Encyclopédie Médico-Chirurgicale 4-260-B-10 (2004) 4-260-B-10 Infections à pneumocoque P. Brisou J.-M. Chamouilli T. Gaillard Y. Muzellec Résumé. – Les infections à pneumocoque représentent aujourd’hui un problème de santé publique. Le pneumocoque est une cause majeure des infections communautaires invasives et non invasives du nourrisson et de l’enfant. Les infections invasives, notamment les méningites, restent graves, avec un taux de mortalité supérieur à 8 % et un risque élevé de séquelles. Chez le petit enfant, leur expression clinique peut être atypique. Le diagnostic biologique bénéficie d’avancées techniques comme la détection rapide d’un antigène par immunochromatographie sur membrane, encore à évaluer chez l’enfant. L’augmentation de la fréquence des souches de pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline impose d’adapter la thérapeutique à la pathologie et à l’épidémiologie. La fréquence, la gravité et la résistance des infections à pneumocoque justifient la vaccination par le vaccin conjugué Prevenart ou le vaccin Pneumo 23t selon l’âge de l’enfant. Une surveillance locale, nationale et internationale permet en outre d’émettre des recommandations en matière de traitement probabiliste et de vaccination. © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : Streptococcus pneumoniae ; Enfant ; Épidémiologie ; Résistance aux antibiotiques ; Infections communautaires ; Vaccination Historique Pasteur, Roux et Chamberland, en 1881, décrivent le « microbe septique de la salive » trouvé dans le sang de lapins auxquels ils avaient injecté de la salive d’un enfant mort de rage. [77] L’évolution des connaissances concernant ses caractères bactériologiques et taxinomiques a fait varier au fil du temps ses dénominations : « Micrococcus pasteuri » (Sternberg, 1885), « Micrococcus pneumoniae » (Klein 1884), puis « Diplococcus pneumoniae » et « Streptococcus pneumoniae » (Chester 1901). Sherman établit la première classification complète des streptocoques en 1937. Du groupe de la « phtisie » et des « maladies de poitrine », la pneumonie est individualisée sur le plan anatomique par Laennec en 1819 et sur le plan clinique par Grisolle en 1841. En 1883, Talamon établit le rapport entre le germe et la pneumonie. Lemierre, en 1935, puis Bariety précisent les modalités évolutives et la diversité des infections à pneumocoque. Après la Deuxième Guerre mondiale, l’utilisation de la pénicilline G bouleverse le pronostic des infections à pneumocoque. Cependant, la résistance à cet antibiotique est signalée dès 1943 au laboratoire et en 1967 chez des patients en Australie. [48] En 1977, les premières souches multirésistantes apparaissent en Afrique du Sud. [56] Depuis, la diffusion de ces souches à un grand nombre de pays a transformé le problème thérapeutique en problème de santé publique. Les études sur la structure chimique et immunologique du pneumocoque ont permis de développer des techniques P. Brisou (Spécialiste du service de santé des Armées) Adresse e-mail : [email protected] [email protected] Laboratoire de biologie médicale, Fédération des laboratoires, hôpital d’Instruction des Armées Sainte-Anne, boulevard Sainte-Anne, 83 800 Toulon Armées, France. J.-M. Chamouilli (Praticien hospitalier, chef de service de pédiatrie) Groupe hospitalier La Seyne-sur-mer, centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne-sur-Mer, 1208, avenue du Colonel-Picot, 83056 Toulon cedex, France. T. Gaillard (Assistante du service de santé des Armées) Y. Muzellec (Spécialiste du service de santé des Armées) Laboratoire de biologie médicale, Fédération des laboratoires, hôpital d’Instruction des Armées Sainte-Anne, boulevard Sainte-Anne, 83 800 Toulon Armées, France. d’identification et des vaccins. Tentée dès 1911 avec des germes entiers tués, la vaccination n’a connu d’essor qu’avec les vaccins polyosidiques capsulaires partiellement purifiés. Ils ont contenu successivement six (1940), 14 (1977) puis 23 valences (1983). Les vaccins conjugués sont venus plus récemment compléter l’arsenal préventif. Agent pathogène TAXINOMIE Streptococcus pneumoniae appartient à la famille des Streptococcaceae, au genre Streptococcus. Ce genre comprend actuellement 44 espèces et sous-espèces, regroupées en trois ensembles : pyogènes, oraux et du groupe D. S. pneumoniae est inclus dans l’ensemble des streptocoques oraux, mais reste dans le Bergey’s manual, édition 1986, parmi les streptocoques pyogènes pour son pouvoir pathogène. Sur des critères de pathogénicité et d’identification pratique, les streptocoques oraux sont regroupés en cinq sous-ensembles (or1, or3 à or6). S. pneumoniae constitue à lui seul le sous-ensemble or3. [6, 89] Cependant, l’analyse génomique, notamment celle des séquences des acides ribonucléiques (ARN) ribosomiaux, montre une étroite similitude entre S. pneumoniae et les espèces S. mitis et S. oralis. Ces trois espèces sembleraient capables d’échanger entre elles des fragments d’acide désoxyribonucléique (ADN) formant ainsi une mosaïque complexe, plutôt que trois espèces séparées. [49, 88] MORPHOLOGIE Il se présente comme un cocci à Gram positif de diamètre inférieur à 2 µm, immobile et asporulé. Il est groupé en diplocoque ou en courte chaînette. Dans les produits pathologiques, l’aspect typique est celui de paires de cocci lancéolés, appariés par leurs extrémités pointues, à Gram positif, entourés d’une capsule souvent difficile à voir (Fig. 1). Infections à pneumocoque 4-260-B-10 Pédiatrie Tableau 1. – Classification danoise des 90 sérotypes de Streptococcus pneumoniae. 1, 2, 3, 4, 5, 6A, 6B, 7F, 7A, 7B, 7C, 8, 9A, 9L, 9N, 9V, 10F, 10A, 10B, 10C, 11F, 11A, 11B, 11C, 11D, 12F, 12A, 12B, 13, 14, 15F, 15A, 15B, 15C, 16F, 16A, 17F, 17A, 18F, 18A, 18B, 18C, 19F, 19A, 19B, 19C, 20, 21, 22F, 22A, 23F, 23A, 23B, 24F, 24A, 24B, 25F, 25A, 27, 28F, 28A, 29, 31, 32F, 32A, 33F, 33A, 33B, 33C, 33D, 34, 35F, 35A, 35B, 35C, 36, 37, 38, 39, 40, 41F, 41A, 42, 43, 44, 45, 46, 47F, 47A, 48 immunoglobulines et de fixation au fragment C1q du complément est responsable d’un effet pro-inflammatoire. ¶ Autres facteurs de virulence Figure 1 Aspect en coloration de Gram d’un pneumocoque dans du liquide céphalorachidien. CARACTÈRES CULTURAUX Tous les streptocoques sont à métabolisme anaérobie facultatif, homofermentaire, catalase et oxydase négatifs. S. pneumoniae est particulièrement sensible à l’acidification des milieux de culture et à l’eau oxygénée. Cette sensibilité impose l’utilisation de milieux de culture glucosés tamponnés et/ou enrichis de sang défibriné de cheval ou de mouton. Les conditions optimales de croissance de ce germe fragile sont un ensemencement sur milieu enrichi, un pH à 7,8, une température à 37 °C et une atmosphère enrichie de 5 à 10 % de gaz carbonique. En 24 heures, sur gélose au sang, les colonies sont alphahémolytiques, de 1 mm de diamètre, à bord régulier et surface bombée. Les bactéries capsulées donnent un aspect S (smooth), les non-capsulées un aspect R (rough) et certains sérotypes un aspect muqueux. Les colonies s’aplatissent et s’ombiliquent rapidement sous l’action d’autolysines. Ce phénomène d’autolyse impose en pratique des repiquages fréquents pour conserver la vitalité des souches. [55] POUVOIR PATHOGÈNE EXPÉRIMENTAL Le pneumocoque est constamment pathogène pour la souris, qui est l’animal de choix pour l’expérimentation. Le pouvoir pathogène sur le lapin et le cobaye est plus faible ou variable. Hors expérimentation, le pneumocoque peut être pathogène pour le bétail. D’autres facteurs sont déterminants dans l’expression de la virulence du pneumocoque. Parmi les éléments de surface du pneumocoque, les protéines de surface PspA et PspC (pneumococcal surface protein) par inhibition de la voie alterne du complément, contribuent à l’activité antiphagocytaire. Les autres facteurs n’agissent qu’après la lyse bactérienne. Parmi eux, les éléments de la paroi bactérienne induisent des réactions inflammatoires puissantes. Le peptidoglycane active la voie alterne du complément, les acides teïchoïques permettent l’attachement aux cellules activées. Certaines protéines hydrolytiques cytoplasmiques (neuraminidase, hyaluronidase, immunoglobuline A1 protéase) contribuent aux phénomènes de colonisation et d’invasion systémique. STRUCTURE ANTIGÉNIQUE La caractérisation antigénique des pneumocoques se fait essentiellement à l’aide de la capsule, polysaccharide immunogène. Les anticorps produits sont spécifiques de sérotype. Des réactions croisées sont possibles entre certains sérotypes d’un même sérogroupe. Ce polysaccharide antigénique est à la base de la classification sérotypique des pneumocoques. Les sérotypes sont classés selon deux nomenclatures, une américaine et une danoise, centre de référence pour l’Organisation mondiale de la santé du pneumocoque. Dans la classification danoise, les sérotypes antigéniquement proches sont réunis en 46 sérogroupes numérotés de 1 à 48. Quatre-vingt-dix sérotypes de pneumocoques sont maintenant connus, tous sont potentiellement pathogènes pour l’homme (Tableau 1). [52] La classique distinction entre sérotypes de « portage » et sérotypes « invasifs » ne semble plus aussi tranchée qu’auparavant. Ainsi, la majorité des pneumocoques résistants à la pénicilline G isolés de méningites appartiennent à des sérotypes considérés comme non invasifs. FACTEURS DE VIRULENCE RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES Les facteurs majeurs de virulence de S. pneumoniae sont la capsule bactérienne et la pneumolysine. [86] Le pneumocoque est une espèce naturellement sensible à la plupart des antibiotiques actifs sur les bactéries à Gram positif : b-lactamines, macrolides, tétracyclines, chloramphénicol, rifampicine, cotrimoxazole, glycopeptides. Les antibiotiques de référence restent les b-lactamines. L’acquisition de résistances vis-àvis de ces familles d’antibiotiques représente aujourd’hui un problème de santé publique. [39] Dans ce contexte, de nouvelles molécules actives sur le pneumocoque ont été développées : une synergistine (quinupristine/dalfopristine), un kétolide (télithromycine), une fluoroquinolone (lévofloxacine) et une oxazolidinone (linézolide). ¶ Capsule Le rôle de la capsule est fondamental. Seules les souches capsulées possèdent un pouvoir pathogène expérimental. Ce complexe polysaccharidique forme un gel hydrophile à la surface de la bactérie. La capsule permet à la bactérie d’échapper au système immunitaire de l’hôte en