
Revue Médicale Suisse
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17 décembre 2014 2417
est applicable à toutes les grandes articulations et qui prend
en compte les principes sur lesquels le traitement moderne
d’une fracture périprothétique est basé, à savoir la locali-
sation anatomique de la fracture par rapport à l’implant, si
l’implant est encore fixé à l’os ou s’il est descellé, et la qua-
lité osseuse autour de l’implant.
traitement
Le traitement d’une fracture périprothétique a pour ob-
jectifs principaux la consolidation osseuse en présence d’un
implant stable et la restauration de la fonction articulaire.
Afin de réaliser ces objectifs, nous avons à disposition deux
formes de traitement, le traitement conservateur et le trai-
tement chirurgical, et ce dernier peut être subdivisé en
deux catégories qui sont l’ostéosynthèse seule et le rem-
placement prothétique avec ou sans ostéosynthèse. Dans
la décision thérapeutique, deux questions primordiales
sont alors à poser : celle de la stabilité de l’implant (s’il est
encore fixé à l’os ou s’il est descellé) et celle de l’état géné ral
du patient (ses comorbidités, sa demande fonctionnelle, la
fonction de l’articulation avant la fracture).
Le traitement conservateur est généralement proposé
dans deux situations : chez des patients valides avec une
fracture ne présentant qu’un déplacement marginal en pré-
sence d’une prothèse bien fixée, chez qui le traitement
chirurgical n’aurait pas ou que très peu de bénéfices (figure
7A et B), et chez des patients dont l’état général ne permet
pas une prise en charge chirurgicale au vu du risque vital trop
élevé. Il consiste d’habitude en une immobilisation plus ou
moins stricte du segment de membre touché pendant plu-
sieurs semaines, suivie d’une période de rééducation.
L’ostéosynthèse est le traitement de choix pour toutes
les fractures déplacées et en présence d’un implant scellé
(les «B1» de la classification de Vancouver), chez des pa-
tients valides et pouvant tolérer une intervention chirurgi-
cale.16 Ses avantages sont la réduction de la fracture qui di-
minue fortement les risques de pseudarthrose et de cal vi-
cieux, et sa fixation qui rend possible une rééducation plus
précoce. En raison de l’obstruction fréquente du canal mé-
dullaire par la tige prothétique, la fixation des os longs se
fait majoritairement à l’aide de plaques, vis et cerclages (fi-
gure 8A et B), mais une fixation intramédullaire par clou est
également possible dans des cas choisis.17
Le remplacement prothétique est préconisé en présence
d’un implant descellé (les «B2» et«B3» de la classification
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est l’image-
rie de choix pour évaluer de façon précise les tissus mous à
proximité de la prothèse et, depuis l’existence de protocoles
spécifiques de diminution des artéfacts liés à la présence
de métal (MARS pour
Metal Artefact Reduction System
), elle
permet également de visualiser l’interface os-prothèse,13
mais n’est réalisable que chez des patients collaborants.
Autres investigations
La ponction de l’articulation prothétique est une possibi-
lité pour diagnostiquer une infection de prothèse. Chaque
fracture périprothétique qui se produit sans traumatisme
adéquat, surtout en présence d’un implant déjà sympto-
matique auparavant, devrait donc, si le temps le permet,
bénéficier d’une ponction articulaire, avec envoi du prélè-
vement en cytologie pour numération et différenciation cel-
lulaires, et en microbiologie pour culture, à la recherche
d’une éventuelle infection à bas bruit.
Le protocole opératoire doit être étudié avant la révi-
sion de prothèse. Il est fortement recommandé de se pro-
curer tous les documents relatifs à la ou aux interventions
précédentes afin d’identifier le type et la marque des im-
plants, leur taille et leur méthode de fixation, surtout si l’im-
plantation de la prothèse s’est faite dans un autre hôpital.
classifications
Une classification idéale devrait être facilement utili-
sable en pratique clinique quotidienne, orienter son utili-
sateur dans le choix du traitement à appliquer, donner une
idée à propos de la sévérité de la lésion et donc aussi sur
son pronostic, et avoir une fiabilité intra- et interobserva-
teurs élevée. Dans le cadre des fractures périprothétiques,
il existe un grand nombre de classifications différentes, en
fonction de la région anatomique concernée. Certaines sont
dérivées de la classification de Vancouver,14 qui a été éta-
blie pour les fractures périprothétiques du fémur en pré-
sence d’une tige de PTH (tableau 1). Duncan et Haddad
ont développé, sur la base de celle de Vancouver, une clas-
sification universelle, «Unified Classification System»,15 qui
Types Localisation Sous-types
de la fracture
A Région AG : grand trochanter
trochantérienne AL : petit trochanter
B Autour ou juste distale B1 : tige fixée
à la tige B2 : tige descellée
B3 : tige descellée et
qualité osseuse
inadéquate
C Bien distale à la tige
Tableau 1. Classification de Vancouver pour les
fractures périprothétiques du fémur en présence
d’une tige de prothèse totale de hanche
Figure 6A et B. CT d’une fracture de fémur distal
sur prothèse totale de genou (PTG)
A B
Le CT confirme une quantité insuffisante d’os restant fixé à l’implant pour
pouvoir réaliser une ostéosynthèse.
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