il faut rechercher une telle variabilité à l’interrogatoire et à l’examen, en faisant travailler différents groupes musculaires, au maintien d’attitude, à la répétition d’un exercice. L’atteinte musculaire striée concerne essentiellement : ■ les muscles oculomoteurs, notamment les muscles convergents et ceux du regard vertical. Cette atteinte entraîne une diplopie, une ophtalmoplégie plus ou moins complète sans anomalie pupillaire, un ptosis uni ou bilatéral en règle asymétrique et variable d’un moment à l’autre : ce ptosis à bascule est évocateur. Les muscles oculaires intrinsèques sont toujours respectés. ■ les muscles de la face, entraînant une diplégie faciale marquée par une diminution de l’occlusion des paupières, une incapacité de siffler, un effacement des rides donnant un aspect inexpressif du visage. les muscles masticateurs, entraînant une difficulté à la mastication, une chute de la mâchoire, le patient devant la soutenir avec sa main. ■ le triple sillon longitudinal au niveau de la langue, sans fasciculations, est très caractéristique de la maladie. Il signe l’atrophie linguale et s’observe dans les formes chroniques, soit environ 4% des cas (Goulon-Goëau, 1992). ■ ■ les muscles laryngés avec atteinte des cordes vocales, entraînant une dysphonie, parfois même un stridor (Fairley, 1992 ; Job, 1992). les muscles pharyngés, entraînant des troubles de la déglutition, avec reflux des liquides par le nez. ■ ■ les muscles de l’oreille moyenne (muscles tympaniques), entraînant une hypoacousie, alors que l’atteinte du muscle stapédien provoque une hyperacousie. les muscles extenseurs du cou, entraînant une chute de la tête en avant, que le patient compense par le soutien du menton par la main. ■ ■ les muscles des membres, entraînant une paralysie qui prédomine habituellement à la racine des membres, sans abolition des réflexes ostéotendineux (sauf à un stade évolué de la maladie), manifeste à la montée des escaliers et lors du passage de la position couchée ou assise à la position debout. ■ les muscles respiratoires, entraînant une dyspnée au moindre effort, voire l’impossibilité de sevrer un patient du respirateur. La survenue d’une décompensation aiguë respiratoire fait toute la gravité de la myasthénie (voir “Appareil respiratoire”). L’atteinte musculaire ne s’accompagne jamais d’une atteinte du système nerveux. Une hyperréflectivité ostéo-tendineuse doit faire rechercher un surdosage en anti-cholinestérasiques. ■ Evolution de l’atteinte musculaire L’évolution de la myasthénie est imprévisible. Dans la très grande majorité des cas, les premiers signes intéressent les muscles du territoire céphalique, en particulier les muscles oculomoteurs. La myasthénie peut y rester localisée dans 10 à 15% des cas (voir "Description des formes cliniques • Myasthénie oculaire"). Le plus souvent, elle s’étend à d’autres groupes musculaires et se généralise dans les deux années suivantes. C’est habituellement dans les 5 premières années que la myasthénie atteint sa gravité maximale (Eymard, 1991). Cependant, l’évolution est indissociable des effets des différents traitements. Sur le plan topographique, la faiblesse musculaire s’étend des muscles oculaires aux muscles faciaux puis aux muscles innervés par les nerfs bulbo-protubérantiels, enfin aux muscles thoraciques et aux muscles des membres. Cependant cette séquence peut varier, et des muscles différents peuvent être impliqués, soit ensemble, soit les uns après les autres. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● Le mode évolutif se fait habituellement par poussées, parfois sans cause déclenchante, parfois favorisées par une infection, un stress, un surmenage, une intervention chirurgicale ou une grossesse, le cycle menstruel, la diminution du traitement en cours ou l’administration de certains médicaments bloquant la conduction neuromusculaire. La faiblesse peut augmenter lors d’une élévation de la température, et les malades la ressentent davantage quand il fait chaud, s’ils sont fébriles, ou après une douche ou un bain chaud. De même l’exposition aux températures extrêmes peut aggraver la maladie. L’exposition à une lumière vive peut aggraver les signes oculaires. appareil musculaire DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE AUTO-IMMUNE Les poussées ne sont souvent nettes que pendant les premières années de la maladie. Après 5 à 10 ans d’évolution, les troubles finissent par être à peu près stables (Boudouresques, 1974). Mais les rechutes graves, même tardives, sont toujours possibles. Cependant grâce à l’amélioration des moyens thérapeutiques, la proportion de malades qui s’améliorent sur une longue période (suivi moyen sur 18 ans) ne cesse d’augmenter, et atteint 47% en 1985 (Grob, 1987). Dans 20% des cas environ, la myasthénie réagit mal, ou ne réagit plus aux différents traitements et aboutit à un état d’impotence motrice plus ou moins étendu, à peine marqué par les fluctuations de la symptomatologie ; c’est dans ces formes devenues chroniques qu’on observe des atrophies musculaires souvent très importantes intéressant les racines des membres, la ceinture scapulaire, le cou, la face (Goulon-Goëau, 1992). L’évolution des myasthénies avec thymome est moins favorable que celle des myasthénies sans tumeur thymique : mortalité plus élevée, gravité clinique plus grande, moins bonne réponse aux corticoïdes et aux immunosuppresseurs Les maladies associées y sont également plus fréquentes. Le myasthénique est un patient potentiellement grave : il est menacé par la survenue d’épisodes d’insuffisance respiratoire aiguë, souvent imprévisibles, liés à la paralysie des muscles respiratoires et de la déglutition, et qu’il faut prévenir ou contrôler dans les plus brefs délais (voir "Prise en charge • Traitement de la décompensation"). Les conséquences sont aggravées par l’encombrement bronchoalvéolaire lié au défaut de la AFM 4-3 appareil musculaire toux et à l’effet muscarinique (hypersécrétion salivaire et bronchique) des médicaments anticholinestérasiques. Toutes les formes de myasthénie généralisée peuvent présenter une aggravation rapide, même les myasthénies en rémission complète depuis des mois (Goulon, 1987). Il est donc important de pouvoir évaluer facilement la gravité et les possibilités fonctionnelles de tout myasthénique : pour suivre l’évolution et apprécier les effets des différentes thérapeutiques, on peut avoir recours à un score musculaire et à un bilan fonctionnel, établis par l’équipe de l’hopital Raymond Poincaré de Garches, régulièrement répétés et datés, ou à la classification d’Osserman (voir "Prise en charge • Surveillance"). ■ Facteurs pronostiques Il existe peu de facteurs pronostiques. Notamment, il n’est pas possible, au début de la maladie, d’évaluer le pronostic à long terme. Une grande étude rétrospective a été récemment menée en Italie pour évaluer le pronostic de la myasthénie en analysant le suivi de 844 patients sur une période moyenne de 5 ans dans 3 des principaux centres italiens (Beghi, 1991). L’évaluation finale était basée sur le taux de rémission complète au moins un an après l’arrêt du traitement, dans toute la population et dans les sousgroupes sélectionnés, par référence aux principales variables pronostiques. La probabilté cumulative de rémission complète était de 1% à un an, 8% à 3 ans, 13% à 5 ans, et 21% à 10 ans. Les seules variables corrélées à la chance de rémission complète sont (Beghi, 1991 ; Mantegazza, 1990) : • l’âge de début plus précoce de la myasthénie ; • une moindre sévérité des symptômes au début et au maximum de la maladie ; • un diagnostic précoce, mais ceci n’est pas toujours retrouvé (De Vries, 1991) ; • une thymectomie précoce semble améliorer les chances de rémission, notamment chez les sujets de moins de 40 ans atteints de myasthénie généralisée (Genkins, 1987). 4-4 examens complémentaires ■ Electromyographie ● Principe L’EMG consiste en l’analyse visuelle et sonore des potentiels d’action musculaires, recueillis à l’aide d’une aiguilleélectrode (forme, amplitude, durée) implantée dans la muscle. L’interprétation des anomalies électriques est basée sur la notion d’unité motrice. On appelle potentiel d’unité motrice (PUM) le potentiel résultant de la sommation des potentiels d’action unitaire de chaque fibre musculaire appartenant à la même unité motrice. Cet examen délivre de nombreuses informations : • informations diagnostiques ; • localisation du désordre : myogène ou neurogène ; • étudie la transmission au niveau de la jonction neuro-musculaire. ● Indications L’EMG, réalisé devant toute suspicion clinique de myasthénie, permet le plus souvent de confirmer le diagnostic. ● Résultats ■ Réponse décrémentielle L’anomalie de la transmission neuromusculaire peut être mise en évidence lors d’une stimulation répétitive du nerf moteur (EMG de stimulation), sous forme d’une réponse décrémentielle. Le test pour l’EMG décrémentiel est plus sensible et fiable à une stimulation de 2 à 5 Hz : une stimulation supra-maximale d’un nerf moteur est suivie du décrément des potentiels d’action musculaires. A cette fréquence, la réponse décrémentielle maximale survient habituellement à la 4ème ou 5ème réponse évoquée : le test est positif quand l’amplitude de la réponse diminue d’au moins 10% au cinquième potentiel, traduisant l’épuisement de la contraction musculaire. Sur l’EMG de stimulo-détection, la diminution d’amplitude est habituellement moindre immédiatement après un effort volontaire maximum de 15 à 30 secondes, ou après une courte période de stimulation tétanique indirecte du muscle : c’est la facilitation post-tétanique ; la facilitation prédomine sur la dépression, la marge de sécurité de la transmission augmente, et la réponse décrémentielle diminue. Quelques minutes après, un processus de longue durée de dépression post-tétanique prédomine pendant lequel l’amplitude s’effondre : la réponse décrémentielle est confirmée (Boudouresques, 1974). dèrent que ce test ne doit être réalisé qu’en présence d’un anésthésiste prêt à réaliser une intubation trachéale. Il doit être réservé aux centres spécialisés dans le diagnostic des affections neuromusculaires. ■ EMG sur fibre musculaire unique Dans cette technique, on enregistre avec une fine électrode intra-musculaire les potentiels d’action générés par 2 fibres musculaires voisines dans la même unité motrice (UM). Quand une UM est activée, les potentiels d’action envahissant les fibres musculaires ne sont pas complètement synchrones. L’intervalle de temps moyen séparant les 2 potentiels entre 2 fibres musculaires appartenant à la même unité motrice (ou jitter) est normalement inférieur à 55 microsecondes. Habituellement pratiqué au niveau de l’éminence hypothénar, l’EMG de stimulo-détection confirme en général le diagnostic de myasthénie, même si ce territoire est cliniquement respecté. Ce test est souvent positif au niveau des muscles des racines et des muscles de la face. D’après Schady (1992), le deltoïde fournit un meilleur champ diagnostique que le trapèze pour ces études décrémentielles. Quand on examine au moins 2 muscles proximaux et 2 muscles distaux, on retrouve une anomalie chez environ 85 % des patients ayant une myasthénie généralisée, dans au moins l’un des muscles testés. Cependant, la réponse électromyographique est normale chez de nombreux patients avec une myasthénie oculaire ou une myasthénie généralisée discrète. Dans la myasthénie, le jitter dépasse 100 ms chez 72% des sujets (Goulon, 1987), et une partie des impulsions ne parvient pas à générer de potentiel d’action à l’une des 2 fibres. Plus l’intervalle interpotentiel est long, plus les impulsions sont fréquemment bloquées. Le jitter anormal dans la myasthénie est lié au fait que les PUM de basse amplitude nécessitent un temps plus long pour atteindre le seuil d’activation du potentiel d’action de la fibre musculaire que les PUM d’amplitude normale. L’augmentation progressive de l’intervalle interpotentiel indique une diminution progressive de l’amplitude des PUM dans au moins l’une des 2 fibres musculaires, et si l’un des 2 PUM devient subliminal, l’un des 2 potentiels d’action disparaît. L’EMG sur fibre musculaire unique (SFEMG) a aussi montré que dans le muscle myasthénique, des JNM normales peuvent coexister avec des JNM très anormales dans une unité motrice donnée. C’est une technique très fiable, mais qui n’est généralement réalisable que dans les centres spécialisés. Rouseev (1992) La sensibilité du test peut être améliorée en réchauffant le membre, ou en injectant localement de faibles doses de curare dans un bras en ischémie pendant une stimulation nerveuse de la main. Même de petites doses de curare peuvent produire une aggravation marquée de la fatigabilité chez les malades myasthéniques . C’est pourquoi beaucoup consi- ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● appareil musculaire DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE AUTO-IMMUNE AFM 4-5 appareil musculaire précise une indication particulière de cette technique : chez des patients présentant une ophtalmoplégie ou un ptosis isolés, un SFEMG anormal permet de faire un diagnostic différentiel de myasthénie oculaire, débouchant sur un traitement adéquat. Ce serait le test diagnostic le plus sensible en cas de myasthénie oculaire. Quand il est normal, la myasthénie est exclue. Pour Oh (1992), ce serait même l’examen paraclinique le plus sensible pour le diagnostic de myasthénie. Les études EMG, comme les tests pharmacologiques, ne sont pas spécifiques d’un syndrome myasthénique. Les fluctuations d’amplitude et de durée des potentiels d’unité motrice pendant l’activité volontaire, la réponse décrémentielle, le jitter anormal et les impulsions bloquées indiquent une réduction de la “marge de sécurité” de la transmission neuromusculaire mais n’établissent pas sa cause. ■ ■ Dosage des anticorps ● Principe Les Ac anti-RACh que l’on recherche en clinique sont ceux qui se fixent sur le récepteur en dehors du site de liaison de l' α -bungarotoxine ( α -Bgt). On utilise la technique d’immuno-précipitation, employant comme antigène un extrait de membrane musculaire humaine. Le dosage des Ac bloquant la fixation de l’ α -Bgt par la technique d’inhibition n’est pas réalisé en routine, car ces Ac sont détectés chez un pourcentage trop faible de myasthéniques, et leur taux est habituellement bas. ● Résultats ■ Anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine. Les anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine (Ac anti-RACh) sont retrouvés dans le sérum de 70 à 90% des patients myasthéniques. Les taux les plus élevés sont retrouvés chez les femmes de 15 à 40 ans atteintes 4-6 d’hyperplasie thymique. C’est dans les formes oculaires pures ou généralisées mais légères que ces anticorps sont retrouvés le moins fréquemment, or ce sont justement les malades pour lesquels le diagnostic est le plus difficile. Par contre, ces anticorps sont rarement absents dans les cas de myasthénie sévère (Verma, 1992). Les Ac anti-RACh sont absents dans les autres affections neurologiques et musculaires ; toutefois, ils ont été détectés en faible quantité chez des porteurs de thymome non myasthéniques ; cela n’exclue pas que ces patients développent ultérieurement une myasthénie. L’absence d’Ac anti-RACh sérique chez des myasthéniques peut résulter de la fixation complète des Ac sur le récepteur, mais dans ce cas les signes cliniques sont évocateurs (Goulon, 1987). Il n’y a pas de relation nette entre les taux d’anticorps anti RACh et le pronostic de la maladie ou la réponse au traitement. Par contre, l’amélioration clinique va souvent de paire avec la chute des Ac anti-RACh, d’où l’intérêt évolutif de leur dosage répété ; cependant des Ac anti-RACh peuvent encore être détectés chez les myasthéniques en rémission. Le dosage des anticorps anti-RACh sériques n’a qu’une valeur diagnostique, il ne peut déterminer ni la thérapeutique, ni apprécier l’effet du traitement. ■ Autres anticorps. • Anticorps anti-thymus. Dans une étude de Safar (1991), des anticorps anti-thymus étaient presqu’exclusivement détectés chez des patients myasthéniques présentant une hyperplasie thymique. Ils ne disparaissaient pas après thymectomie. Leur taux n’était pas significativement corrélé à celui des Ac anti-RACh, pas plus qu’au degré de gravité de la maladie. Par contre, leur franche association aux anomalies thymiques éclaire sur le rôle du thymus dans la pathogénèse de la myasthénie. • Anticorps anti-muscle strié (Ac anti-MS). Les Ac anti-MS sont présents avec une fréquence anormale dans la myasthénie. Ces auto-anticorps sont détectables par immunofluorescence, fixation du complément, ou par hémagglutination passive. Certains de ces anticorps ont la propriété de se fixer sur des structures musculaires présentes dans les cellules “myoïdes” du thymus. L’incidence des Ac anti-MS varie dans la myasthénie de 25 à 70% selon les statistiques (Bach, 1986). Leur fréquence est encore plus grande en cas de thymome : chez un patient non myasthénique porteur d’un thymome, il est intéressant de doser les anticorps anti-muscle strié dans un but pronostique : en effet, leur présence est fortement corrélée à la survenue ultérieure d’une myasthénie (Ohta, 1991). Cependant, ils ne sont pas la cause du blocage neuromusculaire car ils ne se fixent pas sur la plaque motrice et sont souvent absents chez des malades sévèrement atteints, notamment dans les formes sans thymome (Bach, 1986). Cependant ces anticorps ne sont pas spécifiques de la myasthénie. ■ Myasthénie séronégative. Chez 5 à 10% des patients atteints de myasthénie généralisée, le taux des Ac anti-RACh est indétectable. On parle alors de myasthénie séronégative. Une étude immunohistologique comparative de thymus de sujets séronégatifs et de sujets séropositifs a été récemment réalisée (Willcox, 1991). Chez les sujets séronégatifs, les centres germinatifs étaient significativement plus clairsemés, et la production totale d’IgG in vitro était disproportionnellement basse (par rapport aux cellules B) dans les 12 cas testés. Aucune production spécifique d’Ac anti-RACh n’a été détectée dans ces cultures. Ces données sont un argument en faveur d’une anomalie des zones médullaires de cellules T, anomalie la plus flagrante du thymus myasthénique (quoiqu’elle puisse ne pas être l’anomalie primitive). Cette étude suggère fortement que myasthénie séronégative et séropositive sont des désordres distincts. Ceci semble confirmé par une autre étude (Verma, 1992), qui retrouve une basse fréquence de pathologie thymique chez les myasthéniques séronégatifs par rapport aux séropositifs. Verma estime que les patients séronégatifs atteints de myasthénie généralisée constituent un sousgroupe distinct, qui pourrait ne pas être homogène sur le plan immunologique. Mais il constate l’existence de dépots d’IgG et de Complément sur la jonction neuromusculaire des patients séronégatifs, suggérant que les taux sériques très bas d’Ac ne seraient pas détectés en raison de l’absorption des Ac par la plaque motrice (voir "Physiopathologie de la myasthénie de l'adulte • Myasthénie séronégative"). L’absence de ces anticorps est un argument pour penser qu’il n’y a pas de thymome chez un sujet myasthénique. Ces Ac anti-MS ne sont toutefois pas propres aux myasthéniques ; ils ont été détectés chez des porteurs de thymome non myasthéniques, et chez des malades atteints de polymyosite. • Anticorps anti-myocarde. Une étude (Mygland, 1991) recherchant des Ac anti-myocarde par méthode ELISA chez 75 patients myasthéniques les a retrouvé chez 29 patients sur 30 présentant un thymome, chez aucun des 30 patients ayant présenté un début précoce et une hyperplasie thymique, et chez 7 patients sur 15 ayant présenté un début tardif et une atrophie thymique. Parmi les 173 sujets témoins, seuls 4 présentaient une concentration très basse d’Ac anti-myocarde. Puis une étude par absorption a montré qu’il existait une réaction croisée entre Ac antimyocarde et le muscle squelettique, mais que ces Ac n’avaient aucun lien avec les Ac anti-RACh. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● appareil musculaire DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE AUTO-IMMUNE ■ Tests aux anticholinestérasiques La réponse favorable (c’est-à-dire une amélioration de la force musculaire) d’un patient à l’administration d’un anticho- AFM 4-7 appareil musculaire linestérasique apporte un argument diagnostique important en faveur de la myasthénie. Ce test est essentiellement réalisé en cas de doute diagnostique. La diminution des RACh au niveau de la jonction neuro-musculaire (JNM) entraîne une diminution du nombre de collisions entre ACh et ses récepteurs dans l’espace synaptique. Les anticholinestérasiques augmentent la durée de vie de l’ACh dans l’espace synaptique, donc le nombre de rencontres avec ses récepteurs, et donc le nombre d’ouvertures des canaux ioniques. Ceci augmente l’amplitude des potentiels de la plaque motrice (PPM), et réhausse la marge de sécurité de la transmission neuromusculaire. On utilise préférentiellement l’edrophonium (Tensilon®), voire la néostigmine (Prostigmine®). Le test de provocation au curare n’est plus utilisé. ● Test au Tensilon® Le test consiste en l’injection intraveineuse de 0,2 ml d’une solution de Tensilon® à 10 mg/ml en 15 secondes (soit 2 mg). S’il n’y a pas de réponse dans les 30 secondes, on injecte le reste (0,8 ml). Chez le nourrisson, la dose est de 0,05 à 0,1 ml en sous-cutané. Chez l’enfant jusqu’à 34 kg : on administre 0,15 à 0,2 mg/kg en IV, ou 0,2 ml en IM. L’edrophonium (Tensilon®), inhibiteur de l’acétylcholinestérase, agit en 1 à 2 minutes. L’amélioration de la force musculaire qu’il induit persiste 2 à 3 minutes. La rapidité d’action et la courte durée de ce test rendent son évaluation difficile, à moins d’une modification clinique franchement évidente. L’évaluation de la réponse demande une estimation objective de la modification d’un ou plusieurs signes cliniques comme le degré du ptosis, des mouvements oculomoteurs, de la force de préhension. Un test au Tensilon® négatif n’élimine pas le diagnostic. 