Myasthénie grave : la preuve d`une origine virale Faiblesse

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Myasthénie grave : la preuve d’une origine virale
Faiblesse musculaire, fatigabilité excessive, tels sont les maux de La myasthénie grave. Cette maladie auto-immune rare
touche 5 à 6 000 patients en France. Elle est liée à la production d’auto-anticorps dirigés essentiellement contre le récepteur à
l’acétylcholine (RACh), situé sur la membrane post-synaptique à la jonction neuro-musculaire. Ces auto-anticorps altèrent la
transmission de l’influx nerveux entre le nerf et le muscle. Si le muscle est l’organe-cible, le thymus (organe lymphoïde
primaire impliqué dans l’éducation des lymphocytes T) joue un rôle clé dans le développement de cette maladie.
La myasthénie est une maladie multifactorielle où des facteurs environnementaux semblent jouer un rôle clé dans son
déclenchement. Les infections virales sont suspectées mais prouver le rôle d’un virus dans le déclenchement est difficile. En
effet, le diagnostic de myasthénie est souvent fait des mois, voire des années après le réel début de la maladie. Quand le virus
n’est plus détectable, alors qu’une signature laissée par le virus peut se voir longtemps après l‘infection.
Dans le cadre du projet européen FIGHT-MG, financé par la Commission Européenne et coordonné par l’Inserm, les
chercheuses Sonia Berrih-Aknin et Rozen Le Panse* sont parvenues à faire la preuve de cette origine virale. Elles ont
décrypté le déclenchement de la maladie en utilisant une molécule mimant l’ARN double brin viral (le Poly(I:C)). En effet,
sur des cellules humaines du thymus et chez la souris, le Poly(I:C) induit l’expression de molécules de l’inflammation et la
surexpression spécifique du RACh. Dans le thymus des patients myasthéniques, la surexpression des mêmes molécules est
aussi observée. En parallèle, cette équipe de recherche a analysé qu’après plusieurs semaines d’injection chez les souris, le
Poly(I:C) entraînait l’apparition d’auto-anticorps anti-RACh accompagnés de signes de faiblesse musculaire.
Ces résultats inédits sont publiés dans la revue Annals of Neurology.
* de l’unité mixte Inserm/CNRS/Université Pierre et Marie Curie/Association Institut de myologie « Thérapies des maladies
du muscle strié ».
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