résistant à la phagocytose en l’absence d’anticorps spécifiques, en diminuant l’opsonisation et l’activation de la voie alterne du complément. Le degré de virulence dépend de la quantité de capsule produite et de sa composition. ¶ Pneumolysine La pneumolysine appartient à la famille des toxines thiol activables. Intracytoplasmique, elle ne devient active qu’après libération dans le milieu extérieur par l’action d’une autolysine. Elle possède une activité cytotoxique directe vis-à-vis des cellules respiratoires et endothéliales. Sa capacité de liaison au fragment Fc des 2 ¶ Mécanismes de résistance du pneumocoque aux b-lactamines Les cibles des b-lactamines sont les protéines de liaison à la pénicilline (PLP). Chez S. pneumoniae, six PLP sont identifiées dont cinq de haut poids moléculaire, les PLP 1a, 1b, 2x, 2a et 2b, et une de bas poids moléculaire, la PLP 3. La résistance aux b-lactamines résulte de modifications qualitatives et quantitatives des PLP. Les modifications touchent essentiellement Pédiatrie Infections à pneumocoque les PLP 1a, 2x et 2a. Une résistance significative à la pénicilline G implique souvent au moins trois PLP altérées. Pour les céphalosporines, une seule PLP altérée peut suffire. Ces modifications sont d’origine chromosomique. Les souches de pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline (PSDP) possèdent des gènes « mosaïques ». Ces gènes mosaïques sont obtenus par recombinaison de séquences « résistantes » qui proviennent de gènes homologues d’espèces voisines (S. mitis, S. sanguis, S. oralis), ou de transferts entre pneumocoques sensibles et résistants, mais aussi par mutations sous la pression de sélection. Les substitutions d’acides aminés se déroulent en étapes successives. Les PLP ainsi modifiées sont caractérisées par une grande diversité de profils de mobilité électrophorétique et d’affinité. La résistance à la pénicilline est croisée avec toutes les b-lactamines, mais l’expression de cette résistance varie selon les molécules. En effet, si l’augmentation de la concentration minimale inhibitrice (CMI) concerne toutes les b-lactamines, l’ampleur de cette augmentation reste variable et imprévisible pour chaque molécule. Chaque b-lactamine semble agir par l’intermédiaire de plusieurs PLP préférentielles. La première conséquence est que la CMI de chaque molécule ne peut être déduite de celle de la pénicilline G. La seconde conséquence est qu’il est recommandé de tester la CMI des molécules utilisées en thérapeutique. Les b-lactamines les plus actives sur le pneumocoque en dehors de la pénicilline G sont l’ampicilline, l’amoxicilline, le céfotaxime, la ceftriaxone, le céfépime, le cefpirome, le céfuroxime et l’imipénème. En revanche, les céphalosporines de première et deuxième générations, ainsi que les céphalosporines orales, à l’exception du cefpodoxime, sont moins actives que la pénicilline G. [42] Une souche de pneumocoque est dite tolérante (Tol+) lorsqu’elle échappe plus ou moins à l’effet lytique et/ou bactéricide d’un antibiotique. L’effet bactériostatique est conservé. La plupart des souches tolérantes se rencontrent parmi les souches résistantes aux pénicillines. Cela est dû à des modifications du contrôle de l’activité autolytique. Ce phénomène pourrait être responsable de certains échecs thérapeutiques et pourrait jouer un rôle in vivo dans la sélection de mutants pénicilline résistants. ¶ Mécanismes de résistance aux autres familles d’antibiotiques La résistance du pneumocoque aux macrolides est due à la méthylation de l’ARN 23S qui diminue l’affinité des macrolides pour leur cible. Cette résistance est croisée à tous les macrolides, lincosamides et streptogramines B. Elle est dite de type MLSB. Cette résistance est de type inductible ou constitutif. Ces souches possèdent le gène erm, responsable de la résistance par modification ribosomale. D’autres souches possèdent le gène mefE codant pour une résistance par un mécanisme d’efflux. Elles sont résistantes à l’érythromycine, mais restent sensibles à la clindamycine et à la quinupristine (« bas niveau de résistance »). Les gènes erm et mefE ne sont jamais associés. Un troisième phénotype de résistance a été décrit chez une dizaine de souches qui étaient ery-R constitutif et clinda-R mais sans posséder les gènes erm ou mefE, ni d’autres déterminants génétiques de résistance. La résistance du pneumocoque aux autres antibiotiques est toujours d’origine chromosomique, exception faite du cotrimoxazole et de la résistance de bas niveau aux fluoroquinolones. Les mécanismes biochimiques sont les mêmes que pour les autres streptocoques. La résistance au chloramphénicol se fait par action d’une acétyltransférase inductible. La résistance aux tétracyclines est codée par le gène tetM entraînant une diminution de la concentration intracellulaire de la tétracycline. Cette résistance est croisée à toutes les tétracyclines. La résistance à la rifampicine est due à une mutation de la chaîne b de l’ARN-polymérase ADN-indépendante qui empêche la fixation de l’antibiotique sur sa cible. Le pneumocoque présente une résistance naturelle aux quinolones de première génération, et une faible sensibilité à la péfloxacine, l’ofloxacine et la ciprofloxacine. Les fluoroquinolones les plus actives sur le pneumocoque sont la levofloxacine, la moxifloxacine et la 4-260-B-10 gatifloxacine. Pour ces molécules, le niveau de résistance observé est encore faible en France (< 2 %). Cette résistance implique deux mécanismes majeurs : la modification de leurs cibles naturelles, l’ADN gyrase et/ou la topo-isomérase IV, et l’augmentation de l’expression du mécanisme d’efflux actif qui empêche l’accumulation intrabactérienne des fluoroquinolones en les éjectant dès leur pénétration dans la bactérie. [94] Les premières souches tolérantes à la vancomycine ont été isolées d’infections communautaires et commencent à être signalées dans plusieurs pays. [75] Cette tolérance serait due à un défaut de déclenchement du système autolytique de S. pneumoniae ¶ Aspects épidémiologiques des résistances L’augmentation de l’incidence des souches de sensibilité diminuée à la pénicilline est régulière, passant de 1 % en 1986, à 12 % en 1990, 20,1 % en 1992, 32,1 % en 1994, 44 % en 1999 et 55,4 % en 2001. [99] Cette même année, le pourcentage de souches de haut niveau de résistance est de 14 % vis-à-vis de la pénicilline G, 1,9 % vis-à-vis de l’amoxicilline et 0,2 % vis-à-vis du céfotaxime. [47] La résistance aux b-lactamines est associée dans plus de 50 % des cas à la résistance à une ou plusieurs familles d’antibiotiques : cyclines, macrolides, chloramphénicol ou triméthoprime-sulfaméthoxazole. Un pneumocoque est dit « multirésistant » lorsqu’il résiste à au moins trois antibiotiques de familles différentes. La proportion de souches résistantes aux autres familles d’antibiotiques est toujours influencée par le niveau de sensibilité à la pénicilline G, parfois de manière très marquée. Ainsi, la résistance à l’érythromycine est-elle observée en 2001 pour 87,9 % des PSDP et seulement pour 23,7 % des pneumocoques sensibles. En France, en 2001, les taux de résistance sont les suivants : glycopeptides 0 %, rifampicine 0,6 %, chloramphénicol 20 %, tétracyclines 34 %, cotrimoxazole 42 %, et érythromycine 58 %. [99] Les études multicentriques portant sur la télithromycine et la lévofloxacine montrent des niveaux de résistance très bas en France. [29, 94] La résistance aux antibiotiques est liée à certains sérogroupes, pour des raisons encore mal connues. Parmi les 90 sérotypes de pneumocoque, six rassemblent plus de 90 % des isolats cliniques résistants aux b-lactamines. Ce sont, par ordre décroissant, les sérotypes 23, 14, 9, 6, 19, 15. Le sérotype 23F représente à lui seul plus du tiers des PSDP de haut niveau et des PSDP multirésistants. En France, les résistances du pneumocoque varient selon l’âge du patient, le type de prélèvement et les régions. Ces variations peuvent être spécifiques à chaque antibiotique. Ainsi, quel que soit le type de prélèvement, les résistances sont plus fréquentes chez l’enfant que chez l’adulte. Chez l’enfant bien davantage que chez l’adulte, les niveaux de résistance varient avec le site de prélèvement, restant nettement plus élevés dans les prélèvements non invasifs, notamment dans les pus d’oreille, que dans les prélèvements invasifs (Tableau 2). [99] Enfin, les résistances peuvent, pour un même type de prélèvement, sur un même terrain, varier du simple au double selon les régions. La première conséquence de cette évolution des résistances est une modification des traitements de première intention. Ces traitements probabilistes doivent être adaptés à l’évolution des résistances observées dans une région ou un pays. La seconde conséquence est l’intérêt de protéger l’enfant par la vaccination contre ces souches résistantes. Épidémiologie RÉSERVOIR S. pneumoniae est une bactérie commensale des voies aériennes supérieures de l’homme. Le réservoir est représenté essentiellement par le rhinopharynx des porteurs asymptomatiques. Ceux-ci contribuent davantage à la transmission du pneumocoque que les malades. La colonisation du rhinopharynx apparaît précocement au cours de la vie. Tous les enfants ont été en contact avant l’âge de 2 ans [45] et 3 Infections à pneumocoque 4-260-B-10 Pédiatrie Tableau 2. – Pourcentage de pneumocoque intermédiaire (I) et/ou résistant (R) selon la nature des prélèvements chez les enfants selon les données des Observatoires régionaux français, 2001 Ensemble I+R R Oreille I+R R Hémoculture I+R Liquide céphalorachidien I+R R Pénicilline G 71 18 77 20 47,7 11,7 59,8 18,8 Amoxicilline 40 3 43 3,6 27,9 1,9 29,5 1,6 Céfotaxime 26 0,3 29 0,4 7,6 0 15,6 0 50 % des enfants de cet âge sont porteurs. [67] Cette colonisation est maximale en âge préscolaire, puis décline progressivement, pour atteindre chez les adultes sans contact avec de jeunes enfants un taux de portage de 2 à 9 %. La fréquence du portage est augmentée par d’autres facteurs, comme la vie en collectivité de jeunes enfants notamment en crèche, l’importance de la fratrie, les conditions de logement notamment la promiscuité, la saison froide sous nos climats ou encore l’existence d’une infection virale concomitante. [51] La fréquence du portage est diminuée par certains traitements antibiotiques et certains vaccins. Les antibiotiques actifs sur le pneumocoque diminuent le portage en fin de traitement, mais cet effet disparaît en moins de 1 