4-8 Si la réponse à l’edrophonium est moins nette, comme ce peut être le cas quand c’est la force musculaire d’un membre qui doit être étudiée, on peut alors la rechercher après l’injection d’un placebo : une injection placebo avant que la drogue soit administrée augmente la validité du test. L’atropine (0,4 mg par voie intraveineuse) peut être utilisée comme placebo avant l’injection d’edrophonium, ce qui réduit les effets para-sympathomimétiques de ce dernier. Il est assez difficile de faire ce test vraiment en double aveugle, car l’edrophonium produit habituellement des symptômes que le patient peut facilement identifier. Plus de 5 mg d’edrephonium peuvent induire une bradycardie, voire une asystolie chez un patient porteur d’une cardiopathie. D’autres effets secondaires tels qu’une faiblesse musculaire cholinergique, des fasciculations, une hypersalivation et des crampes abdominales peuvent aussi apparaître. Les manifestations du système nerveux autonome sont réversibles sous atropine. On utilise aussi le Tensilon® pour différencier la faiblesse causée par la myasthénie de la faiblesse par surdosage en anticholinestérasiques : dans ce dernier cas, l’injection de 0,1 ml provoque une augmentation de la faiblesse et non une amélioration, ainsi que des fasciculations, flush, larmoiement, crampes abdominales, nausées, vomissements et diarrhée. Cependant, cette utilisation du test n’est pas tout-à-fait fiable dans la mesure où quelques muscles ou groupe de muscles peuvent être surdosés alors que d’autres sont sous-dosés. ● Test à la Prostigmine® Chez l’adulte, la dose d’injection est de 1 à 1,5 mg IM ou SC. Chez le nourrisson et l’enfant, la dose est de 0,1 à 0,2 mg. La néostigmine (Prostigmine®) agit au bout de 15 à 30 minutes, son effet maximum est atteint au bout de 40 minutes environ, et dure près de 2 à 3 heures ; l’action plus pro- longée de cet inhibiteur de la cholinestérase permet une évaluation plus mesurée des changements cliniques, ce qui peut être très utile chez les nourrissons et les enfants, ainsi que chez les patients pour lesquels le test au Tensilon® était douteux. L’atropine (0,3 à 0,4 mg par voie intramusculaire chez l’adulte et 0,01 à 0,02 mg/kg par voie intramusculaire ou souscutanée chez le nourrisson et l’enfant) peut être administrée avant l’injection de néostigmine pour en diminuer les effets muscariniques. Cependant, ce test est moins utilisé en usage diagnostique. - un premier bloc est inclus en paraffine pour étude histologique ; ● Faux positifs ● Indications Les tests aux anticholinestérasiques peuvent être positifs dans d’autres pathologies que la myasthénie : dans la SLA, la poliomyélite, et les neuropathies périphériques. Le test peut aussi être positif dans le syndrome myasthénique de LambertEaton, bien que la réponse ne soit pas aussi franche que dans la myasthénie. Le test est également positif dans les syndromes myasthéniques congénitaux souvent associés à un déficit en RACh au niveau de la JNM, et à une baisse de la synthèse de l’ACh. La biopsie musculaire n’a pas d’autre intérêt que d’apporter des éléments nécessaires à la compréhension de la physiopathologie et de la pathogénie de la maladie. Si elle aide parfois au diagnostic d’une myasthénie cliniquement douteuse et/ou séronégative, c’est plus en permettant d’éliminer un diagnostic différentiel (notamment une myopathie mitochondriale) qu’en permettant d’affirmer celui de la myasthénie. Les lésions constatées sont en effet peu abondantes et peu spécifiques (Boudouresques, 1974). - un deuxième bloc est congelé et permet les études biochimiques et l’immunocytochimie ; - un troisième bloc est destiné à l’étude en microscopie électronique pour préciser les lésions vues en microscopie optique. L’examen histologique fait appel aux techniques de coloration courantes (hématéine éosine, PAS (Acide Périodique et Schiff), trichrome de Gomori) et aux réactions histo-enzymolgiques (activité myosine ATPasique, activité oxydative) appareil musculaire DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE AUTO-IMMUNE ● Résultats (Fardeau, 1981). On observe une atrophie de topographie fasciculaire, de type neurogène sans atteinte des motoneurones des cornes antérieures de la moëlle ni des nerfs périphériques ; la prolifération des fibres nerveuses intra-musculaires est très particulière, en “gourmand de fraisier”. Cette atrophie neurogène apparaît ainsi secondaire à la lésion de la membrane post-synaptique et la prolifération des fibres nerveuses est une réaction secondaire sans spécificité. L’appareil sous-neural est formé de plis peu nombreux, réduits en profondeur. ■ Biopsie Musculaire ● Principe Sur un muscle atteint cliniquement et électriquement, mais pas trop pathologique, en dehors de zones de pression, de zones traumatisées ou immobilisées, on prélève dans la partie moyenne du muscle un fragment d’une longueur de 1,5 cm et d’un diamètre de 4 à 5 mm, en respectant le sens des fibres et en évitant tout écrasement ou déchirure de la biopsie. Elle doit être faite au minimum 15 jours après l’EMG. C’est un examen douloureux, habituellement pratiqué sous anésthésie locale, et parfois sous anesthésie générale. On prélève toujours 3 fragments : ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 4-9 appareil respiratoire APPAREIL RESPIRATOIRE La survenue d’une décompensation aiguë respiratoire fait toute la gravité de la myasthénie. Elle est liée à l’apparition ou à l’aggravation brutale d’une paralysie des muscles intercostaux, du diaphragme et des muscles inspiratoires accessoires. C’est la menace majeure de la myasthénie : elle est fréquente (17 à 30 % selon les études) et grave : c’est la seule cause de décès dans la myasthénie. Son pronostic a été transformé par les progrès de la réanimation et l’introduction de la ventilation assistée par pression positive (Grob, 1987). Le plus souvent, il s’agit d’une crise myasthénique dûe à une aggravation de la maladie pour laquelle on recherche un facteur déclenchant. Il est difficile de la distinguer d’une crise cholinergique dûe à un surdosage médicamenteux en anticholinestérasiques. La prise en charge est la même, et doit être entreprise dans les plus brefs délais. De plus, les myasthéniques présentent une grande susceptibilité aux infections respiratoires. ● DESCRIPTION CLINIQUE ■ La décompensation respiratoire Une décompensation aiguë respiratoire due à l'aggravation brutale des paralysies des muscles respiratoires survient le plus souvent dans les 5 premières années de la maladie, rarement après une évolution supérieure à 10 ans, exceptionnellement comme manifestation initiale de la maladie. Rarement spontanée, le plus souvent provoquée, elle survient alors au décours d’une infection le plus souvent, de troubles de la déglutition, d’une intervention chirurgicale, d’un choc émotionnel, d’un traumatisme, d’une grossesse, d’une diminution trop rapide d’un traitement par corticostéroïdes ou immunosuppresseurs, ou de la prise intempestive de médicaments susceptibles d’altérer par des mécanismes divers la transmission neuromusculaire. Le diagnostic différentiel avec la crise cholinergique, dûe à un surdosage en anticholinestéra- 4-10 siques, est secondaire car ces divers facteurs sont souvent intriqués et la prise en charge sera la même. Le surdosage en anticholinestérasiques est une éventualité rare. Cette crise est rarement annoncée par des signes toxiques de type muscarinique (pâleur, nausées, sueurs, hypersalivation, diarrhée, douleurs abdominales) et/ou de type nicotinique (crampes musculaires, fasciculations) et/ou centraux (agitation anxieuse, lipothymies) (Boudouresques, 1974). Le traitement anticholinestérasique entraine une hypersécrétion bronchique par son action muscarinique au niveau des muscles lisses, et parfois même un bronchospasme, augmentant les risques de surinfection bronchique. Tout se passe comme s’il existait à la fois une augmentation des besoins en anticholinestérasiques et une diminution de la tolérance des médicaments, la marge de sécurité entre l’efficacité thérapeutique et l’intolérance se rétrécissant jusqu’à ce que la crise devienne inévitable. La crise myasthénique est en général annoncée par une aggravation de tous les phénomènes myasthéniques, mais surtout des troubles de la phonation, de la mastication,de la déglutition et des troubles respiratoires : tachypnée superficielle avec diminution de l’ampliation thoracique, toux faible, en rapport avec la paralysie des intercostaux, du diaphragme et des muscles abdominaux. L’encombrement bronchique est aggravé par les fausses routes liées aux paralysies pharyngo-laryngées, constantes, et par l’effet muscarinique des drogues anticholinestérasiques. Ces signes avant-coureurs sont à évaluer précisément pour diriger l’hospitalisation avant que le malade ne devienne incapable de maintenir des échanges respiratoires corrects et/ou des voies aériennes libres de sécrétions. Cette poussée d’insuffisance respiratoire aiguë peut survenir de façon parfois très brutale, en quelques heures, imposant dès les premiers signes de difficultés respiratoires l’hospitalisation d’urgence en milieu spécialisé capable d’assurer une assistance respiratoire. Parfois, les paralysies musculaires deviennent chroniques, réfractaires au traitement, s’accompagnant d’atrophie musculaire. Certains patients myasthéniques présentent alors une insuffisance respiratoire restrictive fixée (Clair, 1993). ■ Les infections respiratoires examens complémentaires Les patients se plaignent parfois d’une dyspnée d’effort. Il existe surtout une susceptibilité aux infections respiratoires, véritable cercle vicieux dans lequel est entraîné le patient myasthénique grave : la musculature respiratoire affaiblie facilite l’encombrement, ce qui aggrave davantage encore la maladie. Les infections respiratoires sont également favorisées par les troubles de la déglutition, qui entraînent des pneumopathies récidivantes. Elles peuvent être à l’origine d’une décompensation respiratoire de la maladie. ■ Radiographie pulmonaire Elle est pratiquée en cas d’infection, de décompensation respiratoire, ou dans le cadre d’un bilan pré-opératoire. ■ Explorations fonctionnelles respiratoires ■ Influence du sommeil Une étude a récemment été menée afin de déterminer le type de troubles respiratoires survenant pendant le sommeil des patients myasthéniques en cours de traitement (Quera-Salva, 1992). Les patients les plus âgés, obèses (augmentation modérée du Body Mass Index), avec une capacité pulmonaire totale et une gazométrie artérielle diurne anormales, étaient les premiers à développer des apnées du sommeil diaphragmatiques et des hypopnées, ainsi qu'une désaturation en oxygène inférieure à 90% lors du sommeil. Cependant, ces indicateurs clairs n’étaient pas retrouvés chez tous les patients présentant des troubles respiratoires liés au sommeil. Les phases de sommeil paradoxal correspondaient au moment de vulnérabilité le plus grand. La plainte de troubles du sommeil pouvait aider à identifier les sujets à risque de troubles respiratoires pendant le sommeil, même lorsque l’activité fonctionnelle diurne était jugée normale. Il existait des signes évidents de faiblesse diaphragmatique diurne comme le démontraient les mesures de la pression transdiaphragmatique, indépendamment du degré d’autonomie, de la capacité fonctionnelle, et du niveau d’activité atteint. appareil respiratoire DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE AUTO-IMMUNE Elles sont d’un apport précieux dans le suivi d’une décompensation respiratoire aiguë ou dans le cadre d’un bilan préopératoire, afin d’évaluer le retentissement de la myasthénie sur l’atteinte des muscles respiratoires. On mesure alors les volumes, les pressions inspiratoire et expiratoire maximales, en position assise et couchée. En cas de paralysie diaphragmatique, les valeurs des mesures diminuent en position couchée. Les malades présentant une atteinte oropharyngée sont parfois dans l’incapacité de coopérer pour des explorations fonctionnelles respiratoires ; dans ce cas les mesures du volume courant et de la capacité vitale donnent les indications les plus fiables de l’efficacité ventilatoire. Devant une décompensation respiratoire, on se contente d’une spirographie : une capacité vitale (CV) inférieure à 20% de la CV théorique (inférieure à 15 ml/kg de poids corporel) est un signe de gravité et de mauvais pronostic. ■ Gaz du sang En cas de décompensation respiratoire, les gaz du sang artériel sont normaux dans un premier temps. Il ne faut donc en aucun cas attendre la modification de la gazométrie. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 4-11 appareil respiratoire ■ psychologie 4-12 Dans un second temps, l’hypoxie-hypercapnie témoigne d’une hypoventilation alvéolaire et de la gravité de la décompensation respiratoire. En cas de troubles du sommeil, on peut pratiquer une gazométrie nocturne afin de rechercher une désaturation, même si la gazométrie diurne est normale. ■ Scanner thoracique Voir "Glandes endocrines • Thymus". PSYCHOLOGIE Chez près de la moitié des patients, on observe des troubles de l’humeur, en rapport avec la présence de cette maladie chronique invalidante, inapparente, et aléatoire. Il existe un lien possible entre les facteurs émotionnels et la survenue des poussées de la maladie. On observe des troubles psychologiques chez environ la moitié des patients myasthéniques : ce sont le plus souvent des troubles d’adaptation avec humeur dépressive et aspects émotionnels mixtes, moins souvent des troubles affectifs et des troubles de la personnalité (Mac Kenzie, 1969). Cette étude souligne le lien possible entre les facteurs émotionnels et le déclenchement ou la survenue de poussées au cours de la maladie. Elle constate aussi la difficulté d’adaptation des patients à leur maladie, d’autant plus que la maladie a débuté précocement (avant 40 ans), et qu’elle n’entraîne pas chez le malade de malformations physiques ni de douleurs particulières évidentes pour son entourage. Mais plus que des troubles psychologiques, on pourrait parler du retentissement psychologique de la maladie sur les patients : les résultats de pré-tests d’une étude prospective en cours, menée sur 90 patients myasthéniques à l’Hopital Raymond Poincaré(Garches), met en évidence que les principales difficultés psychologiques de ces patients sont une plus grande sensibilité au stress, une perception de soi négative avec atteinte narcissique, des symptômes dépressifs dans environ 1/3 des cas, une instabilité émotionnelle, facteur de vulnérabilité entraînant des difficultés à faire face aux situa- tions complexes, enfin des difficultés dans le traitement de l’information (Renard, Montoux, à paraître). L’âge de début, le sexe, la gravité de la maladie au moment de l’évaluation, l’évolution de la maladie, la thymectomie, l’histopathologie du thymus, ou la prise de stéroïdes semblent sans influence sur la psychopathologie des patients, définie selon les critères du DSM III (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders). Cependant on peut noter 2 tendances qui, sans être significatives, sont intéressantes : la prévalence plus grande des troubles psychologiques chez les femmes (57% contre 35% chez les hommes dans cette étude), ce qui est difficile à interpréter, ainsi que chez les personnes présentant une forme plus sévère de la maladie. Il n’y a pas de troubles psychotiques. Les troubles anxieux et psychosomatiques sont rares (Magni, 1988). Ces données suggèrent que ces troubles sont en rapport avec le fait d’être porteur d’une maladie chronique, invalidante, non apparente et aléatoire. Une enquête menée par Sneddon (1980) auprès de 26 patients souligne que les symptômes les plus invalidants, pour la majorité des patients, sont les difficultés d’expression orale et faciale, notamment la difficulté à sourire, influençant l’impression donnée par le patient à son interlocuteur. A nouveau dans cette enquête apparaît l’influence de situations psychologiques particulières précédant le début de la maladie : mariage, naissance, décès d’un proche, accident. Par contre, une fois la maladie installée, les facteurs induisant le plus souvent la faiblesse musculaire étaient la colère (16), la frustration (12), l’anxiété (11), la dépression (9), l’infection (8), les menstruations (11 sur 14). Les relations sexuelles étaient citées par un seul homme, tandis que pour aucune des femmes elles n’étaient source de faiblesse. Une étude a rapporté une atteinte des fonctions cognitives, principalement au Mini-mental state test et aux tests de mémoire (Iwasaki, 1990). Cependant les mauvais résultats obtenus pourraient être le reflet d’une discrète altération de l’attention et de la concentration de patients dépressifs. Mais il serait intéressant de savoir s’ils reflètent une atteinte du système cholinergique central spécifique de la myasthénie. GLANDES ENDOCRINES Des anomalies thymiques sont fréquentes dans la myasthénie. Comme dans d’autres pathologies autoimmunes, une atteinte thyroïdienne est possible. ● THYMUS La survenue de signes oculaires avec une faiblesse généralisée dans les 2 maladies rend souvent difficile la distinction entre une hyperthyroïdie et une myasthénie (voir "Diagnostic différentiel • Syndromes myasthéniformes • Endocrinopathies", ou la survenue d’une hyperthyroïdie lors d’une myasthénie. Chez tous les myasthéniques, des examens appropriés doivent être réalisés pour exclure une affection thyroïdienne associée. APPAREIL DIGESTIF Les troubles de la déglutition sont l’une des complications majeures de la myasthénie. On retrouve des anomalies du thymus (hyperplasie ou tumeur) chez un grand nombre de patients myasthéniques : thymome dans 20% des cas, hyperplasie thymique environ une fois sur deux (Clair, 1993). Il est maintenant bien établi que le thymus joue un rôle prépondérant dans la physiopathologie de la maladie. (voir "Physiopathologie de la myasthénie de l'adulte • Rôle du thymus" et "Pathologies surajoutées • Myasthénie et thymome"). examens complémentaires ■ Scanner thoracique Réalisé à la recherche d’une hyperplasie thymique, il fait partie du bilan diagnostique de la maladie. La radiographie et le scanner du médiastin ne permettent pas de faire la distinction entre un thymome et un thymus volumineux. En cas de doute, une image par résonance magnétique nucléaire (IRM) est une technique plus précise pour mettre un thymome en évidence, détectant pratiquement toutes les tumeurs. L’atteinte digestive est constituée essentiellement par des troubles de la déglutition dûs à une atteinte des muscles laryngo-pharyngés, pouvant entraîner des fausses routes ou des pneumopathies de déglutition, et représentant l’une des complications majeures de la myasthénie. Leur survenue ou leur aggravation doit faire craindre la possibilité d’une crise myasthénique (voir "Appareil respiratoire • La décompensation respiratoire). Le traitement anticholinestérasique est responsable d’une hypersalivation, d’une diarrhée, et parfois de vomissements, par son action muscarinique sur les synapses cholinergiques des muscles lisses et des glandes secrétoires. Des médications anticholinergiques (atropiniques) peuvent être utilisées pour atténuer ces signes muscariniques, au risque de masquer des signes de surdosage. Mais l’hypersalivation chez un patient présentant déjà des troubles de la déglutition ne peut qu’aggraver ces troubles. GYNÉCOLOGIE Une aggravation peut survenir au moment des règles chez environ un tiers des patientes myasthéniques. Elle est souvent évitée par la prise d’une pilule contraceptive. ● THYROIDE En raison de la fréquence des pathologies autoimmunes associées à la myasthénie, il est possible d’observer une hyperthyroïdie chez les sujets myasthéniques. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● ■ Myasthénie et menstruations glandes endocrines ■ appareil digestif ■ gynécologie DESCRIPTION DE LA MYASTHÉNIE AUTO-IMMUNE Dans une enquête réalisée par l’AFM auprès de 108 femmes myasthéniques, un tiers des personnes concernées constate une AFM 4-13 gynécologie ■ appareil cardio-vasculaire aggravation de la maladie avant et/ou pendant les règles (32%). Cependant, 26% d’entre elles ne signalent pas de problème particulier, 26% n’ont pas répondu à la question, et 16% signalent d’autres problèmes non liés à la maladie (VLM, 1992). Cette constatation est en accord avec les données de la littérature. ■ Myasthénie et contraception Il n’y a pas de données de littérature à ce sujet. Cependant, une enquête menée par l’AFM auprès de 108 femmes myasthéniques a montré que les contraceptifs oraux étaient largement utilisé (70% des femmes de 20 à 29 ans, 24% de 30 à 39 ans et 11% de 40 à 49 ans). Il ressort des remarques formulées par les utilisatrices que ces contraceptifs peuvent exercer une certaine influence sur la myasthénie, soit dans les sens d’une aggravation, soit plus souvent dans le sens d’une amélioration. Mais ceci reste empirique (VLM, 1992). APPAREIL CARDIO-VASCULAIRE ● DESCRIPTION CLINIQUE On n’a pas décrit d’atteinte cardiaque clinique particulière dans la myasthénie. examens complémentaires Une étude de la fonction ventriculaire gauche par échocardiographie et doppler (Johannessen, 1992) ne retrouve qu’une discrète altération de la fonction diastolique du VG par rapport à la population témoin, sans atteinte significative de la fonction systolique. 4-14 DESCRIPTION DES FORMES CLINIQUES M Y A S T H É N I E DESCRIPTION DES FORMES CLINIQUES La myasthénie néonatale survient chez 10 à 25% des enfants nés de mère myasthénique et régresse en quelques semaines. La myasthénie infantile et juvénile est absente à la naissance et apparait chez l’enfant ou l’adolescent. Son évolution est comparable à celle de la forme adulte. La grossesse modifie l’équilibre de la myasthénie dans environ 60% des cas. L’allure évolutive se détermine habituellement au cours du premier trimestre, mais il n’est pas rare de voir des patientes s’aggraver après l’accouchement. La myasthénie familiale, représente 2 à 3% des cas. Dans la myasthénie oculaire, l’atteinte est limitée à la musculature oculaire. ● MYASTHÉNIE NÉONATALE La myasthénie induite par la D-Pénicillamine est une forme de myasthénie auto-immune qui apparait chez les patients recevant ce médicament. Elle donne généralement des signes modérés, et disparaît à l’arrêt du traitement. ● MYASTHÉNIE INFANTILE ET JUVÉNILE ● MYASTHÉNIE ET GROSSESSE ● MYASTHÉNIE FAMILIALE ● MYASTHÉNIE OCULAIRE ● MYASTHÉNIE INDUITE PAR LA D-PÉNICILLAMINE MYASTHÉNIE NÉONATALE Elle survient chez 10 à 25% des enfants nés de mère myasthénique (Samuels,1989), avec un taux de 2,1% d’enfants mort-nés, et de 3,8% de mortalité néonatale (Plauche,1983). Elle peut survenir alors que la mère est en rémission clinique (Goulon-Goëau, 1992). ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 5-1 néo-natale ■ infantile et juvénile Le diagnostic différentiel avec la myasthénie congénitale est facile puisque dans cette dernière maladie, qui est un syndrome myasthénique et non une myasthénie à proprement parler, la mère est indemne et l’enfant ne présente aucune anomalie immunologique ( voir "Diagnostic différentiel • Syndromes myasthéniformes). La myasthénie néonatale commmence habituellement au cours des deux premiers jours de vie. Elle dure en moyenne 2 à 3 semaines, mais peut durer jusqu’à 15 semaines. Son évolution spontanée est bonne, la guérison est sans séquelles et ne donne pas lieu à des récidives. De façon caractéristique, les enfants sont normaux à la naissance et développent une atteinte des muscles de la face, de la déglutition, et de la respiration dans les trois premiers jours de vie : faiblesse du cri, troubles de la déglutition, et dans environ 1/3 des cas détresse respiratoire pouvant nécessiter une ventilation mécanique transitoire (Eymard, 1991). E l l e e s t r a r e m e n t dépistée en cours de grossesse sur la constatation d’un hydramnios ou sur la faiblesse des mouvements foetaux (Goulon-Goëau, 1992). Outre cette forme habituelle débutant à la naissance ou peu après celle-ci, il existe une forme particulière de myasthénie néo-natale où la paralysie myasthénique s’installe au cours de la vie foetale, induisant des rétractions articulaires (arthrogrypose), un hydramnios secondaire à des troubles de déglutition du fœtus. Cette forme fœtale est rarissime, d’une grande sévérité. Elle a une évolution très prolongée. On retrouve un risque de récurrence de l’arthrogrypose pour les futures grossesses de 100% dans les formes sévères, aucune mère n’ayant donné naissance à un enfant normal après une grossesse pathologique (Tranchant, 1991 ; Eymard, 1991). La myasthénie néonatale est dûe à un passage transplacentaire d’IgG anti-RACh (Samuels, 1989). Sa survenue reste mal expliquée (voir "Physiopathologie de la Myasthénie néonatale"). L’examen biologique retrouve la présence d’anticorps anti-RACh dans le sang de la mère et de l’enfant. La guérison va de pair avec la diminution du taux des Ac anti-RACh. Les anticholinestérasiques sont efficaces (voir "Prise en charge • Myasthénie néonatale transitoire"). On n’a pas retrouvé de facteur prédictif de la survenue d’une myasthénie néonatale et de son degré 5-2 de gravité chez un enfant de mère myasthénique. Cependant certains auteurs évoquent une plus grande fréquence de survenue s’il existe déjà un cas de myasthénie néonatale chez un enfant précédent dans la fratrie (Ahlsten, 1992), bien que cela ne soit pas toujours retrouvé (Mitchell, 1992). Il n’a pas été trouvé de corrélation entre la survenue, la sévérité, la durée d’évolution de la myasthénie néonatale, et la sévérité de la myasthénie chez la mère avant et au cours de la grossesse, les traitements reçus, y compris une éventuelle thymectomie, et son propre taux d’Ac. Ceci est étonnant puisque la mère et son enfant sont soumis au moins en partie à l’action des mêmes anticorps. Par contre, la survenue de la myasthénie néoatale est étroitement corrélée au taux d’Ac anti-RACh du nouveau-né, alors que pour ces mêmes anticorps, aucune corrélation n’est relevée avec la sévérité de la myasthénie maternelle (Eymard, 1991) (voir “Physiopathologie de la myasthénie néonatale”. MYASTHÉNIE INFANTILE ET JUVÉNILE On estime que 10 à 15% des myasthénies débutent avant l’âge de 15 ans (Goulon-Goëau, 1992). Cette forme clinique survient en général après la première année de vie, le plus souvent à partir de 10 ans. Elle est absente à la naissance : ce n’est ni une myasthénie congénitale, ni une myasthénie néonatale. Comme chez l’adulte jeune, le sexe féminin est plus touché que le sexe masculin. Les signes cliniques sont identiques à ceux constatés chez les myasthéniques plus âgés. Les formes graves peuvent s’observer à tout âge, nécessitant une assistance respiratoire. L’association à un thymome dès l’âge de 4 ans a été signalée (Goulon-Goëau, 1992). Après revue de la littérature concernant ces patients, comportant une description des circonstances de naissance, un début non congénital, une évolution clinique typique, des arguments diagnostiques ainsi qu’un taux élevé d’auto-Ac anti-RACh, Evans (1992) a retrouvé que 55% des enfants présentant le début de la maladie avant 3 ans étaient des enfants nés prématurément. MYASTHÉNIE ET GROSSESSE L’étude du retentissement de la grossesse sur la myasthénie permet d’énoncer quelques règles de conduite simples pour une jeune femme myasthénique : la grossesse ne doit être entreprise que si la myasthénie est modérée, bien et durablement contrôlée par les seuls anticholinestérasiques. Une myasthénie débutant avec la grossesse n’est pas une indication d’avortement thérapeutique. Ce dernier ne doit être réservé qu’aux formes évolutives et sévères. Enfin, la surveillance neurologique attentive, tout au long de la grossesse et dans les semaines qui suivent l’accouchement, permet d’adapter le traitement anticholinestérasique aux fluctuations de la maladie. Par contre, le retentissement de la myasthénie sur la grossesse est beaucoup plus modeste : la fréquence des avortements spontanés ne serait pas plus élevée que pour la population générale (Plauche,1983). La survenue d’autres complications obstétricales ne semble pas supérieure à celle de la population générale. le dernier tiers (Mitchell, 1992). Le plus grand risque pendant la grossesse est la survenue d’une crise myasthénique “puerpérale”, qu’il faut prévenir par un traitement adapté. Lorsqu’une aggravation se produit, pour certains auteurs elle s’observe le plus souvent au cours du premier trimestre et/ou au moment de l’accouchement et du post-partum, alors que pour d’autres elle survient avec la même fréquence au cours des trois trimestres (Mitchell, 1992). Certaines circonstances peuvent précipiter l’aggravation : une césarienne sous curarisants alors que le diagnostic de myasthénie n’est pas connu, l’utilisation de certains médicaments prescrits pendant la grossesse : sulfate de magnésie pour l’éclampsie, bétamimétiques en cas de menace d’accouchement prématuré. ● LORS DE L’ACCOUCHEMENT Actuellement, il n’y a pas de facteurs prédictifs de l’aggravation de la maladie pendant la grossesse, ni de la survenue d’une myasthénie néonatale chez l’enfant : notamment l’évolution clinique d’une grossesse ne laisse préjuger en rien de l’évolution de grossesses ultérieures. C’est pourquoi la prise en charge de la parturiente au sein d’une équipe comportant l’obstétricien, le neurologue, le pédiatre et l’anesthésiste-réanimateur est nécessaire (Plauché, 1991 ; Mitchell, 1992). Comme la myasthénie est une maladie touchant le muscle strié, le muscle lisse utérin n’est pas atteint. Le premier stade du travail, depuis le début des contractions jusqu’à la dilatation complète du col, n’est pas affecté par la maladie. Le second stade du travail, de la dilatation complète à l’expulsion du foetus, implique la musculature de la ceinture pelvienne lors des efforts volontaires d’expulsion. L’obstétricien doit se préparer à utiliser les forceps. La césarienne sera réservée aux indications obstétricales. Pendant le travail, une crise myasthénique peut toujours survenir. C’est pourquoi une surveillance par une équipe spécialisée est toujours nécessaire (voir "Prise en charge • Myasthénie chez la femme enceinte"). En ce qui concerne l’anesthésie et l’analgésie pendant le travail, la méthode de choix est la péridurale, qui ne nécessite pas de narcotiques par voie parentérale. Elle évite la fatigue, et procure une anesthésie d’excellente qualité. ● PENDANT LA GROSSESSE ● EN POST - PARTUM La grossesse modifie l’équilibre de la myasthénie dans certains cas : il y a 30 à 40% de risque d’exacerbation de la myasthénie au cours de la grossesse, et un risque additionnel de 30% au moment du post-partum. La mortalité maternelle est approximativement de 40 pour 1000 naissances vivantes (Plauché, 1991), 5 fois plus que pour une grossesse non compliquée. Par contre, la myasthénie reste stable chez environ un tiers des patientes, et semble même s’améliorer chez Les infections du post-partum sont rares, quoique le taux d’endométrite après une césarienne puisse atteindre 40%. Dans ce cas on évitera un traitement par aminosides (voir "Prise en charge • Contre-indications médicamenteuses"). Les trois premières semaines du post-partum sont particulièrement dangereuses puisqu’un tiers des patientes présente lors de cette période une exacerbation de la maladie pouvant être soudaine et grave. Des périodes de repos régulières sont indispensables, ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● grossesse DESCRIPTION DES FORMES CLINIQUES AFM 5-3 grossesse ■ familiale ■ oculaire ■ D-pénicillamine ainsi qu’une adaptation soigneuse du traitement médical. L’allaitement n’est pas néfaste à la mère si ce n’est par la fatigue qu’il entraîne. MYASTHÉNIE FAMILIALE L’incidence familiale de la myasthénie est estimée à 2 à 3% des cas. Dans une étude portant sur 164 myasthéniques dans 72 familles, les frères et sœurs étaient atteints à 58%, les parents à 15%, les cousins germains à 13%, les cousins issus de germains à 4%, et des parents plus éloignés à 10% (Namba, 1971). Il est probable qu’une partie des cas de myasthénie familiale publiés avant la découverte des Ac antiRAch relevaient de la myasthénie congénitale. Par rapport aux cas sporadiques, la myasthénie familiale aurait un début plus précoce, une évolution plus lente, une mortalité moindre, mais il n’en est pas toujours ainsi. La découverte d’un thymome y est très rare. Chez 14 paires de jumeaux monozygotes, 9 fois un seul a été atteint (dans une paire, le jumeau indemne avait un taux élevé d’Ac anti-RAch), 5 fois les 2 jumeaux ont été myasthéniques avec un décalage de 1 à 2 ans. Il n’a pas été publié de paires de jumeaux dizygotes myasthéniques. L’étude HLA, quand elle a été faite dans les formes familiales, n’a pas donné de profil particulier par rapport aux cas sporadiques. Aucune explication satisfaisante n’est, pour le moment, apportée (Goulon-Goëau, 1992). MYASTHÉNIE OCULAIRE Dans la majorité des cas, la myasthénie débute par des signes oculaires. Dans 10 à 15% des cas, elle reste ultérieurement localisée aux muscles oculomoteurs. L’évolution de la forme oculaire 5-4 peut se faire vers la rémission dans 10 à 40% des cas (Goulon-Goëau, 1992). Les Ac anti-RAch ne sont positifs que dans 50% des cas de myasthénie oculaire avec des taux plus faibles que ceux relevés dans les formes généralisées. L’emploi comme antigène de muscle oculaire augmenterait le nombre de résultats positifs. Chez ces personnes, le traitement médical peut être difficile à équilibrer (voir "Prise en charge • Myasthénie oculaire"). MYASTHÉNIE INDUITE PAR LA D-PÉNICILLAMINE La D-Pénicillamine est responsable de myasthénie auto-immune chez un tout petit nombre de malades traités pour polyarthrite rhumatoïde ou maladie de Wilson depuis 2 mois à 8 ans. Sa fréquence est estimée à environ 1% des polyarthrites rhumatoïdes traitées par D-Pénicillamine (D-P). Il existe une prédominance féminine ; la moyenne d’âge de survenue s’établit à 50 ans pour une dose d’environ 700 mg de D-P. Elle donne généralement des signes modérés, et dans au moins 2/3 des cas, la myasthénie régresse après l’arrêt du traitement, en 3 à 6 mois. Mais une myasthénie durable posant le problème de son autonomisation a été signalée. Les Ac anti-RACh sont présents mais ils sont différents des Ac anti-RACh des formes idiopathiques en ce qui concerne leur réactivité croisée, leur affinité et leur taux. Les Ac anti-nucléaires leur sont souvent associés. L’étude de l’histocompatibilité a montré chez des malades atteints de myasthénie induite par la D-Pénicillamine une plus grande fréquence de HLA-BW35 et DR1. La pathogénie reste encore discutée ; la D-Pénicillamine pourrait provoquer, chez des sujets génétiquement prédisposés, une myasthénie par modification de leur immunomodulation et de leur RACh. La D-P pourrait se lier par son groupement thiol aux sous-unités du RAch, induisant ainsi une auto-immunisation (Vincent, 1982 cité par Goulon-Goëau, 1992). GÉNÉTIQUE M Y A S T H É N I E GÉNÉTIQUE La myasthénie n’est pas une maladie héréditaire au sens mendélien du terme. Cependant, il existe un (ou des) gène(s) de susceptibilité lié(s) au système HLA. Les formes familiales sont rares (2 à 3% des cas), touchant le plus souvent les membres d’une même fratrie que l’un des parents et un ou plusieurs de ses enfants (Goulon, 1987). Il est donc actuellement admis que la myasthénie n’est pas une maladie héréditaire au sens mendélien du terme. Cependant il existe un (ou des ) gène(s) de susceptibilité lié au système HLA pouvant influencer les mécanismes qui modulent la réponse immune (Fulpius, 1978). Depuis les travaux de Compston (1980), on individualise 3 groupes de patients : • ceux avec thymome ; • ceux de moins de 40 ans, en majorité de sexe féminin avec hyperplasie thymique ; • ceux de plus de 40 ans, plutôt de sexe masculin, avec thymus involutif. Cette classification est corroborée par une association à des haplotypes particuliers chez les patients sans thymome. L’étude des phénotypes HLA a montré une nette prédominance de HLA-B8 et HLA-DR3 (HLA-B12 au Japon) chez les femmes de race blanche sans thymome dont la myasthénie a débuté avant l’âge de 35 ans. Le risque de contracter une myasthénie serait 6 fois plus élevé chez les sujets HLA-B8 positifs que chez les négatifs, et encore plus grands chez les homozygotes HLA-B8. D’autres études (Kuks, 1992 ; Hayashi, 1992) confirment la présence des types HLA-A1, B8, DR3, et DQ2 dans un groupe de jeunes patientes myasthéniques de type caucasien, tandis qu’un second groupe d’hommes plus âgés serait plu- ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 6-1 tôt de type HLA A3, B7, DR2. On note aussi une prédominance de HLA-B5 dans la myasthénie à début tardif, de DR4 chez les chinois, de DR5 chez les Noirs américains. Mais aucune corrélation n’a été trouvée entre ces antigènes et la gravité de la myasthénie (GoulonGoëau, 1992). Il n’existe pas de corrélation entre le typage HLA et l’effet de la thymectomie. En pratique, un typage HLA est demandé chez tout malade myasthénique. 6-2 DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL M Y A S T H É N I E DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Au tout début de la maladie, de nombreux patients avec une forme légère généralisée ont des symptômes fluctuants sans faiblesse musculaire apparente à l’examen, et il n’est pas rare que soit évoquée alors une affection psychiatrique. Par la suite, il est en général facile de distinguer la myasthénie de diverses affections neurologiques qui se manifestent par une symptomatologie pouvant rappeler certains caractères de la myasthénie, notamment la constatation d’une faiblesse musculaire fluctuante. Plus difficile est parfois le problème posé par certains syndromes “myasthéniformes” ou “myasthéniques” d’étiologies diverses. Ainsi, devant une faiblesse musculaire fluctuante, après interrogatoire et examen clinique soigneux, on évoquera (Boudouresques, 1974) : certaines affections neurologiques ou psychiatriques : la sclérose en plaques (SEP); la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ; les neuropathies périphériques ; les paralysies périodiques ; la neurasthénie ; ■ les syndromes myasthéniformes : certaines myopathies ; le syndrome myasthénique de Lambert-Eaton (SMLE) ; les syndromes myasthéniques congénitaux ; la rhabdomyolyse ; des endocrinopathies ; ■ des intoxications : le botulisme. ■ ● AFFECTIONS NEUROLOGIQUES OU PSYCHIATRIQUES ● SYNDROMES MYASTHÉNIFORMES ● INTOXICATIONS ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 7-1 affections neurologiques ou psychiatriques AFFECTIONS NEUROLOGIQUES OU PSYCHIATRIQUES ● LA SCLÉROSE EN PLAQUES Devant la survenue d’un ptosis, d’une diplopie, de troubles de la mastication, de la déglutition, et de la phonation, associés ou non, et d’évolution fluctuante, on peut évoquer le diagnostic de sclérose en plaques. L’EMG permet de trancher. ● LA SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE Devant une faiblesse musculaire avec des troubles de déglutition d’installation progressives, on évoquera une sclérose latérale amyotrophique. Celle-ci entraîne une amyotrophie précoce, avec des fasciculations et des réflexes exagérés. Parfois, il peut y avoir une altération de la transmission neuromusculaire suffisamment sévère pour induire une fatigue excessive et une réponse aux anti-cholinestérasiques la faisant confondre avec la myasthénie. Ceci est particulièrement vrai quand la faiblesse musculaire est limitée aux muscles oro-pharyngés. L’absence d’atteinte des muscles oculaires chez ces malades va à l’encontre d’une myasthénie. Dans la SLA, l’EMG met en évidence un processus de dénervation partielle avec réinnervation. Une prudence particulière est nécessaire lors de l’administration d’anti-cholinestérasiques chez les malades atteints de SLA, car le muscle dénervé est beaucoup plus sensible aux effets paralytiques de ces produits à fortes doses. ● LES NEUROPATHIES PÉRIPHÉRIQUES Devant une faiblesse musculaire des membres, on évoquera une neuropathie périphérique. Elle s’accompagne habituellement de troubles sensitifs, d’une aréflexie ostéo-tendineuse et d’une oculomotricité normale. Un ralentissement de la vitesse de conduction 7-2 nerveuse, des signes électromyographiques de dénervation et une augmentation des protides dans le liquide céphalo-rachidien peuvent être retrouvés. Les neuropathies des nerfs crâniens, en particulier des nerfs oculomoteurs, peuvent être plus difficiles à différencier de la myasthénie. Des anomalies pupillaires, un déficit limité au territoire d’un seul ou de quelques nerfs, et l’absence de ptosis (à moins d’une atteinte du III), sont en faveur d’une atteinte des nerfs crâniens. Il faut penser à la myasthénie chaque fois qu’il existe une faiblesse des muscles oculomoteurs avec des réflexes pupillaires normaux. ● LES PARALYSIES PÉRIODIQUES Les paralysies périodiques donnent des accès de faiblesse sévère généralisée au cours desquels les nerfs crâniens et la sensibilité sont normaux et les réflexes ostéo-tendineux diminués ou absents. Si l’anamnèse retrouve des épisodes répétés, en particulier s’il existe une histoire familiale d’accès semblables, le diagnostic de paralysie périodique doit être envisagé et confirmé par un dosage de potassium plasmatique. ● LA NEURASTHÉNIE Devant un tableau d’inhibition motrice, on pensera à une neurasthénie. C’est l’un des diagnostics différentiels les plus délicats, d’autant plus que ces malades ressentent souvent une amélioration subjective après anticholinestérasiques. La neurasthénie est reconnue par l’absence de signes objectifs, ou par la négativité des examens complémentaires. On prendra en compte le profil psychologique, voire psychiatrique, particulier du patient, la neurasthénie se manifestant chez des sujets au profil névrotique. SYNDROMES MYASTHÉNIFORMES ● LES MYOPATHIES • Devant un tableau de faiblesse des muscles céphaliques, notamment une ophtalmoplégie, on évoquera une dystrophie oculo-pharyngée ou une ophtalmoplégie externe pouvant évoquer une myopathie mitochondriale. La faiblesse n’est pas fluctuante avec le temps, l’atteinte des muscles oculomoteurs est généralement symétrique, la diplopie est rarement un symptôme en raison de l’évolution très lente de la paralysie oculomotrice (Engel, 1986). La BM peut montrer des anomalies morphologiques distinctes, avec images de fibres en “haillons” (“ragged red fibers”) dans les myopathies mitochondriales survenant à tout âge, ou de vacuoles dans les myopathies oculopharyngées survenant toujours après 50 ans. Les tests pharmacologiques, l’EMG, et les dosages d'Ac sont négatifs. • Devant une diminution de la force musculaire, il faut éliminer une éventuelle dystrophie musculaire progressive présentant un tableau proche de celui de la myasthénie. En faveur d’une dystrophie musculaire, on retiendra la symétrie et la permanence du déficit des muscles proximaux, l’atteinte élective de certains muscles sans atteinte des muscles innervés par les nerfs crâniens, des mouvements oculaires normaux, l’absence de fluctuance des signes, et l’absence de réponse aux anti-cholinestérasiques. Dans la plupart des myopathies, on peut retrouver des taux élevés de créatinekinase, d’aldolase et de transaminases glutamique et oxaloacétique, avec des critères de dystrophie musculaire à l’EMG et à la biopsie musculaire. • Devant une faiblesse musculaire et des signes oculaires plus ou moins variables, il faut penser à une hyperthyroïdie. La fréquence élevée de l’hyperthyroïdie chez les myasthéniques et la survenue de signes oculaires avec une faiblesse généralisée dans les 2 maladies rendent souvent difficile la distinction entre myopathie par hyperthyroïdie et myasthénie. Chez tous les myasthéniques, des examens appropriés doivent être réalisés pour exclure une affection thyroïdienne associée. ● LE SYNDROME MYASTHÉNIQUE DE LAMBERT-EATON Devant une faiblesse musculaire variable et fluctuante, augmentant à l’effort, on évoquera un syndrome myasthénique de Lambert-Eaton . C’est une affection rare, souvent associée à un carcinome pulmonaire à petites cellules. