
les PLP 1a, 2x et 2a. Une résistance significative àla pénicilline G
implique souvent au moins trois PLP altérées. Pour les
céphalosporines, une seule PLP altérée peut suffire.
Ces modifications sont d’origine chromosomique. Les souches de
pneumocoque de sensibilitédiminuéeàla pénicilline (PSDP)
possèdent des gènes «mosaïques ». Ces gènes mosaïques sont
obtenus par recombinaison de séquences «résistantes »qui
proviennent de gènes homologues d’espèces voisines (S. mitis, S.
sanguis, S. oralis), ou de transferts entre pneumocoques sensibles et
résistants, mais aussi par mutations sous la pression de sélection.
Les substitutions d’acides aminéssedéroulent en étapes successives.
Les PLP ainsi modifiées sont caractérisées par une grande diversité
de profils de mobilitéélectrophorétique et d’affinité.
La résistance àla pénicilline est croisée avec toutes les b-lactamines,
mais l’expression de cette résistance varie selon les molécules. En
effet, si l’augmentation de la concentration minimale inhibitrice
(CMI) concerne toutes les b-lactamines, l’ampleur de cette
augmentation reste variable et imprévisible pour chaque molécule.
Chaque b-lactamine semble agir par l’intermédiaire de plusieurs
PLP préférentielles. La première conséquence est que la CMI de
chaque molécule ne peut être déduite de celle de la pénicilline G. La
seconde conséquence est qu’il est recommandéde tester la CMI des
molécules utilisées en thérapeutique. Les b-lactamines les plus actives
sur le pneumocoque en dehors de la pénicilline G sont l’ampicilline,
l’amoxicilline, le céfotaxime, la ceftriaxone, le céfépime, le cefpirome,
le céfuroxime et l’imipénème. En revanche, les céphalosporines de
première et deuxième générations, ainsi que les céphalosporines
orales, àl’exception du cefpodoxime, sont moins actives que la
pénicilline G.
[42]
Une souche de pneumocoque est dite tolérante (Tol+) lorsqu’elle
échappe plus ou moins àl’effet lytique et/ou bactéricide d’un
antibiotique. L’effet bactériostatique est conservé. La plupart des
souches tolérantes se rencontrent parmi les souches résistantes aux
pénicillines. Cela est dûàdes modifications du contrôle de l’activité
autolytique. Ce phénomène pourrait être responsable de certains
échecs thérapeutiques et pourrait jouer un rôle in vivo dans la
sélection de mutants pénicilline résistants.
¶Mécanismes de résistance aux autres familles
d’antibiotiques
La résistance du pneumocoque aux macrolides est due àla
méthylation de l’ARN 23S qui diminue l’affinitédes macrolides pour
leur cible. Cette résistance est croiséeàtous les macrolides,
lincosamides et streptogramines B. Elle est dite de type MLS
B
. Cette
résistance est de type inductible ou constitutif. Ces souches
possèdent le gène erm, responsable de la résistance par modification
ribosomale. D’autres souches possèdent le gène mefE codant pour
une résistance par un mécanisme d’efflux. Elles sont résistantes à
l’érythromycine, mais restent sensibles àla clindamycine et àla
quinupristine («bas niveau de résistance »). Les gènes erm et mefE
ne sont jamais associés. Un troisième phénotype de résistance a été
décrit chez une dizaine de souches qui étaient ery-R constitutif et
clinda-R mais sans posséder les gènes erm ou mefE, ni d’autres
déterminants génétiques de résistance.
La résistance du pneumocoque aux autres antibiotiques est toujours
d’origine chromosomique, exception faite du cotrimoxazole et de la
résistance de bas niveau aux fluoroquinolones. Les mécanismes
biochimiques sont les mêmes que pour les autres streptocoques. La
résistance au chloramphénicol se fait par action d’une
acétyltransférase inductible. La résistance aux tétracyclines est codée
par le gène tetM entraînant une diminution de la concentration
intracellulaire de la tétracycline. Cette résistance est croiséeàtoutes
les tétracyclines. La résistance àla rifampicine est due àune
mutation de la chaîne bde l’ARN-polymérase ADN-indépendante
qui empêche la fixation de l’antibiotique sur sa cible.