mois. Le vaccin conjugué réduit significativement le portage des sérotypes inclus dans le vaccin chez l’enfant vacciné et leur fratrie plus jeune. Le portage de souches de PSDP est largement favorisé, à titre individuel, par la pression de sélection exercée par le nombre de traitements antibiotiques et, à titre collectif, par la dissémination de ces souches permise par l’ensemble des facteurs favorisant un taux de portage élevé. Le portage est un processus dynamique qui évolue de façon séquentielle, chaque clone étant remplacé par un autre. [84] Généralement limité à un seul sérotype, le portage persiste plusieurs semaines ou mois. Le sérotype présent peut prévenir la colonisation par d’autres sérotypes. Au cours d’une année, le nombre de sérotypes de pneumocoque portés par un enfant peut varier de deux à 12. Chez l’enfant, les sérotypes les plus fréquemment isolés du rhinopharynx sont les 6, 14, 19 et 23. [3] Enfin, si certains animaux peuvent être porteurs ou présenter une infection à S. pneumoniae, ils ne semblent pas jouer de rôle dans le portage ou les infections pneumococciques chez l’homme. TRANSMISSION La transmission d’un individu à l’autre se fait par le biais de gouttelettes de Pflügge provenant des voies aériennes supérieures. Elle est favorisée par la promiscuité, la saison froide, une infection virale des voies aériennes supérieures. La transmission survient habituellement dans une famille ou une collectivité, particulièrement de jeunes enfants. SUJET RÉCEPTIF L’immunité acquise par la maladie ou la vaccination est spécifique de sérotype. Cette protection est efficace vis-à-vis des affections invasives, mais pas vis-à-vis des infections oto-rhinolaryngologiques (ORL) et du portage. Les antigènes capsulaires du pneumocoque de nature polysaccharidique sont des antigènes thymo-indépendants, qui ne peuvent stimuler le système immunitaire encore immature des enfants de moins de 2 ans, contrairement aux vaccins conjugués. [44] Les facteurs responsables du passage de l’état de portage à la maladie sont encore mal connus. Cependant, le risque d’infection chez l’enfant au décours de la contamination par un nouveau sérotype a été évalué à 15 %. Ce fait explique qu’on ne peut considérer le pneumocoque comme une bactérie opportuniste. La plupart du temps, les enfants qui ont présenté une infection l’ont faite dans le mois qui a suivi l’acquisition d’un nouveau sérotype. Si la souche en cause est résistante, le plus souvent elle a été acquise à partir de porteurs nasopharyngés dans la communauté. 4 Tableau 3. – Terrains à risque d’infection pneumococcique chez l’enfant Catégories Terrains à risque Risque relatif (RR) par rapport à la population générale Âges Terrains particuliers < 2 ans syndrome néphrotique de l’enfant cardiopathie congénitale cyanogène insuffisance cardiaque pneumopathie chronique brèche cérébroméningée diabète post-traumatique hémopathie drépanocytose homozygote thalassémie majeure infection par le VIH < 2 ans : RR de 5 à 10 Splénectomies anatomiques Splénectomies fonctionnelles Déficits immunitaires bactériémie : RR 12 pneumonie : RR 17 bactériémie: RR 100 VIH : virus de l’immunodéficience humaine. Tableau 4. – Facteurs de risque d’infection à pneumocoque de sensibilité diminuée à la pénicilline Toutes pathologies confondues Otites moyennes aiguës chez l’enfant âges extrêmes prise de b-lactamines dans les 3 mois précédents hospitalisation récente caractère nosocomial de l’infection antécédent de pneumopathie infection à virus de l’immunodéficience humaine âge inférieur à 2 ans vie en collectivité (crèches) antécédents d’otites prise d’antibiotiques dans les 3 mois précédents FACTEURS FAVORISANTS Les pneumococcies sont particulièrement fréquentes sur des terrains dits à risque d’infection : [15] les âges extrêmes de la vie et les sujets atteints par certaines pathologies sous-jacentes, dont l’insuffisance rénale chronique, les splénectomies anatomiques ou fonctionnelles et les immunodépressions. Chez l’enfant, le facteur de risque majeur est un âge inférieur à 2 ans (Tableau 3). Certains facteurs favorisent significativement le risque d’être infecté par une souche de sensibilité diminuée à la pénicilline. Les facteurs dominants sont les âges extrêmes de la vie, les séjours en collectivité, la prise d’antibiotiques (Tableau 4). Les antibiotiques en cause sont les béta-lactamines, même à dose faible, [ 4 7 ] mais aussi le cotrimoxazole et les macrolides. [63] En cas de souche résistante, le facteur le plus significatif est la prise de béta-lactamines dans les 3 mois précédents. ASPECTS ÉPIDÉMIOLOGIQUES ¶ Épidémiologie analytique Les pneumococcies sont avant tout des infections communautaires. Les infections nosocomiales, plus rares, sont surtout pulmonaires et/ou bactériémiques, survenant au cours de la première semaine chez des patients non ventilés. L’infection pneumococcique est en règle sporadique. Les variations saisonnières sont marquées par une recrudescence hivernale. C’est Infections à pneumocoque Pédiatrie Tableau 5. – Infections invasives à Streptococcus pneumoniae en France : taux d’incidence pour 100 000 par groupe d’âge (2000) Groupe d’âge Incidence < 1 an 1 – 4 ans 5 – 9 ans 10 – 24 ans 25 – 59 ans > 60 ans 42 13 2 1 1–2 > 10 en cette saison que l’on peut observer de petites épidémies de pneumopathie. Ces épidémies surviennent de préférence dans des collectivités où règne la promiscuité, comme les crèches, les casernes, les prisons ou les foyers de sans-abri. [4, 21] Dans le cas des méningites à pneumocoque, on n’observe jamais d’épidémie, ni de cas secondaires. Les pneumocoques de hauts niveaux de résistance à la pénicilline G et multirésistants apparaissent liés à certains clones, tel que le clone Spain 23F-1 de répartition mondiale. [72] Leur diffusion dans certaines collectivités est à l’origine d’épidémies. La résistance « de novo » semble prédominer encore dans chaque pays. ¶ Épidémiologie descriptive Les infections à pneumocoque sont fréquentes. L’incidence des infections à pneumocoque est plus élevée dans les pays en développement que dans les pays industrialisés. Ainsi, pour les méningites, le taux d’incidence passe de 20 pour 100 000 habitants à 1 pour 100 000 habitants. [19] En France, parmi les étiologies bactériennes responsables d’infections communautaires, le pneumocoque tient la première place dans les méningites, les pneumonies et les otites moyennes aiguës (OMA). Les estimations évaluent le nombre de cas annuels à 132 000 pneumonies, 5 000 bactériémies et 400 à 500 méningites. [34] Chez l’enfant, les infections invasives à pneumocoque, méningites, bactériémies et pneumopathies présentent un pic d’incidence dans les 2 premières années de vie (Tableau 5). Les pneumococcies sont des affections graves. Les taux de mortalité sont encore mal connus. Chez l’adulte, les taux sont évalués à 12 % pour les pneumonies, 20 % pour les bactériémies et 30 % pour les méningites (Tableau 5). Chez l’enfant, les infections invasives à pneumocoque restent la première cause de mortalité par maladies infectieuses en France. La grande pathologie mortelle reste la méningite, qui touche surtout l’enfant entre 2 mois et 2 ans. [32] En revanche, les décès par pneumopathies à pneumocoque restent rares. Les enquêtes épidémiologiques montrent une absence de relation entre résistance du pneumocoque et formes graves, et une stabilité des décès malgré les possibilités thérapeutiques, soulignant l’intérêt de la prévention chez les sujets à risques. [95] Physiopathologie Le pneumocoque est un micro-organisme non toxinogène, invasif, à multiplication extracellulaire. Dans tous les processus infectieux, il va agir en deux étapes : l’adhésion et l’invasion. Les différentes adhésines sont situées dans la paroi. Le mécanisme principal d’échappement à la phagocytose est la production d’une capsule. Enfin, la lyse bactérienne libère ou active des composants bactériens comme la pneumolysine qui vont entraîner une réaction inflammatoire parfois intense, qui participe aux lésions tissulaires et à la gravité des pathologies. 4-260-B-10 respiratoires à pneumocoque sont mécaniques et immunologiques. L’altération des défenses mécaniques comme la toux, le réflexe épiglottique ou le drainage par l’appareil mucociliaire peut être consécutive à une infection virale. L’altération des défenses immunologiques est généralement le fait de pathologies virales, immunodépressives, ou d’une splénectomie. La diminution des défenses de l’hôte est généralement associée à une modification de la flore commensale oropharyngée qui peut entraîner la dissémination du pneumocoque le long du tractus respiratoire et aboutir à la pneumonie. Ce pneumocoque est généralement d’origine exogène, d’acquisition récente et particulièrement virulent. [ 2 4 ] Ce peut être également un pneumocoque endogène qui, à la faveur d’une modification quantitative de la flore, peut acquérir des capacités particulières d’adhérence. En effet, le pneumocoque, lorsque la densité bactérienne est élevée, peut améliorer ses capacités d’adhésion ou, par un phénomène d’intégration d’ADN exogène, augmenter sa virulence. [71] L’infection va alors se dérouler en deux phases, l’adhésion puis l’invasion. L’adhésion est permise par les facteurs d’adhésion situés dans la paroi. L’invasion résulte surtout de la capacité de la capsule à résister à la phagocytose par les macrophages alvéolaires. Le pneumocoque peut moduler son phénotype pour adapter sa structure à l’environnement. Il passe alors du phénotype adhérent au phénotype virulent, et inversement. [71] La capsule va empêcher l’opsonisation et l’afflux de polynucléaires. La multiplication de la bactérie et ses effets vont entraîner les lésions de pneumopathie en quatre étapes successives et intriquées. Les anatomopathologistes décrivaient ces étapes sous les termes d’engorgement alvéolaire, d’hépatisation rouge, d’hépatisation grise et de résolution. Au début, les espaces alvéolaires sont remplis de bactéries et d’un exsudat œdémateux par action pro-inflammatoire des composants de la paroi du pneumocoque. Suit rapidement une infiltration de polynucléaires neutrophiles avec extravasation de globule rouges et de dépôts de fibrine. L’évolution se fait vers l’accumulation d’exsudats dans les alvéoles, la compression des capillaires et la migration de leucocytes. La richesse en leucocytes de l’exsudat constitue alors le premier obstacle à la multiplication bactérienne. Les anticorps spécifiques