Caractéristiques radiologiques des métastases cérébrales

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Sous la responsabilité de ses auteurs
F. Ducray*
R. Guillevin*, **
n° 18
fiche
technique
Caractéristiques radiologiques
des métastases cérébrales1
L
es métastases cérébrales compliquent l’évolution de
20 à 40 % des cancers et sont 10 fois plus fréquentes
que les tumeurs cérébrales primitives. Leur aspect radio­
logique est le plus souvent évocateur du diagnostic. Néan­
moins, la présentation radiologique peut être très variable et
parfois trompeuse. Par ailleurs, d’autres pathologies, tumorales
ou non, peuvent avoir une présentation radiologique pseudo­métastatique.
Aspects radiologiques typiques
des métastases cérébrales
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Les métastases cérébrales se présentent typiquement comme
des lésions intra-axiales multiples. Elles siègent dans 80 %
des cas en sus-tentoriel. Du fait de leur mode de dissémination
hématogène, elles prédominent à la jonction substance blanchesubstance grise (figure 1A). La prise de contraste est la
règle, nodulaire ou en anneau en fonction du volume tumoral
(­figure 1A, C, E). L’œdème vasogénique périlésionnel est
typiquement très marqué (figure 1D). L’existence d’une compo­
sante hémorragique, qui est en général présente de façon simul­
tanée dans l’ensemble des lésions, oriente le diagnostic vers une
métastase de mélanome, de choriocarcinome, de cancer du rein
ou de la thyroïde (figure 1B, figure 2A). Les métastases de
mélanome apparaissent souvent spontanément en hypersignal T1
et en hyposignal T2 en dehors de toute hémorragie. Les cancers
mucosécrétants (digestif, bronchique) peuvent apparaître en
hyposignal T2 ou Flair (figure 2E). Dans les sarcomes ostéo­
géniques, et parfois également dans les cancers du sein, les
métastases peuvent être calcifiées (figure 2B). Les métastases
kystiques sont fréquentes dans les cancers du sein et les cancers
mucosécrétants (digestif, bronchique) [figure 2C, F].
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à
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* Service de neuro-oncologie, hôpital neurologique, Lyon.
** Service de neuroradiologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris et laboratoire
d’imagerie fonctionnelle, Inserm U678, université Pierre-et-Marie-Curie, Paris.
1
© La Lettre du Neurologue 2008;4:I-II.
Figure 2. Métastases spontanément hémorragiques d’un mélanome sur un scanner
non injecté (A). Métastases calcifiées d’un cancer du sein (B). Métastase cérébelleuse
kystique d’un cancer bronchique non à petites cellules (C). Métastase unique d’un
cancer colique évoquant un glioblastome (D, E). Noter cependant l’aspect en hyposignal Flair (E). Métastase kystique à paroi fine d’un cancer colique pouvant faire
évoquer un abcès (F).
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Figure 1. Multiples métastases cérébrales d’un cancer du sein réalisant une miliaire
métastatique (A). Noter la prédominance à la jonction substance blanche- substance
grise. Métastase unique hémorragique d’un mélanome (B). Métastases d’un cancer
colique (C, D, E). Noter l’œdème cérébral très marqué (D) et la prise de contraste
annulaire typique (E).
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janvier-février-mars-avril
- n° 1 - janvier-février 2009 | I
• Vol. XII - •n° 1-2
n ° 18
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Diagnostic différentiel
Une métastase cérébrale unique (figure 2D, F) peut avoir le
même aspect radiologique qu’un gliome de haut grade, un abcès
cérébral ou un lymphome cérébral (notamment chez le sujet
immuno-déprimé). Les nouvelles techniques d’IRM (spectro-IRM,
diffusion, perfusion) permettent de distinguer assez facilement
une métastase cérébrale d’un abcès (figure 3A, D) ou d’un
lymphome. En revanche, le diagnostic différentiel entre métastase
et gliome de haut grade reste plus difficile. L’imagerie par tenseur
de diffusion pourrait être intéressante pour distinguer l’œdème
vasogénique des métastases, de l’infiltration péri­tumorale des
gliomes de haut grade.
Les tumeurs qui peuvent se présenter comme des lésions multiples,
et donc faire évoquer à tort des métastases, sont principalement
les gliomes malins multifocaux (figure 4C) et les lymphomes
cérébraux (figure 4A). Dans le cadre de la pathologie non
tumorale, ce sont essentiellement les abcès multiples et les lésions
inflammatoires démyélinisantes (figure 4B) qui peuvent avoir
une présentation parfois pseudo-métastatique.
Figure 3. Abcès à pyogène en T1+ gado (A). Noter la coque qui apparaît en hyposignal Flair (B). Sur l’IRM de diffusion, la nécrose apparaît nettement en hypersignal
(C). Spectro-IRM caractéristique avec un multiplet d’acides aminés (D).
Chez un patient atteint d’un cancer, le diagnostic de métastases
cérébrales peut souvent être porté d’après l’aspect radiologique
des lésions. Néanmoins, il faut se rappeler que dans une étude
prospective portant sur la chirurgie des métastases cérébrales
uniques, il s’agissait en fait dans 11 % des cas d’un gliome malin,
d’une lésion inflammatoire ou infectieuse, ce qui impose de rester
vigilant et d’obtenir un diagnostic histologique en cas de doute
lié à un contexte clinique particulier (notamment infectieux) ou
en cas de caractéristiques radiologiques atypiques.
■
Pour en savoir plus…
+
Guillevin R, Menuel C, Vallee JN, de Marco G, MartinDuverneuil N, Chiras J. Tumeurs cérébrales : quelles images ?
Rev Prat 2006;56(16):1757-67.
+
Martin-Duverneuil N, Béhin A, Mokhtari K, HoangXuan K. Apport de la neuroradiologie au diagnostic et
au suivi des principaux types de tumeurs cérébrales. In:
Hildebrand J (éd). Neuro-oncologie. Doin, coll. Traité de
neurologie, 2001:73-113.
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Figure 4. Présentation pseudo-métastatique d’un lymphome cérébral du sujet immu­
nodéprimé (A), d’une encéphalomyélite aiguë ­disséminée (B), d’un glioblastome
multifocal (C) et d’une histiocytose cérébrale (D).
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Chanalet S, Lebreun-Frenay C, Frenay M, Lonjon M,
Chatel M. Symptomatologie clinique et diagnostic neuroradiologique des tumeurs intracrâniennes. In: Encyclopédie
médico-chirurgicale. Neurologie 1 (2004):91-122.
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