La co-infection au CMV accroîtrait le risque de crise cardiaque et d

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Nouvelles-CATIE
Des bulletins de nouvelles concis en matière de VIH et d’hépatite C de CATIE.
La co-infection au CMV accroîtrait le risque de crise cardiaque et
d’AVC
20 août 2014
Comme nous l’avons mentionné dans le bulletin précédent de Nouvelles CATIE , le cytomégalovirus (CMV) fait partie
de la famille des virus de l’herpès. L’infection au CMV est relativement courante chez les adultes mais ne cause pas
de maladie évidente grave dans la majorité des cas. Or, chez les personnes au système immunitaire affaibli — telles
les personnes séropositives non traitées et les receveurs de greffes d’organes sous traitement
immunosuppresseur — le CMV peut causer de graves complications.
À l’époque d’avant l’arrivée des combinaisons de puissants médicaments contre le VIH (couramment appelées
thérapies antirétrovirales ou TAR), une complication du sida, appelée rétinite à CMV, suscitait beaucoup d’inquiétudes
auprès des gens car elle pouvait causer la cécité (la rétine étant est la partie de l’œil qui est sensible à la lumière).
Au Canada et dans les autres pays à revenu élevé, cependant, les chercheurs savent que les complications
infectieuses du CMV sont très rares de nos jours chez les personnes séropositives suivant une thérapie
antirétrovirale. La TAR réduit énormément la production de VIH et permet au système immunitaire de se réparer
suffisamment pour que les infections liées au sida se fassent peu communes et que la durée de survie des
personnes sous traitement s'approche de celles des personnes séronégatives.
Autres effets du CMV
Les résultats d’études par observation menées auprès de personnes séronégatives portent à croire que le CMV joue
un rôle dans l’accélération de la progression des maladies cardiovasculaires. Certaines recherches donnent aussi à
penser que le CMV peut provoquer le vieillissement prématuré du système immunitaire.
Des chercheurs à Rome suivent la santé de milliers d’Italiens séropositifs inscrits à une base de données appelée
ICONA. La plus récente analyse de celle-ci a porté spécifiquement sur les personnes séropositives co-infectées par le
CMV. Les chercheurs italiens ont trouvé que les participants ayant cette co-infection couraient un risque accru de
complications non liées au sida. Dans certains cas, les complications en question ont entraîné la mort. Plus
particulièrement, la co-infection au CMV était associée à une augmentation du risque de complications d’ordre
cardiovasculaire, notamment la crise cardiaque et l’accident vasculaire cérébrale ou AVC.
Détails de l’étude
L’équipe de la base de données ICONA collecte des informations se rapportant à la santé de personnes
séropositives depuis avril 1997. Elle inclut à l’heure actuelle des données recueillies auprès de 10 000 personnes
vivant un peu partout en Italie.
Les chercheurs ont analysé les données recueillies jusqu’en octobre 2012 auprès des participants qui avaient les
caractéristiques suivantes lors de leur admission à l’étude :
présence d’anticorps anti-CMV
absence de complications infectieuses attribuables au CMV (notons que le virus peut nuire aux yeux, aux
poumons, au cerveau et au tractus gastro-intestinal)
absence de crise cardiaque, d’AVC ou d’autre complication cardiovasculaire majeure non liée au sida
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Les chercheurs ont été en mesure d’analyser les données recueillies auprès de 6 111 participants séropositifs, dont
5 119 personnes co-infectées par le CMV et 992 personnes non infectées.
Les participants avaient le profil moyen suivant :
âge – entre 32 et 42 ans
sexe – 71 % d’hommes et 29 % de femmes
co-infection au virus de l’hépatite C – 34 %
co-infection au virus de l’hépatite B – 5 %
diagnostic antérieur de sida – 11 %
TAR en cours – 12 %
compte de CD4+ – 443 cellules/mm3
rapport CD4/CD8 – 0,46
charge virale en VIH – 5 500 copies
Les participants ont été suivis sur une période allant de deux à 10 ans.
Résultats — événements liés au sida
Les événements suivants se sont produits au cours de l’étude :
413 personnes ont présenté des infections et/ou des cancers liés au sida
77 personnes sont mortes de complications liées au sida
Les infections courantes liées au sida incluaient les suivantes :
infections graves à levures touchant la bouche et la gorge
pneumonie à Pneumocystis jirovecii (appelée autrefois PPC [pneumonie à Pneumocystis carinii ], celle-ci a été
renommée après qu’une analyse génétique ait révélé la nécessité de reclasser le microbe; certains appellent
toujours la pneumonie causée par PJ la pneumonie pneumocystique ou encore la pneumocystose)
tuberculose (TB)
sarcome de Kaposi (SK)
On n’a constaté aucune différence significative entre le nombre d’événements ou de décès attribuables au sida
survenus chez les personnes co-infectées par le CMV et celles n’ayant pas la co-infection.
