4 IGAS, RAPPORT N°2013-103R
Dans ce contexte, auquel s’ajoute la mise en œuvre des dispositions de la loi relative au
renforcement de la sécurité sanitaire du médicament du 29 décembre 2011 qui, en modifiant le
mode de financement de l’ANSM, a imposé un passage en comptabilité publique des CPP, la
ministre des affaires sociales et de la santé a souhaité que l’Inspection générale des affaires
sociales (IGAS) :
1. Etudie les différentes modalités possibles d’organisation du recours aux CPP, notamment
selon trois hypothèses, en tenant compte d’exemples européens existants : tirage au sort
national, tirage au sort régional, création d’une instance unique en remplacement des actuels
39 CPP (en en précisant les modalités de fonctionnement) ;
2. Précise la nature de l’évaluation confiée au(x) CPP : aujourd’hui, ces instances évaluent tant
la pertinence scientifique et la méthodologie de la recherche que la protection des données et
des personnes (les questions de sécurité relevant quant à elles de l’ANSM) ;
3. Fasse des propositions visant à optimiser les délais d’évaluation des projets de recherche.
La mission désignée par le chef de l’IGAS, composée de Muriel DAHAN, Christian
CAHUT et Philippe COSTE, a consulté une abondante documentation, à commencer par le
précédent rapport de l’IGAS de 2005 sur le sujet. Elle a réalisé deux enquêtes, l’une auprès des
CPP, l’autre à vocation de comparaisons internationales auprès des conseillers des affaires
sociales des pays en disposant. Elle a conduit plus d’une cinquantaine d’entretiens, a rencontré les
acteurs européens, a visité six CPP, et a ainsi recueilli les éclairages d’une diversité très
importante d’intervenants.
Le principal constat a été celui d’une grande complexité d’un sujet que les réformes
successives ont toutes voulu simplifier. Le rapport de 2005 soulignait déjà à quel point les
difficultés des démarches d’évaluation des recherches biomédicales s’étaient amplifiées avec le
temps, et malgré la constitution depuis d’un « guichet unique » de soumission pour autorisation
des recherches sur les produits de santé et hors produits de santé (ces dernières étant
précédemment autorisées par la Direction générale de la santé DGS)1, le paysage n’a fait que
devenir de plus en plus touffu.
Aussi, la première ambition du présent rapport a été de décrire le plus clairement possible
une situation liant intimement les aspects règlementaires, scientifiques et les enjeux nationaux et
internationaux, concernant les recherches à promotion industrielle et institutionnelle, en prenant
en compte les exigences d’efficience et les perspectives de progrès et de développement majeur
attendu du recours à des bases de données.
La première question posée à la mission l’a conduite à étudier un par un les différents
scénarios possibles d’évolution de l’organisation du recours aux CPP, que l’actuel projet de
décret, voire les éventuels besoins de modifications législatives liés à l’adoption future des RE,
pourraient permettre juridiquement.
L’hypothèse proposée par la lettre de mission de la fusion des 39 CPP actuels en un
comité unique professionnalisé relève d’une logique de rationalisation pouvant paraître a priori
pertinente, au regard de la nécessité d’harmoniser les évaluations des CPP, et d’optimiser leurs
coûts de gestion. L’analyse détaillée réalisée par la mission conduit à l’exclure, en premier lieu en
raison du surcoût très important induit par la professionnalisation de fonctions aujourd’hui
assumées par des acteurs bénévoles (plus de 20M€ uniquement pour les ressources humaines,
versus 3,1M€ actuellement consacrés à l’ensemble du fonctionnement de tous les CPP), mais
également pour de multiples raisons tenant tant aux principes fondateurs de ces comités qu’aux
conditions de fonctionnement d’un tel comité.
1 Dont toutefois, comme indiqué précédemment, les collections d’échantillons biologiques restent exclus, puisque
relevant toujours d’une autorisation de la DGRI