Portraits
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Portraits
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PROVINCE DES ILES
LOYAUTÉ
les Cahiers les Cahiers de l’économie et de l’environnement des îles Loyauté
MADO OCÉANE QENEGEI,
Entre environnement et culture
Aînée d’une famille de quatre frères et sœurs, Mado Océane Qenegei grandit à Hapetra et décroche un bac ES au lycée
polyvalent des Iles. Au cours de sa troisième année de licence économie et gestion à l’UNC, elle répond à un appel à can-
didature de la direction de l’Enseignement relatif au dispositif BSIL*. Elle s’envole bientôt pour la ville de Mende (Lozère), où
elle obtiendra une licence, puis un master 1 et 2, d’économie et management, mention tourisme. Mado produit à l’occasion
un mémoire sur la contribution de la culture kanak dans une démarche de développement touristique.
MARJORIE WEJIEME,
responsable qualité et communication
au service environnement
Retour aux sources
Après un bac SVT à Blaise-Pascal, Marjorie Wejieme suit « par défaut » un Deug
à Nouville. « Je ne voulais pas partir en Métropole, mais ce que je faisais ici ne me
plaisait pas du tout. » Alors l’enfant de Lifou choisit une licence biologie des orga-
nismes à Toulouse, enchaîne avec une maîtrise biologie de la conservation. Mais
sans conviction. Elle rentre à Nouméa et intègre en 2006 le service environnement
de la Province, en pleine pré-inscription des atolls d’Ouvéa et Beautemps-Beaupré
au Patrimoine mondial. À la même époque, le schéma de gestion des déchets se
dessine doucement.
Quatre ans plus tard, Marjorie décide de regoûter aux études. Via Cadres Avenir,
elle part pour Troyes en master 1 et 2 ingénierie et management de l’environnement
du développement durable, qu’elle boucle par un stage de six mois dans une so-
ciété d’ingénierie automobile dont elle réalise notamment le bilan carbone.
OMAYRA NAISSELINE,
disposition d’Initiative Nouvelle-Calédonie
Toujours plein de projets
Originaire de Lifou, Omayra Naisseline (29 ans) exerçait depuis 2009 comme tech-
nicienne dans les secteurs du tourisme et de la PME-PMI, à la direction de l’Éco-
nomie intégrée. À l’antenne de La Roche, instruction, montage et accompagne-
ment des projets constituaient son plus gros pain quotidien. Parmi ces dossiers,
ceux aidés par Initiative NC, chaque année plus nombreux. Pour Isabelle Laran,
directrice de l’association, cela devenait compliqué d’en assurer elle-même un sui-
vi ecace. Alors, la Province a mis Omayra à disposition d’Initiative NC. Toujours
salariée de la collectivité – l’association supportant les frais de déplacement –, elle
a pris ses nouvelles fonctions en janvier.
Revenue en Calédonie n 2012, elle
enchaîne les boulots : conseillère à
l’ADIE** sur la zone Boulouparis-Ya-
té-Thio-Païta, chargée d’étude à l’IAC
où elle se penche sur l’impact so-
cio-économique et culturel d’un projet
d’hôtel de grand standing aux Loyauté,
et chargée de mission à la SODIL*** où
elle organise, entre autres, une charte
de bonne conduite pour l’ensemble des
acteurs de ce même projet d’hôtel.
Structurer les activités
Le 5 janvier 2015, elle succède à Li-
las Nyipie comme chargée de la lière
tourisme à la DEI****. « En 2009, lors
de l’octroi de la bourse, j’avais pris un
engagement avec la Province : vous
m’aidez, et à mon retour je travaillerai
pour vous. » Aujourd’hui Mado œuvre
à développer une stratégie touristique
provinciale. Elle gère les partenariats
conventionnés entre la DEI et les orga-
nismes de professionnels ou encore les
chambres consulaires, comme la réali-
sation des audits des hôtels et des ac-
cueils en tribu assurés par la CCI*****,
poursuit les chantiers précédents en
y ajoutant « une touche culturelle »
pour cibler « une clientèle éco-respon-
sable ». Elle juge les randonnées pé-
destres méconnues, aimerait structurer
les activités pleine nature (former des
guides pour la découverte de grottes
par exemple), accompagne le déve-
loppement des activités aussi bien ter-
restres que nautiques. « Une politique
touristique doit commencer par la mise
en place d’activités de loisirs, arme-t-
elle, c’est ce que recherche d’abord le
visiteur ».
