Journal Identification = JPC Article Identification = 0257 Date: September 18, 2013 Time: 11:4 am
156 J Pharm Clin, vol. 32 n◦3, septembre 2013
M. Touleimat, et al.
- données cliniques sur la pathologie cancéreuse (loca-
lisation, classification TNM, date de diagnostic) et sur la
tolérance du traitement ;
- données biologiques concernant le statut DPD (géno-
typage, ratio UH2/U) ; tolérance biologique de la
chimiothérapie anticancéreuse ;
- données pharmaceutiques et pharmacologiques concer-
nant l’historique des chimiothérapies (nature de(s)
protocole(s), nombre de cures, résultats de la pharma-
cocinétique du 5-FU avec les propositions d’adaptations
de dose par le laboratoire d’Angers, doses de 5-FU
prescrites.
Nous avons comparé, pour chaque patient et
pour chaque cure de chimiothérapie, la dose de 5-
FU (bolus et perfusion continue) réellement prescrite
par le médecin à la dose proposée par le labora-
toire d’oncopharmacogénétique. Nous avons également
recherché la tolérance clinique et biologique de chaque
cure à partir des observations médicales et des bilans
biologiques des patients.
Diagnostic du déficit en DPD et
personnalisation du traitement
Le diagnostic du déficit en DPD a été réalisé après
consentement éclairé du patient par le laboratoire
d’oncopharmacogénétique d’Angers selon l’approche
multiparamétrique (Onco Drug Personalized Medicine
ODPM Tox TM) [23]. Cette approche permet de diagnosti-
quer un déficit d’activité de la DPD et de prédire le risque
de toxicité aux fluoropyrimidines.
Elle associe différents critères spécifiques au patient :
résultats génotypiques et phénotypiques de l’activité
de la DPD, caractéristiques physiologiques et phy-
siopathologiques (âge, sexe, pathologie associée...),
intégrés dans un algorithme. De plus, le labora-
toire d’oncopharmacogénétique propose aux cliniciens
d’ajuster les doses de 5-FU, de manière empirique avant
la première administration de 5-FU puis, tout au long du
traitement, en fonction de la clairance plasmatique, grâce
au calculateur 5FU OPDM Protocol [26, 27].
Résultats
Sur la période considérée, 17 patients présentaient un
déficit partiel en DPD ou un profil de toxicité important.
Nous avons été en mesure d’analyser les dossiers de
11 patients (10 hommes et 1 femme) car trois patients
n’avaient pas rec¸u de 5-FU et trois autres n’avaient pas été
traités dans notre établissement. L’âge moyen s’établissait
à 58 ans [32-82]. Sept patients ont été traités pour un
cancer colorectal, trois patients pour un cancer des
voies aérodigestives supérieures et une patiente pour un
cancer du sein. Six patients ont rec¸u du 5-FU et/ou de la
capécitabine dans le cadre d’un traitement adjuvant, trois
dans le cadre d’un traitement d’un cancer au stade méta-
statique et deux patients dans le cadre d’un traitement
néo-adjuvant.
Le tableau 1 présente pour chacun des 11 patients
étudiés, les protocoles de chimiothérapie avec le nombre
de cures rec¸ues, les recommandations d’adaptation des
doses de 5-FU (bolus et perfusion continue) faites par
le laboratoire d’oncopharmacogénétique pour la pre-
mière cure de chaque protocole, le suivi ou non de ces
recommandations par les cliniciens, ainsi que la tolé-
rance et les effets indésirables apparus lors des cures
de chimiothérapie à base de 5-FU et/ou capécitabine.
Six patients sur les 11 étudiés ont bien toléré le traite-
ment. Deux patients (patients 5 et 6) ont développé des
effets indésirables hématologiques de grade 2 (anémie
et thrombopénie) et un patient (patient 7) a déve-
loppé des effets indésirables digestifs de grade 1 et 2
(diarrhées, nausées/vomissements) et une asthénie de
grade 2. Pour les patients 5 et 6 la dose prescrite a
été plus élevée que celle préconisée par le laboratoire
d’oncopharmacogénétique. Pour le patient 7, les doses
prescrites étaient au contraire plus faibles que celles pré-
conisées par le laboratoire. Pour ces trois patients les
effets indésirables survenus n’ont pas motivé l’arrêt de la
chimiothérapie à base de 5-FU. Les patients qui ont bien
toléré le traitement étaient ceux pour lesquels il y avait
eu une adaptation de dose dès la première cure, puis un
suivi pharmacocinétique conformément aux recomman-
dations du laboratoire d’oncopharmacogénétique. Pour
le patient 8, traité par Folfox, pour un cancer du côlon
non métastatique, les recommandations du laboratoire
d’oncopharmacogénétique ont été respectées strictement
pour les doses de 5-FU en bolus (diminution de 50 %
à chaque cure). Concernant la dose de 5-FU en perfu-
sion continue, les doses des trois premières cures étaient
légèrement plus faibles que celles préconisées. Toutefois
la bonne tolérance clinique du traitement et les résultats
pharmacocinétiques ont amené le clinicien à réaliser une
pleine dose de 5-FU en perfusion continue dès la qua-
trième cure de Folfox. Deux patients (patients 2 et 3)
ont développé une toxicité hématologique de grade 3
et grade 4 motivant l’arrêt de la cure. Pour ces patients
aucun traitement à base de 5-FU ou de capécitabine n’a
été réintroduit. Pour le patient 2, le 5-FU a été arrêté
définitivement après la première cure de 5-FU suite à
une neutropénie de grade 4, un relais par carboplatine
associé à de la radiothérapie a par la suite été instauré.
Pour le patient 3, le traitement par 5-FU a également
été arrêté définitivement suite à une pancytopénie fébrile
apparue après la première cure de 5 -FU dans le cadre
d’un protocole 5-FU/cisplatine associé à la radiothérapie.
Ce patient a ensuite été traité par docetaxel. Pour ces deux
patients le diagnostic d’un déficit en activité DPD avait été
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