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perception d’un arôme. Mais jusqu’à quel point peut-on éduquer nos perceptions
gustatives et olfactives ? Sommes-nous tous égaux sur ce point ?
Le goût n'est pas le propre de l'homme
Les perceptions gustatives chez l’homme et chez les primates sont très similaires :
elles s’organisent selon une dichotomie opposant les sucres et molécules
apportant de l’énergie aux composés tanins et alcaloïdes souvent toxiques, comme
le souligne l’équipe du Museum d’Histoire Naturelle de Paris. Ainsi les hommes e
primates sont naturellement attirés vers des saveurs d’aliments apportant de
l’énergie telles que le saccharose ou le fructose. Dès les premières espèces
animales, l’apparition des plantes à fruits sucrés a joué un rôle fondamental dans
l’évolution du goût. Ainsi, les espèces animales ont évolué en parallèle des
espèces végétales. La perception gustative de l’homme reste similaire à celle de
nos ancêtres et, comme pour les primates, la perception du goût sucré, est
associée physiologiquement à une réponse agréable, par la sécrétion
d’endorphines.
Ce que mangent les Français
Les données récentes d’enquêtes de consommation permettent de précise
comment mangent les français. Ils se mettent à table avant tout par nécessité «
pour vivre », mais aussi « par plaisir » et de façon plus récente « pour la santé ».
Les femmes sont plus sensibles aux messages de santé et axent l’acte alimentaire
sur la santé. Il existe des disparités entre régions pour la consommation de
légumes et fruits, ainsi que des disparités concernant le surpoids et l’obésité : les
zones industrialisées étant plus fortement touchées.
Tous dépendants au sucre ?
M. Serge Ahmed et son équipe de Bordeaux ont étudié et comparé les effets de
manque et d’addiction à la drogue et au goût sucré, chez le rat. En préambule, M.
hmed précise que la tendance actuelle est à la médicalisation même de nos
plaisirs les plus simples, et que la société semble devenue « dépendante à la
notion d’addiction ». Les études chez l’animal montrent des effets miman
l’addiction au goût sucré mais également au chocolat (plutôt gras/sucré) et plus
surprenant à un régime riches en graisses. Les études ont montré que le goût
sucré active des neurones dopaminergiques du mésencéphale, augmente la
dopamine et la libération de peptides opioïdes, à l’origine de la sensation de plaisi
du goût sucré. Ces mêmes processus sont observés lors de l’assimilation de
drogues, mais de manière plus intense et plus prolongée pour les drogues.
M. Ahmed en conclut que le goût sucré, à l’issue d’expositions chroniques à du
sucre ou de la saccharine, est potentiellement addictif chez le rat. L’extrapolation
des résultats à l’homme est pour l’heure une toute autre histoire…
L'industrie manipule nos sens
Les édulcorants actuels mis sur le marché souffrent de faiblesses certaines :
instables à la cuisson et présentent surtout un « goût amer » et un « arrière-goût ».
ussi, certains laboratoires publics et privés cherchent de nouvelles molécules, e
d’autres cherchent comment améliorer la perception du goût des édulcorants. Côté
nouvelles molécules, des protéines glycosylées provenant d’arbustes africains
intéressent les chercheurs : il s’agit de thaumatine, monelline, curculine, ou
brazzéine. Des productions in-vitro permettent de mieux comprendre comment se
lie la brazzéine sur le récepteur du gout sucré. D’autres recherches ont cours su
les exhausteurs de goût : plusieurs exhausteurs du gout sucré ont été identifiés e
certains ont obtenu aux Etats-Unis un statut GRAS (Generally Recognized as
Safe).
Les enfants, à table !
Des enquêtes sociologiques auprès de familles, telle que l’étude Opaline, explorent
le rôle du contexte culturel et du modèle éducatif dans l'apprentissage alimentaire
d'enfants de 5 à 8 ans. Il en ressort que les règles de la table influencent la
construction du goût, par l’apprentissage de contextes de consommation variés.
Les Européens préfèrent les crevettes aux sauterelles
Les insectes font partie de la nourriture traditionnelle de nombreux pays. Mais pas
en France, où la pratique suscite encore un vif dégoût. D'où vient ce rejet ?