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● L’examen clinique retrouve une faiblesse musculaire symétrique à prédominance proximale qui débute aux membres inférieurs puis remonte vers les membres supérieurs ; les réflexes ostéo-tendineux sont diminués ou absents ; les signes bulbaires ou oculaires ne sont pas au premier plan. Les malades peuvent noter une amélioration de la force après des efforts répétés (“échauffement”), et quelques uns se plaignent d’une sécheresse de la bouche. La réponse aux anti-cholinestérasiques est minime. Ces patients sont anormalement sensibles aux agents bloquant la conduction neuromusculaire (curares) et certains cas sont reconnus justement à la suite d’une apnée prolongée au cours d’une intervention chirurgicale. L’EMG offre un aspect caractéristique : des potentiels d’action musculaires de faible amplitude, un tracé décroissant à la stimulation répétitive du nerf en basse fréquence, et une augmentation importante de l’amplitude du potentiel d’action musculaire après une contraction volontaire maximum brève ou une stimulation tétanisante du nerf. Le syndrome est dû à une libération insuffisante d’acétylcholine à partir des terminaisons nerveuses. Dans certains cas, il est lié à un processus auto-immun. Des études récentes rapportent des résultats encourageants dans le traitement de cette affection par les échanges plasmatiques et/ou les immunosuppresseurs au long cours. syndromes myasthéniformes DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ● LES SYNDROMES MYASTHÉNIQUES CONGÉNITAUX Les syndromes myasthéniques congénitaux (SMC) correspondent à un groupe d’affection héréditaires non auto-immunes, entraînant un dysfonctionnement de la transmission neuromusculaire (Eymard, 1991). Dans certains cas, la physiopathologie est partiellement élucidée (Engel, 1986). Ce sont : • les “slow channel syndrome”, où le temps d’ouverture du canal ionique du RACh est anormalement allongé. La transmission en est autosomique dominante. • le déficit en acétylcholinestérase, autosomique récessif ; • le défaut de synthèse ou de mobilisation d’acétylcholine, autosomique récessif. Les syndromes myasthéniques congénitaux apparaissent le plus souvent chez des enfants nés AFM 7-3 syndromes myasthéniformes ■ intoxications de mères non myasthéniques. Leur survenue est retardée par rapport à la myasthénie néonatale, elle devient cliniquement évidente chez le nourrisson ou le petit enfant dans les 2 premières années de la vie. Les symptômes progressent lentement et prédominent habituellement sur les muscles oculaires, entraînant un ptosis et une ophtalmoplégie, avec une faiblesse généralisée modérée. On a décrit une forme congénitale ne se manifestant que par une dysphagie (Calderon-Gonzales, 1990). L’évolution de cette myasthénie congénitale est prolongée tout au long de l’enfance, mais bénigne, stable, sans poussées (Goulon, 1987). L’aspect particulier du potentiel d’unité motrice à l’EMG (dédoublement après stimulation unique) est évocateur de SMC. On n’a jamais noté d’anomalie immunologique chez ces enfants : ils n’ont pas d’Ac anti-RACh. Il est admis qu’ils ne répondent ni à la thymectomie, ni aux drogues immunosuppressives, ni aux échanges plasmatiques. On a cependant décrit des cas de myasthénie congénitale répondant favorablement à la néostigmine (Prostigmine®) (Boudouresques, 1974) et à la pyridostigmine (Mestinon®) (Engel, 1986 ; Calderon-Gonzales, 1990). Il est important de distinguer chez l’enfant la myasthénie auto-immune et la myasthénie congénitale, car les myasthénies congénitales sont souvent familiales et répondent à une hérédité probablement récessive. La distinction se fait grâce à la découverte d’Ac anti-RAch dans la myasthénie auto-immune encore que cette recherche puisse être temporairement négative chez un très jeune enfant, ce qui conduit à la répéter (Goulon-Goëau, 1992). ● ENDOCRINOPATHIES Des syndromes myasthéniformes peuvent se voir dans l’hyperthyroïdie, l’insuffisance surrénale, l’hypercorticisme. Ils sont peu ou pas sensibles à la néostigmine (Prostigmine®). INTOXICATIONS ● LE BOTULISME Devant un épisode de paralysie musculaire aigüe, 7-4 on évoquera un botulisme. Il peut être difficile à distinguer d’une myasthénie aigüe fulminante, à moins qu’il n’en existe plusieurs cas reconnus, ou qu’on ne note une paralysie pupillaire. La toxine botulinique se fixe sélectivement sur la membrane présynaptique, puis elle est transportée dans la terminaison nerveuse. Elle ne passe pas dans la synapse.Cette toxine inhibe la libération d’ACh depuis la terminaison nerveuse par divers mécanismes. Il faut retrouver la notion d’intoxication alimentaire avec notamment l’ingestion récente de conserves familiales, et un tableau clinique évocateur (nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales, troubles de la vision, et dysfonctionnement du système nerveux autonome avec gorge sèche, absence de sudation, constipation ou rétention d’urine,...). L’EMG retrouve une réponse décrémentielle à basses fréquences de stimulation, et un tracé croissant à la stimulation nerveuse dans les hautes fréquences. Cependant les anomalies EMG peuvent être tardives ou inexistantes. Le diagnostic se fait par recherche et identification de la toxine dans le sérum et/ou les selles. ● AUTRES INTOXICATIONS • Toutes les substances pharmacologiques susceptibles de créer un bloc neuro-musculaire, quelqu’en soit le mécanisme, peuvent provoquer une paralysie ayant de nombreux points communs avec la myasthénie : - hémicholine (bloc pré-synaptique, par freinage de la synthèse d’acétylcholine ; - curare (bloc post-synaptique, par insuffisance de dépolarisation par compétition avec l’acétylcholine) - acétylcholine et anticholinestérasiques (bloc post-synaptique par dépolarisation irréversibles par excès d’acétylcholine) - décaméthonium et succinylcholine (bloc par dépolarisation irréversible). • On a décrit des syndromes myasthéniformes dans les intoxications aux gaz de combat, dans les intoxications au plomb, dans les intoxications oxy-carbonées (Boudouresques, 1974). • Des piqûres de tiques peut être à l’origine d’épisodes isolés de faiblesse généralisée avec réflexes ostéo-tendineux diminués ou abolis. La faiblesse musculaire persiste alors jusqu’à ce que la tique soit enlevée. PRISE EN CHARGE M Y A S T H É N I E PRISE EN CHARGE La surveillance se fait en milieu spécialisé, capable d’adapter le traitement selon chaque patient. Elle est établie par le score musculaire, qui reflète l’état fonctionnel du malade. Son intérêt est évolutif. La détection de complications éventuelles, telles que décompensation respiratoire ou crise cholinergique fait orienter le malade rapidement vers une unité de soins adaptée. Attention : certains médicaments sont contreindiqués dans la myasthénie, car ils sont suceptibles d’aggraver la faiblesse musculaire. ● SURVEILLANCE ● PRÉVENTION DES COMPLICATIONS ● CONTRE-INDICATIONS MÉDICAMENTEUSES ● TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE ACQUISE AUTO-IMMUNE ● TRAITEMENT DE LA DÉCOMPENSATION RESPIRATOIRE ● TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE CHEZ LA FEMME ENCEINTE ● TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE NÉONATALE TRANSITOIRE ● TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE INFANTILE ET JUVÉNILE ● TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE OCULAIRE ● TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE INDUITE PAR LA D-PÉNICILLAMINE Le traitement symptomatique repose avant-tout sur les anti-cholinestérasiques. On propose aussi les corticoïdes, les drogues cytotoxiques. Le traitement médicamenteux peut-être complété, selon les cas, par des échanges plasmatiques, des immunoglobulines. La thymectomie est quasiment systématique en cas de myasthénie généralisée avant 40 ans. Il existe certaines situations cliniques pour lesquelles la thérapeutique est à peu près codifiée : la décompensation respiratoire, chez la femme enceinte, la myasthénie néonatale transitoire, les formes infantiles et juvéniles, la forme oculaire, la myasthénie induite par la D-Pénicillamine. En cas d’intervention chirurgicale, il faut prendre certaines précautions particulières concernant la surveillance pré, per et post-opératoire, et l’utilisation des drogues anesthésiques. Les myorelaxants curarisants dépolarisants sont contreindiqués. ● PRÉCAUTIONS EN CAS D'INTERVENTION CHIRURGICALE ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 8-1 surveillance ■ prévention des complications 8-2 SURVEILLANCE La fréquence de la surveillance fonctionnelle sera propre à chaque malade ; elle est basée sur le score musculaire et le bilan fonctionnel.Ceuxci ont été établi par l’équipe de l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. L’intérêt de ce score est évolutif, par la comparaison des résultats au cours du temps. SCORE MUSCULAIRE (maximum 100 points) ■ Membres supérieurs étendus à l’horizontale en antéposition : • pendant 150 secondes 15 points • pendant 100 secondes 10 points • pendant 50 secondes 5 points ■ Membres inférieurs, malade en décubitus dorsal, cuisses fléchies à 90° sur le bassin, jambes à 90° sur les cuisses : • pendant 75 secondes 15 points • pendant 50 secondes 10 points • pendant 25 secondes 5 points ■ Flexion de la tête, malade en décubitus dorsal : • contre résistance 10 points • sans résistance 5 points • impossible 0 points ■ Passage de la position couchée à la position assise : • sans l’aide des mains 10 points • avec l’aide des mains 5 points • impossible 0 points ■ Oculomotricité extrinsèque : • normale • ptosis isolé • diplopie 10 points 5 points 0 points ■ Occlusion palpébrale : • complète • incomplète • nulle 10 points 5 points 0 points ■ Mastication : • normale • diminuée • nulle 10 points 5 points 0 points ■ Déglutition : • normale • dysphagie sans fausse route • dysphagie avec fausse route 10 points 5 points 0 points ■ Phonation : • voix normale • voix nasonnée • aphonie 10 points 5 points 0 points BILAN FONCTIONNEL Classe 1 Absence d’autonomie. Classe 2 Symptômes importants : entraînant l’arrêt de l’activité. Classe 3 Symptômes modérés : laissant une activité partielle. Classe 4 Symptômes mineurs : permettant la reprise d’une activité normale pour l’âge du malade. Classe 5 Rémission complète. La maladie peut aussi être évaluée selon la classification d’Osserman. Sur le plan pratique, cette classification est surtout utilisée dans les travaux de recherche concernant la myasthénie (Eymard, 1991). CLASSIFICATION D’OSSERMAN Stade I : myasthénie localisée à un seul groupe musculaire, le plus souvent oculaire ; Stade II A : myasthénie généralisée sans troubles de la déglutition ; Stade II B : myasthénie généralisée avec dysphagie mais sans fausses routes ; Stade III : myasthénie généralisée d’apparition récente (quelques semaines à quelques mois), avec fausses routes, et atteinte respiratoire, nécessitant sonde gastrique, intubation ou trachéotomie, assistance respiratoire ; Stade IV : myasthénie généralisée grave, ancienne, avec dysphagie, troubles respiratoires, et très souvent amyotrophie. PRÉVENTION DES COMPLICATIONS Le risque de poussée myasthénique peut être réduit au minimum par un traitement énergique des infections, un encadrement judicieux d’un geste chirurgical, une attention vis-à-vis des facteurs émotionnels et l’éducation du patient concernant l’usage des médicaments. Une crise cholinergique peut être évitée en informant les malades des effets qui accompagnent le surdosage, notamment l’augmentation de la faiblesse musculaire qui survient une à deux heures après une prise. CONTREINDICATIONS MÉDICAMENTEUSES Beaucoup de médicaments peuvent altérer la transmission neuro-musculaire et sont par conséquent susceptibles d’aggraver la faiblesse musculaire dans la myasthénie. Ces effets secondaires potentiels doivent être pris en considération quand on décide de leur usage chez les malades myasthéniques. ● CONTRE-INDICATIONS ABSOLUES La D-Pénicillamine induit une myasthénie dans environ 1% des cas de polyarthrites rhumatoïdes traitées avec ce médicament. Le mécanisme d’action n’en est pas encore éclairci (voir "Description des formes cliniques • Myasthénie induite par la D-Pénicillamine". Les myorelaxants à action curarisante ont un effet exagéré chez les myasthéniques. La paralysie musculaire induite par ces substances peut être beaucoup plus profonde et durer plus longtemps que chez les sujets normaux. Ces médicaments doivent être évités si possible pendant l’anésthésie, ou bien la posologie sera plus faible que celle normalement utilisée (1/10 de la dose). Les autres curarisants seront évités : l’hémicholine (bloc pré-synaptique, par freinage de la synthèse d’acétylcholine) ; le curare (bloc postsynaptique, par insuffisance de dépolarisation par compétition avec l’acétylcholine) ; le décaméthonium et la succinylcholine (bloc par dépolarisation irréversible). ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● Les antibiotiques du groupe des aminosides comme la streptomycine, la kanamycine, la néomycine et la gentamycine, ont des effets bloquants notables sur la jonction neuro-musculaire, et sont contre-indiqués chez le myasthénique. La colimycine, la polymyxine, la bacitracine et la cycline injectable sont aussi susceptibles d’aggraver la myasthénie. Les bêta-bloquants tels que le propanolol et le timolol sont également contre-indiqués, y compris les bêta-bloquants locaux, ainsi que la phénytoïne et la diphényl-hydantoïne, la triméthadione, le dantrolène. La quinine, la quinidine, la chloroquine, et la procaïnamide ont induit une aggravation de l’atteinte myasthénique chez quelques malades. Ces drogues sont à éviter. ● CONTRE-INDICATIONS RELATIVES On recommande la plus grande prudence avec les phénothiazines, la carbamazépine, les benzodiazépines, les neuroleptiques. On a rapporté quelques cas d’aggravation de la maladie par le méthimazole (anti-thyroïdien), le vérapamil, le lithium, la progestérone. Beaucoup d’autres produits ont été signalés pour avoir aggravé des myasthénies. Cependant, on manque souvent d’une documentation adéquate à leur sujet. En règle générale, tout médicament sera utilisé avec prudence chez le myasthénique. Malades et médecins doivent être prévenus de la possibilité d’une aggravation après l’administration de tout nouveau médicament. contre-indications médicamenteuses PRISE EN CHARGE Les corticoïdes entraînent fréquemment une aggravation de l’atteinte myasthénique pendant les premiers jours de traitement, ou après augmentation de la posologie. Cet effet est généralement transitoire et dure quelques jours, mais doit être pris en compte. L’indication et l’efficacité des vaccinations chez ces malades ont été discutées, mais il est globalement admis que les vaccins vivants (polio buccal, rubéole,...) sont contre-indiqués chez les patients sous immunosuppresseurs, tandis que les vaccins inactivés et les anatoxines (grippe++, polio injectable, tétanos, hépatite B...) sont autorisés. AFM 8-3 traitement de la myasthénie acquise auto-immune TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE ACQUISE AUTO-IMMUNE ■ Les inhibiteurs de la cholinestérase ou anticholinestérasiques c h o l i n e s t é r a s i q u e s ( M e s t i n o n ®, M y t é l a s e ®, Les inhibiteurs de la cholinestérase restent le traitement de base de la myasthénie. Ils agissent en diminuant l’activité de la cholinestérase et en provoquant l’accumulation d’acétylcholine (ACh) dans la fente synaptique. Comme tous les composés d’ammonium quaternaire, ces médicaments sont faiblement résorbés au niveau de l’intestin, en partie par la formation de complexes non résorbables avec la mucine et les sels biliares. La prise associée d’aliments diminue significativement leur absorption. Celle-ci pourrait diminuer dans les traitements au long cours du fait des altérations de l’épithélium intestinal qu’ils induisent. Prostigmine ® ) sont le traitement de base de la Ces médicaments procurent chez la plupart des myasthénie. Leur posologie est adaptée à chaque patients myasthéniques une amélioration des patient. • les corticoïdes sont efficaces dans les formes généralisées, les formes graves, ou en seconde intention lorsque les anticholinestérasiques deviennent inefficaces ou mal tolérés. • les drogues cytotoxiques, notamment l’Imurel ®, seules ou en association avec les corticoïdes, sont proposées en cas d’échec des traitements précédents. L’indication est posée au cas par cas, avec prise en compte des effets secondaires liés à l’utilisation de ces médicaments. symptômes pour une durée variable. Plusieurs méthodes thérapeutiques sont utilisées dans le traitement de la myasthénie acquise auto-immune : ■ Les traitements médicamenteux : • les inhibiteurs de la cholinestérase ou anti- ■ Les traitements non médicamenteux : • la thymectomie est généralement pratiquée dans tous les cas de myasthénie ayant débuté avant 40 ans, mais elle est discutée en cas de forme oculaire pure. Par contre, elle est systématique en cas de thymome. • la radiothérapie thymique est proposée en cas de thymome invasif et récidivant non accessible à la chirurgie. • les échanges plasmatiques sont indiqués devant un besoin rapide d’amélioration (avant thymectomie, en poussée aiguë de la maladie). Cependant certaines contraintes en limitent l’utilisation (effets secondaires, voie d’abord à gros débit, coût). • les immunoglobulines à fortes doses sont une alternative aux échanges plasmatiques. 8-4 ● TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX ● Règles de prescription des anticholinestérasiques Un certain nombre de règles doivent être respectées pour leur prescription (Goulon, Goëau, Gajdos, 1987) : ■ ils doivent être pris à jeûn, une demi-heure à une heure avant le repas (le maximum de concentration plasmatique du Mestinon ® se situe autour de 90 minutes) ; ■ il n’y a pas avantage à associer entre eux 2 anticholinestérasiques ; la prise orale simultanée de Mestinon ® et de Prostigmine ® limite l’absorption de cette dernière ; ■ la posologie quotidienne de l’anticholinestérasique choisi doit être débutée par des doses faibles, réparties entre le réveil et le coucher, éventuellement au cours de la nuit si la dysphagie du matin rend difficile l’absorption de la première dose de la journée ; ■ en cas de dysphagie prononcée, il est prudent pour éviter une fausse route, d’administrer l’anticholinestérasique par voie parentérale, par sonde gastrique, ou par voie nasale. ■ il n’y a pas de dose fixe généralisable à tous les malades dont les besoins en anticholinestérasiques varient au cours de la même journée, d’un jour à l’autre, à l’occasion d’un stress... Chez la plupart des malades, une dose donnée de médicaments conduit à une efficacité différente d’un groupe musculaire à un autre, et il est néces- saire de repérer la dose qui sera la plus efficace pour les muscles les plus vitaux. ● Présentation et posologie des anticholinestérasiques Trois produits sont actuellement utilisés : la pyridostigmine (Mestinon®), la néostigmine (Prostigmine®), le chlorure d’ambémonium (Mytélase ® ). La dose optimale de chacun de ces produits doit être déterminée pour chaque patient. Une plus forte posologie n’amène pas d’efficacité supplémentaire, et accentue les effets nicotiniques ganglionnaires et muscariniques centraux pouvant entraîner une aggravation des paralysies par un bloc de dépolarisation. Cette éventualité, qui peut être grave, ne peut être prévenue qu’en informant les patients des risques de l’inflation thérapeutique et en connaissant parfaitement les signes témoignant d’un surdosage. Toute la difficulté du traitement par anticholinestérasiques réside dans son équilibration : le bénéfice thérapeutique peut être remis en question par la gêne occasionnée par les effets secondaires, ou à l’occasion d’une poussée de la maladie, ou encore par un épuisement thérapeutique à long terme. la pyridostigmine (Mestinon ® ) L’effet du Mestinon ® est généralement maximal au bout de 60 à 90 minutes et dure 3 à 4 heures. ■ En comprimés dosés à 60 mg, elle convient à la plupart des patients, bien que certains tolèrent ou répondent mieux à la néostigmine (Prostigmine ® ), ou au chlorure d’ambémonium (Mytélase ® ). Le Mestinon ® existe aussi en sirop à 60 mg/5 ml, pour les enfants ou pour administration par sonde gastrique chez les malades présentant des troubles de la déglutition. On dit que le goût sucré de ce sirop stimule les sécrétions quand il est pris par la bouche, mais il ne semble pas que ce soi t un r éel pr obl èm e par r ap p o rt à l’hypersialorrhée induite par un anticholinestérasique. Le Mestinon ® existe aussi sous forme retard, dont l’effet prolongé permet aux malades de dormir toute la nuit. Cependant, l’absorption et l’effet de cette préparation sont irréguliers, et certains médecins et malades préfèrent établir un horaire de prise nocturne de la forme habituelle du médicament la plus adaptée à leur besoins. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● Chez l’adulte, le traitement est généralement commencé par 30 à 60 mg de pyridostigmine (Mestinon ® ) per os toutes les 4 à 6 heures. Chez le nourrisson ou chez l’enfant, la dose initiale de Mestinon ® est de 1 à 2 mg/kg. La dose thérapeutique et l’intervalle entre chaque prise seront ajustés sur la clinique et l’apparition des effets secondaires. La dose moyenne est de 360 mg de Mestinon ® par 24 heures, soit 1 comprimé toutes les 4 heures. Il n’est pas intéressant de prendre 2 à 3 comprimés par prise, en raison du risque de surdosage. L’heure des prises doit tomber avant le moment des repas pour que la force des muscles oropharyngés soit la meilleure possible. la néostigmine (Prostigmine ® ) L’action de la néostigmine est rapide mais brève, débutant quelques minutes après l’injection parentérale, 15 minutes après l’instillation par voie nasale, ou une demi-heure après l’absorption orale, pour une durée d’action de 2 heures. ■ Pour un adulte, le traitement est généralement commencé par 7,5 à 15 mg de néostigmine per os toutes les 4 à 6 heures, en comprimés dosés à 15 mg de bromure, en bouffées de 4 à 6 mg, ou en ampoules injectables IM ou IV de 0,5 mg de méthylsulfate. Pour un enfant, la dose est de 0,3 mg/kg. La néostigmine par voie intranasale est une bonne alternative en cas de troubles bulbaires ou de troubles digestifs. Elle évite le premier passage hépatique. Sa pharmacocinétique est semblable à celle de la voie intra-veineuse. On n’a pas observé d’effets secondaires locaux ou généraux inattendus, la tolérance est bonne (Ricciardi, 1991). La voie parentérale n’a d’intérêt que pour faciliter la déglutition lorsque celle-ci est difficile, le relais devant être pris immédiatement par les anticholinestérasiques oraux. Si une injection de néostigmine est inefficace, il est inutile de la répéter, et il est impératif de mettre une sonde gastrique : la brève durée d’action de la néostigmine risque de faire répéter les injections et d’entraîner un surdosage. L’administration IV en continu n’a aucune indication (Clair, 1993). traitement de la myasthénie acquise auto-immune PRISE EN CHARGE le chlorure d’ambémonium (Mytélase ® ) Son action, plus puissante que celle du Mestinon ® , se manifeste en 30 minutes et se prolonge de 3 à 4 heures. ■ AFM 8-5 traitement de la myasthénie acquise auto-immune 8-6 Le traitement pour un adulte est généralement commencé par 5 à 10 mg de Mytélase ® per os toutes les 4 à 6 heures, en comprimés dosés à 10 mg. On recommande habituellement une dose de 30 à 60 mg de (Mytélase ® ) par 24 heures. ● Effets secondaires des anticholinestérasiques La dose seuil pour l’apparition des effets secondaires est variable d’un patient à l’autre. Les effets secondaires des anticholinestérasiques résultent de l’accumulation d’acétylcholine au niveau des récepteurs muscariniques sur les synapses cholinergiques des muscles lisses et des glandes sécrétoires, et au niveau des récepteurs nicotiniques des muscles squelettiques. ■ Les effets secondaires muscariniques gastrointestinaux sont banals. Ils associent douleurs, diarrhées, vomissements. Certains malades peuvent présenter des bronchospasmes ou une augmentation des sécrétions bronchiques, ce qui représente une sérieuse menace en cas d’atteinte bulbaire ou d’insuffisance respiratoire. On peut aussi rencontrer une hypersialorrhée, des sécrétions lacrymales accrues, des sueurs, des mictions impérieuses, et une bradycardie. Des médications anticholinergiques telles que l’atropine (Genatropine®, 1 à 2 granules 3 fois par jour), ou encore le bromure de glycopyrronium (Asecryl ® , 1 mg oralement) peuvent être utilisées pour atténuer les signes muscariniques, mais au risque de masquer un signe de surdosage. Il est préférable de les donner avant la prise d’anticholinestérasiques. Les effets nicotiniques associent des crampes musculaires, des fasciculations, une faiblesse musculaire, et une exagération des réflexes ostéotendineux. ■ Ces symptômes peuvent annoncer une crise cholinergique, dûe au surdosage