A. Grolleau
et al.
L’Encéphale, 2007 ;
33 :
326-31, cahier 1
328
Données concernant les traitements psychotropes
Les informations concernant les traitements prescrits
lors de la première hospitalisation et à la sortie ont été
recueillies dans les dossiers médicaux (prescription, rang
de prescription, dose prescrite à la sortie). Les données
concernant les traitements prescrits au cours des deux
ans de suivi ont été recueillies lors de l’évaluation à deux
ans, auprès de toutes les sources d’informations disponi-
bles. Trois sous-classes de neuroleptiques ont été
distinguées : 1) les neuroleptiques à visée sédative (cya-
mémazine, lévomépromazine et alimémazine) ; 2) les
antipsychotiques de seconde génération (amisulpride,
clozapine, olanzapine et rispéridone) ; 3) les neurolepti-
ques conventionnels (toutes les autres molécules).
RÉSULTATS
Caractéristiques de la cohorte
Cette cohorte incluait 86 patients [55 hommes (63,9 %)
et 31 femmes (36,1 %)] avec une moyenne d’âge de
27,8 ans (écart type = 6,9, extrêmes 17-45). La majorité
des patients étaient célibataires (n = 72, 83,7 %) et la moi-
tié (n = 43, 50 %) étaient sans emploi. Les diagnostics
CIM-10 posés pendant la première hospitalisation étaient
les suivants : 1) schizophrénie largement définie (n = 53,
61,6 %), incluant 29 patients avec schizophrénie (F20),
12 avec troubles psychotiques aigus (F23), 8 avec idées
délirantes (F24), 3 avec troubles schizo-affectifs et 1 avec
trouble psychotique non spécifié (F25) ; 2) troubles de
l’humeur (n = 33, 38,7 %) incluant 27 patients avec manie
(F30) ou troubles bipolaires affectifs (F31) et 6 avec trou-
bles dépressifs (F32). Les données sur les médicaments
prescrits pendant la première hospitalisation et à la sortie
n’ont pas pu être recueillies pour 3 et 2 patients, respec-
tivement (dossier égaré ou refus de communication
d’information par les psychiatres hospitaliers).
La durée moyenne du suivi après l’admission était de
108 semaines (écart-type = 7). Les informations concer-
nant le traitement au cours du suivi ont été recueillies pour
84 patients. Au cours des deux ans de suivi, 2 patients
sont décédés de cause non naturelle (suicide et noyade).
Les données de ces deux patients n’ont donc pas été pri-
ses en compte pour les analyses faites au terme des deux
ans.
Modalités de prescription des traitements neurolepti-
ques lors de la première admission
Seules sont présentées ici les données concernant les
traitements neuroleptiques, celles concernant les autres
psychotropes sont disponibles auprès des auteurs. Les
prescriptions de neuroleptiques sont décrites dans le
tableau I
. Lors de la première hospitalisation, seuls deux
patients n’ont pas été traités par neuroleptique (antidé-
presseur et anxiolytique pour le premier ; thymorégulateur
et anxiolytique pour le second). Plus des trois quarts des
patients ont reçu une prescription de neuroleptiques séda-
tifs, et/ou au moins un antipsychotique de seconde géné-
ration au cours de l’hospitalisation, le plus prescrit étant
l’amisulpride suivi de la
rispéridone et de l’olanzapine. Les
neuroleptiques conventionnels ont été prescrits chez un
quart des patients ; le plus fréquemment utilisé a été
l’halopéridol, que ce soit sous forme orale ou sous forme
à action prolongée. Si on considère les 75 sujets qui ont
eu au moins une prescription d’antipsychotique de
seconde génération ou de neuroleptique conventionnel,
63 (84 %) ont reçu un neuroleptique antipsychotique en
premier rang de prescription et 12 (16 %) un neuroleptique
conventionnel. Lors de la première prescription hospita-
lière, 26 sujets (32,1 %) ont eu d’emblée une co-prescrip-
tion de neuroleptiques, qui était à une exception près
l’association d’un neuroleptique sédatif à un antipsycho-
tique de seconde génération ou un neuroleptique conven-
tionnel.
À la sortie de l’hospitalisation, 9 patients sur 10 avaient
une prescription de neuroleptique, incluant pour un tiers
des sujets un neuroleptique sédatif (doses moyennes indi-
quées dans le
tableau I
). Un tiers des sujets (n = 26) sont
sortis avec une co-prescription de neuroleptiques, qui était
à deux exceptions près liée à l’association d’un neurolep-
tique sédatif à un neuroleptique conventionnel ou anti-
psychotique de seconde génération. L’association de
neuroleptiques et d’anticholinergiques a été observée
pour un peu moins d’un tiers des patients (n = 25, 32,9 %).
L’association d’un anticholinergique a été retrouvée pour
un peu plus d’un quart des 60 patients ayant une pres-
cription d’antipsychotiques de seconde génération (n = 16,
26,7 %). Cette proportion est nettement plus importante
chez les 15 patients traités par un neuroleptique conven-
tionnel à la sortie de l’hospitalisation, les deux tiers (n = 10,
66,7 %) ayant une prescription d’un anticholinergique.
Traitement au cours du suivi
Au cours des deux ans de suivi, les trois quarts des
patients ont eu au moins une prescription d’antipsychoti-
que de seconde génération, le plus prescrit restant l’ami-
sulpride. La proportion de patients sous neuroleptiques
conventionnels a légèrement augmenté pendant les deux
ans de suivi pour atteindre presqu’un tiers des patients.
Un tiers des sujets recevaient un neuroleptique sédatif au
cours du suivi. Pour les 67 patients sortant avec un trai-
tement neuroleptique (sédatifs exceptés), seuls 37
(55,2 %) le recevaient encore au terme des deux ans de
suivi.
Diagnostics et prescriptions
Les prescriptions en fonction du diagnostic figurent
dans le
tableau II
. Pendant la première hospitalisation, les
neuroleptiques conventionnels ont été prescrits plus fré-
quemment aux patients ayant un diagnostic de schizo-
phrénie qu’à ceux ayant celui de trouble de l’humeur. À la
sortie de l’hospitalisation, les neuroleptiques convention-