Revue Médicale Suisse
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16 janvier 2013 163
a Le projet FIGHT-MG (www.fight-mg.eu/) cherche à dé-
terminer les facteurs de risque génétiques et environne-
mentaux associés à la survenue de la maladie et à son
évolution. Le projet s’attache à identifier également les
molécules immunologiques clés associées à son appari-
tion, à étudier les mécanismes pathogènes à la jonction
neuromusculaire, à établir de nouveaux tests de diagnostic,
ainsi que de nouvelles thérapies (thérapies cellulaires,
thérapies immunorégulatrices, immuno-absorption des
autoanticorps pathogènes et autres thérapies pharmaco-
logiques). FIGHT-MG a démarré en décembre 2009 et
durera quatre ans, avec un budget total d’environ 6 mil-
lions d’euros de l’Union européenne. Ce projet implique
douze partenaires, basés en France, Grèce, Israël, Italie,
Norvège, Allemagne et Suisse (Université de Bâle).
Bibliographie
1 Cufi P, Dragin N, Weiss JM, et al. Implication of dsRNA
signaling in the etiology of autoimmune myasthenia gra-
vis. Ann Neurol 2012 ; epub ahead of print.
Les auteurs travaillent au sein de l’unité Cnrs et Inserm
«Thérapie des maladies du muscle strié», groupe hospi-
talier Pitié-Salpêtrière, Paris), de l’Université de Maas-
tricht (School of Mental Health and Neuroscience, Fa-
culty of Health, Medicine and Life Sciences) Pays-Bas,
ainsi que du Département de chirurgie cardiaque des
cardiopathies (Hôpital Marie Lannelongue, Le Plessis
Robinson, France).
breuses entités pathologiques devant par ail-
leurs être écartées (syndromes myasthéni-
ques congénitaux, botulisme, intoxication
aux organophosphorés, les anomalies mito-
chondriales, syndrome de Guillain Barré,
sclérose latérale amyotrophique, etc.). Le
trai tement peut comprendre un traitement
symp tomatique par des anticholinestéra-
siques et une modulation de la réponse im-
mune par l’administration de corticoïdes,
d’azathioprine, de ciclosporine et de myco-
phénolate mofétil. En cas de crises myasthé-
niques et de périodes d’exacerbation, une
amélioration rapide mais temporaire peut
être obtenue par la plasmaphérèse ou l’in-
jection d’immunoglobulines par voie intra-
veineuse. «Le pronostic est actuellement fa-
vorable, avec un taux de mortalité inférieur
à 5% et une espérance de vie quasi normale,
grâce à l’amélioration des tests diagnosti ques,
à l’immunothérapie et aux soins intensifs»
résume Orphanet.
Pourquoi cette production d’auto-anticorps
circulants qui bloquent les récepteurs de l’acé-
tylcholine (RACh) ? Aujourd’hui, la myas-
thénie est présentée comme une maladie
multifactorielle dans laquelle des facteurs
environnementaux semblent jouer un rôle
important. Les infections virales sont sus-
pectées mais comment prouver le rôle pa-
thogène d’un virus dans le déclenchement
d’un processus pathologique quand le diag-
nostic est fait, comme ici, des mois, voire
des années après l’amorce de ce même pro-
cessus ? Dans le cadre du projet européen
FIGHT-MG, les auteurs de la publication de
la revue Annals of Neurology sont parvenus à
décrypter ce déclenchement en utilisant une
molécule mimant l’ARN double brin viral –
le Poly(I:C). Ils se sont centrés sur le thymus
qui, comme on sait, est le lieu de maturation
des lymphocytes T, acteurs centraux des ré-
ponses immunitaires.
Ils ont ainsi mis en évidence in vitro que
le Poly(I:C) était capable d’induire spécifi-
quement une surexpression de RACh par
les cellules épithéliales thymiques. Et ce en
activant trois protéines : le récepteur «toll-
like» 3 (TLR3), la protéine kinase R (PKR) et
l’interféronbêta (IFN-b) ; cette dernière en-
traînant une inflammation au niveau du thy-
mus.
Ces chercheurs ont en parallèle analysé
des thymus pathologiques des malades at-
teints de myasthénie. Ils y ont observé une
surexpression de ces trois protéines, surex-
pression caractéristique d’une infection vi-
rale. Enfin, ils sont parvenus à identifier les
mêmes changements moléculaires dans le
thymus de souris, et ce à la suite de l’injec-
tion de Poly(I:C). Après une période d’injec-
tion prolongée, ils ont aussi observé chez
ces souris la prolifération de cellules B anti-
RACh, la présence d’auto-anticorps bloquant
les récepteurs RACh et des signes cliniques
synonymes de faiblesse musculaire comme
dans la myasthénie.
«Au total, ces résultats originaux mon trent
que des molécules mimant une infection vi-
rale sont capables d’induire une myasthénie
chez la souris, ce qui jusqu’à présent n’avait
jamais été démontré, résume-t-on auprès de
l’Institut national français de la santé et de la
recherche médicale (Inserm). Les prochai nes
étapes de cette recherche consisteront à dé-
terminer de quel virus exogène il pourrait
s’agir ou s’il s’agit d’une activation anor-
male d’une réponse antivirale par des molé-
cules endogènes.»
Jean-Yves Nau
jeanyves.nau@gmail.com
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