E. Traitement
1. Traitement symptomatique
Les anticholinestérasiques prolongent l’action de l’acétylcholine au niveau de la membrane
postsynaptique par blocage réversible de l’acétylcholinestérase : pyridostigmine (Mestinon®),
ambenonium (Mytelase®).
Posologie à augmenter progressivement jusqu’à la dose optimale (efficacité versus effets secondaires).
Durée d’action brève, de 4 à 5 heures, nécessitant des prises répétées dans la journée.
Risque d’une crise cholinergique avec surdosage : effets muscariniques (hypersécrétion bronchique,
intestinale, salivaire et sudorale) et nicotiniques (fasciculations, crampes musculaires).
2. Traitements de fond
Corticothérapie à doses lentement progressives.
Immunosuppresseur : azathioprine (Imurel®) surtout, mycophénolate mofétil (Cellcept®).
Thymectomie : effet bénéfique sur l’évolutivité de la maladie, en particulier chez le sujet jeune de
moins de 40 ans porteur d’une hyperplasie thymique ; également indiquée en cas de thymome.
3. Traitements des poussées évolutives
Immunoglobulines polyvalentes IV (par exemple, 0,4 g/kg par jour pendant 5 jours).
Alternative : échanges plasmatiques (efficacité équivalente).
4. Autres
Tout patient doit porter sur lui une carte de myasthénie et la liste des principaux médicaments interdits
(encadré 14.1).
Prise en charge à 100 % (ALD).
La grossesse est possible sous anticholinestérasiques ; des poussées de la maladie sont possibles dans
le postpartum.
Encadré 14.1
Médicaments contre
-
indiqués
Tous les médicaments susceptibles d’altérer la transmission neuromusculaire sont contre-indiqués au
cours de la myasthénie.
En cas de doute chez un patient, il ne faut pas hésiter à consulter le Vidal pour chercher d’éventuelles
contre-indications ou vérifier la liste des médicaments contre-indiqués remis habituellement au patient
par son médecin spécialiste.
Contre-indications absolues : D-pénicillamine, curarisants, antibiotiques du groupe des aminosides,
colimycine, bacitracine, polymyxine et cycline injectable, bêtabloquants même locaux, phénytoïne,
diphényl-hydantoïne, triméthadione, dantrolène, quinine, quinidine, chloroquine, procaïnamide.
Contre-indications relatives : phénotiazines, carbamazépine, benzodiazépines, neuroleptiques,
vérapamil, lithium, progestérone.
III. Syndrome myasthénique de Lambert
-Eaton
Déficit moteur des membres inférieurs accompagné d’une fatigabilité excessive, sans amyotrophie.
Réflexes faibles ou absents, surtout aux membres inférieurs (ils sont facilités et apparaissent si on les
recherche immédiatement après un effort musculaire).
Des signes d’atteinte céphalique évoquant une myasthénie sont parfois présents (moins fréquents que
dans la myasthénie).
Dysautonomie cholinergique possible (troubles de la motricité pupillaire, de la sudation, des sécrétions
salivaire et lacrymale, impuissance…).
ENMG :
potentiel d’action musculaire au repos d’amplitude très diminuée par rapport à la normale et dont
l’amplitude augmente de plus de 100 % immédiatement après tétanisation ;
stimulation nerveuse répétitive à fréquence rapide (10 à 50 Hz) : incrément toujours supérieur à
100 %.
Anticorps dirigés contre les canaux calcium présynaptiques voltage-dépendants.
Médicaments pour augmenter le nombre de quanta d’acétylcholine libérés : 3–4 diaminopyridine.
Dans les formes paranéoplasiques, l’évolution dépend du traitement du cancer. Dans les autres formes,
un traitement immunosuppresseur ou immunomodulateur peut être proposé comme dans la
myasthénie.
IV. Autres anomalies de la transmission neuromusculaire
A. Botulisme
Il survient après ingestion de conserve avariée contenant une neurotoxine paralysante produite par des
bactéries du genre Clostridium.
12 à 35 heures après l’ingestion : nausées et vomissements, troubles de la vision, diplopie, sécheresse
des muqueuses buccale et trachéale, déficit moteur généralisé à prédominance proximale.
L’évolution peut être grave par la survenue de complications respiratoires.
ENMG : anomalies similaires à celles du syndrome de Lambert-Eaton, témoignant d’un trouble
présynaptique de la libération d’acétylcholine.
B. Autres