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Au sujet de l’article “Le cancer bronchique chez la femme”
● M. Grivaux*, F. Blanchon*
article de B. Mennecier et E. Quoix paru récemment
dans La Lettre du Pneumologue (2005;VIII:109-17)
a retenu notre intérêt, et son propos est étayé par une
publication récente (1) fondée sur l’étude KBP-2000 du Collège
des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) (2).
L’
Parmi les 5 667 patients atteints de cancer bronchique primitif (CBP)
inclus dans cette étude durant l’année 2000, 904 femmes (16 %)
ont fait l’objet d’une analyse détaillée. Nous souhaitons donc
exposer rapidement nos résultats et souligner quelques différences
d’appréciation.
✓ L’article, dans son introduction, laisse entendre que le comportement des femmes face au tabagisme joue probablement un rôle
dans le développement des adénocarcinomes. Cette hypothèse reste
plausible, mais notre étude montre combien un grand nombre de
cancers, et plus particulièrement d’adénocarcinomes, ne sont pas
liés au tabagisme actif : ainsi, 32,3 % des femmes atteintes de CBP
sont non fumeuses (contre 2,5 % des hommes), et cette proportion
monte à 43,4 % pour les adénocarcinomes. Force est donc de chercher d’autres facteurs de risque ou d’autres mécanismes (tabagisme
passif).
✓ Globalement, comme le soulignent les auteurs, nous retrouvons
un âge non significativement différent entre hommes et femmes
au moment du diagnostic, mais l’intérêt est également de comparer les tranches d’âge, comparaison qui, dans notre étude, révèle
une différence nette : ainsi, il existe une représentation significativement plus importante des femmes atteintes de CBP avant 50 ans
et après 70 ans par rapport aux hommes.
* Service de pneumologie, centre hospitalier de Meaux.
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✓ Notre étude confirme par ailleurs que, parmi les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC), c’est l’adénocarcinome
qui prédomine chez la femme (45,3 %) alors que, chez l’homme,
c’est l’épidermoïde (43,1 %). Nous retrouvons également une
consommation tabagique moindre et durant moins longtemps que
chez l’homme.
✓ Concernant le stade de la maladie des CBNPC, contrairement
aux données de l’article, nous trouvons significativement (p = 0,02)
plus de stades IV chez la femme (48,1 %) que chez l’homme
(41,6 %). Chez la femme, 53,8 % des adénocarcinomes sont des
stades IV, contre seulement 39,2 % des épidermoïdes.
✓ En conclusion, notre étude vient confirmer et nuancer en plusieurs points l’article de Mennecier et Quoix :
– la fréquence du CBP progresse nettement chez la femme ;
– les femmes atteintes de CBP ont fumé quantitativement moins
et moins longtemps que les hommes, ce qui suggère une plus grande
susceptibilité au tabac ;
– toutefois, il existe également une forte proportion de femmes
atteintes non fumeuses, ce qui doit faire réévaluer le rôle du tabagisme passif et d’autres facteurs de risque (environnementaux, professionnels, hormonaux, etc.) ;
– l’adénocarcinome chez la femme paraît lié de façon indépen■
dante à un tabagisme moindre et à un âge plus jeune.
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1. Grivaux M, Breton JL, Bombaron P et al. Lung cancer among women. Analysis
of the 904 French women with lung cancer included in the KBP-2000-CPHG
study of the French College of General Hospital-based Pneumologists (CPHG).
Lung Cancer 2004;45:279-87.
2. Blanchon F, Grivaux M, Collon T et al. Épidémiologie du cancer bronchique
primitif pris en charge dans les centres hospitaliers généraux français. Étude
KBP-2000-CPHG du Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux
(CPHG). Rev Mal Respir 2002;19:727-34.
La Lettre du Pneumologue - Volume VIII - no 2 - mars-avril 2005
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