apparaissent ensuite, entre le cinquième et le dixième jour. En cas de succès des mécanismes de défense, des monocytes-macrophages migrent et nettoient les lésions avec une restitution quasi totale des tissus. [64] BACTÉRIÉMIE Le passage sanguin des pneumocoques est encore mal connu. Il s’effectue habituellement à partir d’un foyer cliniquement patent, souvent pulmonaire ou ORL. À partir du poumon, le passage peut se faire après destruction des cellules endothéliales capillaires ou par la circulation lymphatique qui pourrait servir de réservoir intermédiaire de la réplication des pneumocoques. [64] L’élimination des pneumocoques de la circulation sanguine se fait pour deux tiers par le foie et pour un tiers par la rate. Le foie interviendrait surtout chez le sujet immun et la rate chez le sujet non immun. La protéine C réactive, d’origine hépatique, participe à l’élimination en se liant au polysaccharide C de la paroi des pneumocoques, entraînant l’activation du complément et permettant l’opsonisation des pneumocoques. L’asplénie serait responsable de septicémies foudroyantes. La pneumolysine serait le facteur majeur de la gravité des septicémies à pneumocoques. [78] MÉNINGITE PNEUMOPATHIES Après contamination interhumaine par l’intermédiaire des sécrétions respiratoires, le pneumocoque colonise la muqueuse ciliée du nasopharynx avec laquelle il va entretenir une relation commensale. L’induction d’un processus infectieux suppose la diminution des défenses de l’hôte. Les mécanismes de défense contre les infections À partir d’un site infectieux ORL ou pulmonaire, le pneumocoque doit passer la barrière hématoméningée et produire une inflammation pour entraîner une méningite purulente. De nombreux arguments sont en faveur d’une induction de bactériémies intenses et prolongées permises par la capacité du pneumocoque à survivre dans le sang. Ces bactériémies rendent possible un ensemencement 5 4-260-B-10 Infections à pneumocoque Pédiatrie du liquide céphalorachidien (LCR) par voie hématogène avec franchissement secondaire des plexus choroïdes par des mécanismes encore inconnus. [74] Dans le LCR, les moyens de défense sont limités et le pneumocoque va pouvoir entraîner une méningite, essentiellement par une réaction inflammatoire polynucléaire dépendante. La présence de pneumocoques vivants ou d’éléments de sa paroi déclenche la production in situ de cytokines. L’action synergique du facteur de nécrose tumorale alpha et de l’interleukine 1 entraîne un afflux de polynucléaires neutrophiles et un relâchement des jonctions serrées de l’endothélium des capillaires cérébraux avec baisse de l’étanchéité de la barrière hématoencéphalique. L’altération de la barrière entraîne un œdème cérébral qui persiste même après stérilisation du LCR et l’afflux de polynucléaires neutrophiles. L’hypertension intracrânienne secondaire à l’œdème cérébral et une possible vascularite avec thrombose contribuent à l’anoxie cérébrale. [98] Clinique Figure 2 Pneumopathie franche lobaire aiguë sur un scanner thoracique. INFECTIONS DES VOIES RESPIRATOIRES INFÉRIEURES Parmi les infections respiratoires, S. pneumoniae est essentiellement responsable de pneumopathies aiguës et de surinfection de bronchite chronique. ¶ Pneumopathies Le pneumocoque est responsable de 30 à 50 % des pneumopathies aiguës communautaires chez l’adulte et d’environ 25 % chez l’enfant. [68] Ces pneumopathies sont parmi les plus graves et celles les plus fréquemment hospitalisées. [ 7 0 ] Chez l’enfant, les pneumopathies à pneumocoque concernent un faible nombre de terrains à risque. En revanche, une infection virale et surtout grippale dans le mois précédant, même cliniquement guérie, favorise la survenue d’une pneumopathie grave. [37] Pneumonie franche lobaire aiguë Figure 3 Pneumopathie lobaire bilatérale sur scanner thoracique. La pneumonie franche lobaire aiguë n’est pas pathognomonique du pneumocoque. Cette forme est assez rare en pédiatrie et s’observe plus volontiers après l’âge de 2 ans. Elle est caractérisée dans sa forme typique par un début brutal (horaire), associant frisson intense et prolongé (solennel), fièvre rapidement à 40 °C, malaise général intense, point de côté bloquant la respiration, toux sèche et dyspnée progressive. L’examen clinique, pauvre dans les premières heures, est riche au deuxième ou troisième jour. Le malade est couché sur le côté douloureux, le souffle court, un faciès vultueux, les conjonctives bistres, avec un bouquet d’herpès nasolabial. La fièvre est en plateau. La toux ramène une expectoration rouillée, puis purulente. L’examen pulmonaire objective un syndrome de condensation. La radiographie thoracique met en évidence une opacité dense et homogène avec bronchogramme aérien d’un lobe ou d’un segment à limite nette non rétractile, caractéristique du syndrome alvéolaire (Fig. 2). Les signes biologiques non spécifiques montrent une leucocytose à polynucléaires et des signes d’inflammation. L’évolution dans les pays développés est souvent rapidement favorable, ne se concevant que sous antibiothérapie adaptée. L’évolution spontanée se fait selon un mode cyclique, avec un état stationnaire pendant 7 à 9 jours, puis une majoration des signes généraux (précrise) suivie d’une défervescence avec apyrexie, euphorie, crise sudorale et polyurique précédant une brève postcrise marquée par un accès fébrile avant la guérison ; les signes d’examen se normalisent en une huitaine de jours et la radiographie en 1 mois. Les complications sont fréquentes. Un épanchement pleural est associé dans 20 à 40 % des cas, surtout dans les formes 6 Figure 4 Pneumopathie bilatérale sur cliché thoracique de face. bactériémiques, un empyème dans 2 à 3 % des cas. [ 9 3 ] L’épanchement pleural se caractérise par la constitution rapide d’un cloisonnement fibrineux et d’une pachypleurite. L’atteinte multilobaire ou bilatérale est possible (Fig. 3, 4). Le pronostic est d’autant plus sombre qu’il existe une ou plusieurs pathologies sous-jacentes, un retard au diagnostic ou au traitement, une atteinte de plusieurs lobes, des hémocultures positives, une leucocytose basse (inférieure à 1 000/mm 3 ) ou très élevée (supérieure à 25 000/mm3). Pédiatrie Infections à pneumocoque 4-260-B-10 Tableau 6. – Signes évocateurs d’une pneumonie à pneumocoque Tableau 7. – Circonstances justifiant une confirmation radiologique Association discriminante de signes en faveur d’une infection respiratoire basse Signes en faveur d’une origine pneumococcique Circonstances Confirmation radiologique Toujours Température > 38°5 Fréquence respiratoire > 60/min Geignement expiratoire Refus ou difficultés à boire, surtout chez le nourrisson de moins de 1 an Fièvre élevée avec frissons Toux sèche et signes en foyer Altération de l’état général Douleurs abdominales Méningisme Otite Mauvaise tolérance du syndrome infectieux Signes cliniques évocateurs de pneumonie Signes cliniques insuffisants pour éliminer une pneumonie Toux fébrile persistante avec ou sans signes de gravité Fièvre isolée persistante Enfant de moins de 2 mois et souvent même de moins de 2 ans Suspicion de corps étranger inhalé Pneumonies récidivantes Formes cliniques La forme typique classiquement décrite comme survenant chez un sujet en bonne santé apparente n’est pas la plus fréquente. D’une part, cette symptomatologie peut être décapitée par une antibiothérapie précoce et des antipyrétiques. D’autre part, la plupart des pneumonies à pneumocoque surviennent aux âges extrêmes de la vie et en cas de comorbidité associée. Sur ces terrains, l’aspect clinique souvent trompeur peut entraîner un retard au diagnostic et à la mise en route du traitement. L’ensemble de ces facteurs explique la gravité de cette affection et le fort taux de mortalité. En revanche, il ne semble pas exister de corrélation entre la résistance microbiologique et la gravité clinique, [26, 61] sauf exception. [97] Chez l’enfant, l’infection à pneumocoque se voit de préférence avant l’âge de 5 ans. Le tableau clinique est volontiers trompeur et atypique, cependant la fièvre ne manque jamais. Il faut donc savoir évoquer une pneumonie devant toute fièvre élevée, d’apparition brutale ou associée à des manifestations abdominales (tableau pseudoappendiculaire avec notamment des vomissements) ou neurologiques (céphalées, convulsions, agitation ou raideur de la nuque), même en l’absence de tout signe respiratoire. [83] Les éléments en faveur d’une atteinte des voies aériennes basses sont la fièvre, l’augmentation de la fréquence respiratoire, l’existence de signes de lutte et la présence d’anomalies à l’auscultation pulmonaire, diffuses ou localisées. Certains signes associés sont particulièrement en faveur d’une infection respiratoire basse, [14] d’autres orientent vers le pneumocoque (Tableau 6). La radiographie pulmonaire montre une pneumonie franche lobaire aiguë dans seulement 40 à 50 % des cas et une pneumonie bilatérale chez 10 % des patients avec hémoculture positive à pneumocoque. [37] Les examens biologiques non spécifiques, élévation de la protéine C réactive, hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, sont manquants dans un tiers des cas. [96] Seul, le taux plasmatique de procalcitonine supérieur à 2 µg/l semble être un indicateur pertinent de l’origine bactérienne de la pneumonie chez un patient n’ayant reçu aucune antibiothérapie préalable. [38] Sous traitement adapté, le meilleur signe d’orientation vers une origine pneumococcique reste la chute rapide de la température. La persistance d’une fièvre au-delà de 48 heures correspond alors souvent à des complications. [96] Conduite pratique Devant une suspicion de pneumopathie communautaire aiguë, trois éléments vont guider l’attitude thérapeutique : la radiographie qui seule apporte le diagnostic de certitude de pneumopathie, les signes de gravité qui vont ou non décider de l’hospitalisation et les examens à visée étiologique qui permettent d’adapter le traitement. Le diagnostic de pneumopathie doit être un diagnostic de certitude. La clinique est rarement spécifique et les pneumopathies ne représentent qu’environ 1 % des infections respiratoires aiguës. Il est donc impératif de recourir à la radiographie thoracique pour confirmer le diagnostic de pneumonie devant des signes cliniques évocateurs. Il est cependant recommandé d’élargir la prescription de cet examen en présence d’un contexte particulier pouvant évoluer vers les complications (Tableau 7). Surtout si facteurs de