en anticholinestérasiques, mais beaucoup de patients s’en plaignent longtemps avant que la crise n’apparaisse (voir “Appareil respiratoire”). S’il devrait être facile, en théorie, de savoir si un malade est sur- ou sous-dosé en anticholinestérasiques, c’est souvent difficile en pratique. Quand le diagnostic de crise cholinergique a été évoqué, il est plus sûr et plus simple d’arrêter temporairement les anticholinestérasiques, d’administrer de l’atropine et de mettre, si nécessaire, le malade sous respiration artificielle. ■ L’interruption des traitements anticholinestérasiques peut durer plusieurs jours avant que la cause de la défaillance n’apparaisse. En cas de crise cholinergique, une amélioration rapide se produit. Pendant cette période, le malade doit être pris en charge dans une unité de réanimation où il recevra les traitements appropriés à une affection intercurrente. Des échanges plasmatiques peuvent être utiles pour une amélioration transitoire. Les anticholinestérasiques ne sont ultérieurement repris à doses progressives qu’après réapparition des signes myasthéniques. La posologie sera inférieure à celle utilisée avant la crise, avec une augmentation progressive jusqu’à une dose optimale. ● Efficacité thérapeutique Les inhibiteurs de la cholinestérase n’entraîneront une disparition totale des symptômes que chez peu de patients seulement, et perdent généralement de leur efficacité au cours du temps. ■ Les corticoïdes Les corticoïdes améliorent la plupart des malades atteints de myasthénie acquise. Leur efficacité n’est plus contestée. La prednisone (Cortancyl ® ) est la plus souvent utilisée. Des cures courtes (10 à 14 jours) d’ACTH ( Synacthène ® ) à fortes doses ont aussi été utilisées pour obtenir une amélioration de courte durée. Cependant ce traitement n’est plus utilisé. ■ Les indications de la prednisone ne sont pas clairement définies. En pratique, on la propose en association ou non avec un traitement immunosuppresseur dans les formes généralisées graves lorsque qu’il persiste des signes moteurs, ou qu’il apparait des troubles de la déglutition ou des troubles respiratoires malgré le traitement anticholinestérasique. On la donne rarement en première intention ou dans les formes oculaires pures, sauf s’il existe une diplopie fonctionnellement gênante, mal équilibrée par le traitement anticholinestéra sique. ■ Actuellement, les schémas thérapeutiques d’utilisation des corticoïdes sont variables selon les équipes. L’équipe de Gajdos utilise la prednisone à la dose de 1 mg/kg/jour pendant une durée d’un mois. Après cette période, une décroissance extrêmement lente et progressive est entreprise, amenant la posologie à 0,5 mg/kg/jour au quatrième mois. Puis la dose minimale efficace est atteinte très progressivement pour éviter le risque d’un rebond, en diminuant les doses de l’ordre de 1 à 2 mg par semaine, et en administrant la dose unitaire chaque jour ou de façon cumulée un jour sur deux. En règle, un palier entre 10 et 20 mg par jour est atteint après 12 à 18 mois de traitement. Bien que l’amélioration persiste après avoir ramené la prednisone à des doses relativement faibles, la plupart des patients nécessitent un traitement d’entretien au long cours. L’aggravation transitoire qui survient fréquemment au début du traitement par les corticoïdes doit être prévue. Aussi est-il préférable de démarrer un tel traitement en milieu hospitalier. Des modalités différentes utilisent des doses initiales plus fortes, ou poursuivies jusqu’à l’obtention des premiers signes d’amélioration. Des doses progressivement croissantes auraient diminué les aggravations passagères en début de traitement. Certains cliniciens pensent que l’administration quotidienne de prednisone à fortes doses est souvent le plus efficace. Enfin, des doses cumulées alternées un jour sur deux, sont utilisées d’emblée par d’autres auteurs (Warmolts et Engel, 1972), notamment chez les malades présentant une forme oculaire pure ou modérée, voire en augmentant progressivement la dose jusqu’à amélioration. D’autres utilisent aussi ce protocole dans les myasthénies généralisées plus sévères. ■ Les effets secondaires d’un traitement corticoïde au long cours s’observent dans 33% des cas (Cosi, 1991). Il s’agit essentiellement d’une prise de poids (14%), d’une aménorrhée (10%), d’une hypokaliémie (5%). Les autres effets secondaires sont rares. Cependant ces effets doivent faire rechercher les contre-indications à un tel traitement avant de l’instituer. ■ L’efficacité de la corticothérapie n’est plus contestée (Cosi,1991 ; Evoli, 1992). Cependant les études randomisées sur l’efficacité de la corticothérapie dans la myasthénie sont rares, et la durée du traitement, la dose optimale, et la raison des échecs de la corticothérapie sont rarement précisées par les auteurs. L’étude de Cosi (1991) sur 142 patients confirme ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● une amélioration clinique de 63,4% des patients après 24 mois de traitement ; 13,4% étaient sans changement, et 22,3% avaient changé de traitement immunosuppresseur. Cosi constate que le pourcentage d’amélioration était supérieur chez les patients ayant débuté la maladie après 40 ans. L’étude d’Evoli (1992) sur 104 patients traités par prednisone retrouve une corrélation entre la durée du traitement et l’incidence de survenue d’effets secondaires à ce traitement. Par contre, l’âge de début du traitement n’influence pas significativement la réponse au traitement. Cette étude confirme l’efficacité thérapeutique de la prednisone avec 81,7% de bons résultats. ■ Les drogues cytotoxiques Proposé dès 1967 dans les formes graves généralisées, ce traitement a été surtout développé à partir de 1979. Les deux drogues les plus utilisées sont le cyclophosphamide (Endoxan ® ) et l’azathioprine (Imurel ® ) : toutes deux agissent sur la lignée lymphoïde et entraînent à long terme une diminution de la synthèse des immunoglobulines. ■ ■ L’expérience la plus importante a été faite avec l’azathioprine (Imurel ® ), donnée per os à la dose de 2 à 2,5 mg/kg/jour. A ces doses, les effets secondaires de ce médicament sont modérés et sont habituellement réversibles par l’arrêt momentané du médicament : troubles gastro-intestinaux, toxicité potentielle des immuno-suppresseurs pour les lignées hématopoïétiques à dépister par des hémogrammes réguliers. En outre, l’Imurel ® possède une hépato-toxicité à surveiller par dosage des enzymes hépatiques, et les immunosuppresseurs ont en commun un risque d’infection opportuniste à long terme. Enfin, on a noté chez les malades traités pendant des années par les immunosuppresseurs la survenue, avec une fréquence anormale, de cancers de la vessie (après Endoxan ® ) ou de lymphomes. Cette éventualité, malgré sa rareté, doit être prise en considération lors de la prescription de ces médicaments chez des sujets jeunes. Cependant le lien entre l’incidence de ces tumeurs et le traitement par azathioprine n’a jamais pu être clairement établi. Une amélioration surviendrait après deux à douze mois de traitement, l’efficacité maximale n’étant obtenue que plusieurs mois après avoir noté une amélioration. Par ailleurs une étude de Kuks sur AFM traitement de la myasthénie acquise auto-immune PRISE EN CHARGE 8-7 traitement de la myasthénie acquise auto-immune une série de 41 patients (1991) retrouve des résultats d’autant meilleurs que les patients sont plus âgés (plus de 40 ans), ce qui n’est pas toujours retrouvé par d’autres auteurs. Il y aurait 2 explications possible pour cette meilleure efficacité de l’azathioprine chez le sujet âgé : l’azathioprine pourrait compenser soit la diminution de la fonction suppressive, soit l’augmentation de la fonction helper des cellules-T périphériques par effet suppresseur de la production d’anticorps (Kuks, 1991). Après Tindall (1987, 1992), une étude récente ( Goulon, 1989) rapporte un essai thérapeutique avec la ciclosporine utilisée sur 12 mois chez des patients atteints de forme sévère, après échec d’un traitement antérieur (selon les cas : azathioprine, cyclophosphamide, corticoïdes). Actuellement, l’indication de la ciclosporine reste très limitée en raison de ses effets secondaires. De plus, il s’agit d’un médicament cher, difficile à trouver, et qui ne possède pas encore l’AMM pour cette indication : myasthénie généralisée sévère, après échec des traitements antérieurs (thymectomie, corticothérapie, azathioprine), ou quand ceux-ci ont eu des effets secondaires graves ou sont contre-indiqués. Cependant, les résultats sont meilleurs dans les formes relativement récentes que dans les formes anciennes. Quant à l’association avec une corticothérapie, cette équipe la recommande, que la corticothérapie ait été déjà instaurée ou non, le malade pouvant bénéficier de l’effet généralement rapide de la corticothérapie avant celui, retardé, de la ciclosporine. Comme pour les autres immunosuppresseurs, la durée du traitement est impossible à fixer à l’avance. La diminution trop importante de la dose ou l’arrêt de la ciclosporine entraînent souvent une rechute. On est donc conduit, quand une amélioration stable a été obtenue, à diminuer très lentement les doses et à poursuivre le traitement pendant des années à la dose la plus faible possible qui soit efficace et bien tolérée. Les effets secondaires des médicaments cytotoxiques, bien qu’imparfaitement maîtrisés, ne semblent pas supérieurs à ceux de la prednisone chez la plupart des malades. Ils surviennent chez environ 1/3 des malades (Kuks, 1991). Toutefois, certains cliniciens ne prescrivent pas ces médicaments chez les femmes en âge de procréer, à cause de leur pouvoir tératogène et du risque de stérilité que ces femmes encourent. ■ 8-8 Pour Behan (cité par Simon et Gajdos, 1981), l’association corticoïdes-immunosuppresseurs permet l’utilisation de doses plus faibles de chacun de ces produits pendant une durée plus brève, et donc réduit les effets secondaires respectifs de chacune des thérapeutiques. Ceci est confirmé par plusieurs auteurs (Cornelio, 1987 ; Kuks,1991). Newsom-Davis (1980) (cité par Simon et Gajdos, 1981) suggère que la corticothérapie associée aux immunosuppresseurs diminuerait la vitesse de synthèse des anticorps anti-RACh après échange plasmatique. Reuther (1978) insiste sur la nécessité de doses suffisantes pour que la diminution des anticorps circulants soit effective. Enfin une étude récente (Gajdos, 1993, sous presse) montre que des formes non améliorées par corticoïdes ou Imurel® sont améliorées par l’association corticoïdes-ciclosporine. Au total, il est actuellement difficile de déterminer les indications respectives des corticostéroïdes et des immunosuppresseurs. Il n’existe pas en effet d’étude contrôlée comparant les résultats de l’une ou l’autre modalité thérapeutique ou de l’association des deux. Il est clair que le choix doit tenir compte également du risque de complications entrainé par ces traitements au long cours et des contre-indications qu’elles impliquent. L’âge des malades apparait peutêtre à ce titre comme un facteur crucial. ■ ■ Les traitements adjuvants ■ Beaucoup de malades éprouvent une amélioration quand ils prennent un sel de potassium (20 à 40 mEq/jour) - même quand leur kaliémie est normale - sous surveillance de leur kaliémie. Des traitements anovulatoires peuvent être proposés en cas de poussée myasthénique menstruelle nette. La pilule œstro-progestative, en l’absence de contre-indications liées à son utilisation, est recommandée. ■ ■ Les perspectives d’avenir Il existe certaines perspectives ouvertes par des traitements à visée immunologique plus spécifiques, tels que l’utilisation d’anticorps monoclonaux anti-CD4 dans la myasthénie, entre- autres. Mais pour l’instant, il n’existe pas de données cliniques disponibles (Gajdos, 1992). ● THYMECTOMIE ■ Indications • En l’absence de thymome, elle est habituellement pratiquée chez tout patient adulte présentant une myasthénie généralisée avant l’âge de 40 ans. De façon générale, la thymectomie est pratiquée dans tous les cas de myasthénie ayant débuté avant 40 ans ; mais elle est discutée en cas de forme oculaire pure de la myasthénie. Chez les enfants avant la puberté et chez les sujets âgés, l’indication est portée au cas par cas. La valeur de la thymectomie chez les sujets âgés qui n’ont pas de thymome ne correspond à aucune attitude commune définie. • En cas de thymome, la thymectomie s’impose quelque soit la répartition de l’atteinte et l’ancienneté de la maladie, à cause du risque d’extension locale qui survient dans 15% des cas, touchant les structures médiastinales de voisinage (plèvre, péricarde, nerf phrénique, vaisseaux) et d’un risque plus hypothétique de dissémination à distance. La glande thymique est recherchée et enlevée en même temps. ■ Technique La thymectomie est pratiquée habituellement par sternotomie médiane, qui permet un abord du tissu thymique dans sa totalité. La thymectomie par voie trans-cervicale sussternale est préférée par certaines équipes parce qu’elle réduirait le risque opératoire. Mais cette limitation serait, pour d’autres, cause d’exérèses incomplètes, le thymus restant pouvant être à l’origine de rechutes obligeant à une réintervention (Simon et Gajdos, 1981). Grâce à un traitement et une surveillance périopératoire bien équilibrés, la thymectomie pour myasthénie connait le plus souvent des suites simples, quelle que soit la voie d’abord chirurgical. d’étude randomisé et contrôlée permettant d’établir avec certitude, avec le recul nécessaire, l’efficacité de la thymectomie, peut-être en raison de l’amélioration des autres moyens thérapeutiques (Grob, 1987). Cependant un certain nombre d’études tend à montrer qu’on observe plus de rémissions après thymectomie, d’autant plus qu’elle est pratiquée précocément ; mais elle peut être bénéfique à tout moment. Il semble cependant qu’une thymectomie réalisée dans les 5 ans qui suivent le début de la maladie chez un patient myasthénique sans thymome améliore le pronostic par rapport aux patients non opérés (De Vries, 1991). Selon une autre étude récente (Cohen-Kaminsky, 1992), l’amélioration clinique s’accompagne d’une diminution du taux de récepteurs à l’interleukine-2 soluble dans les 2 ans suivant la chirurgie : ce taux représenterait un marqueur de gravité de la maladie intéressant dans le suivi des patients. Une publication (Miller, 1991) fait part d’une réintervention chez des patients déjà thymectomisés plusieurs années auparavant, encore handicapés par une myasthénie ancienne. Il n’y avait pas de thymus résiduel au scanner, mais lors de la deuxième thymectomie, il restait du tissu thymique chez 5 des 6 patients. Une amélioration franche a été observée chez 5 des 6 patients. Ces résultats suggèrent que la répétition de la thymectomie pourrait bénéficier à certains patients atteints de myasthénie chronique invalidante, surtout lorsqu’il n’est pas certain d’après le compte-rendu opératoire que tout le tissu thymique ait été enlevé la première fois. Par ailleurs, cela implique que devant une indication de thymectomie, un geste large (thymectomie “élargie”) est nécessaire. ■ Radiothérapie thymique La radiothérapie thymique est utilisée en cas d’exérèse incomplète d’un thymome invasif, ou en cas de récidive difficilement accessible à la traitement de la myasthénie acquise auto-immune PRISE EN CHARGE chirurgie. Elle a pu être utilisée aussi en première intention dans les exceptionnelles contreindications à l’intervention. ■ Résultats Il est actuellement impossible de prévoir l’effet de la thymectomie pour chaque patient, et certains se demandent encore si elle modifie le cours naturel de la maladie. Il n’existe pas ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● ● ÉCHANGES PLASMATIQUES ■ Indications Les échanges plasmatiques (EP) peuvent être AFM 8-9 traitement de la myasthénie acquise auto-immune utilisés avantageusement quand un patient a besoin d’une amélioration relativement rapide : • devant l’apparition de troubles de la déglutition ou d’une insuffisance respiratoire ; • devant une aggravation aigüe du déficit moteur ; • avant la thymectomie ou tout autre intervention chirurgicale, surtout en cas d’état repiratoire incertain ; • les autres indications sont posées au cas par cas. Il n’existe pas d’indication des échanges plasmatiques au long cours. Leur utilisation reste limitée par son coût et par le caractère transitoire de l’amélioration qu’elle procure. ■ Technique Les échanges plasmatiques (EP) consistent à retirer la fraction non cellulaire du sang pour la remplacer par des solutions salines et protéiques. Le remplacement de 1,5 à 2 fois la masse plasmatique, en environ 2 heures, entraîne un abaissement des constituants du plasma à environ 30% de leur valeur initiale. Les 2 techniques employées sont la filtration ou la centrifugation. Presque tous les malades s’améliorent provisoirement après une série de 2 à 5 échanges plasmatiques en 3 à 15 jours (8 à 15 litres de plasma soustrait), même après l’échec des autres thérapeutiques. Mais des échanges plus nombreux peuvent être nécessaires pour obtenir une amélioration. D’autres techniques visent actuellement à extraire plus spécifiquement les anticorps IgG du plasma : l’équipe de Somnier (1989) a montré expérimentalement que l’adjonction d’un gel de protéine A-sépharose à la membrane adsorbait spécifiquement les IgG de sous-classes 1 et 2 en proportions comparables aux IgG totales (50 à 60%), contre seulement 20 à 30% des IgG3. Malheureusement, cette qualité de gel n’est pas encore commercialisée. Enfin, comme avec tous les gels d’affinité, il existe un grand pourcentage de liaison avec le ligand, c’est à dire la protéine A. La sépharose et la protéine A étant connues pour activer le Complément, les conséquences biologiques d’une telle liaison et de l’activation du Complément doivent être évaluées. ■ Résultats L’amélioration clinique est rapide, souvent dès 8-10 le premier ou deuxième échange. La durée de l’amélioration est variable, l’efficacité étant transitoire. Dans les semaines qui suivent le dernier échange, le risque de rechute est grand. C’est pourquoi un traitement immunosuppresseur, donné dès la fin du premier échange, est souvent associé aux échanges pour obtenir un effet plus prolongé : en effet, pour tous les auteurs, la durée de l’amélioration est d’autant plus longue que le traitement immunosuppressseur est associé aux échanges plasmatiques. Cependant la meilleure association entre ces thérapeutiques n’est pas encore définie. Les dosages répétés d’anticorps anti-RACh démontrent que ceux-ci décroissent après chaque échange, et que l’amélioration clinique est liée à leur diminution ; puis ils remontent plus ou moins rapidement, tandis que le bénéfice clinique s’estompe. Ce n’est que très progressivement qu’une diminution permanente de leur taux est observée. L’enthousiasme initialement soulevé par cette méthode aux résultats immédiats, souvent spectaculaires, doit actuellement être pondéré par certaines considérations : • les complications du traitement ne sont pas exceptionnelles : dans une série de Simon et Gajdos (1981), sur 163 EP on a observé 13 complications majeures (infectieuses, hémorragiques ou thrombotiques par diminution des composants plasmatiques, convulsives ou angineuses par diminution des taux plamatiques des médicaments circulants, décompensation cardiaque ou respiratoire, rarement une intolérance aux produits de substitution). Les complications infectieuses de contamination virale sont éliminées depuis l’utilisation d’albumine et de plasmion à la place de plasma. Cependant le risque d’exacerbation d’une infection, lié à la diminution des immunoglobulines, justifie que les échanges soient contre-indiqués tant qu’une infection, fréquemment en cause dans le déclenchement des crises, n’est pas contrôlée. • la nécessité d’échanges itératifs, réalisés parfois chez les patients en poussée aigüe et hospitalisés en service de réanimation, pose rapidement le problème d’une voie d’abord à gros débit, aboutissant parfois à l’impossibilité technique de poursuivre les échanges. • le coût des échanges amène forcément à en limiter l’extension et à en préciser l’indication. C’est pourquoi le développement de nouvelles techniques utilisant des procédés sélectifs, voires spécifiques, apporterait à l’avenir une amélioration en remplaçant ou réduisant l’usage des procédés non sélectifs actuellement en vigueur. TRAITEMENT DE LA DÉCOMPENSATION RESPIRATOIRE ● IMMUNOGLOBULINES Les perfusions de doses importantes d’immunoglobulines G (IgG) offrent une alternative aux échanges plasmatiques. Elles ont été proposées à la suite du résultat obtenu par ce traitement au cours d’autres maladies auto-immunes. Leur mécanisme d’action reste obscur. Le protocole utilisé par l’équipe de Gajdos comporte la perfusion de 0,4 g/kg/24 heures d’IgG pendant 5 jours. Sur une série de 21 malades traités avec ce protocole, cette équipe a obtenu un succès important chez 10 malades en stade III ou IIb. L’amélioration est maximum entre le 15ème et le 25ème jour après le début du traitement. Les Ac anti-RACh baissent, atteignant 71% de leur taux de base au 15e jour pour remonter à 92% au 25e jour. Aucun succès n’a été obtenu dans les formes stade IV. Cette thérapeutique a l’avantage de pouvoir être utilisée dans les cas où les échanges plasmatiques sont contre-indiqués et de ne pas nécessiter l’association à un traitement immuno-suppresseur ou corticostéroïde. Son prix de revient élevé est un facteur limitant. Une étude, actuellement en cours, compare EP et IgG pour le traitement des crises myasthéniques afin de mieux cerner leurs indications respectives. L’action des IgG à fortes doses pourrait être liée à l’apport d’anticorps anti-idiotype, mais ce n’est pas démontré (Goulon,1987). La décompensation respiratoire, qu’elle soit d’origine myasthénique ou cholinergique, nécessite le plus souvent une assistance respiratoire mécanique. Sa prise en charge doit se faire en milieu de réanimation, apte à assurer une surveillance étroite et les gestes de réanimation nécessaires. Le risque est en effet de voir un état “limite”, sans traduction clinique forcément spectaculaire, se dégrader brutalement et aboutir en quelques minutes à un arrêt respiratoire. Outre les mesures de réanimation, d’autres mesures sont alors à mettre en oeuvre : le traitement d’une éventuelle cause décenchante, la mise en route ou le réajustement de traitement par anticholinestérasiques, et, dans la plupart des cas, l’institution de thérapeutiques immunomodulatrices (échanges plasmatiques, immunoglobulines intraveineuses) et/ou immunosuppressives (corticostéroïdes, immunosuppresseurs proprement dits) (Clair, 1993). ● MESURES DE RÉANIMATION ■ Sonde gastrique Le premier geste, si la déglutition est impossible ou qu’il existe des fausses routes, est la mise en place d’une sonde gastrique qui, en permettant l’administration des anticholinestérasiques et le traitement d’une cause de décompensation peut être suffisante. traitement de la décompensation respiratoire PRISE EN CHARGE ■ Intubation naso-trachéale et assistance ventilatoire Mais dans bien des cas, la stase pharyngée résultant de la paralysie glottique, la répétition des inhalations et/ou l’atteinte respiratoire avec une capacité vitale inférieure à 20% de la théorique, vont imposer l’intubation nasotrachéale et l’assistance ventilatoire. La ventilation assistée permet alors au malade de se reposer, et au médecin de reconsidérer plus sereinement la conduite thérapeutique chez un malade éventuellement sevré d’anticholinestérasiques pendant quelques jours. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 8-11 traitement de la décompensation respiratoire 8-12 Les modalités de ventilation sont habituellement simples, hormis en cas de pneumopathie hypoxémiante associée. ■ Le volume courant est d’abord fixé à 5 ml/kg avec fonction soupir de 20-30ml/kg toutes les 10 à 15 minutes. ■ La mesure des gaz du sang artériel doit être faite régulièrement après que le patient a été placé sous respirateur. Les paramètres ventilatoires seront ajustés pour maintenir des valeurs normales. ● Un apport d’oxygène supplémentaire est utilisé seulement quand la pression d’oxygène du sang artériel tombe en-dessous de 85 mm Hg, et même jusqu’à 70 mm Hg chez les patients âgés. L’humidification du gaz inspiré est nécessaire pour éviter le dessèchement des voies aériennes. L’hygrométrie minimum du gaz inspiré doit être de 80% à 37°C. ● Les sécrétions trachéales sont aspirées régulièrement de façon stérile. ■ Le sevrage constitue un problème autrement plus délicat, pour lequel quelques règles sont à respecter. ● Le contrôle d’un facteur déclenchant est indispensable . ● L’extubation n’est envisageable que si la capacité vitale dépasse 50% de la théorique . ● Des épreuves de respiration libre sur tube en T, de 2 à 3 minutes à la fois puis de durée progressivement croissante, sont nécessaires pour juger des possibilités de sevrage. Mais elles imposent une surveillance particulièrement rigoureuse car une défaillance et même un arrêt respiratoire inopinés sont toujours possibles. Le réanimateur doit garder présent à l’esprit le fait que la myasthénie entraîne une fatigbilité des muscles plus ou moins rapide. Une bonne ampliation thoracique et un bon volume courant lors du débranchement ne préjugent pas de ce que seront ces variables quelques minutes plus tard. ● La tolérance de ces périodes de sevrage doit être appréciée sur des critères cliniques (stabilité de la fréquence respiratoire, de la pression artérielle et du rythme cardiaque, maintien d’une mécanique ventilatoire de bonne amplitude, sans balancement thoraco-abdominal, ni tirage, absence d’agitation, d’anxiété ou de sueurs) et non sur des données gazométriques dont la normalité risque à tort de rassurer. ■ Il faut également tester l’efficacité de la toux car le myasthénique, après l’extubation, aura souvent à lutter contre l’encombrement par hypersécrétion bronchique ou fausses routes salivaires. La reprise de l’alimentation orale et le retrait de la sonde gastrique ne doivent être réalisés que dans un deuxième temps après l’extubation, ce d’autant qu’il est très difficile d’apprécier la déglutition chez un malade intubé. ● VENTILATION ASSISTÉE Dans la grande majorité des cas, spontanément ou sous l’influence des divers traitements, le contrôle de la crise est rapidement obtenu. Mais parfois un déficit respiratoire sévère persiste, accompagné ou non de troubles de la déglutition. La trachéotomie permet alors une assistance ventilatoire prolongée et de nouvelles tentatives de sevrage progressif dans les meilleures conditions de sécurité. La décanulation ne pourra être envisagée que longtemps après, avec une myasthénie parfaitement stabilisée (mais la réouverture de la trachéotomie lors d’une nouvelle poussée n’est jamais totalement exclue). Cette trachéotomie permet une éventuelle assistance respiratoire intermittente à domicile. Il est aussi des situations intermédiaires où l’extubation a pu être pratiquée, mais l’état respiratoire reste altéré de façon importante. C’est là que d’autres techniques telles que la ventilation par masque nasal peuvent trouver leur place. TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE CHEZ LA FEMME ENCEINTE Chez la femme enceinte, la grossesse peut s’accompagner d’une amélioration, d’une aggravation ou d’une stabilité de la myasthénie. C’est pourquoi un suivi en milieu spécialisé est nécessaire afin d’adapter le traitement en cours à l’évolution de l’état clinique. L’allure évolutive de la myasthénie se détermine habituellement au cours du premier trimestre, mais il n’est pas rare de voir des patientes s’aggraver après l’accouchement (voir "Description des formes cliniques • Myasthénie et grossesse”). Pour ces raisons, le suivi de la femme enceinte et son accouchement doivent se faire au sein d’une équipe spécialisée, associant obstétricien, neurologue, anésthésiste-réanimateur, dans un établissement pourvu d’un service de réanimation adulte et pédiatrique. Il ne semble pas y avoir de facteur prédictif pour repérer les mères à risque d’exacerbation de la maladie pendant la grossesse (Mitchell, 1992). 6 semaines, avec parfois des résultats spectaculaires. On a peu de données sur les échanges plasmatiques pendant la grossesse et sur les effets que peut entraîner une purification soudaine du plasma de certaines hormones. Cette équipe déconseille ce procédé au cours du premier trimestre de grossesse, lors d’un climat progestatif prédominant. La plasmaphérèse doit être réalisée lentement, sur une patiente en décubitus latéral gauche, en contrôlant soigneusement la tension artérielle. ■ femme enceinte PRISE EN CHARGE ● ACCOUCHEMENT ● GROSSESSE Pendant la grossesse, le traitement anticholinestérasique peut et doit être utilisé pour maintenir l’état clinique de la mère. Le plus souvent la myasthénie reste contrôlée par l’adaptation de ce traitement. La pyridostigmine ne traverse pas la barrière placentaire. Cependant il faut souvent adapter les doses en raison des changements physiologiques du volume vasculaire, des fonctions hépatiques et rénales survenant pendant la grossesse. Le plus grand risque pendant la grossesse est la survenue d’une crise myasthénique “puerpérale”, qu’il faut prévenir par un traitement adapté. ■ Il y a rarement indication à l’interruption médicale de grossesse, car il n’est pas démontré que les anticholinestérasiques donnent lieu à des anomalies foetales ou à une myasthénie néonatale. Les anticholinestérasiques ne doivent pas être donnés par voie intraveineuse pendant la grossesse, car ils peuvent induire des contractions utérines et être à l’origine d’un avortement ou d’un accouchement prématuré. ■ Bien qu’une grossesse ne soit pas recommandée pour les patientes traitées par corticostéroïdes, en raison du risque potentiel pour le foetus, on n’a pas décrit d’effets secondaires de ce traitement sur les enfants nés de mères myasthéniques qui en avaient reçu de fortes doses pendant toute la durée de la grossesse. ■ L’accouchement est généralement normal. Une césarienne n’est pratiquée qu’en cas d’indication obstétricale. Pendant le travail, une crise myasthénique peut toujours survenir. Or le traitement oral habituellement utilisé est variablement absorbé. L’obstétricien doit être prêt à faire la différence entre une crise myasthénique et un surdosage, et à utiliser les anti-cholinestérasiques par voie parentérale. ■ ■ En ce qui concerne l’anesthésie et l’analgésie pendant le travail, la méthode de choix est l’anesthésie loco-régionale par péridurale, qui ne nécessite pas de narcotiques par voie parentérale. Elle évite la fatigue, et procure une anesthésie d’excellente qualité. Au cas où une anesthésie générale est nécessaire pour une césarienne, on évite les agents myorelaxants non dépolarisants, ainsi que l’halothane (voir “Précautions en cas d’intervention chirurgicale”). ● POST-PARTUM Après l’accouchement, les patientes myasthéniques reprennent leur traitement oral habituel, souvent à des doses légèrement plus élevées en raison du surplus de fatigue occasionné par leur nouvelle situation. L’allaitement n’est pas contreindiqué, même si la mère absorbe des anticholinestérasiques, mais il est un facteur de fatigue. Il est possible que pendant la grossesse, la myasthénie soit exacerbée au point que les patientes aient besoin de très fortes doses d’anticholinestérasiques, avec peu d’efficacité. L’équipe de Samuels et Pfeiffer (1989) a traité ces patientes par échanges plasmatiques avec succès. Ce procédé devait être répété toutes les 4 à ■ ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 8-13 néo-natale ■ infantile et juvénile ■ oculaire TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE NÉONATALE TRANSITOIRE La myasthénie néonatale transitoire apparaît chez environ 12% d’enfants nés de mère myasthénique. Elle nécessite parfois un traitement symptomatique par anticholinestérasiques, rarement une assistance respiratoire, puis disparaît sans séquelles. La myasthénie néonatale peut survenir même si la mère est en rémission clinique. Un traitement symptomatique transitoire par les anticholinestérasiques peut être nécessaire : on administrera de préférence de la pyridostigmine (Mestinon®) en sirop à 60 mg pour 5 ml, à la dose initiale de 1à 2 mg/kg, ou de la néostigmine (Prostigmine®) à la dose de 0,3 mg/kg. Si l’installation des difficultés respiratoires peut être rapide et dangereuse, nécessitant une assistance respiratoire, les enfants ne sont dans une situation de risque que dans la première semaine de vie, en raison de la bonne évolution spontanée. TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE INFANTILE ET JUVÉNILE Dans les formes infantiles et juvéniles, apparaissant avant l’âge de 15 ans, le traitement anticholinestérasique est de rigueur. 8-14 Certains auteurs réservent la corticothérapie aux cas mal contrôlés par les anticholinestérasiques et après thymectomie, et ne conseillent pas les immunosupresseurs avant 15 ans. En cas de crise myasthénique, les immunoglobulines à hautes doses par voie intraveineuse donnent des résultats semblables à ceux des échanges plasmatiques et sont de technique plus facile chez l’enfant. Pour les mêmes auteurs, la thymectomie après plusieurs années de recul n’a pas été suivie de résultats sensiblement meilleurs que ceux constatés chez les non-opérés. D’autres préconisent, même chez l’enfant, la thymectomie systématique le plus tôt possible apès le diagnostic (Goulon-Goëau, 1992). Une équipe (Badurska, 1992) a essayé les corticoïdes ou le cyclophosphamide dans des cas de myasthénie sévère peu ou pas améliorée par la thymectomie. L’amélioration la meilleure était observée avec le cyclophosphamide. Cependant ce traitement, en raison de sa toxicité, doit être réservé aux formes les plus sévères de myasthénie infantile ou juvénile. TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE OCULAIRE La forme oculaire n’est pas toujours équilibrée par les anti-cholinestérasiques. Elle répond alors volontiers au traitement corticoïde réservé au formes invalidantes. Le port de lunettes solaires, de lunettes ayant un dispositif anti-ptosis (difficile à ajuster) ou encore le port de cache alternativement sur l'œil droit ou gauche sont des "petits moyens" pour pallier le ptosis ou la diplopie. Si la diplopie et le ptosis ne s’améliorent pas avec 60 à 120 mg de Mestinon® toutes les 2 ou 3 heures, il est généralement inutile d’augmenter la dose. ■ Une atteinte invalidante des muscles oculaires peut aussi être traitée par les corticoïdes et répond généralement bien à des doses croissantes de prednisone administrée un jour sur deux. ■ ■ Il peut être nécessaire alors de cacher un oeil ou un des verres de lunettes pour empêcher la diplopie en alternant chaque oeil. Une équipe anglaise (Acheson, 1991) propose un traitement chirurgical du strabisme dans certains cas particuliers. ■ En cas de ptosis gênant, on peut éventuellement adapter à la monture des lunettes un fixateur de paupières pour les maintenir relevées, mais il n’est pas toléré s’il n’est pas parfaitement installé. Des lunettes de soleil seront portées quand les lumières intenses et les éblouissements aggravent le ptosis. Du fait des rémissions possibles dans l’évolution de la myasthénie, notamment dans les formes oculaires pures, un traitement chirurgical du ptosis n’est proposé qu’aux malades qui ont un ptosis ancien, constant, ne répondant pas aux anticholinestérasiques. TRAITEMENT DE LA MYASTHÉNIE INDUITE PAR LA D-PÉNICILLAMINE La myasthénie induite par la D-Pénicillamine cède habituellement à l’arrêt du traitement. C’est une forme de myasthénie auto-immune qui apparait chez les patients recevant ce médicament. Elle donne généralement des signes modérés, et disparaît à l’arrêt du traitement. Un traitement par les anticholinestérasiques peut être nécessaire. Si la faiblesse musculaire persiste plus de 6 mois après l’arrêt de la D-Pénicillamine, le patient doit être considéré comme atteint de myasthénie acquise, et traité comme tel. Quant à l’indication de la D-Pénicillamine, elle sera rediscutée en fonction du calcul bénéfice/risque et la D-Pénicillamine éventuellement remplacée par un autre traitement. PRÉCAUTIONS EN CAS D’INTERVENTION CHIRURGICALE L’anesthésie d’un patient myasthénique pouvant entraîner des complications, certaines mesures sont à respecter, quel que soit le type d’intervention prévue (Genkins, 1987). ■En pré-opératoire, il est important de rechercher des troubles de la déglutition et des troubles de la ventilation, et de disposer d’épreuves fonctionnelles respiratoires (capacité vitale, VEMS, pressions expiratoire et inspiratoire maximales). Les malades sont prémédiqués avec un sédatif faible et un agent parasympatholytique type atropine. ■En per-opératoire, le plus souvent, il n’est pas nécessaire d’utiliser un myorelaxant pour l’intubation trachéale d’un patient affaibli par sa myasthénie. ■En post-opératoire, l’extubation doit être retardée jusqu’au réveil complet d’un patient capable de coopérer à une évaluation de la fonction respiratoire. ● EN PRÉ-OPÉRATOIRE En pré-opératoire, il est important de rechercher des troubles de la déglutition et des troubles de la ventilation, et de disposer d’épreuves fonctionnelles respiratoires (capacité vitale, VEMS ou pression expiratoire maximale). Les malades sont prémédiqués avec un sédatif faible et un agent parasympatholytique type atropine. L’usage de benzodiazépines est prudent. Si le malade est sous corticoïdes depuis longtemps, on renforce les doses pour éviter une crise addisonienne. Les anticholinestérasiques sont généralement poursuivis jusqu’au matin de l’intervention, et ne sont de toutes façons pas administrés pendant ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM D-péniciillamine ■ précautions en cas d'intervention chirurgicale PRISE EN CHARGE 8-15 précautions en cas d'intervention chirurgicale l’intervention. Cependant cette attitude n’est pas universellement acceptée à cause du risque d’augmentation des sécrétions bronchiques à l’origine d’atélectasies pulmonaires, et dans certains cas il est préférable de les arrêter dès la veille de l’intervention. Enfin, une étude récente (Kirsch, 1991) a montré que l’administration de morphine en pré-opératoire par voie péridurale facilite l’analgésie postopératoire et améliore les performances ventilatoires des patients myasthéniques après thymectomie par voie trans-sternale. ● EN PER-OPÉRATOIRE Lors de l’induction, il n’est en général pas nécessaire d’utiliser un myorelaxant pour l’intubation trachéale d’un patient affaibli par sa myasthénie, surtout si l’on a recours à un agent anesthésique volatile. A de faibles concentrations, l’enflurane potentialise les agents bloquants non-dépolarisants de façon dose-dépendante. De même, il n’est pas nécessaire d’utiliser des myorelaxants pour la plupart des gestes chirurgicaux. Si une myorelaxation est cependant nécessaire, le dixième de la dose standard d’un myorelaxant non dépolarisant peut être utilisé. Enfin les curarisants sont, en principe, formellement contre-indiqués. Il semble toutefois que des curarisants non dépolarisants récents dont la dégradation est très rapide, comme l’Atracurium® et le Vécuronium®, puissent être utilisés; en effet, ces produits peuvent être dosés afin d’obtenir le blocage neuromusculaire requis pouvant être complètement réversible à la fin de la chirurgie (Baraka, 1992). A noter que les patients myasthéniques asymptomatiques et non traités ne devraient pas être considérés comme “guéris”, mais comme sensibles aux drogues bloquant la jonction neuromusculaire (JNM), y compris les agents nondépolarisants bloquants la JNM et les anesthésiques volatiles. ● EN POST-OPÉRATOIRE Il est souvent difficile de déterminer le moment idéal pour extuber les patients myasthéniques après une intervention chirurgicale. L’extubation doit être retardée jusqu’au réveil complet d’un patient capable de coopérer à une évaluation de la fonction respiratoire. Chez les patients qui ont reçu des myorelaxants pendant l’anesthésie, certains cliniciens pensent que la durée 8-16 d’intubation peut être réduite en leur donnant de la pyridostigmine au moment de l’extubation pour améliorer la fonction oro-pharyngée et la respiration. La seconde préoccupation concerne les troubles de déglutition, à surveiller dès la reprise du transit (Genkins, 1987). PATHOLOGIES ASSOCIÉES M Y A S T H É N I E PATHOLOGIES ASSOCIÉES Le thymome bénin ou malin est retrouvé chez 10 à 25% des sujets myasthéniques, justifiant la thymectomie. Les maladies auto-immunes surviennent avec une plus grande fréquence chez les myasthéniques. On a observé d’autres pathologies non autoimmunes associées à la myasthénie chez certains patients. MYASTHÉNIE ET THYMOME ● ● MYASTHÉNIE ET THYMOME ● MYASTHÉNIE ET PATHOLOGIES NON AUTO-IMMUNES MYASTHÉNIE ET MALADIES AUTO-IMMUNES Le thymus est une glande endocrine qui se développe jusque vers l’âge de 3 ans, et s’atrophie ensuite progressivement. Il est situé à la partie inférieure du cou et se prolonge dans le médiastin antérieur. Il joue un rôle essentiel dans la différentiation des cellules T en cellules immunitaires immatures. Puis les cellules T terminent leur maturation dans les organes lymphoïdes périphériques sous l’influence des hormones thymiques circulantes et d’autres facteurs indépendants du thymus. La thymectomie chez l’adulte réduit un sous-groupe de cellules T spléniques récemment émigrées du thymus (Bach, 1986). Des tumeurs du thymus surviennent chez environ 10% à 25% des malades myasthéniques, selon les séries. Ces tumeurs sont en majorité bénignes et loca- ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 9-1 thymome ■ maladies auto-immunes lisées dans le médiastin. Une détection précoce et leur exérèse chirurgicale sont indispensables car en cas de tumeur maligne, il y a un risque d’extension intrathoracique et de métastases. L’âge du malade est un facteur important, puisque 74% des thymomes chez les myasthéniques apparaissent après 40 ans. Le thymome peut être découvert sur un cliché thoracique de routine, surtout quand la tumeur est calcifiée. Bien que ces techniques ne permettent pas de faire la distinction entre un thymome et un thymus volumineux, un scanner du médiastin, ainsi qu’une image par résonance magnétique nucléaire (IRM) sont les techniques les plus précises pour le mettre en évidence, détectant pratiquement toutes les tumeurs. Tout myasthénique doit être l’objet de radiographies de thorax de face et de profil, et d’un scanner et/ou d’une imagerie par résonance magnétique (IRM) du médiastin pour dépister une anomalie thymique (Goulon-Goëau, 1992). Le thymome peut être de siège ectopique. La distinction entre hyperplasie et thymome n’est pas toujours facile sur les clichés quand la tumeur est de petit volume. Ses caractères histologiques (de type lymphoïde, lymphoépithélial ou épithélial) n’ont aucune corrélation avec la gravité de la myasthénie. Par ailleurs, la quasi totalité des patients ayant une myasthénie et un thymome associés ont des anticorps anti-muscle strié (Ac anti-MS) dans leur sérum, avec une corrélation significative entre la présence d’Ac anti-MS et l’association myasthénie-thymome (Ohta, 1991). Ces auto-anticorps ne sont détectés que dans un tiers des cas de myasthénie sans thymome. Par contre, aucune corrélation n’a été retrouvée entre le taux d’Ac anti-MS et la présence de thymome seul (Ohta, 1991). Ces Ac n’ont donc pas une valeur diagnostique, mais une valeur prédictive : leur absence est un argument pour penser qu’il n’y a pas de thymome, tandis que leur présence doit faire rechercher un thymome, voire même entrainer une intervention chirurgicale lorsque scanner et IRM sont considérés comme normaux (Lanska, 1991). Ces Ac anti-MS ne sont toutefois pas propres aux myasthéniques ; ils ont été détectés chez des porteurs de thymome non myasthéniques, et chez des malades atteints de polymyosite. 9-2 La découverte d’un thymome chez un myasthénique est essentielle car elle conduit à son ablation avant qu’il ne diffuse aux organes voisins ou plus rarement à distance. On a décrit un cas de thymome diminuant sous corticothérapie, avant d’en pratiquer l’ablation chirurgicale (Mizuno, 1992). L’évolution des myasthénies avec thymome est moins favorable que celle des myasthénies sans tumeur thymique : mortalité plus élevée, gravité clinique plus grande, moins bonne réponse aux corticoïdes et aux immunosuppresseurs. Les maladies associées y sont également plus fréquentes. Après thymectomie, il n’a pas été constaté de modification appréciable du nombre de lymphocytes circulants. Le taux des Ac anti-RACh peut s’abaisser, rester stable, voire s’élever. MYASTHÉNIE ET MALADIES AUTO-IMMUNES La myasthénie peut être associée à d’autres maladies auto-immunes dans 13 à 20% des cas selon les études : hyperthyroïdie (2,5 à 6,2% des cas selon les séries) (voir "Description de la myasthénie auto-immune • Glandes endocrines") ou hypothyroïdie (0,4 à 5,7%), lupus érythémateux systématisé (0,3 à 2,7%), polyarthrite rhumatoïde (0,7 à 6,7%), anémie de Biermer, pemphigus et pemphigoïde bulleuse, érythroblastopénie, candidose cutanéomuqueuse disséminée (Goulon, 1987), sclérose en plaques, polymyosite, anémie hémolytique auto-immune, transplantation de moëlle osseuse allogénique, diabète juvénile... Des bilans systématiques chez les myasthéniques ont mis en évidence des Ac anti-thyroïdiens, antifacteur intrinsèque gastrique, antinucléaires, des facteurs rhumatoïdes sans qu’il existe, sur une évolution prolongée, de signes cliniques des maladies correspondantes. pathologies non auto-immunes FORME ADULTE COMMUNE MYASTHÉNIE ET PATHOLOGIES NON AUTO-IMMUNES On a décrit l’apparition d’autres pathologies chez des patients myasthéniques : • sarcoïdose, • maladie de Parkinson, • hémopathies malignes principalement lymphoprolifératives , qui surviendraient après l’apparition de la myasthénie dans un contexte d’immunodéficience et d’autoimmunité caractéristique de la myasthénie (Garcia-Giron, 1991). ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 9-3 9-4 DROIT ET INSERTION M Y A S T H É N I E DROIT INSERTION SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE ● DROIT ● ETUDE ET FORMATION PROFESSIONNELLE Le retentissement socio-professionnel de la myasthénie est variable selon les personnes. Il est important d’informer les personnes myasthéniques sur l’existence des prestations sociales et des possibilités socio-professionnelles qui peuvent leur être utiles. Il est possible de se renseigner auprès du service social de la Mairie du lieu de résidence (bureau d’aide sociale, commission communale d’action sociale...), ou encore auprès des délégations départementales de l’Association des Paralysés de France (APF) qui possèdent toutes un service social. Dans la fonction publique, il existe un service social propre à chaque administration. ● TRAVAIL DROIT ● LE REMBOURSEMENT DES FRAIS MÉDICAUX L’ensemble des frais relatifs au traitement de la myasthénie est pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale. Pour bénéficier de cette prise en charge, le médecin traitant doit remettre au patient myasthénique un certificat médical adressé au Médecin Conseil, mentionnant le diagnostic. Le patient envoie ce certificat au contrôle médical de son centre de Sécurité Sociale, avec la demande d’exonération du ticket modérateur. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 10-1 droit ● LES COMMISSIONS ■ d'orientation et admission en foyer ou maison d’accueil spécialisée (M.A.S.). La loi n° 75 534 du 30 Juin 1975 d’orientation en faveur des personnes handicapées a défini la protection sociale des personnes handicapées. Des commissions de décisions ont été mises en place : la Commission Départementale de l’Education Spécialisée (CDES) et la Commission Technique d’Orientation et de Reclassement Professionnel (COTOREP). Elles statuent sur chaque situation individuelle quant à l’octroi de prestations sociales. Elles peuvent être saisies par le malade et sa famille, un établissement, un service social, une administration... Le dossier est à retirer auprès des services sociaux. Un certificat médical détaillé est nécessaire à la constitution du dossier. La décision est prise après examen du dossier et passage de la personne handicapée devant la Commission. Toutes les décisions des CDES ou des COTOREP sont susceptibles d’appel. La Commission Départementale de l’éducation Spéciale (CDES) est compétente pour les enfants de moins de 20 ans. Elle prend les décisions en matière ■ d’appréciation du taux d’invalidité, ■ d’attribution de la carte d’invalidité, ■ d’attribution de l’allocation d’éducation spéciale (AES). ■ d’orientation scolaire et pré-professionnnelle, ■ d’assurance vieillesse des parents d’enfant handicapé. La Commission Technique d’Orientation et de Reclassement Professionnel (COTOREP) est compétente pour les personnes de plus de 20 ans. Elle prend les décisions, ● pour la 1ère section,.en matière : ■ d'orientation professionnelle, ■ de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, emplois réservés, ■ d'admission dans la fonction publique ; ● pour la 2ème section, en matière : ■ d'appréciation du taux d’invalidité ■ d'attribution d’une carte d’invalidité, ■ d'attribution de l’allocation aux adultes handicapés, ■ d'attribution des allocations compensatrices pour tierce personne (ACTP), pour frais professionnels (ACFP) ■ d'attribution de l’allocation logement, ■ d'assurance vieillesse des personnes aux foyers, 10-2 ● LES CARTES D’INVALIDITÉ ET DE STATION DEBOUT PÉNIBLE ■ La carte d’invalidité est attribuée à toute personne, enfant ou adulte, dont le taux d’invalidité a été fixé par la CDES (pour les moins de 20 ans) ou la COTOREP (pour les plus de 20 ans), à au moins 80% d’incapacité permanente. L’imprimé de demande est délivré par la mairie du lieu de résidence. Avantages de la carte d’invalidité : ■ 1/2 part supplémentaire pour l’impôt sur le revenu ■ vignette auto gratuite si mention “Station debout pénible” insigne G.I.C. (Grand Invalide Civil) : ce macaron, dont peuvent bénéficier enfants et adultes, permet d’obtenir certaines tolérances pour le stationnement de la voiture. La demande est à faire à la CDES, et à la COTOREP. ■ places réservées dans les transports publics ■ ■ La carte “Station debout pénible”, pour les personnes dont l’incapacité permanente est inférieure à 80%, ne confère aucun des avantages attachés à la précédente. Elle sert à confirmer un état physique qui n’est pas toujours apparent vis-à-vis d’un tiers. ● LES ALLOCATIONS La décision de l’attribution des différentes allocations est prise par la CDES (pour les moins de 20 ans) ou la COTOREP (pour les plus de 20 ans). ■ Pour les moins de 20 ans : Les parents peuvent demander l’attribution de l’allocation d’éducation spéciale (AES). Cette allocation est versée par la Caisse d’Allocations Familiales, sans conditions de ressources, en fonction du taux d’invalidité. Cette allocation est assortie ou non d’un complément, plus ou moins élevé, selon l’aide et les soins dont l’enfant a besoin. Pour les parents fonctionnaires, l’allocation aux parents fonctionnaires d’enfant handicapé de moins de 20 ans se cumule avec l’AES (s’adresser à son service du personnel). droit DROIT ET INSERTION ■ Pour les plus de 20 ans : • Les adultes peuvent bénéficier, sous conditions de ressources, de l’allocation aux adultes handicapés (AAH). Cette allocation est versée par la Caisse d’Allocations Familiales. • Les adultes ayant besoin de l’aide d’une tierce personne peuvent bénéficier de l’allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP), sous conditions médicales et de ressources. • Les adultes qui ont une activité professionnelle peuvent prétendre, sous réserve des conditions à remplir, à l’allocation compensatrice pour frais professionnels (voir “Travail”). ● LES EXONÉRATIONS LES ABATTEMENTS Ces avantages sociaux s’obtiennent auprès des administrations correspondantes. ■ Impôts sur le revenu Les titulaires de la carte d’invalidité ont droit à une demi-part en plus et bénéficient d’un abattement supplémentaire, fonction de leur revenu. ■ Impôts locatifs et fonciers Les bénéficiaires de l’AAH ou du Fond National de Solidarité (FNS), non imposables, peuvent obtenir, sur leur demande, le dégrèvement de la taxe d’habitation et de la taxe foncière. ■ Redevance télévision Les personnes non imposables, titulaires de la carte d’invalidité et ne pouvant subvenir par leur travail aux nécessités de l’existence sont exemptées de la redevance de télévision dans la mesure où elles vivent seules, ou avec leur conjoint, ou avec des personnes non passibles de l’impôt sur le revenu, ou avec leur tierce personne, ou avec leurs parents en ligne directe si ceux-ci ne sont pas eux-mêmes imposables. La demande est à faire auprès des services régionaux de la redevance, ou auprès du Centre National. ● LES TRANSPORTS ■ SNCF Il n’existe aucun avantage particulier sur le plan tarifaire pour la personne handicapée, mais il est admis que les personnes en fauteuil roulant peuvent s’installer en 1ère classe avec un billet de 2ème classe. En période bleue, l’accompagnateur de la per- ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● sonne handicapée ne paye pas si cette personne est titulaire d’un avantage tierce personne (complément 1ère catégorie de l’AES, allocation compensatrice de tierce personne, pension d’invalidité 3ème catégorie). ■ Transports Urbains Dans certaines villes, et sous conditions de ressources, l’accès aux transports urbains est gratuit. Les renseignements sont donnés localement (Mairie, Compagnie). ● LES AIDES À DOMICILE La tierce personne ou aide à domicile est un membre de la famille, une personne d’un service de garde à domicile ou une personne employée par la personne handicapée ou sa famille. Peuvent être exonérées des cotisations d’assurances sociales d’accidents du travail et d’allocation familiales : • les personnes ayant à charge un enfant handicapé ouvrant droit à un complément d’allocation d’éducation spéciale (AES), • les personnes se trouvant dans l’obligation de recourir à l’assistance d’une tierce personne pour accomplir les actes ordinaires de la vie et titulaires de l’allocation compensatoire pour tierce personne (ACTP), d’une majoration pour tierce personne, d’une pension d’invalidité, d’un avantage vieillesse, • les personnes âgées de plus de 70 ans, lorsqu’elles emploient directement une aide pour les assister dans les actes de la vie courante. ■ Les différents services • service d’aide ménagère : géré par des associations ou des centres communaux d’action sociale (CCAS) • service d’auxiliaire de vie : géré le plus souvent par des associations pour personnes handicapées (financement état ou département) Il convient de citer les services d’éducation spécialisée et de soins à domicile (SESSD), les services de soins à domicile et les services d’hospitalisations à domicile. ● ASSURANCE VIEILLESSE DES PERSONNES AU FOYER Pour être affiliée à l’assurance vieillesse du régime général de la Sécurité Sociale, sous condi- AFM 10-3 droit ■ études et formation professionnelle tions de ressources, la personne doit : • avoir la charge d’un enfant de moins de 20 ans titulaire de la carte d’invalidité et n’étant pas admis dans un internat ; s’adresser à la Caisse d’Allocations Familiales. • assumer au foyer familial la charge d’un adulte titulaire de la carte d’invalidité et dont le maintien à domicile est reconnu souhaitable par la COTOREP, à qui il faut s’adresser. ETUDES ET FORMATION PROFESSIONNELLE ● LES TRANSPORTS SCOLAIRES ET UNIVERSITAIRES ■ Les établissements scolaires d’enseignement général, agricole ou professionnel, publics ou privés sous contrat Si la CDES reconnaît que l’enfant ne peut pas prendre les transports en commun pour se rendre à l’école, les frais de transports sont remboursés, selon les cas, sur la base des dépenses réelles s’ils se font en taxi ou véhicule sanitaire léger (VSL), ou sur la base d’un tarif fixé par le Conseil Général si l’accompagnement est fait par la famille. ■ Les établissements universitaires De la même façon, les frais de déplacement des étudiants qui fréquentent un établissement supérieur relevant de la tutelle du ministère de l’agriculture ou celui de l’éducation nationale et qui ne peuvent pas utiliser les transports en commun en raison de leur handicap, sont pris en charge. Il peut s’agir soit d’un véhicule personnel ou familial, soit d’un véhicule exploité par un tiers. Selon l’âge, il faut s’adresser soit à la CDES (moins 20 ans), soit à la COTOREP (plus de 20 ans). ● LES EXAMENS. L’AMÉNAGEMENT DES ÉPREUVES ■ Epreuves écrites Le temps de composition peut être majoré d’un tiers, avec période de repos suffisante entre deux épreuves prévues dans la journée. Il faut l’autorisation du recteur ou de l’inspecteur 10-4 d’académie après avis du médecin de la CDES (moins 20 ans), ou de la COTOREP (plus de 20 ans). ■ Epreuves orales Le temps peut être majoré d’un tiers sur prescription médicale. ■ Epreuves pratiques Pour les épreuves pratiques de l’enseignement professionnel ou technologique, les candidats composent dans les délais normaux sauf en matière commerciale (majoration d’un tiers pour les épreuves de sténo-dactylo notamment) ou industrielle (majoration d’un tiers pour les candidats se fatiguant très rapidement comme les myasthéniques). Lors de l’inscription à l’examen, joindre l’attestation délivrée par le médecin de la CDES avec toutes les précisions concernant les aménagements nécessaires au candidat. Cette attestation doit être adressée au moins un mois avant les épreuves, aux autorités académiques compétentes. ● L’AMÉNAGEMENT DES ÉTUDES SUPÉRIEURES Il faut se renseigner sur les dérogations possibles pour étager les études sur 2 années au lieu d’une. ● L’ORIENTATION PROFESSIONNELLE Il est important, lors du choix d’un métier, de tenir compte des difficultés particulières liées à la maladie : station debout plusieurs heures d’affilée, charges à soulever, travail sur écran (myasthénie oculaire)... Il est plus facile de choisir au départ un métier compatible avec la maladie, plutôt que d’être contraint plus tard à une reconversion. Après évaluation des capacités de la personne handicapée dans un centre de pré-orientation, la COTOREP oriente celle-ci vers les filières de formation ou d’adaptation professionnelles : • en centre de formation et de rééducation professionnelle public ou privé, • en milieu ordinaire de production, sous forme d’un contrat individuel d’adaptation professionnelle du fonds national de l’emploi ou sous forme de contrat de rééducation chez l’employeur. TRAVAIL ● LES NÉGOCIATIONS AVEC L’EMPLOYEUR En cas de difficulté dans l’exercice de sa profession, il est préférable, dans la mesure du possible, de rechercher des arrangements : aménagements des horaires, adaptation du poste de travail (ne pas oublier le rôle important du médecin du travail). Il faut savoir qu’en cas de réduction d’horaires, il y aura presque toujours une réduction de salaire. ● LA RECONNAISSANCE DE TRAVAILLEUR HANDICAPÉ Est considéré comme travailleur handicapé toute personne dont les possibilités d’obtenir ou de conserver un emploi sont effectivement réduites par suite d’une insuffisance ou d’une diminution de ses capacités. Cette qualité reconnue par la COTOREP, est nécessaire pour bénéficier de certaines mesures concernant l’emploi des personnes handicapées. partiel ou complet, 6% de personnes bénéficiaires de l’obligation d’emploi (personnes ayant une reconnaissance de travailleur handicapé, pensionnés d’invalidité, accidentés du travail...) (Loi n° 87 517 du 10 Juillet 1987 en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés). travail DROIT ET INSERTION ■ Pour le secteur public, l’accès à l’emploi se fait selon des modalités particulières par voie de concours, sous forme d’emplois réservés ou d’emplois contractuels. Les concours sont ouverts aux personnes reconnues travailleurs handicapés par la COTOREP. Aucun candidat ne peut être écarté en raison de son handicap, si celui-ci est reconnu par la COTOREP, compatible avec l’emploi auquel donne accès le concours. Les candidats handicapés peuvent bénéficier d’aménagements des règles de déroulement du concours. Toute référence à une limite d’âge est supprimée. Le dépôt de candidature doit être fait auprès de la COTOREP Dans chaque corps administratif, une nomenclature des emplois réservés est établie. La COTOREP apprécie dans quelle mesure l’emploi postulé et le handicap du demandeur sont compatibles. La commission interdépartementale des anciens combattants apprécie ensuite les aptitudes professionnelles. Les examens ont lieu chaque année de Novembre à Mars. Les délais d’obtention de poste sont très longs. Les personnes handicapées peuvent être recrutées en qualité d’agent contractuel dans certaines catégories d’emplois pendant une période d’un an renouvelable une fois. ● LA RECHERCHE D’UN EMPLOI Pour la recherche d’un emploi, les personnes handicapées peuvent s’adresser à divers organismes ou associations : Agence Nationale pour l’Emploi (ANPE), prospecteurs placiers spécialisés (PPTH), équipes de préparation et de suite de reclassement (EPSR), équipes de suite des établissements spécialisés, Association des Paralysés de France (APF), Ligne pour l’Adaptation du Diminué Physique au Travail (LADAPT), Groupement Interprofessionnel Régional pour la Promotion de l’Emploi des Handicapés (GIRPEH)... ● LE TRAVAIL EN MILIEU ORDINAIRE DE PRODUCTION ■ Tout employeur public ou privé occupant au moins 20 salariés est tenu d’employer, à temps ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● ● LE TRAVAIL EN MILIEU PROTÉGÉ Il peut se faire selon différentes modalités : • emploi protégé intégré en milieu ordinaire de production, • en atelier protégé ou en centre de distribution de travail à domicile. Ce sont des unités économiques de production qui permettent aux travailleurs handicapés d’exercer une activité professionnelle dans des conditions adaptées à leurs possibilités, • en centre d’aide par le travail (CAT), qui accueille des travailleurs handicapés, aptes au travail, mais dont la capacité de travail est inférieure au tiers de la capacité normale • le télétravail, activité professionnelle exercée hors du bureau (travail à distance) grâce à la télématique. AFM 10-5 travail ● L’ALLOCATION COMPENSATRICE POUR FRAIS PROFESSIONNELS (ACFP) Les déplacements sont souvent source de grandes difficultés pour les myasthéniques. L’Allocation Compensatrice pour Frais Professionnels (ACFP) est faite pour compenser les frais professionnels supplémentaires liés au handicap que n’aurait pas un travailleur valide, par exemple l’obligation d’avoir un véhicule ou de prendre un taxi ou un transport adapté, faute de pouvoir prendre les transports en commun. La dépense est à chiffrer de façon précise. La COTOREP fixe la période d’attribution et le pourcentage du niveau de financement accordé : de 40 à 80% de la majoration tierce personne de la Sécurité Sociale (dont la base est différente de celle de l’Allocation Compensatrice pour Tierce Personne ). L’ACFP est une allocation d’aide sociale soumise à des conditions de ressources, qui peut se cumuler dans certaines limites avec l’allocation compensatrice pour tierce personne(ACTP). Le dossier est à retirer au bureau d’aide sociale de la Mairie du lieu de résidence. ou de soins continus pendant plus de 6 mois, la caisse est tenue de faire procéder à un examen spécial du malade effectué conjointement par le médecin traitant et le médecin conseil de la caisse en vue de déterminer le traitement que l’interessé doit suivre”.Loi 87 517 du 10 juillet 1987. Au bout de la durée maximum de 3 ans, c’est soit la reprise du travail avec, dans certains cas, maintien des prestations (à étudier pour chaque situation), soit la mise en invalidité (se renseigner auprès du service social de la Caisse de Sécurité Sociale). ■ Dans la fonction publique, la myasthénie fait partie de la liste des maladies ouvrant droit aux congés de longue maladie (la maladie de longue durée ne s’applique qu’à la tuberculose, la maladie mentale, l’affection cancéreuse, la poliomyélite). Après un congé de longue maladie, l’administration peut accorder le bénéfice du mi-temps thérapeutique. Le fonctionnaire titulaire est alors admis à reprendre ses activités à mi-temps et il perçoit l’intégralité de son salaire (durée maximum 6 mois). ● LA PENSION D’INVALIDITÉ ● LE RECLASSEMENT PROFESSIONNEL Tout travailleur peut bénéficier d’une réadaptation ou d’une rééducation professionnelle en vue d’avoir une formation professionnelle adaptée. Il peut se renseigner auprès de la COTOREP. Pour la fonction publique, il existe des procédures de reclassement particulières (se renseigner auprès de l’administration concernée). ● LA CESSATION DE L’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE ■ En cas d’incapacité de travail (certificat d’arrêt de travail), les indemnités journalières sont dues à partir du 4ème jour d’arrêt de travail. Pour les affections chroniques (dont fait partie la myasthénie) donnant lieu périodiquement à des examens spéciaux de la Sécurité Sociale, les indemnités journalières peuvent être versées pendant une durée maximale de 3 ans. “Lorsque le malade est atteint d’une affection de longue durée et en cas d’interruption de travail 10-6 Les adultes ayant exercé une activité professionnelle salariée et dont les droits administratifs sont ouverts au moment où l’incapacité de travail est reconnue, peuvent demander une pension d’invalidité à l’organisme de Sécurité Sociale dont ils dépendent. Il faut une capacité de travail ou de gain réduite au moins des 2/3. La pension peut toujours être révisée pour amélioration ou aggravation, suspendue ou réduite en cas de reprise d’une activité professionnelle. ■ Fonds national de solidarité Les personnes ayant une petite pension d’invalidité peuvent demander le bénéfice du fonds national de solidarité (FNS). Il y a un plafond de ressources à ne pas dépasser et la demande est à faire à l’organisme qui verse la pension. RECHERCHE M Y A S T H É N I E RECHERCHE d’après Goulon, Gajdos, Goulon-Goëau, 1987 et 1992) Actuellement, l’unanimité est faite sur l’atteinte de la membrane post-synaptique par des anticorps qui se fixent sur les récepteurs à l'acétylcholine RACh ; par contre, l’origine de la myasthénie n’est pas encore élucidée. RÉALISATION D'UN MODÈLE ANIMAL EXPÉRIMENTAL ● RÉALISATION D'UN MODÈLE EXPÉRIMENTAL ● ORIGINE DE LA RÉPONSE AUTO-IMMUNE ET ROLE DU THYMUS La myasthénie auto-immune spontanée a été observée chez l’animal, plus souvent chez le chien que le chat, avec une répartition bimodale, avant 3 ans et vers 10 ans, sans différence de sexe. La symptomatologie est superposable à celle observée chez les humains à l’exception de la dilatation oesophagienne qui y est fréquente. Les anticorps antirécepteurs à l'acétylcholine (Ac anti-RAch) sont présents. Des thymomes ont été retrouvés chez le chien. Les anticholinestérasiques sont efficaces (Goulon-Goëau, 1992). L’intérêt de cette myasthénie chez l’animal est éventuellement d’aider aux essais thérapeutiques. Cependant, elle est peu utilisable à des fins de recherche, et c’est dans ce but qu’on a cherché à reproduire un modèle animal. Une première condition a été d’isoler les RACh. Les neurotoxines contenues dans le venin de certains serpents élapidés, l’α - bungarotoxine ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 11-1 réalisation d'un modèle animal expérimental 11-2 (α -Bgt) et l’α -cobratoxine, se lient au site actif du RACh in vitro et in vivo de manière très spécifique et quasi-irréversible. Ces neurotoxines peuvent être obtenues à un état très pur, et marquées à l’Iode125 avec une haute spécificité sans que ce traitement n’altère leur activité ; elles permettent ainsi d’étudier la distribution des RACh et de les doser. Une deuxième étape a été de trouver des tissus riches en RACh ; le plus riche est l’organe électrique de certains poissons (gymnotes ou electrophorus electricus, torpilles). L’étape suivante a été de purifier les RACh en solubilisant la fraction de membrane contenant les récepteurs à l’aide de détergents non dénaturants, et en soumettant le surnageant à une chromatographie d’affinité ; les RACh sont élués secondairement par lavage de la colonne avec la carbamylcholine qui est l’agoniste