part des pathologies épidurales et vertébrales était grévée de 40 à
50% de faux négatifs [10, 17, 20, 22]. De plus, l’étude du liquide
céphalo-rachidien n’apporte que rarement des arguments décisifs
[10, 18]. Par conséquent, comme pour les autres lésions intra-
médullaires, l’IRM est le moyen diagnostique de choix [21]. Du fait
de la rareté des cas et de l’utilisation relativement récente de l’IRM,
lasémiologie de l’IRM n’est pas bien établie : sur les clichés en
séquence pondérée en T1, l’image est arrondie ou ovalaire légère-
ment hyper intense par rapport au cordon médullaire. Après injec-
tion de Gadolinium, la prise de contraste est franche, nodulaire ou
annulaire, parfois entourée d’une hypointensité en rapport avec un
œdème pouvant être à l’origine d’un aspect fusiforme du cordon
médullaire. Vu le contexte d’urgence dans lequel notre patient a été
admis, cette séquence avec injection de gadolinium n’a pu être
réalisée. En séquence pondérée T2, l’œdème apparaît sous la forme
d’une hyper intensité franche avec en son sein la métastase pouvant
apparaître hypointense [6, 9].
Dans notre cas, l’aspect était celui d’une grosse moelle (hypersignal
diffus), sans image nodulaire en son sein. Cet aspect n’évoquait pas
une épidurite, ni une arachnoidite car les lésions intéressaient la
totalité du cordon médullaire. Il évoquait plus une myélite d’origi-
ne carcinomateuse dans un contexte fortement évocateur.
Diagnostic différentiel
L’aspect IRM, la chronologie des évènements et surtout l’évolution
rapide vers le décès moins d’un mois après ce diagnostic de myéli-
te, nous ont permis de retenir l’origine carcinomateuse prostatique,
d’autant plus que l’imagerie a révélé des lésions métastatiques mul-
tiples intra-rachidiennes. Cependant, d’autres diagnostics peuvent
être soulevés comme la myélite virale, ou la myélite radique.
D’autres diagnostics différentiels sont rapportés dans la littérature
en cas d’images de MIM comme les tumeurs intramédullaires
(astrocytome, épendymome et hémangioblastome) et les compres-
sions extra durales mais l’évolution est tout autre.
Traitement et pronostic
Contrairement aux lésions extra durales qui peuvent bénéficier
d’une prise en charge pluridisciplinaire (décompression chirurgica-
le, radiothérapie, chimiothérapie) [13] les MIM n’ont pas, compte
tenu de leur rareté et des difficultés de leur siège, de traitement
codifié.
L’exérèse chirurgicale partielle ou totale quand elle est possible
peut parfois entraîner une stabilisation des troubles neurologiques,
une atténuation des douleurs mais surtout affirme le diagnostic le
plus souvent de MIM. La rapidité de l’évolution et l’extension de
la maladie empêche comme dans le cas rapporté ici, cette appro-
che.
La radiothérapie permet l’amélioration clinique temporaire dans
50% des cas mais à condition de la faire précocement pour préser-
ver la fonction neurologique [1, 11, 12]. La plupart des patients qui
peuvent s’améliorer cliniquement avec la radiothérapie ont une
tumeur radio sensible [1, 16]. Pour la majorité des auteurs, le trai-
tement se fait sur un segment médullaire localisé à hauteur de la
MIM à une dose de 30 Grays en 10 fractions [19]. Cependant,
comme l’IRM montre souvent une atteinte multifocale de la moel-
le épinière, certains auteurs n’hésitent pas à recommander l’irradia-
tion de l’ensemble du névraxe chez les patients ayant une MIM
[15].
Quelques cas ont bénéficié de chimiothérapie adjuvante essentielle-
ment les malades présentant des MIM secondaires à un cancer bron-
chique ou un lymphome très chimiosensible [9, 13].
L’hormonothérapie est proposée pour les cancers hormonodépen-
dants (sein, prostate) [3]. En réalité, l’exemple de notre patient
montre que ce traitement a été insuffisant pour contrarier l’évolu-
tion rapide de la maladie.
Dans tous les cas, le pronostic des MIM reste péjoratif avec une
médiane de survie de 1 mois [10], la plupart des malades décèdent
rapidement de complications en rapport avec leur déficit neurolo-
gique ou de dissémination de leur cancer.