* BSIL : Bourse spécique des Iles ;
** ADIE : Association pour le Droit
à l’Initiative économique.
*** SODIL : Société d’investissement
des îles Loyauté
**** DEI : Direction économique Intégrée
***** CCI : Chambre du Commerce
et de l’Industrie
« Motivée, dynamique, authentique », cette
jeune maman qui fêtera ses 30 ans en sep-
tembre, pratique le volley-ball et le cricket à
Bethel Sport. Et bientôt la pétanque !
Dicile pour Marjorie de dissocier communica-
tion et qualité : « Pour inciter les collègues à
mettre en place de nouvelles procédures, il faut
avoir des compétences de bon communicant ».
À l’issue d’une année sabbatique, elle
revient au pays n 2013. « La reprise
a été dure, j’ai galéré un an pour re-
trouver du boulot. » Elle postule un peu
partout, avant d’eectuer un retour aux
sources à Lifou : plantation d’ignames,
réapprentissage des pratiques tradi-
tionnelles…
Enquête de notoriété
En novembre 2014, Marjorie est en-
gagée comme responsable qualité et
communication au service de l’environ-
nement. Une création de poste. « Je
l’avoue, j’étais un peu perdue au début,
vu l’ampleur du chantier à mener. » Côté
com, elle commence par établir un dia-
gnostic, avec enquête de notoriété du
service auprès de la population. « Au-
jourd’hui il nous faut dénir une vraie
stratégie de communication externe »,
indique-t-elle. Et lancer des supports
thématiques – gestion des déchets,
biodiversité… – destinés, en particulier,
aux actions de sensibilisation.
Depuis avril, Marjorie planche aussi sur
un système de management qualité
en vue d’optimiser le fonctionnement
du service. Objectif, la certication
ISO 9001 pour début 2016. Celle qui
s’adapte à toutes les situations ne s’in-
quiète pas trop : « Mes collègues ont
déjà des tableaux de bord, une bonne
méthodologie, il sura de retravailler
certains détails ».
Omayra et Isabelle, directrice d’Initiative NC,
analysent les dossiers, en parlent ensemble et
trouvent des solutions.
Prêt et accompagnement
Initiative NC aide les porteurs d’un
projet professionnel à nancer leur
apport personnel auprès d’une
banque, par des prêts sans garan-
tie, ni intérêts ni frais de dossier. Elle
assure gratuitement leur accompa-
gnement jusqu’à ce qu’ils soient au-
tonomes. En huit ans, l’association
a soutenu 400 projets (en photo la
table d’hôte de Sera Paala à Maré),
avec un taux de pérennité de 94 % à
trois ans. Lancé en 2013, le dispositif
Dom Création, tourné vers les jeunes,
s’étend cette année aux Loyauté.
Des articles sur Facebook
À Nouméa, la chargée de mission s’oc-
cupe comme avant des porteurs de
projets loyaltiens, ceux de Lifou et Ou-
véa en plus. « À Maré, on nance un
service de gamelles, une dame qui fait
de l’élagage, un monsieur qui loue des
scooters… Sur Lifou, nous soutenons
l’accueil en tribu et, avec la remise aux
normes des bus, plusieurs transpor-
teurs. Et à Ouvéa une ambulance, la
distillerie de santal… ». Seule diérence
notoire, « maintenant j’ai également les
secteurs pêche et agriculture ».
Chaque mois, Omayra rédige sur la
page Facebook d’Initiative NC des ar-
ticles consacrés aux personnes aidées.
La convention de mise à disposition a
été signée pour un an, renouvelable.
«J’espère qu’elle sera reconduite, lance
Isabelle. Cela nous permet d’être plus
présents sur le terrain, plus proches
des gens. Et puis Omayra passe très
bien. Elle est avenante, à l’écoute, intel-
ligente, volontaire… » N’en jetez plus !
© Photos : JME