risque associés Toujours Toujours Toujours Tableau 8. – Critères de gravité justifiant une hospitalisation. Hospitalisation d’emblée Pneumonie survenant chez un nourrisson de moins de 6 mois Critères cliniques de gravité Aspect général de l’enfant (aspect toxique) Tolérance respiratoire (fréquence respiratoire, signes de lutte …) Hypoxie (si possible par détection de la saturation en oxygène ou par oxymétrie de pouls) Difficulté à s’alimenter (dyspnée à la prise de biberon chez le jeune nourrisson) Aggravation rapide de la maladie Conditions socio-économiques précaires Existence d’un épanchement pleural Présence d’une pneumonie très étendue (plus de deux lobes) Image d’abcès Critères radiologiques de gravité Le seul cliché recommandé est la radiographie thoracique de face, en inspiration et en position debout. Une opacité parenchymateuse à la radiographie confirme le diagnostic. Ces aspects radiologiques peuvent apparaître de façon retardée, vers la soixante-douzième heure, et être difficiles à interpréter. La radiographie thoracique permet en outre de visualiser une complication (épanchement pleural, excavation …) et/ou une comorbidité (néoplasie). La recherche d’un pneumocoque dans l’expectoration peut parfois se justifier chez l’adulte, pas chez l’enfant. [10] Devant une pneumonie communautaire confirmée, la décision d’hospitaliser ou non un patient repose sur un ensemble de critères, des signes de gravité, mais aussi d’autres facteurs tels que l’âge ou les conditions socio-économiques (Tableau 8), [1] auxquels on peut ajouter les vomissements avec ou sans signes de déshydratation et la mauvaise réponse à une antibiothérapie orale. Enfin, la recherche de l’étiologie est systématique en milieu hospitalier et facultative en ambulatoire. En ambulatoire, c’est-à-dire devant une forme bénigne ou de gravité moyenne, aucun examen microbiologique n’est recommandé. Le prélèvement a priori le plus simple à effectuer est l’expectoration. Cependant, malgré un strict respect d’un protocole établi pour limiter la contamination par la flore endogène, cette technique reste controversée, notamment en raison de la faible reproductibilité de ses résultats. Les hémocultures ne sont positives au mieux que dans 10 % des cas et la sérologie ne donne que des résultats a posteriori. En milieu hospitalier, c’est-à-dire devant une forme sévère, les examens à visée étiologique doivent au moins associer hémocultures et analyse bactériologique d’une expectoration. Si le contexte le permet, il faut privilégier les prélèvements bronchiques protégés dont les résultats sont plus spécifiques et reproductibles. ¶ Autres localisations respiratoires La surinfection d’une bronchite chronique obstructive est fréquente. L’abcès du poumon est rare, compliquant une pneumonie non traitée ou une septicémie. Le pneumothorax et la pleurésie primitive restent exceptionnels. INFECTIONS NEUROMÉNINGÉES En France, la méningite à pneumocoque est la plus fréquente des méningites bactériennes. Elle représente 48 % des étiologies tous âges confondus. C’est la première étiologie chez l’enfant avant 2 ans 7 4-260-B-10 Infections à pneumocoque et chez l’adulte à partir de 25 ans. [5] C’est aussi la première cause de méningite bactérienne récurrente, secondaire à un traumatisme crânien ou à une brèche dure-mérienne. Le diagnostic de méningite est d’autant plus délicat que l’enfant est jeune. Chez l’enfant, le début est souvent brutal, survenant parfois au décours d’un épisode infectieux des voies aériennes supérieures. Le syndrome méningé est souvent marqué par des céphalées violentes, rapidement associées à des nausées et des vomissements. La fièvre s’élève brusquement, dépassant souvent 38,5 °C, accompagnée d’une sensation de malaise et de frissons. Chez le nourrisson, les manifestations révélatrices sont caractérisées par un grand polymorphisme. L’atypie se retrouve dans le syndrome infectieux ou le syndrome méningé. Le diagnostic est souvent évoqué devant des signes indirects, un petit enfant somnolent, ou agité, refusant le biberon. L’examen montre souvent une hypotonie de la nuque remplaçant la raideur méningée, une hyperesthésie cutanée qui engendre des cris à la mobilisation. Mais la méningite à pneumocoque se singularise surtout par une sévérité clinique initiale avec une relative fréquence des signes neurologiques en foyer, des convulsions et des troubles de la conscience. [76] L’évolution de la méningite à pneumocoque, malgré les progrès de la prise en charge thérapeutique, reste grevée d’une mortalité élevée (de 8 à 10 % chez l’enfant, 30 % chez l’adulte), de séquelles lourdes et fréquentes (de 20 à 30 %) et de risque de récidive, notamment en cas d’otite ou de brèche ostéoméningée. [76, 92] L’évolution est en général favorable lorsque se conjuguent traitement adapté et prise en charge de moins de 24 heures. Les facteurs pronostiques péjoratifs sont très classiques : un retard au diagnostic et à la mise en route d’un traitement efficace ; le très jeune âge de l’enfant ; un terrain débilité ; une altération de l’état neurologique quelle qu’en soit l’expression clinique ou radiologique ; un état de choc. Les séquelles le plus fréquemment rencontrées sont auditives et neurologiques. [76] La gravité de la méningite à pneumocoque demeure dominée par l’évolution vers le cloisonnement méningé avec hydro- ou pyocéphalie aiguë. Celle-ci est soupçonnée devant la persistance du syndrome infectieux au-delà du troisième jour de l’antibiothérapie ou devant l’élévation de la protéinorachie. Elle est confirmée par l’épreuve de Queckenstedt-Stookey ou des ponctions lombaires étagées. Les éléments de diagnostic reposent essentiellement sur la ponction lombaire avant toute antibiothérapie. Elle permet de retirer un liquide eau de riz, voire franchement purulent. Une ou plusieurs hémocultures sont faites simultanément. L’étiologie bactérienne est suspectée devant une hypercellularité avec prédominance nette de polynucléaires neutrophiles, une protéinorachie élevée (supérieure à 1 g/l), une hypoglycorachie franche (rapport glycorachie/glycémie inférieur à 20 %). Un taux élevé de procalcitonine semble être le meilleur marqueur en faveur d’une étiologie bactérienne. L’orientation étiologique peut s’appuyer sur des éléments anamnestiques et cliniques. Les éléments anamnestiques et épidémiologiques en faveur d’une étiologie pneumococcique sont : un âge supérieur à 2 mois et inférieur à 2 ans, la notion d’une infection récente ou en cours des voies aériennes (otite), un traumatisme crânien ou des antécédents de chirurgie endonasale ou d’oto-neuro-chirurgie, un antécédent de méningite bactérienne et les terrains à risque de pneumococcies. [36] Les éléments cliniques d’orientation sont un début brutal d’emblée grave, marqué par des convulsions, voire des troubles de la conscience, une rhinorrhée, un coma, des atteintes des nerfs crâniens, ou encore l’apparition de troubles neurovégétatifs ou de signes neurologiques focaux sus-tentoriels. La recherche d’une porte d’entrée s’impose dès la suspicion de méningite pneumococcique. Une otite aiguë, une sinusite aiguë ou une brèche ostéoméningée d’origine traumatique ou malformative sont retrouvées dans plus des 50 % des cas. En cas de doute sur le siège de la brèche, il peut être utile de recourir au scanner haute résolution avec injection de produit de contraste dans les espaces sous-arachnoïdiens. 8 Pédiatrie BACTÉRIÉMIES Le pneumocoque est responsable de 5 à 12 % des bactériémies communautaires. Il est rarement en cause dans les bactériémies nosocomiales. Cette affection reste sévère malgré les traitements adaptés, avec un taux de mortalité variant de 20 à 30 %. [2] Souvent secondaire à un foyer pulmonaire, elle est volontiers compliquée de localisations métastatiques multiples, notamment aux séreuses. L’évolution vers un choc s’observe dans près de 20 % des cas. Un purpura fulminans est possible, surtout chez les splénectomisés et les immunodéprimés. INFECTIONS OTO-RHINO-LARYNGOLOGIQUES ¶ Otites Les otites moyennes aiguës (OMA) d’origine bactérienne sont des OMA purulentes à distinguer sur des critères cliniques et otoscopiques des otites congestives et séromuqueuses. Parmi les bactéries responsables de ces OMA purulentes, deux sont particulièrement fréquentes : le pneumocoque (de 25 à 40 %) et Haemophilus (20 à 25 %), seuls ou plus rarement en association. Les OMA purulentes à pneumocoque surviennent surtout entre 6 et 12 mois ; elles sont rares avant et moins fréquentes après l’âge de 2 ans. Les éléments cliniques d’orientation en faveur du pneumocoque sont une otalgie importante, une fièvre supérieure à 38,5 °C et un âge inférieur à 2 ans ; mais ces signes n’écartent pas la possibilité d’Haemophilus. L’OMA guérit spontanément dans près de 20 % des cas si le pneumocoque est en cause, et ce d’autant plus que l’enfant est âgé. Cependant, une OMA à pneumocoque négligée ou traitée de manière inadaptée peut se compliquer, notamment d’une mastoïdite souvent subaiguë, d’une bactériémie ou d’une méningite. [59] En outre, le pneumocoque est en cause dans plus d’un tiers des otites d’évolution prolongée ou récidivantes. Les souches sont alors généralement des PSDP ou multirésistantes. [35] En pratique, les prélèvements à visée microbiologique sont effectués soit devant une otorrhée, soit lors d’une paracentèse généralement systématique avant l’âge de 3 mois ou effectuée après échec d’un traitement conventionnel probabiliste préalable de 72 heures. ¶ Sinusites La sinusite aiguë à pneumocoque chez l’enfant, à partir de 4 à 5 ans, est plus fréquemment évoquée que réellement existante. Les ethmoïdites de l’enfant sont rarement pneumococciques. AUTRES MANIFESTATIONS Les autres manifestations cliniques dues au pneumocoque sont très diverses mais rares. Les infections des séreuses, péritonite, péricardite, arthrite, sont généralement des localisations secondaires à une bactériémie prolongée isolée ou associée à une pneumopathie. Le pneumocoque peut être responsable d’autres localisations : endocardite, hépatite, abcès cérébral, iridocyclite, cellulites, abcès sous-cutanés, endométrites. Diagnostic biologique Le rôle du laboratoire est triple : identifier l’agent pathogène, confirmer son implication dans l’étiologie d’une pneumopathie notamment et préciser la sensibilité de la souche aux antibiotiques. IDENTIFICATION DE L’AGENT PATHOGÈNE Les résultats dépendent de la nature et de la qualité des prélèvements, mais aussi de