ENJEUX
Quelles solutions mettre en œuvre
Sommes-nous condamnés à attendre le retour de la croissance ou à tenter d’améliorer quelques
indicateurs économiques en réduisant les budgets publics, avec des effets collatéraux dévastateurs
sur l’emploi, la santé, l’accès au logement, le travail social, l’éducation, etc. et sur le vivre
ensemble ? Non. Depuis des décennies, ces solutions montrent leurs limites.
Il est nécessaire d’en concevoir de nouvelles, les politiques et les décideurs ont besoin de tous les
citoyens pour cela. Car lorsque le dialogue s’établit en profondeur avec tous sur le terrain, il permet
d’inventer des actions nouvelles qui améliorent la vie de chacun, remontent parfois jusqu’au niveau
national et font changer les lois.
Cette conviction et cette ambition sont au cœur de l’existence d’ATD Quart Monde, association créée
en 1957 dans le bidonville de Noisy-le-Grand en région parisienne non pas pour « venir en aide » aux
pauvres ni pour affronter les riches, mais pour s’attaquer aux racines de l’exclusion sociale sur le
terrain en remontant, s’il le faut, jusqu’à l’Élysée et aux Nations unies. Les créateurs de notre
mouvement, les habitants de ce bidonville et Joseph Wresinski, qui avait lui-même connu les
privations et humiliations d’une vie dans la misère, ont eu d’emblée ce projet d’un changement de
société.
Depuis, les actions pilotes conduites par ATD Quart Monde avec des personnes en grande pauvreté
et de nombreux partenaires dans le domaine du logement, de la famille, de l’éducation, de la lutte
contre l’illettrisme, de l’accès à la santé, à l’emploi, à la culture, etc., ont donné naissance à de
multiples innovations sociales
, parmi lesquelles : les entreprises d’insertion ; la prévention spécialisée
et les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) familiaux dans les années 1970 ; le
revenu minimum d’insertion en 1988 ; la couverture maladie universelle en 2000 ; la complémentaire
« Accès santé » en 2013 ; le soutien dans la refondation de l’école avec des thèmes comme la
coopération entre élèves et entre parents et enseignants ; l’expérimentation « Territoires zéro chômeur
de longue durée » ; la reconnaissance de la discrimination pour cause de précarité sociale en 2016.
SOLUTIONS
Pas de solutions sans les vivre d’abord avec les personnes concernées
Les changements nécessaires pour mieux vivre ensemble demain s’inventent sur le terrain et non
dans les bureaux d’études ou les cabinets ministériels, car leur point de départ incontournable est de
les vivre d’abord avec les personnes concernées, dans la durée. Le RMI a été expérimenté en Ille-et-
Vilaine dans les années 1980, la CMU et la mutuelle « Accès santé » dans la région de Nancy, etc.
Prendre le temps qu’il faut pour les associer tous, recréer la confiance et réapprendre à réfléchir
ensemble, sont des conditions nécessaires. Cela se compte souvent en années.