CONCLUSION
Les MIM sont considérées comme des urgences neurologiques qui
demeurent rares. Même si l’IRM accélère la démarche diagnos-
tique, le pronostic de ces formes évoluées reste sombre.
REFERENCES
1. BALMACEDA CASTILDA : Chemotherapy for intramedullary spinal cord
tumors. Journal of Neuro-Oncology 2000 ; 47 : 293-307.
2. BENJAMIN R., M.D, M.P.H : Neurologic complications of prostate cancer.
Americain Family Physician, 2002 ; 65 : 9 : 1834-1840
3. BRIDWELL K.H, MD : Treatment of metastatic prostate cancer of the spine.
Urologic Clinics of North America, 1991 ; 18 : 153-159.
4. CLEMENCEAU S., LOPEZ M. : Tumeurs intramédullaires. Revue du Prati-
cien, 2001 ; 51 : 1206-10.
5. CONNOLLY E.S, JR., M.D, WINFREE C.J, M.D, MCCORMICK P.C, M.D,
CRUZ M, STEIN B.M. : Intramedullary spinal cod metastasis : report of
three cases and review of the literature. Surg. Neurol., 1996 ; 46 : 329-338.
6. CORMIO G., DI VAGNO G., DI FAZIO F., LOVERRO G., SELVAGGI L.
: Intramedullary spinal cord metastasis from ovarian carcinoma, case report.
Gynecologic Oncology, 2001 ; 81 : 506-508.
7. COSTIGAN D.A., WINKELMAN M.D. : Intramedullary spinal cord metasasis
:aclinicopathological study of 13 cases. J. Neurosurg., 1985 ; 62 : 227-233.
8. EDELSON RM, DECK MDF, POSNER JB : Intramedullay spinal cord
metastasis. Clinical and radiographic findings in nine cases. Neurology,
1972 ; 22 : 1222-1231.
9. FERROIR J.-P, CADRANEL J., KHALIL A., LEBRETON C., CONTANT
S., MILLERON B. : Métastases intramédullaires d’un cancer bronchique.
Rev. Neurol. (Paris), 1998 ; 154 : 166-169.
10. GREM J.L., BURGESS J., TRUMP D.L. : Clinical features and natural his-
tory of intramedullary spinal cord metastasis. Cancer, 1985 ; 56 : 2305-2314.
11. ISAACSON S.R. : Radiation therapy and managemnet of intramedullary spi-
nal cord tu mors. Journal of Neuro-Oncology, 2000 ; 47 : 231-238.
12. JANJAN NORA A., MD : Radiotherapeutic management of spinal metasta-
ses. Journal of Pain and Symptom Management, 1996, 11:47-56.
13. JARDIN F., STAMATOULLAS A., FRUCHART C., D’ANJOU J., CLÉ-
MENT J.F., TILLY H. : Atteinte de la moelle épinière et envahissement
méningé lors d’une maladie de Hodgkin ; à propos d’un cas et revue de la
littérature. Rev. Méd. Interne, 1999 ; 20 : 267-271.
14. MARKUS J.B., MD : Magnetic resonance imaging of intramedullary spinal
cord metastases. Clinical Imaging, 1996 ; 20 : 238-242.
15. NORMAN M.D., ADELSTEIN D.J., KARLINS N.L. : Intramedullary spi-
nal cord metastasis : diagnostic and therapeutic considerations. Arch.
Neurol., 1987, 44 : 526-531.
16. OGINO M., UEDA R., NAKATSUKASA M., MURASE I. : Successful
removal of solitary intramedullary spinal cord metastasis from colon cancer.
Clinical Neurology and Neurosurgery, 2002 ; 104 : 152-156.
17. POST M.J.D., QUENCER R.M., GREEN B.A., ET AL : Intramedullary spi-
nal cord metastases, mainly of nonneurogenic origin. AJNR 1987 ; 8 : 339-
346.
18. SAPOZINK M.D., KAPLAN H.S. : Intracranial Hodgkin’s disease : a report
of 12 cases and review of litterature. Cancer, 1983 ; 52 : 1301-1307.
K. Jalali et coll., Progrès en Urologie (2004), 14, 554-557
556