Le pneumocoque présente une résistance naturelle aux quinolones
de première génération, et une faible sensibilitéàla péfloxacine,
l’ofloxacine et la ciprofloxacine. Les fluoroquinolones les plus actives
sur le pneumocoque sont la levofloxacine, la moxifloxacine et la
gatifloxacine. Pour ces molécules, le niveau de résistance observé
est encore faible en France (<2 %). Cette résistance implique deux
mécanismes majeurs : la modification de leurs cibles naturelles,
l’ADN gyrase et/ou la topo-isomérase IV, et l’augmentation de
l’expression du mécanisme d’efflux actif qui empêche l’accumulation
intrabactérienne des fluoroquinolones en les éjectant dès leur
pénétration dans la bactérie.
[94]
Les premières souches tolérantes àla vancomycine ont étéisolées
d’infections communautaires et commencent àêtre signalées dans
plusieurs pays.
[75]
Cette tolérance serait due àun défaut de
déclenchement du système autolytique de S. pneumoniae
¶Aspects épidémiologiques des résistances
L’augmentation de l’incidence des souches de sensibilitédiminuéeà
la pénicilline est régulière, passant de 1 % en 1986, à12 % en 1990,
20,1 % en 1992, 32,1 % en 1994, 44 % en 1999 et 55,4 % en 2001.
[99]
Cette même année, le pourcentage de souches de haut niveau de
résistance est de 14 % vis-à-vis de la pénicilline G, 1,9 % vis-à-vis de
l’amoxicilline et 0,2 % vis-à-vis du céfotaxime.
[47]
La résistance aux
b-lactamines est associée dans plus de 50 % des cas àla résistance à
une ou plusieurs familles d’antibiotiques : cyclines, macrolides,
chloramphénicol ou triméthoprime-sulfaméthoxazole. Un
pneumocoque est dit «multirésistant »lorsqu’il résiste àau moins
trois antibiotiques de familles différentes. La proportion de souches
résistantes aux autres familles d’antibiotiques est toujours influencée
par le niveau de sensibilitéàla pénicilline G, parfois de manière
très marquée. Ainsi, la résistance àl’érythromycine est-elle observée
en 2001 pour 87,9 % des PSDP et seulement pour 23,7 % des
pneumocoques sensibles. En France, en 2001, les taux de résistance
sont les suivants : glycopeptides 0 %, rifampicine 0,6 %,
chloramphénicol 20 %, tétracyclines 34 %, cotrimoxazole 42 %, et
érythromycine 58 %.
[99]
Les études multicentriques portant sur la
télithromycine et la lévofloxacine montrent des niveaux de résistance
très bas en France.
[29, 94]
La résistance aux antibiotiques est liéeàcertains sérogroupes, pour
des raisons encore mal connues. Parmi les 90 sérotypes de
pneumocoque, six rassemblent plus de 90 % des isolats cliniques
résistants aux b-lactamines. Ce sont, par ordre décroissant, les
sérotypes 23, 14, 9, 6, 19, 15. Le sérotype 23F représente àlui seul
plus du tiers des PSDP de haut niveau et des PSDP multirésistants.
En France, les résistances du pneumocoque varient selon l’âge du
patient, le type de prélèvement et les régions. Ces variations peuvent
être spécifiques àchaque antibiotique. Ainsi, quel que soit le type
de prélèvement, les résistances sont plus fréquentes chez l’enfant
que chez l’adulte. Chez l’enfant bien davantage que chez l’adulte,
les niveaux de résistance varient avec le site de prélèvement, restant
nettement plus élevés dans les prélèvements non invasifs,
notamment dans les pus d’oreille, que dans les prélèvements
invasifs (Tableau 2).
[99]
Enfin, les résistances peuvent, pour un même
type de prélèvement, sur un même terrain, varier du simple au
double selon les régions.
La première conséquence de cette évolution des résistances est une
modification des traitements de première intention. Ces traitements
probabilistes doivent être adaptésàl’évolution des résistances
observées dans une région ou un pays. La seconde conséquence est
l’intérêtdeprotéger l’enfant par la vaccination contre ces souches
résistantes.
Épidémiologie
RÉSERVOIR
S. pneumoniae est une bactérie commensale des voies aériennes
supérieures de l’homme.Leréservoir est représentéessentiellement
par le rhinopharynx des porteurs asymptomatiques. Ceux-ci
contribuent davantage àla transmission du pneumocoque que les
malades.
La colonisation du rhinopharynx apparaîtprécocement au cours de
la vie. Tous les enfants ont étéen contact avant l’âge de 2 ans
[45]
et
Pédiatrie Infections àpneumocoque 4-260-B-10
3