l’acheminement des échantillons. En effet, il est important de rappeler que S. pneumoniae, bactérie fragile, nécessite un transport rapide à température adaptée. L’emploi d’un milieu spécifique permet de différer l’acheminement sans altérer le résultat. [31] À partir d’un échantillon, un diagnostic rapide de Infections à pneumocoque Pédiatrie 4-260-B-10 Tableau 9. – Recommandations du Comité de l’antibiogramme de la Société française de microbiologie (CASFM) b-lactamines : interprétation des concentrations minimales inhibitrices (CMI) (mg/l) CMI Sensible (S) Résistance intermédiaire (RI) Résistante Pénicilline G Autres molécules ≤ 0,06 mg/l ≤ 0,5 mg/l 0,12 mg/l ≤ CMI ≤ 1 mg/l 1 mg/l ≤ CMI ≤ 2 mg/l CMI > 1 mg/l CMI > 2 mg/l présomption ou de certitude est essentiel pour la mise en route d’un traitement. En routine, deux examens classiques participent à cette orientation : l’examen après coloration de Gram et la recherche d’antigènes polysaccharidiques de capsule. Une nouvelle technique immunologique est susceptible de modifier ces pratiques. ¶ Techniques de biologie moléculaire Les techniques de biologie moléculaire comme la polymerase chain reaction (PCR) permettent une détection rapide et simultanée des pneumocoques et de leurs résistances, mais ces techniques ne sont pas encore utilisées en routine diagnostique. ¶ Coloration de Gram L’examen direct par coloration de Gram permet de préciser l’aspect caractéristique du pneumocoque. Cependant, ses performances sont variables en fonction de la nature du prélèvement, de la durée d’évolution de l’infection et de la prise préalable d’antibiotique. Au cours des pneumopathies, une expectoration n’est retenue que si elle répond à des critères de qualité (cellules épithéliales inférieures ou égales à 10 et leucocytes polynucléaires supérieurs ou égaux à 25 par champ microscopique à l’objectif 10). À la coloration de Gram, la présence de diplocoques à Gram positif a une spécificité de 90 %, mais une sensibilité de 60 %. [7] Dans les prélèvements pulmonaires profonds, la présence de cocci à Gram positif intracellulaires (≥ 5 % de polynucléaires) est en faveur d’une infection à pneumocoque. Au cours des méningites, en utilisant la cytocentrifugation du LCR, la sensibilité varie, selon les auteurs, entre 75 et 90 % en l’absence de traitement antibiotique préalable et entre 40 et 60 % en cas de traitement. [23] ¶ Recherche des antigènes polysaccharidiques de la capsule La recherche directe des antigènes polysaccharidiques de la capsule par les méthodes immunologiques, habituellement par agglutination de particules de latex sensibilisées, est possible sur le LCR, le sérum, les urines et les liquides d’épanchement. [22] Ces techniques présentent une sensibilité voisine de 80 % pour le pneumocoque, mais ne détectent pas les souches non capsulées et mal certains sérotypes. De plus, les tests commerciaux peuvent présenter des résultats très variables et des réactions croisées avec d’autres germes, comme certains streptocoques alpha hémolytiques. [43] En pratique, comparé à la coloration de Gram, le bénéfice de cette technique reste modeste en dehors des méningites décapitées, en raison de la persistance des antigènes solubles après disparition des bactéries visibles ou viables. [40, 80] ¶ Immunochromatographie sur membrane Récemment, un test rapide d’immunochromatographie sur membrane (Binax NOW Streptococcus pneumoniae urinary antigen test) a été validé sur les échantillons d’urine au cours des pneumopathies [27] et semble pouvoir être utilisé sur d’autres liquides biologiques comme le LCR. [69] Ce test détecte l’antigène C-polysaccharidique de S. pneumoniae, antigène de membrane commun à tous les sérotypes. Ce test, rapide, facile à réaliser, très spécifique et sensible, est susceptible de suppléer en partie aux déficiences des autres méthodes que sont la coloration de Gram, la détection des antigènes solubles capsulaires et la culture. Chez l’adulte, lors d’infection invasive ou de pneumonie, plusieurs études ont montré l’intérêt de ce test pour établir un diagnostic rapide et précoce, même après plusieurs jours d’antibiothérapie. [27, 81, 91] Chez l’enfant, un portage rhinopharyngé peut s’accompagner d’un résultat positif, et ce d’autant plus que l’enfant est jeune. L’excès de diagnostic positif peut être estimé entre 10 et 20 % avant l’âge de 5 ans. [28] En pédiatrie, sa place en pratique diagnostique doit être précisée par d’autres études. CULTURE DES ÉCHANTILLONS La culture des échantillons va permettre l’isolement, l’identification et l’étude de la sensibilité, essentielle pour le pneumocoque. Les milieux de culture classiques ont peu évolué. En revanche, les flacons d’hémoculture développés pour les automates de détection continue permettent de diminuer les délais de détection pour le pneumocoque à moins de 24 heures. Ils sont utilisables pour le sang et les liquides de ponction. [11] Le recours à des méthodes de culture quantitative s’impose pour l’ensemble des prélèvements respiratoires. Les seuils varient en fonction de la nature du prélèvement et du terrain (expectoration : > 106 unités formant colonie (UFC)/ml, brosse : > 103 UFC/ml). La reproductibilité des résultats de la culture des aspirations endotrachéales est très supérieure à celle des expectorations. [73] L’identification de S. pneumoniae est orientée par l’aspect des colonies, l’hémolyse et la morphologie à la coloration de Gram. Le test de sensibilité à l’optochine (zone d’inhibition > 14 mm), test de confirmation habituellement utilisé, est pris en défaut dans 1 % des cas. [62, 82] Lorsque le diamètre est compris entre 7 et 13 mm, il est recommandé de recourir à des tests complémentaires, le test de solubilité dans la bile, [ 5 8 ] ou un des tests de diagnostic immunologique, comme l’agglutination de particules sensibilisées à un anticorps antipneumolysine, commun à tous les sérotypes. Ce test présente une spécificité de 100 % et une sensibilité de 95 %. [16] Certains isolats atypiques, généralement issus de prélèvements oculaires ou auriculaires, nécessitent des tests complémentaires biochimiques, moléculaires ou sérologiques. [58] L’identification complète d’un pneumocoque impose de recourir au sérotypage. D’intérêt essentiellement épidémiologique, le sérotypage, nécessitant un grand nombre d’anticorps, est rarement pratiqué dans les laboratoires de diagnostic et impose d’adresser la souche au Centre national de référence du pneumocoque. [53] SENSIBILITÉ DE LA SOUCHE AUX ANTIBIOTIQUES L’antibiogramme est devenu indispensable en raison de l’importance croissante des PSDP et des pneumocoques multirésistants. Selon les recommandations du Comité de l’antibiogramme de la Société française de microbiologie, [18] le dépistage des PSDP s’effectue par la méthode de diffusion en milieu gélosé à l’aide d’un disque d’oxacilline chargé à 5 µg. Ce dépistage permet de distinguer une souche dite sensible à la pénicilline G, et donc considérée comme sensible aux autres b-lactamines sauf exception, d’une souche suspecte d’être de sensibilité diminuée à la pénicilline G. En cas d’infection sévère, d’échec clinique ou devant une souche de sensibilité diminuée, il est nécessaire de déterminer la CMI de la pénicilline G et celle d’au moins une des b-lactamines dont les propriétés pharmacodynamiques sont compatibles avec une efficacité thérapeutique : amoxicilline, imipénème, céfuroxime, céfotaxime, ceftriaxone, céfépime, cefpirome. Quelle que soit la méthode utilisée, l’interprétation des CMI, rapportées dans le Tableau 9, permet de classer les souches de pneumocoque en sensible (S), de résistance intermédiaire (RI) ou résistante (R). 9 Infections à pneumocoque 4-260-B-10 Les autres antibiotiques testés comprennent les molécules utilisées en première intention dans les pathologies à pneumocoque (tétracycline, érythromycine, lincomycine ou clindamycine, et pristinamycine) et les molécules employées en deuxième intention (aminosides, chloramphénicol, cotrimoxazole, glycopeptides et fluoroquinolones potentiellement actives sur S. pneumoniae). Enfin, le E-test semble être la seule technique de routine susceptible de détecter les souches vancomycine tolérantes. Les techniques rapides de détection des résistances, PCR et hybridation, sont en développement. Le dosage de l’antibiotique est surtout préconisé au cours des méningites. Il permet de vérifier les taux efficaces dans le LCR et d’interpréter les éventuels échecs. SÉROLOGIE Le diagnostic sérologique ne permet pas d’établir un diagnostic précoce. Les techniques de détection des anticorps dirigés contre les antigènes polysaccharidiques de capsule et des antigènes pneumolysines sont en cours d’évaluation. La détection des antipneumolysines semble la plus prometteuse, mais son intérêt est limité aux études épidémiologiques, bases de la thérapeutique probabiliste. Traitement L’attitude thérapeutique évolue sous l’effet de l’augmentation régulière de la résistance du pneumocoque aux antibiotiques. Les molécules anciennes sont utilisées à de nouvelles posologies. De nouveaux antibiotiques, actifs sur les PSDP, arrivent sur le marché. PNEUMOPATHIE Devant une pneumopathie à pneumocoque, le traitement doit être rapidement mis en route, tout retard pouvant avoir des conséquences sur le pronostic en termes de complications. Des recommandations de consensus national permettent de guider le choix thérapeutique. [1, 93] L’amoxicilline fait l’unanimité dans les pneumopathies communautaires. Cet antibiotique à index thérapeutique élevé peut être efficace sur une forme sévère et sur un PSDP. [46] En ambulatoire, en l’absence de comorbidité et de facteur de risque de gravité, lorsqu’une origine pneumococcique est suspectée, l’amoxicilline en monothérapie est l’antibiotique de choix. Elle est prescrite par voie orale pour une durée de 7 à 14 jours en fonction de l’âge : – chez l’adulte, à raison de 3 g par 24 heures en trois prises ; – chez l’enfant de plus de 3 ans, à la dose de 25 à 50 mg/kg/j en trois prises ; – chez l’enfant de moins de 3 ans, à la dose de 80 à 100 mg/kg/j en trois prises pour un enfant de moins de 30 kg (80 mg/kg/j chez le grand enfant et 100 mg/kg/j pour le plus petit). Pédiatrie La suspicion d’un PSDP ne justifie pas de proposer des posologies supérieures. Les alternatives à ce traitement sont limitées. Les antibiotiques disponibles ont soit une faible activité sur les PSDP, soit un index thérapeutique modeste, soit un risque important d’effets