Résultats — événements graves non liés au sida
Les événements suivants se sont produits au cours de l’étude :
326 personnes ont présenté de graves complications non liées au sida
12 personnes sont mortes de complications non liées au sida
Selon les estimations des chercheurs, l’un ou l’autre des événements ci-dessus se serait produit chez les
participants sur une période d’une décennie dans les proportions suivantes :
positif pour le VIH, négatif pour le CMV – 6 %
positif pour le VIH, positif pour le CMV – 9 %
Cette différence s'est révélée significative du point de vue statistique, c’est-à-dire non attribuable au hasard
seulement.
Dans l’ensemble, la co-infection au CMV a été associée à une augmentation de 50 % du risque de complications
graves ou de mortalité de causes non liées au sida.
Exclusion d’autres facteurs
Lorsque les chercheurs ont tenu compte des autres facteurs susceptibles d’influencer les résultats de leur étude,
tels que la TAR, la charge virale en VIH, le tabagisme et le compte de CD4+, la séropositivité au CMV est demeurée
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un facteur important quant à la survenue d’événements graves.
Des analyses poussées ont tenu compte de la co-infection par les virus causant l’hépatite. Selon ces analyses, les
personnes ayant le CMV qui n’avaient ni l’hépatite B ni l’hépatite C couraient elles aussi un risque considérablement
accru de complications ou de mortalité non liées au sida. Spécifiquement, chez les participants qui n’étaient pas coinfectés par un virus causant l’hépatite, la présence du CMV était associée à deux fois plus de risques d’événements
graves non liés au sida.
Affections spécifiques
La liste suivante indique certaines des graves maladies et complications survenues chez les personnes co-infectées
par le VIH et le CMV.
Complications cardiovasculaires, cardiopulmonaires et cérébrovasculaires :
AVC
crise cardiaque, insuffisance cardiaque, cœur affaibli ou enflé
hypertension touchant les artères des poumons
accumulation de liquide dans les poumons
vaisseaux sanguins endommagés
Cancers :
lymphome hodgkinien
cancer du poumon
cancer de la tête et du cou
cancer de la vessie
Des affections neurologiques n’ayant aucun rapport avec les maladies cardiovasculaires se sont également
produites, y compris les suivantes :
lésions nerveuses dans les mains et les pieds (neuropathie périphérique)
crises de nature épileptique
Qu’est-ce que cette recherche comporte de nouveau?
Même si une autre étude menée auprès de participants séropositifs avait déjà établi un lien entre l’infection au CVM
et un risque accru de maladies cardiovasculaires (tel que déterminé par des tests de laboratoire), cette étude
italienne est la première à faire le lien entre la co-infection au CMV chez des personnes séropositives et des résultats
cliniques – maladies ou décès – non liés au sida.
Il faut se rappeler que les chercheurs ne savent pas exactement de quelle façon l’infection au CMV causerait des
complications cardiovasculaires, mais plusieurs hypothèses ont été avancées, dont certaines incriminent
l’inflammation induite par le CMV.
Conseils des chercheurs
L’équipe italienne encourage les médecins et infirmiers qui s'occupent de personnes séropositives à suivre de près
leurs patients atteints également du CMV. De cette manière, espèrent les chercheurs italiens, ils pourront mieux
prévenir les complications graves découlant de maladies cardiovasculaires, ainsi que les décès qui en résultent. Les
chercheurs conseillent également aux professionnels de la santé d’aider leurs patients à réduire leur risque global de
maladies cardiovasculaires.
À venir
Les résultats de l’étude ICONA devraient être confirmés par d’autres bases de données importantes. L’ICONA
s’ajoute à la masse croissante de données probantes indiquant que le CMV joue potentiellement un rôle dans la
santé des personnes vivant avec le VIH. L’ICONA et d’autres études ont suscité un intérêt croissant envers la
recherche de nouveaux traitements plus sécuritaires contre le CMV. Dans notre prochain bulletin de Nouvelles
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CATIE , nous explorerons les thérapies actuelles et émergentes visant à contrôler l’infection au CMV.
Ressource
Le VIH et la maladie cardiovasculaire – Feuillet d’information de CATIE
—Sean R. Hosein
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