de l’ACh. Grâce à ces recherches préalables, la myasthénie animale expérimentale (MAE) a été réalisée pour la première fois en 1973 par Patrick et Lindstrom. Ils injectèrent à des lapins des RACh purifiés d’organes électriques, par voie intra-dermique, mélangés à l’adjuvant complet de Freund. Les lapins présentèrent au bout de 3 à 4 semaines une faiblesse musculaire, une anorexie, puis une paralysie flasque avec des troubles respiratoires et une dysphagie ; ils mourraient environ une semaine après le début des troubles. La prostigmine (Tensilon®) entraînait une amélioration transitoire. Le sérum de ces lapins contenait non seulement des Ac anti-RACh d’organes électriques, mais encore des auto-anticorps contre leurs propres RACh. La MAE a été ensuite réalisée chez d’autres animaux, dont le singe, avec des RACh d’organes électriques ou de mammifères. Ces animaux, comme les myasthéniques, présentent une diminution d’amplitude des potentiels miniatures de plaque motrice (MEPP), une réduction du nombre des RACh et des modifications de la membrane post-synaptique. Le rat, s’il survit à la phase aiguë, présente 30 jours environ après l’immunisation, une phase chronique ; c’est cette deuxième phase qui est très proche de la myasthénie humaine. Fait intéressant, la susceptibilité des souris à développer la maladie est contrôlée génétiquement, selon qu’elles appartiennent à tel ou tel haplotype dans le complexe majeur d’histocompatibilité. La MAE se distingue de la myasthénie humaine parce qu’elle succède à une injection de RACh et qu’elle peut être prévenue par immunosuppression, alors que chez l’homme on ne sait toujours pas pourquoi son organisme devient, à un certain moment, intolérant à ses propres RACh. A côté de la MAE par injection de RACh, il a été possible de provoquer chez la souris une myasthénie généralisée par injection de sérum de myasthéniques. ORIGINE DE LA RÉPONSE AUTO-IMMUNE ET RÔLE DU THYMUS Si la diminution des RACh de la membrane postsynaptique et la responsabilité des Ac anti-RACh dans sa survenue sont des faits maintenant bien établis, l’origine de la maladie auto-immune, par contre, prête encore à discussion. Est-elle secondaire à une altération primitive du récepteur, ou à un contrôle immunologique défectueux vis-àvis d’un antigène normal, ou encore à ces 2 mécanismes réunis ? Il est établi qu’intervient une susceptibilité génétique comme en attestent les formes familiales et la constatation, chez des proches apparemment indemnes d’un sujet myasthénique, d’une atteinte de la transmission neuro-musculaire sur fibre isolée et d’une élévation des Ac anti-RACh, et encore davantage l’association de certaines formes de myasthénie avec des génotypes HLA spécifiques. Il existerait un ou plusieurs gène(s) de susceptibilité à la maladie lié au système HLA. Un évènement intercurrent, et en particulier une infection virale, a été évoqué comme pouvant modifier la tolérance de l’organisme à ses propres récepteurs. La myasthénie peut apparaître en effet après une infection virale, mais la sensibilisation à un épitope commun au virus et au RACh n’est guère concevable en raison du caractère polyclonal des Ac et de la variété des infections virales. Si l’altération du RACh déclenche la réaction auto-immune, encore faudrait-il qu’elle persiste pour pérenniser la maladie. La myasthénie induite par la D-Pénicillamine cesse dans la grande majorité des cas à l’arrêt du médicament. De même la MAE, pour persister, doit être entretenue par l’injection répétée de RACh. Le thymus joue très probablement un rôle important, peut-être déclenchant, dans la survenue de la myasthénie. Des arguments cliniques, thérapeutiques, et immunologiques en témoignent. Environ 80% des myasthéniques présentent une anomalie thymique, hyperplasie ou thymome et même dans les reliquats thymiques, l’examen histologique trouve souvent quelques centres germinatifs. La thymectomie peut être suivie d’une amélioration, voire d’une sédation de la myasthénie qui d’ailleurs ne peut se dessiner qu’à long terme. On connait des récidives de la myasthénie contemporaines de celles de thymome, régressant après une nouvelle intervention (Miller, 1991). Sur le plan histologique, le thymus est fait de plusieurs types de cellules : épithéliales, lymphocytes, macrophages, rares cellules myoïdes. Des sites de liaison de l’α-Bgt sur les cellules myoïdes de sujets normaux et de myasthéniques ont été découverts, indiquant qu’elles portent à leur surface des RACh. Les lymphocytes thymiques de myasthéniques, mis en culture, produisent des Ac anti-RACh. Leur nombre est d’ailleurs très augmenté en cas d’hyperplasie thymique. Des cellules thymiques irradiées mais non tuées, ajoutées à des cultures de lymphocytes circulants, accroissent la production d’Ac anti-RACh, qui est faible en leur absence. Enfin, des modifications du nombre et de la répartition des lymphocytes T circulants ont été constatées, mais elles ne sont pas toutes concordantes ; le nombre de lymphocytes T circulants a été trouvé diminué chez les myasthéniques mal contrôlés, et sans relation avec le taux des Ac anti-RACh, sauf en cas de thymome. nocompétents réagiraient alors contre ces cellules “ectopiques”. Le stade clinique ne serait atteint que lorsque les lymphocytes autosensibilisés auraient quitté le thymus, pénétré dans l’espace synaptique, exercé une action cytotoxique sur la membrane cellulaire post-synaptique et/ou plutôt participé à la formation d’autoanticorps dirigés contre le RACh. Ces lymphocytes causeraient ainsi directement ou indirectement le bloc de transmission neuro-musculaire. Une autre hypothèse séduisante (Goulon-Goëau, 1992) est de considérer le thymus comme pouvant être à l’origine de la myasthénie du fait de l’altération des déterminants antigéniques que sont les RAch thymiques. Les celules T deviendraient sensibles à ces épitopes en atteignant un niveau critique de maturation, connu pour être associé à un degré élevé d’autoréactivité. La migration des cellules T dans d’autres sites lymphoïdes rendrait compte de l’absence d’effets immédiats de la thymectomie. ● En conclusion, selon Wekerle et Ketelsen (1977), dans un premier temps, un stimulus pathologique encore inconnu (virus?) induirait la différentiation de cellules souches primitives intra-thymiques en cellules de type musculaire (myoïdes) ayant à leur surface des RACh. Des lymphocytes immu- ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM origine de la réponse auto-immune et rôle du thymus RECHERCHE 11-3 11-4 CRITERES DE DIAGNOSTIC M Y A S T H É N I E CRITÈRES DE DIAGNOSTIC Certains critères ont été établis pour valider le diagnostic de myasthénie (Gajdos) : ■ déficit des muscles céphaliques ou crâniens et/ou muscles squelettiques, variable dans le temps et dans sa topographie ; ■ amélioration clinique lors d’un test aux anticlolinestérasiques ; ■ taux d’anticorps anti-récepteur de l’acétylcholine positif ; ■ présence d’un décrément à l’électromyogramme. Le diagnostic de myasthénie est probable en présence de 2 au moins de ces critères ; il est certain en présence 3 critères. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 12-1 12-2 F O R MB EIB A LDIUOLGTREA C PO HM I EM U N E M Y A S T H É N I E BIBLIOGRAPHIE ■ 1 • A CHESON JF. , E LSTON JS. , LEE JP., FELLS P. : “Extraocular muscle surgery in Myasthenia Gravis”. Br J Ophtalmol ; Avr 1991 : 75 (4) : 232-5. ■ 2 • AHLSTEN G. , LEFVERT AK , OSTERMAN PO. , STALBERG E. , SAFWENBERG J. “Follow up study of muscle function in children of mothers with myasthenia gravis during pregnancy”. J Child Neurol ; 1992 : 7(3) : 264-9. ■ 3 • BACH JF. , LESAVRE P. : dans Immunologie, éd Flammarion, 1986. ■ 4 • B A D U R S K A B. , R Y N I E W I C Z B. , St R U G A L S K A H. , “Immunosuppressive treatment for juvenile myasthenia gravis”. Eur J Pediatr ; 1992 Mar : 151(3) : 215-7. ■ 5 • B EGHI E. , A NTOZZI C. , B ATOCCHI AP , C ORNELIO F., C O S I V. , EVOLI A. , L O M B A R D I M. , M A N T E G A Z Z A , R. ; M O N T I C E L L I ML. , P I C C O L O G., T O N A L I P., T R E V I S A N D., ZARELLI M. : “Prognosis of myasthenia gravis : a multicenter follow-up study of 844 patients”. J. Neurol Sci ; 1991 Déc : 106 (2) : 213-20. ■ 6 • B ERRIH - AKNIN S., M OREL E. , R AIMOND F. , S AFAR D., G AUD C. , B INET JP. , L EVASSEUR P. , B ACH JF. : “The role of thymus in myasthenia gravis : immunohistological and immunological studies in 115 cases”. Ann. N.Y. Acad. Sci. ; 1987 : 505 : 50-70. ■ 7 • B O U D O U R E S Q U E J., G O S S E T A. : “Myasthénie”. Encycl. méd. chir., Paris, Neurologie, 6-1974, 17172 B10. ■ 8 • C LAIR B. , G AJDOS P. : “Prise en charge de la crise myasthénique”. 1993. Non publié. ■ 9 • COMPSTON D. , VINCENT A. , NEWSOM- D AVIS J. , B ATCHELOR J. : “Clinical, pathological, HLA antigen and immunological evidence for disease heterogeneity in myasthenia gravis”. Brain ; 1980 : 103 : 579-601. ■ 10 • C ORNELIO F. , P ELUCHETTI D. , M ANTEGAZZA R. , SGHIRLANZONI A. ; COLLARILE C. : “The course of Myasthenia ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM Gravis in patients treated with 13-1 corticosteroids, azathioprine, and plasmapheresis”. RAPHAEL JC. : “Effets à long terme des échanges Ann. N.Y. Acad. Sci., 1987 : 505 : 517-525. plasmatiques au cours de la myasthénie. Résultats d’une étude randomisée”. Presse méd. ; 1985 : 12 : ■ 11 • C OSI V. , C ITTERIO A. , L OMBARDI M. , P ICCOLO G. , 939-42. ROMANI A. , ERBETTA A. : “Effectiveness of steroid treatment in MG : a retrospective study. Acta Neurol ■ 23 • G AJDOS P. , O UTIN HD. , M OREL E. , R APHAEL JC. , Scand “ ; 1991 Jul : 84 (1) : 33-9. G OULON M. : “High dose intravenous gammaglobulin for myasthenia gravis : an alternative to plasma ■ “12 • D ELAGOUTTE G. , C ASELLAS MF. : “Mémo social exchange”. Ann. N.Y. Acad. Sci. ; 1987 : 505 : 595- pour les malades myasthéniques”. Document AFM, 606. ■ 24 • G ARCIA - GIRON C. , F ERNANDEZ Fév.1990. DE CASTRO M., J IMENEZ H E R R A E Z C. , B U R G O S E. , V I C E N T E O R T A J. , O R D O N E Z ■ 13 • D E SO , O O S T E R H U I S HJ. , T O L B O O M J. , G ALLEGO A. , G ONZALEZ B ARON M. : “The association of S CHAAFSMA W. : “The effect of thymectomy in patients MG and hairy cell leukemia”. Med Clin (Barc) ; 1991 with myasthenia gravis without thymoma ; a Nov 23 : 97 (18) : 703-5. VRIES statistical analysis”. Ned Tijdschr Geneeskd ; 1991 Nov 2 : 135 (44) : 2089-94. ■ 25 • G E N K I N S G. , K O R N F E L D P. , P A P A T E S T A S A.E. , ■ than 2000 patients with myasthenia gravis”. Ann. N.Y. B ENDER A.N. , M ATTA R.J. : “Clinical experience in more 14 • ENGEL A.G. : “Acquired Autoimmune Myasthenia” in Myology, Engel A.G. et Banker B.Q., Acad. Sci. ; 1987 : 505 : 500-514. Mc Graw Hill Book Company ed., 1986, vol. 2, 1925■ 26 • GOULON 1954. M. ; ELKHARRAT D. , GADJOS P. : “Traitement de la myasthénie grave par ciclosporine” ■ 15 • E VANS OB , V IG V. , P ARKER CC , “Prematurity La presse Médicale, 18 Fév 1989, 18, (7) : 341-346. and early-onset juvenile MG”. Pediatr Neurol ; 1992 : ■ 27 • G OULON M. , G ADJOS P. , G OULON -G OEAU C. : “La 8 (1) : 51-3. myasthénie, modèle de maladie par auto-anticorps” ■ 16 • E V O L I A. , B A T O C C H I AP. , P A L M I S A N I MT , LO Ann Med. Int., 1987, (6) : 444-461. MONACO M. , TONALI P. ; “Long-term results of corticosteroid therapy in patients with MG”. Eur ■ 28 • G O U L O N -G O E A U C. : “Myasthénie, diagnostic, Neurol ; 1992 : 32 (1) : 37-43. évolution et pronostic, traitement” Rev. Prat., 1989, 39 (10) : 887-90. ■ 17 • E YMARD B., M OREL E. , D ULAC O. , M OUTARD - CODOU , ML. , J EANNOT E. , H ARPEY JP. , R ONDOT P. , B ACH JF. : ■ 29 • GOULON-GOEAU C. , G AJDOS P. , G OULON M. : “Myasthénie et grossesse : une étude clinique et “Myasthénie et syndromes myasthéniques” Editions immunologique de 42 cas.” Rev. Neurol. (Paris), techniques, Encycl. Méd. Chir. (Paris-France), 1989, 145 (10) : 696-701. Neurologie, 17-172-B-10, 1992, 13p. ■ 18 • E YMARD B. : “Contribution à l’étude de l’activité fonctionnelle des sérums dans la myasthénie”. Thèse de Doctorat d’Etat de l’Université de Médecine de AKNIN affecting outcome”. Ann. N.Y. Acad. Sci. ; 1987 : 505 : 472-99. Paris. 1991. ■ 19 • E YMARD B. , V ERNET ■ 30 • G ROB D. , A RSURA E.L. , B RUNNER N.G. , N AMBA T. : “The course of myasthenia gravis and therapies DER GARABEDIAN B. , B ERRIH - S. , P A N N I E R C. , B A C H JF. , M O R E L E. : “ A n t i - acetylcholine receptor antibodies in neonatal ■ 31 • H AYASHI M. , K IDA K. , S ONODA S. , I NOUE H. ; M AT SO U DA H. : “Factors influencing the clnical type and course of myasthenia gravis”. Brain Dev ; 1992 Mar : 14(2) : 88-93. myasthenia gravis : heterogeneity and pathogenic significance”. J. Autoimmun ; 1991 : 4 (2) : 185-95. ■ 32 • I WASAK i Y., K INOSHITA M., I KEDA K., T AKAMIYA K., S H I O J I M A T. : “Cognitive dysfunction in myasthenia ■ 20 • F AIRLEY JW. , H UGHES M. : “Acutes stridor due gravis”. Intern J Neuroscience, 1990, Vol. 54, 29-33. to bilateral vocal fold paralysis as a presenting sign of myasthenia gravis”. J Laryngol Otol ; 1992 Aug : ■ 33 • J OB A. , R AMAN R. , G NANAMUTHU C. : “Laryngeal 106 (8) : 737-8. stridor in myasthenia gravis”. J Laryngeal Otol ; 1992 Jul : 106(7) : 633-4. ■ 21 • FULPIUS, BW. : “Myasthénie.” Editions techniques, Encycl. Méd. Chir. (Paris-France), ■ 34 • J OHANNESSEN KA. , M YGLAND A. , G ILHUS NE. , Neurologie, (3) 1978, 17-172-B-10 AARLI J. , VIK-MO H. ;”Left ventricular function in myasthenia gravis”. Am J Cardiol ; 1992 Jan 1 : 69 (1) : ■ 22 • G A J D O S P. , S I M O N N., de R O H A N - C H A B O T P. , 13-2 129-32. BIBLIOGRAPHIE ■ 35 • K IRSCH JR , D IRINGER MN , B OREL CO , Ha NLEY DF, associated with myasthenia gravis in which the tumor MERRIT WT , BULKLEY GB. : “Preoperative lumbar was reduced by corticosteroid therapy”. Nippon epidural morphine improves postoperative analgesia Kyobu Geka Gakkai Zasshi ; 1992 Jun : 40 (6) : 975-7. and ventilatory function after transternal thymectomy in patients with myasthenia gravis”. Crit Care Med ; ■ 48 • M OSSMAN S. , V INCENT A. , N EWSOM -D AVIS J. : 1991 Dec : 19 (12) : 1474-9. “Myasthenia gravis without acetylcholine receptor antibody : a distinct entity”. Lancet, 1986 : 1 : 116-9. ■ 36 • K UKS JBM. , D JOJOAMODJO S. , O OSTERHIUS HJHG : “Azathioprine in myasthenia gravis : observations in ■ 49 • M YGLAND A. , A ARLI JA. , Hofstad H. , G ILHUS NE. ; patients and a review of litterature”. Neuromuscular “Heart muscle antibodies in myasthenia gravis”. Disorders, Vol. 1, N° 6, 1991 : 423-31. Autoimmunity ; 1991 : 10 (4) : 263-7. ■ 37 • K UKS JB. , L EMS SP , OOSTERHUIS HJ. : “HLA ■ 50 • NAMBA T. , BRUNNER NG. , BROWN SB. , type is not indicative for the effect of thymectomy in MUGURAMA M. , GROB D. : “Familial myasthenia MG” J Neuroimmunol ; 1992 Feb : 36 (2-3) : 217-24. gravis. Report on 27 patients in 12 families abd review of 164 patients in 73 families”. Arch. Neurol. ; ■ 38 • La Myasthénie : “Un guide pour le praticien 1971 : 25, 49-60. généraliste”. Document AFM, avec la participation des éditions Gallimard. ■ 51 • N E W S O N -D A V I S J. , W I L L C O X N. , S C H L U E P M., ■ 39 • LANSKA DJ. : “Diagnosis of thymoma in B URGES J. : “Immunological heterogeneity an cellular myasthenics using anti-striated muscle antibodies : mecanisms in myasthenia gravis”. Ann. N.Y. Acad. predictive value and gain in diagnostic certainty”. Sci. ; 1987 : 505 : 12-26. HARCOURT G. , VINCENT A. , MOSSMAN S. , WRAY D., Neurology, 1991 : 41 : 520-4. ■ 52 • O H SJ. , K IM DE. , K URUOGLU R. , B RADLEY RJ. , ■ 40 -L OSPIED C. : “Handicapés, quels sont vos droits ? Loi d’orientation du 30 juin 1975 et vie sociale” D WYER D. : “Diagnostic sensitivity of the laboratory tests in myasthenia gravis”. Muscle Nerve ; 1992 Jun : 15(6) : 720-4. Lavauzelle, 1990 4ème édition. ■ 41 -L UCAS J.C. : “Guide Néret pour les handicapés 1991” Lamarre, 1991, 17ème édition ■ 53 • O HTA M. , I TOH M. , H ARAH H. , I TOH N. , N ISHITANI H. , H AYASHI K. , O HTA K. : “Antiskeletal muscle and anti-acetylcholine receptor antibodies in patients with ■ 42 • L UMB AB., C ALDER I. : “Cured Myasthénia Gravis and neuromuscular blockade”. Anaesthesia, 1989, vol.44 : 828-830. ■ 43 • MAC KENZIE KR, Martin MJ, HOWARD FM : “Myasthenia Gravis : Psychiatric Concomitants”. Canad Med Ass J., 1969, 100 (7) : 988-991. ■ 44 • M A G N I G., M I C A G L I O GF, L A L L I R., B E J A T O L., C ANDEAGO MR., M ERSKEY H., A NGELINI C. : “Psychiatric thymome without Myasthenia Gravis : relation to the onset of Myasthenia Gravis” Clin Chim Acta ; 1991, Sep 30 : 201 (3) : 201-5. ■ 54 • P LAUCHE WC. : “Myasthenia Gravis in pregancy : an update”. Am. J. Obstet. Gynecol., Nov 1, 1979, 135 : 691-697. ■ 55 • P LAUCHE WC. : “Myasthenia gravis in mothers and their newborns”. Clin Obstet Gynecol ; 1991 Mar : 34 (1) : 82-99. disturbances associated with myasthenia gravis”. Acta psychiatr. scand. 1988 : 77 : 443-445. ■ 56 • QUERA-SALVA MA. , GUILLEMINAULT C. , CHEVRET S. , ■ 45 • M ANTEGAZZA R., B EGHI E., Pa REYSON D., A NTOZZI LATTRE J., RAPHAEL JC. , GAJDOS P. : “Breathing disorders C., P ELUCHETTI D., S GHIRLANZONI A., C OSI V., L OMBARDI during sleep in myasthenia gravis”. Ann Neurol ; 1992 Jan : M., P ICCOLO G., T ONALI P., E VOLI A., R ICCI E., B ATOCCHI 31 (1) : 86-92. TROCHE G. , FROMAGEOT C. , CROWE McCANN C. , STOOS R. , de A.P., A NGELINI C., M ICAGLIO G.F., M ARCONI G., T AIUTI R., B ERGAMINI L., D URELLI L., et C ORNELIO F : “Multicentre ■ 57 • R ICCIARDI R. , R OSSI B. , N ICORA M. , S GHIRLANZONI follow up study of 1152 patients”. J Neurol (1990) A. , M URATORION A. : “Acute treatment of myasthenia 237 : 339-344. gravis with intranasal neostigmine : clinical and electromyographic evaluation”. J Neurol Neurosurg ■ 46 • MITCHELL PJ. , BEBBINGTON M.”Myasthenia Psychiatry ; 1991 Dec : 54 (12) : 1061-2. gravis in pregnancy”. Obstet Gynecol ; 1992 Aug : 80(2) : 178-81. ■ 58 • R OUSEEV R., A SHBY P. , B ASINSKI A , S HARPE JA : “Single fiber EMG in the frontalis muscle in ocular ■ 47 • M IZUNO T. , H ASHIMOTO T. , Y AMAKAWA Y. , Ni WA myasthenia : specificity and sensitivity”. Muscle H. , MASAOKA A. : “A case of small thymoma Nerve ; 1992 Mar : 15 (3) : 399-403. ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 13-3 myasthenia gravis : low frequency of thymic ■ 59 • ROUVIERE H. : “Le Thymus”, dans Précis pathology”. Neurology ; 1992 : 42 : 586-9. d’anatomie et de dissection, éd. Masson, 1949, p.479. ■ 72 • VLM : Enquête “La myasthénie chez la ■ 60 • SAMMUELS P., PFEIFER SM : “Autoimmune diseases in pregnancy, the obstetrician’s view”. Rheumatic Disease Clinics of North America, 1989 : 15 (2), 307-322. ■ 61 • S CHADY W. , M AC D ERMOTT N. : “On the choice of muscle in the electrophysiological assessment of MG”. Electromyogr Clin Neurophysiol ; 1992 : 32 (3) : 99-102. ■ 62 • S I M O N N., et G A J D O S Ph. : “Traitement de la Myasthénie”. Encycl. Méd. Chir., Paris, Thérapeutique, 25484 A20, 11-1981. ■ 63 • S NEDDON J. : “Myasthénia gravis ; a study of social, medical, and emotional problems in 26 patients”. Lancet, 1980 : March 8 : 526-8. ■ 64 • S OMNIER FE., L ANGVAD E. : “Plasma exchange with selective immunoadsorption of antiacetylcholine receptor antibodies”. Journal of Neuroimmunology, 1989, 22 : 123-127. ■ 65 • S ZOBOR A. , “Familial myasthenia gravis : nine patients in two generations”. Acta Med Hung ; 1991 : 48 (3-4) : 145-9. ■ 66 • TINDALL RSA. , ROLLINS JA. ; PHILLIPS T. ; G REENLEE RG. , W ELLS L. , B ELENDIUK G. “Preliminary results of a double-blind, randomized, placebocontrolled trial of cyclosporine in myasthenia gravis” The New England Journal of Medicine, 1987 : 316 (12) : 719-24. ■ 67 • TINDALL RS. “Immunointervention with cyclosporin A in autoimmune neurological disorders”. J Autoimmun ; 1992 : 5 Suppl A : 301-13. ■ 68 • T RANCHANT C., E HRET C., L ABOURET P., G ASSER B., WARTER JM.:”Arthrogrypose et myasthénie maternelle. Risque de récurence”. Rev. Neurol. (Paris), 1991, 147 : 1, 63-64. ■ 69 • T S U M A N VG. , N A L I V K I N AE. , A G A F O N O V BV. , S IDOROVA OP. , F IALKOVSKIOIO SI. , C HERKESOVA ZI. : “Late results of surgical treatment of myasthenia gravis in children”. Grud Serdechnososudistaia Khir ; 1992 : 34 : 47-50. ■ 70 • V E R M A P. , O G E R J. : “Treatment of acquired myasthenia gravis : a topic review”. Can J Neurol Sci ; 1992 Aug : 19(3) : 360-75. ■ 71 • V ERMA PK. , O GER J. :”Seronegative generalized 13-4 femme”. Vaincre les myopathies, 1992 : 46 : 7. ABRÉVIATIONS UTILISÉES M Y A S T H É N I E ABRÉVIATIONS UTILISÉES A E.P.: échange plasmatique A.A.H. : allocation aux adultes handicapés reclassement E.P.S.R.: équipes de préparation et de suite de A.C. : anticorps A.C. anti-RAch : anticorps anti-récepteurs à l'acétylcholine F F.N.S.: fonds national de solidarité A.C. anti-MS : anticorps anti-muscle strié A.C.F.P. : allocation compensatrice pour frais G professionnel ACh : acétylcholine A.C.T.H. : adrénocorticotrophic hormone : G.I.C.: grand invalide civil G.I.R.P.E.H.: groupement interprofessionnel (hormone corticotrope) A.C.T.P. : allocation compensatrice pour tierce personne A.E.S.: allocation d’éducation spéciale régional pour la promotion de l'emploi des handicapés H α-Bgt : α− bungarotoxine A.M.M. : autorisation de mise sur le marché A.P.F. : association des paralysés de France H.L.A: human leukocyte antigen (système principal de groupe tissulaire chez l'homme) B I B.M.: biopsie musculaire I.M.: intramusculaire I.V.: intraveineuse I.R.M.: imagerie par résonnance magnétique C IgA, IgG, IgM : immuno globuline A, G, M C.A.T.: centre d’aide par le travail C.C.A.S.: centre communal d’action sociale C.D.E.S.: commission départementale de J J.N.M: jonction neuromusculaire l’éducation spécialisée C.O.T.O.R.E.P.: commission technique d’orientation et de reclassement professionnel C.V.: capacité vitale L L.A.D.A.P.T.: ligue pour l'adaptation du diminué physique au travail D M D.P.: D-Pénicillamine M.A.E.: myasthénie animale expérimentale E M.A.S.: maison d’accueil spécialisée E.C.G.: électrocardiogramme M.I.R.: main immunologic région (région E.M.G.: électromyogramme immunologique principale) M.E.P.P.: potentiel miniature de plaque motrice ● MYASTHÉNIE ● MAI 1993 ● AFM 14-1 P P.M.: poids moléculaire P.P.T.H.: prospecteurs placiers spécialisés R R.Ach.: récepteur à l'acétylcholine S S.C.: sous cutané S.E.P.: sclérose en plaques S.E.S.S.D.: service d’éducation spécialisée et de soins à domicile S.F.E.M.G: single fiber electromyogram (électro myogrammme sur fibre musculaire unique) S.L.A.: sclérose latérale amyotrophique S.M.C: syndrome myasthénique congénital S.M.L.E.: syndrome myasthénique de Lambert- Eaton U U.M.: unité motrice V V.E.M.S.: volume respiratoire maximum-seconde V.G.: ventricule gauche V.S.L.: véhicule sanitaire léger W W.A.I.S.: wechsler adult intelligence scale 14-2