secondaires. En cas d’allergie aux b-lactamines, devant un tableau de pneumonie à pneumocoque probable, le recours à un avis spécialisé ou hospitalier s’impose, car la pristinamycine n’est pas recommandée dans cette indication en pédiatrie. La réévaluation clinique doit être systématique après 3 jours de traitement, avant si une aggravation survient. Les premiers signes d’amélioration dans le cas du pneumocoque sont par ordre : l’apyrexie (2 jours), la disparition des râles et de la toux (7 jours), puis celle des anomalies radiologiques (4 semaines). L’absence d’amélioration ou une aggravation nécessite une évaluation radiologique, surtout si elle n’a pas été pratiquée d’emblée, et peut aboutir soit à une hospitalisation du fait de l’apparition de signes de gravité, soit à une modification de l’antibiothérapie. À l’hôpital, la stratégie de l’antibiothérapie probabiliste doit tenir compte du terrain, du risque de PSDP et des signes de gravité. Le recours aux céphalosporines de troisième génération se justifie principalement par la possibilité d’utiliser une dose injectable unique par 24 heures pour la ceftriaxone à raison de 50 mg/kg/j par voie intraveineuse ou intramusculaire. Dans l’impossibilité d’utiliser des b-lactamines, le recours à d’autres antibiotiques est justifié. MÉNINGITE Devant toute suspicion de méningite purulente, le malade doit être hospitalisé pour réaliser en urgence un diagnostic et la mise en route d’un traitement. L’antibiothérapie, débutée dès que la ponction lombaire a été réalisée, doit respecter les recommandations de la conférence de consensus en thérapeutique infectieuse consacrée aux méningites purulentes communautaires. [92] Le traitement de première intention des méningites purulentes doit tenir compte de l’âge, des résultats de l’examen direct, de la présence ou non d’éléments d’orientation étiologique en faveur du pneumocoque et de signes de gravité (Tableau 10). Les antibiotiques sont administrés par voie intraveineuse, pour une durée de 10 à 14 jours, prolongée en cas de réponse lente et/ou de souche de sensibilité diminuée. Le traitement doit être réévalué après 36 à 48 heures sur les données cliniques et les résultats de la ponction lombaire. En deuxième intention, chez l’enfant âgé de plus de 3 mois dans tous les cas, si l’évolution est favorable, l’attitude est fonction de la CMI de la céphalosporine utilisée. Une CMI inférieure à 0,5 mg/l doit entraîner soit l’arrêt de la vancomycine avec éventuellement une réduction de la posologie de la céphalosporine, soit un passage à l’amoxicilline (de 150 à 200 mg/kg/j) si la CMI de l’amoxicilline est inférieure à 0,5 mg/l. Une CMI de la céphalosporine supérieure ou égale à 0,5 mg/l doit faire poursuivre le traitement initial. En cas d’échec clinique et/ou microbiologique, le traitement doit être modifié en prenant en compte les résultats de la seconde Tableau 10. – Recommandations concernant le traitement de première intention des méningites purulentes communautaires de l’enfant âgé de plus de 3 mois Orientation pneumocoque Signes de gravité Antibiotique Posologie (mg/kg/j) Voie d’administration non non oui non Céfotaxime ou ceftriaxone Céfotaxime ou ceftriaxone +vancomycine 200-300 70-100 200-300 70-100 4 perfusions 1 ou 2 injections i.v. 4 perfusions 1 ou 2 injections i.v. 40-60 dose de charge de 15 mg/kg puis 4 perfusions > 60 min ou perfusion continue 4-6 perfusions 4 perfusions 1 ou 2 injections i.v. non i.v. : intraveineuse. 10 oui amoxicilline +céfotaxime ou ceftriaxone 200 200-300 70-100 Infections à pneumocoque Pédiatrie Tableau 11. – Recommandations concernant le traitement de première intention des otites moyennes aiguës purulentes de l’enfant de plus de 3 mois, orientation pneumocoque Antibiotiques à privilégier par ordre de préférence Amoxicilline +acide clavulanique 80 mg/kg/j en trois prises Céfuroxime-axétil 30 mg/kg/j en deux prises Cefpodoxime-proxétil 8 mg/kg/j en deux prises Antibiotiques si allergie aux b-lactamines Érythromycine sulfafurazole 50 mg/kg/j en trois prises ponction lombaire, la CMI des antibiotiques, le résultat d’un éventuel dosage d’antibiotique dans le LCR et l’imagerie. À ce jour, il ne peut être codifié, l’association la plus appropriée étant choisie après concertation avec le microbiologiste. Les antibiotiques utilisables en association avec les précédents sont la rifampicine (20 mg/kg deux fois par jour) et la fosfomycine, antibiotiques généralement préférés à l’imipénème, efficace mais avec un risque élevé de convulsions, ou au méropénème, moins toxique que l’imipénème mais aussi moins efficace in vitro. [12, 33] L’utilisation de la dexaméthasone est recommandée dans la méningite à pneumocoque de l’enfant par la conférence de consensus française. Les corticoïdes, s’ils sont administrés précocement, c’est-à-dire en même temps ou avant l’antibiothérapie, diminuent l’importance des séquelles, notamment la surdité. [57] Des réserves sont cependant émises en cas de risque de méningite à PSDP, où les inconvénients domineraient alors, notamment la diminution des concentration d’antibiotiques dans le LCR. [33] INFECTIONS OTO-RHINO-LARYNGOLOGIQUES 4-260-B-10 nourrisson de moins de 3 mois, aux terrains immunodéprimés et exceptionnellement avant 30 mois lorsque la voie orale est impossible. L’antibiothérapie repose alors sur la ceftriaxone à raison de 50 mg/kg/j en une seule injection intramusculaire pendant 3 jours. Une évaluation clinique doit être faite 48 à 72 heures après l’instauration du traitement. En cas d’échec, un prélèvement à visée bactériologique doit être réalisé, soit à partir d’une otorrhée, soit après paracentèse. Elle permet éventuellement d’identifier le germe et d’évaluer sa sensibilité aux antibiotiques. La plupart des échecs sont généralement dus à la résistance du pneumocoque à l’antibiotique prescrit. Si cette résistance est de haut niveau, l’amoxicilline par voie orale à forte dose ou la ceftriaxone par voie parentérale représentent les alternatives thérapeutiques (Tableau 12). [1] Le risque d’otite d’évolution prolongée et d’otite séromuqueuse impose un contrôle systématique dans les 5 jours suivant la fin du traitement. Les récidives, dans les jours ou semaines qui suivent l’arrêt du traitement antibiotique, sont d’autant plus fréquentes que l’enfant est jeune. Il s’agit alors, le plus souvent, d’une réinfection par une bactérie différente du première épisode. Prophylaxie Le risque pneumococcique est parfaitement identifié comme un problème de santé publique. La vaccination représente un des moyens de prévention efficace. Plusieurs pays industrialisés utilisent le vaccin antipneumococcique dans le cadre d’une politique de santé. Depuis 1998, la France a évolué dans sa stratégie vaccinale, élargissant les indications. ¶ Otites moyennes aiguës Les dernières recommandations de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé ne concernent ni le nourrisson de moins de 3 mois, ni les immunodéprimés. [1, 93] Devant une OMA purulente dûment diagnostiquée, la mise en route d’une antibiothérapie tient compte de l’âge de l’enfant et des signes cliniques : avant l’âge de 2 ans, l’antibiothérapie d’emblée est recommandée ; après l’âge de 2 ans, l’antibiothérapie est instaurée si la symptomatologie est bruyante (fièvre élevée, otalgie intense), tableau habituel des OMA à pneumocoque ; en revanche, en raison d’une éradication spontanée possible, l’abstention en première intention est licite ; il est impératif de réévaluer le tableau clinique après 48 à 72 heures de l’enfant sous traitement symptomatique. Lorsque le traitement est entrepris, probabiliste, orienté par les facteurs prédictifs d’une infection à S. pneumoniae, il doit tenir compte des facteurs de risque de résistance du pneumocoque à la pénicilline et de la présence potentielle d’Haemophilus (Tableau 11). [1, 17] L’amoxicilline se distingue parmi les molécules administrables par voie orale par son efficacité selon les critères pharmacologiques visà-vis des souches de pneumocoque résistantes à la pénicilline. Cette molécule associée à l’acide clavulanique est surtout utilisée chez l’enfant de moins de 2 ans en raison de la fréquente association d’Haemophilus influenzae producteur de b-lactamase dans cette tranche d’âge. L’antibiothérapie par voie orale est administrée pendant 8 à 10 jours, même si des traitements de 5 jours ont fait la preuve de leur efficacité. Le recours à un traitement parentéral se limite au VACCINATION Deux vaccins sont aujourd’hui disponibles en France, un vaccin polysaccharidique conjugué heptavalent et un vaccin polysaccharidique non conjugué contenant 23 sérotypes. ¶ Vaccin anti-pneumococcique conjugué Les vaccins conjugués utilisent des antigènes polysaccharidiques couplés à une protéine porteuse. Le couplage permet de transformer un antigène thymo-indépendant en antigène thymodépendant capable de stimuler l’immunité de l’enfant de moins de 2 ans et d’obtenir une réponse immunitaire mémoire lors des injections de rappel. En outre, ce type de vaccin peut entraîner une protection contre les infections non invasives et contre le portage, phénomène observé avec le vaccin contre Haemophilus influenzae de type b. [25] L’impact pourrait donc être individuel et collectif. Depuis 2001, le Prévenart, vaccin antipneumococcique conjugué à une protéine diphtérique, est disponible en France. [13] Ce vaccin contient sept sérotypes (4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F et 23F). Ce vaccin se présente en seringue unidose de 0,5 ml prête à l’emploi. Il doit être conservé entre + 2 °C et + 8 °C et ne doit pas être congelé. La vaccination s’effectue par voie intramusculaire. L’administration de ce vaccin peut débuter après le deuxième mois, selon des schémas variables selon l’âge de primovaccination : [41] – entre 2 et 6 mois, trois injections à 1 mois d’intervalle avec rappel 1 an plus tard ; – entre 6 mois et 1 an, deux injections suivies d’un rappel 1 an plus tard ; Tableau 12. – Recommandations en cas d’échecs thérapeutiques, selon la sensibilité du pneumocoque isolé du prélèvement à visée bactériologique CMI pénicilline G Antibiotique Dose Voie Durée ≤ 1 mg /l > 1 mg /l Amoxicilline Ceftriaxone 150 mg/kg/j sans dépasser 6 g/j 50 mg/kg/j Orale Intramusculaire 8 à 10 jours 3 jours CMI : concentration minimale inhibitrice. 