METASTASES INTRA-MEDULLAIRES DE CANCERS VISCERAUX
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plancher buccal en rapport avec un épithélioma localisé,
au pouvoir méta statique faible. Le médiastin est un peu
élargi sur les différentes radiographies du thorax.
L'échographie et le scanner abdominaux découvrent
plusieurs métastases hépatiques et ganglionnaires para-
aortiques. La fibroscopie œsogastroduodénale ne cons-
tate qu'une inflammation banale des muqueuses. L'élec-
troencéphalogramme est normal. Le scanner cérébral ne
sera pas réalisé, car très rapidement apparaissent des
troubles confusionnels et de la conscience. Le décès
survient le 24 Novembre 1990, soit 18 jours après la
découverte de la tumeur.
DISCUSSION
Les métastases intramédullaires (MIM) des cancers
viscéraux sont peu fréquentes. Le premier cas fut
rapporté par Buchholz (6)en 1898. En 1974, Paillas (22),
dans son rapport devant la Société de Neurochirurgie de
Langue Française, en collige 20 cas; Costigan (9) en
analyse 100 cas en 1985, Findlay (12) 146 cas en 1987
(inclus des cas d'autopsies) et Tognetti (28) 120 cas
cliniques en 1988. Sont exclues de ces séries, les
métastases extramédullaires, intradurales (15,24, 30).
Dans un tableau, nous en avons regroupé 109, dont les
observations étaient exploitables.
Les métastases intramédullaires représentent 1% de
toutes les métastases et de 1à8% des métastases du
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système nerveux central (SNe) (8, 9, 20). Les cas non
symptomatiques découverts àl'autopsie sont cependant
plus fréquents (9, 26, 28) et seraient évalués à 5 % des
métastases rachidiennes (22).
La faible proportion relative des métastases intramédul-
laires par rapport aux localisations cérébrales pourrait
être expliquée (11, 28) par la différence de masse, le
cerveau étant cinquante fois plus gros que la moelle.
De la liste des cancers primitifs ont été exclus, les
leucémies, les lymphomes, le myélome multiple et les
métastases des tumeurs cérébrales primitives.
Tous les cancers viscéraux peuvent métastaser dans la
moelle épinière. Le cancer pulmonaire, à petites cellules
ou non(21, 25) est le plus fréquemment rencontré
(Costigan(9) 41 %; Edelson(11) 45 %; Barge(2),
Grem(13), Mercier(l9) Post(25) 50 %; Findlay(l2) 64 %).
Puis, vient le cancer du sein (Findlay(12) Il %;
Mercier(19) Paillas(22) 12 %. Lauvin(l8) et Pelissou(23)
13 %; Gr:m(13) 14 % et Paillas(22) 30 %), suivi par des
cancers colo-rectal, du rein, de la sphère ORL, de la
peau, etc.(22).
Dans un certain nombre de cas, la localisation du cancer
primitif est inconnue ou seulement suspectée (1 fois sur 2
pour Findlay(12) et Pelissou(23), 1 fois sur 3 dans notre
série, 1 fois sur 4 pour Paillas(22) 1 fois sur 5 pour
Barge(2) Grem(13) et Tognetti(28»).
Les métastases intramédullaires sont quelquefois isolées
(Costigan: 2 cas sur 13 et Grem: 3 sur 34) mais ce n'est
pas la situation la plus fréquente. Beaucoup plus
souvent, elles sont associés àd'autres localisations
métastatiques intradurales, extramédullaires(21, 24), ex-
tradurales et rachidiennes, (Edelson (11): 6 cas MIM sur
175, Paillas(22): 33 MIM pour 794 métastases rachidien-
nes, Perrin(24): 1 seule MIM pour 200 et Tognetti(28):
5 MIM pour 104). Notons, à ce propos, la faible
proportion de métastases rachidiennes qui s'accompa-
gnent de métastases intramédullaires.
L'association des métastases intramédullaires à des
métastases cérébrales est remarquablement élevée,
qu'elles soient découvertes du vivant du patient (2 cas
personnels) ou à l'autopsie (Costigan(9) Il fois sur 13 et
Grem(13) 21 fois sur 34).
La cœxistence de métastases viscérales est encore plus
forte, 80 % pour Winkelman (31), 27 fois sur 30 pour
Grem (13)et dans tous les cas pour Costigan (9)avec une
prépondérance très nette pour le poumon (11).
Cette répartition est la conséquence du mode de
dissémination métastatique. La fréquence des associa-
tions métastases intramédullaires - métastases cérébrales
et métastases intramédullaires - métastases viscères est le
fait d'une extension de la maladie par voie artérielle (9, 12,
13>,ce qui pourrait aussi expliquer la situation profonde
des métastases, dans la moelle aux limites du territoire
des artérioles médullaires (9, 14, 19,22, 23). La pénétration
du cancer dans la moelle par voie périnerveuse est un
mécanisme évoqué, mais discuté (3, 19, 22, 23, 24). Cette