Figure 5. Algorithme immunohistochimique et moléculaire du diagnostic des carcinomes
pulmonaires.
Carcinome
Non à petites cellules
Morphologie malpighienne
CK5-6 +++
P63 +++
Carcinome malpighien
30 %
Papillaire-lépidique (TRU)
TTF1+
EGFR+ ou HER2+
Non-fumeur
(10-15 % ADK)
Adénocarcinome
50 %
Mucipare
TTF1–
Ras+
Fumeur
(20-30 % ADK)
Solide/acinaire
Goblet cells
ALK+
Peu ou non-fumeur
(3-7 % ADK)
Morphologie glandulaire
Mucines +
P63 –/+
CK5-6 –/+
À petites cellules
20 %
Évolution de la classification histologique
des cancers broncho-pulmonaires non à petites cellules
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du poumon
Le challenge du diagnostic
de carcinome pulmonaire
sur des prélèvements de petite
taille
En raison de l’hétérogénéité légendaire des cancers
pulmonaires en général, les biopsies de petite taille
et les prélèvements cytologiques peuvent ne pas
être représentatifs de la tumeur dans son ensemble,
la tentation étant, dans les cas de carcinome non à
petites cellules, de poser le diagnostic de carcinome
à grandes cellules ; celui-ci n’est autorisé que sur
les prélèvements larges chirurgicaux et repose sur
l’absence totale de différenciation malpighienne ou
glandulaire. Dans les cas de carcinome non à petites
cellules sans évidence morphologique de différen-
ciation épidermoïde ou adénocarcinomateuse,
l’immunohistochimie est de nature à permettre le
sous-typage précis dans 80 % des cas. TTF1 s’impose
comme le meilleur marqueur des adénocarcinomes,
avec la mise en évidence de mucines par le PAS
(Periodic Acid Schiff) diastase. Les anticorps anti-
P63 et cytokératines 5-6 (CK5-6) sont rapportés
dans la littérature comme des marqueurs fiables
de différenciation squameuse (19, 20). La cytoké-
ratine 7 n’a pas d’intérêt majeur pour le diagnostic
d’adénocarcinome, car elle est exprimée par 23 %
des carcinomes malpighiens, de même que les anti-
corps 34βE12 et S100A7, qui sont moins spécifiques
et sensibles pour la différenciation squameuse. En
pratique, les cas de carcinomes non à petites cellules
positifs pour TTF1 et/ou les mucines et négatifs pour
les marqueurs épidermoïdes P63 et/ou CK5-6 sont
proposés comme “carcinomes non à petites cellules
dont le phénotype est en faveur d’un adénocarci-
nome”. Les cas positifs pour P63 et/ou CK5-6 mais
négatifs pour TTF1 et/ou les mucines seront classés
comme “carcinomes non à petites cellules dont le
phénotype est en faveur du carcinome épidermoïde”
(figure 5). Cependant, il reste un petit pourcentage
de cas (10 à 20 %) de profil ambigu ; dans ces cas,
il convient de conserver le diagnostic de carcinome
non à petites cellules mais de proposer, comme pour
un adénocarcinome avéré, la recherche de muta-
tions susceptibles d’orienter une thérapeutique
ciblée (EGFR, Ras, EML4/ALK, Braf, etc.). Doivent
se discuter également, à l’occasion d’une confron-
tation multidisciplinaire, l’opportunité d’un prélè-
vement supplémentaire si le sous-typage affecte le
traitement et le site à prélever, car l’incidence de
certaines mutations est variable entre le site primaire
et le site métastatique, et l’on peut être confronté à
l’apparition de mutations de résistance (EGFR, ALK).
Le pourcentage de cellules présentes sur une biopsie
de petite taille peut être limitant pour les analyses
moléculaires, selon les techniques utilisées en aval.
Le pathologiste ou le cytologiste, qui doit privilégier
les cytoblocs, doit veiller à une fixation optimale
des prélèvements (formol préféré à l’AFA, le Bouin
étant proscrit) et doit déterminer si le prélèvement
est adéquat et le pourcentage de cellules tumorales
qu’il présente, de façon à minimiser les risques de
faux négatifs en biologie moléculaire. Ce matériel
doit être utilisé de la façon la plus judicieuse possible,
en privilégiant toujours le diagnostic, mais aussi de
la façon la plus économique possible, et l’on décou-
ragera l’utilisation massive d’anticorps multiples, en
dehors du panel déjà mentionné, qui risque d’épuiser
un matériel déjà restreint. ■
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Références bibliographiques