11 4-260-B-10 Infections à pneumocoque – entre 1 et 2 ans, une injection suivie d’un rappel vers 18 mois. L’intervalle entre deux injections ne doit pas être inférieur à 4 semaines. Le Conseil supérieur d’hygiène publique de France recommande fortement la primo-vaccination pour : – les enfants présentant une pathologie les exposant à un risque élevé d’infection invasive à pneumocoque : [13] asplénie fonctionnelle ou splénectomie ; drépanocytose homozygote ; infections par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ; dépression immunitaire congénitale ou secondaire à une insuffisance rénale chronique ou un syndrome néphrotique, un traitement immunosuppresseur ou une radiothérapie pour néoplasie, lymphome ou maladie de Hodgkin, leucémie, transplantation d’organe ; cardiopathie congénitale et cyanogène ; insuffisance cardiaque ; pneumopathie chronique (à l’exception de l’asthme, sauf les asthmes sous corticothérapie prolongée) ; brèche cérébroméningée ; diabète ; [60] – les enfants exposés à un ou des facteurs de risque liés au mode de vie : enfants gardés plus de 4 heures par semaine en compagnie de plus de deux enfants en dehors de la fratrie ; enfants ayant reçu moins de 2 mois d’allaitement maternel ; enfants appartenant à une fratrie d’au moins trois enfants d’âge scolaire ; – les candidats à l’implantation cochléaire et les porteurs d’implants cochléaires âgés de moins de 2 ans. Seul l’ensemble de ces indications thérapeutiques donne droit à remboursement depuis le 26 décembre 2002. Ce vaccin semble être bien toléré. Les réactions locales (érythème, œdème) et générales (fièvre supérieure à 38 °C) sont peu fréquentes et les effets indésirables graves (œdème diffus, convulsions, bronchospasmes) rares (6/100 000 doses). [8, 30] Tout effet indésirable doit être déclaré au Centre régional de pharmacovigilance. L’efficacité de ce vaccin dans la prévention des infections invasives dues aux sérotypes vaccinaux a été évaluée à 94 % dans une étude clinique à grande échelle réalisée aux Etats-Unis. [8] Dans un pays, l’impact varie selon l’incidence des infections invasives à pneumocoque et selon les sérotypes en cause. [50] Pour la France, d’après les données du Centre national de référence, ce vaccin couvre théoriquement 77 % à 84 % des sérotypes pathogènes et 91 % à 100 % des sérotypes pathogènes et résistants à la pénicilline. [85] Chez les enfants à risque accru d’infections à pneumocoque, les évaluations, encore peu nombreuses, sont en faveur sur ces terrains d’une efficacité comparable à celle observé chez les autres enfants. Chez les prématurés (gestation inférieure à 38 semaines et/ou poids de naissance inférieur à 2 500 g), l’efficacité vaccinale permet d’utiliser les mêmes protocoles que chez les enfants de poids normal à la naissance et nés à terme. [87] Ce vaccin, indiqué seulement dans la prévention des infections invasives à pneumocoque, apporte une certaine protection contre les pneumonies [9] et les OMA. [30] Parmi les effets indirects potentiels de ce vaccin, certaines études ont montré une diminution du portage rhinopharyngé des sérotypes vaccinaux et une diminution de l’utilisation des antibiotiques. [20, 87] Cependant, plusieurs de ces études ont montré une augmentation modérée de l’incidence du portage rhinopharyngé et des infections dus aux sérotypes non vaccinaux. La généralisation de ce vaccin n’est effective qu’aux États-Unis et au Canada. En Europe, le coût de la dose de vaccin, la complexité du schéma vaccinal et le manque de données sur les possibles modifications des sérotypes circulants induites par la vaccination sont les principales raisons qui limitent sa généralisation. ¶ Vaccin antipneumococcique polysaccharidique Le vaccin Pneumo 23t contient 23 sérotypes. Chaque antigène est présent à 25 µg. Il couvre la plupart des sérotypes responsables d’infections invasives et des souches pénicillinorésistantes isolées en France : 1, 2, 3, 4, 5, 6B, 7F, 8, 9N, 9V, 10A, 11A, 12F, 14, 15B, 17F, 18C, 19A, 19F, 20, 22F, 23F, 33F. Le Pneumo 23t se présente sous la 12 Pédiatrie forme d’une seringue préremplie de 0,5 ml. Il se conserve entre + 2 et + 8 °C et sa congélation est formellement contre-indiquée. La primovaccination comporte une injection intramusculaire ou sous-cutanée. Les rappels ou revaccinations sont recommandés tous les 5 ans pour éviter le risque théorique de phénomène d’Arthus. Le programme de vaccination tient compte du terrain. Pour la primovaccination, lors de splénectomies programmées, le vaccin est administré au moins 2 semaines avant l’intervention et en dehors de toute chimiothérapie, et la prophylaxie par pénicilline associée demeure nécessaire. Chez les patients infectés par le VIH, la vaccination doit être la plus précoce possible au cours de l’infection. [65] Pour les rappels, chez les immunodéprimés, aspléniques et drépanocytaires, l’intervalle entre deux doses peut être réduit à 3 ans. En France, la vaccination n’est pas obligatoire, mais conseillée ou recommandée. L’objectif est de protéger les sujets à risque contre les infections invasives et les pneumonies. L’objectif de protection est individuel et non collectif. Le vaccin est pris en charge par la Sécurité sociale au taux de 65 % chez tout patient âgé de plus de 2 ans présentant un des facteurs de risque suivants : splénectomie, drépanocytose homozygote, syndrome néphrotique, les insuffisants respiratoires, les patients alcooliques avec hépatopathie chronique, les insuffisants cardiaques et les sujets ayant des antécédents d’infection pulmonaire ou invasive à pneumocoque. [13] En France, il n’existe pas de recommandations concernant la vaccination des immunodéprimés et le choix se fait au cas par cas. Aux États-Unis, la vaccination est recommandée chez les patients infectés par le VIH lorsque le taux de CD4 est supérieur ou égal à 200/ml et facultative en dessous. Ce vaccin est bien toléré. De rares cas de phénomènes d’Arthus ont été rapportés chez des sujets à titre initialement élevé d’anticorps antipneumococciques. Les réactions générales sont rares et les réactions adverses exceptionnelles. L’efficacité clinique a été établie chez l’adulte pour les pneumonies avec ou sans bactériémie. Les études randomisées, de cohorte et castémoins montrent une efficacité de l’ordre de 60 % contre les infections invasives. Ce vaccin n’est pas efficace dans la prévention des infections non systémiques et ne diminue pas le portage rhinopharyngé. La protection attendue est donc essentiellement individuelle. [54] Le vaccin induit une réponse thymo-indépendante. L’effet immunogène est donc nul avant l’âge de 2 ans, partiel et hétérogène avant l’âge de 5 ans. L’efficacité, chez les patients immunodéprimés, a été essentiellement évaluée sur la mesure de la réponse sérologique après vaccination. [66] Pour la primovaccination par le vaccin polysaccharidique, la réponse est élevée chez les patients drépanocytaires, infectés par le VIH avec un taux de CD4 supérieur à 500/ml (75 %) et hémodialysés (83 %), moyenne chez les splénectomisés (52 %) et au cours des myélomes (39 %), médiocre chez les infectés par le VIH avec un taux de CD4 inférieur à 500/ml. Cette réponse est parfois de longue durée chez les drépanocytaires (5 ans), mais le plus souvent de courte durée pour les infectés par le VIH (de 12 à 36 mois), pour les hémodialysés (de 6 à 78 mois). Les rappels sont efficaces chez les drépanocytaires (70 %), mais le plus souvent peu rentables. AUTRES MOYENS THÉRAPEUTIQUES La surveillance épidémiologique permet de connaître : – la fréquence des infections à PSDP selon l’âge, la pathologie, le sérotype ; ces données sont nécessaires pour l’adaptation des traitements probabilistes dans les infections communautaires ; – la gravité des infections à pneumocoque selon le sérotype et les terrains ; ces données sont nécessaires pour éventuellement modifier la composition du vaccin ou ses indications. Dans le monde, plusieurs réseaux sont organisés pour surveiller notamment les résistances du pneumocoque aux antibiotiques. En France, la surveillance épidémiologique des pneumococcies ne repose sur aucun texte spécifique et leur déclaration n’est pas Pédiatrie Infections à pneumocoque 4-260-B-10 – les Observatoires régionaux du pneumocoque, au nombre de 21, organisés autour de Centres coordonnateurs régionaux ; de traitement d’infection respiratoire haute d’origine virale étaient fréquentes et, d’autre part, qu’il existe une corrélation directe entre le taux d’utilisation d’antibiotique et le taux de pneumocoques résistants. [63] L’expérience islandaise a montré qu’une campagne de lutte contre l’usage abusif des antibiotiques, associée à d’autres mesures, pouvait avoir un impact positif et rapide sur le niveau de résistance aux antibiotiques des pneumocoques. – l’Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance bactérienne aux antibiotiques (ONERBA), qui participe à la surveillance, notamment de la résistance, pour certaines infections communautaires graves conduisant à l’hospitalisation. [79] L’adaptation des traitements probabilistes repose également sur la promotion du bon usage des antibiotiques. [90] Il a été ainsi démontré d’une part que les prescriptions inappropriées d’antibiotiques lors Enfin, la prévention pourrait s’enrichir de certaines molécules, comme le xylitol. Ce sucre de substitution du sucrose est utilisé dans la prévention des caries dentaires. Il peut inhiber la croissance de S. pneumoniae. Une expérimentation finlandaise a observé, dans un groupe d’enfant recevant de fortes doses de xylitol (cinq fois par jour sous forme de chewing-gum, sirop ou tablette), une baisse de l’apparition d’OMA et de l’utilisation d’antibiotiques. obligatoire. En revanche, un certain nombre d’organismes participent à cette surveillance : – le Centre national de référence du pneumocoque (Pr Guttman, hôpital Georges Pompidou) ; Références [1] Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé Antibiothérapie par voie générale en pratique courante, juillet 2001 : otite moyenne aiguë-sinusite aiguë de l’enfant-infections respiratoires basses de l’enfant. http://www.afssaps.sante.fr [17] Cohen R. Otites à pneumocoque : les leçons des échecs. Méd Mal Infect 1995; 24 suppl: S1004-S1009 [2] Alfandari S, Georges H, Mouton Y. Bactériémies. Encycl Méd Chir 1995; (Elsevier SAS, Paris), 8-003-S-10, Maladies infectieuses, 6p [19] Dagan R, Englehard D, Piccard E. Epidemiology of invasive childhood pneumococcal infections in Israel. JAMA 1992; 268: 3328-3332 [3] Appelbaum PC, Gladkova C, Hryniewicz W. 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