au rythme de deux interventions par mois. Ce nombre devrait bientôt doubler. Le TAVI est actuellement réservé aux patients présentant un rétrécissement aortique serré symptomatique pour lesquels le chirurgien cardiaque estime le risque chirurgical trop important. L’un des grands avantages du TAVI est qu’il ne nécessite ni circulation extra-corporelle (CEC), ni sternotomie. Le retour à une activité normale est facilité par l’absence de cicatrisation du sternum, permettant une durée d’hospitalisation courte de 5 à 6 jours habituellement. Dans 75% des cas, le recours à l’anesthésie générale n’est pas non plus indispensable. La possibilité d’éviter une anesthésie générale permet donc d’opérer en loco-régional un patient souffrant d’insuffisance respiratoire par exemple. Après la réalisation d’un TAVI, l’amélioration du pronostic est majeure pour les patients. Leur pronostic global reste dépendant des comorbidités associées. «Le TAVI est un geste relativement peu invasif. On peut dire que c’est un apport révolutionnaire dans la prise en charge des patients à risque chirurgical élevé, estime le Pr Luc-Philippe Christiaens, du service médico-chirurgical de cardiologie au CHU de Poitiers. Il y a 15 ans, si quelqu’un m’avait dit qu’on allait pouvoir implanter une valve à l’intérieur du cœur du patient sans avoir à l’endormir, je ne l’aurais pas pris au sérieux. Or, c’est aujourd’hui devenu une réalité et ce progrès technologique rend un service très important aux patients fragiles.» La première implantation chez l’homme a été réalisée en 2002 par son inventeur, le Pr Alain Cribier au CHU de Rouen. Cette procédure a depuis confirmé son efficacité. Sur dix personnes opérées, neuf ne connaissent pas d’insuffisance cardiaque au cours de l’année qui suit. Depuis 2010, le nombre de TAVI est de l’ordre de 2 000 par an en France. La décision de réaliser un TAVI ou un remplacement chirurgical est prise au cours d’une réunion avec en première ligne les chirurgiens cardiaques. A Poitiers, l’équipe regroupe deux cardiologues interventionnels (le Pr Christiaens et le Dr Mergy, tous deux formés au centre chirurgical Marie-Lannelongue au Plessy-Robinson), un chirurgien cardiaque (Pr Corbi), un cardiologue spécialisé en échographie, et un anesthésiste. Ensemble, ils décident de la technique la plus appropriée : chirurgie ou remplacement valvulaire percutané. La majorité des patients ayant plus de 80 ans, l’implication des gériatres (Dr Bellabre du service du Pr Paccalin) est aussi très importante afin d’analyser l’état physiologique de ces personnes. Deux types de prothèses existent : une bioprothèse sertie sur un stent (prothèse Edwards Sapien), et une bioprothèse auto-expansive (prothèse Medtronic Corevalve). Pour opérer, la voie trans-fémorale par ponction directe de l’artère fémorale est la plus fréquemment utilisée (70% des cas). Les accès alternatifs sont les voies sous-clavière, trans-carotidienne, trans-aortique par abord de l’aorte ascendante, et la voie transapicale, qui passe par la pointe du ventricule gauche. Ces deux dernières voies d’abord nécessitent une anesthésie générale. L’intervention fait suite à la confirmation d’un rétrécissement aortique par le cardiologue du patient après examen échographique. La personne est alors accueillie en hôpital de semaine pendant 48 heures pour des examens complémentaires (échographie, scanner, coronarographie) dans le service de cardiologie, et une consultation gériatrique afin d’évaluer son état physiologique global. L’opération est ensuite programmée. L’intervention est effectuée en deux heures environ. Les risques principaux sont les complications artérielles locales au point de ponction, les embolies artérielles ou cérébrales et la nécessité éventuelle d’un stimulateur cardiaque (pacemaker). La durée d’hospitalisation est courte. Après cinq jours (dont deux en soins intensifs) le patient peut être de retour à domicile, contre une dizaine de jours en cas d’intervention chirurgicale. La rééducation est inutile et le suivi consiste en une consultation cardiologique avec échographie à un mois, trois mois et six mois après l’opération. n CHU Magazine n° 66 – 13