Q u e s t i o n s d e c o n s u ltat i o n sur le vif Qui faut-il vacciner par le vaccin pneumococcique ? Les infections sévères dues à Streptococcus pneumoniae, telles que méningites et septicémies, se caractérisent par une létalité élevée. Elles affectent principalement les âges extrêmes de la vie (jeune nourrisson, sujet âgé) et certains groupes à risque. Ainsi, l’alcoolisme, certaines affections chroniques (bronchopneumopathie chronique obstructive, insuffisance cardiaque, diabète, troubles neurologiques centraux) et les traitements prolongés par des corticoïdes majorent le risque d’acquisition et la gravité des infections dues à Streptococcus pneumoniae. Les états d’immunodépression portant sur la synthèse des anticorps opsonisants, l’infection par le VIH et l’asplénie représentent également des risques majeurs. La virulence particulière de Streptococcus pneumoniae est en grande partie liée à la présence d’une capsule polysaccharidique qui protège la bactérie contre la phagocytose. Il existe 89 sérotypes capsulaires différents de pneumocoque. L’immunisation utilisant comme antigène vaccinal des polysaccharides capsulaires entraîne l’apparition d’anticorps sérotype-spécifiques et protecteurs. En France, les souches de pneumocoques présentent une résistance croissante à la pénicilline G avec une fréquence élevée chez certains sérotypes. Ces éléments soulignent l’intérêt de développer un vaccin efficace. Le vaccin actuellement disponible en France contient des polyosides purifiés des vingt-trois sérotypes les plus fréquemment isolés d’infections graves (1, 2, 3, 4, 5, 6B, 7F, 8, 9N, 9V, 10A, 11A, 12F, 14, 15B, 17F, 18C, 19A, 19F, 20, 22F, 23F, 33F). Son efficacité clinique a été évaluée chez l’adulte, pour les infections sévères. Elle se situe entre 50 % et 70 %. Elle est de faible à nulle chez le nourrisson et l’immunodéprimé. Après vaccination, les anticorps détectables persistent de trois à Correspondances en médecine - n° 1, vol. II - janv./févr./mars 2001 cinq ans. Enfin, le vaccin pneumococcique n’induit pas d’immunité muqueuse et ne diminue donc pas le portage. Qui vacciner ? Le calendrier vaccinal 2000, proposé par le Conseil supérieur d’hygiène publique de France, recommande de vacciner tous les cinq ans les sujets splénectomisés, les drépanocytaires homozygotes, les patients atteints d’un syndrome néphrotique, les insuffisants respiratoires, les patients alcooliques avec hépatopathie chronique, les insuffisants cardiaques et les sujets ayant des antécédents d’infection pulmonaire ou invasive à pneumocoque. La recommandation pour les patients porteurs d’une brèche ostéoméningée a été supprimée, car le vaccin actuel n’agit pas sur le portage, et son intérêt dans la prévention des méningites à pneumocoque chez ces patients n’a pas été démontrée. La recommandation pour les patients ayant un terrain tabagique a également été supprimée. Enfin, le Guide des vaccinations (édition 1999) précise que, en cas de splénectomie programmée, le vaccin doit être administré au moins deux semaines avant l’intervention. Les contre-indications associent l’hypersensibilité à l’un des composants du vaccin et les contre-indications générales des vaccinations (fièvre, maladie aiguë, poussée évolutive d’une maladie chronique). Les sujets âgés. Ils ne sont pas inclus dans les recommandations françaises. Cependant, certains pays (États-Unis, Canada, par exemple) ont mis en place une stratégie de vaccination chez les personnes de plus de 65 ans incluant la vaccination pneumococcique. En effet, de nombreuses études montrent un bénéfice de la vaccination en termes de survie dans cette indication. On est donc en droit de proposer la vaccination pneumococcique chez les sujets âgés à partir de 65 ans, avec une revaccination tous les cinq ans. R. Teyssou, infectiologue 47