
Lorsqu' une douleur est établie au niveau central les moyens
périphériques (comme les blocs des nerfs périphériques) sont
condamnés à être inefficaces.
!Somatisation : Lorsque des sentiments négatifs comme la
peur ou la colère ressortent sous la forme de symptômes
physiques comme la douleur, on parle de " somatisation ". Il est
habituel pour les médecins d'être irrité par cette somatisation.
Mais nous devons nous rappeler que la somatisation n'est pas
de la faute du patient. Il existe des raisons émotionnelles dans
la douleur. C'est au médecin de les identifier et de faire avec.
!Le meilleur traitement (du point de vue du médecin) peut-
être tout à fait inappropriée aux moyens financiers du patient.
Les revenus financiers du patient doivent être pris en consid-
ération lorsqu'on met en place le traitement.
DEVELOPPEMENT D'UN SERVICE SPECIALISE
DANS LA PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR
Toute tentative de résoudre le problème de la douleur dans un
pays pauvre doit tenir compte de l'énormité des chiffres et doit
être réaliste. Nous avons trouvé que presque 80% des patients
qui arrivent à un centre de prise en charge de la douleur ont une
douleur d'origine néoplasique13. Deux services parallèles se
sont développés dans l'ouest : les cliniques de la douleur fonc-
tionnant avec des anesthésistes et les " hospices " ou services de
soins palliatifs. Ni les uns ni les autres ne se sont bien établis en
Inde ou dans les pays en voie de développement. La plupart des
besoins sont communs à ces deux genres de services et peut-être
que la réunion des deux serait la meilleure solution.
Quand nous avons développé une unité de soin palliatif à
Callicut 14, nous nous sommes basés sur les principes suivants :
!
les besoins du patient passent en premier. Cela paraît évident ;
mais n'est généralement pas expérimenté. Nous devons nous rap-
peler que nos efforts ne peuvent être couronnés de succès que si la
prise en charge est basée sur les besoins du patient pour améliorer
sa qualité de vie.
!
le système de distribution doit être réaliste. Il doit être adapté à
la culture locale et au niveau économique.
!
les médecins doivent établir un partenariat avec la famille pour
la prise en charge. La force en Inde repose sur la puissance du lien
familial. Autoriser les proches à s'occuper du patient peut aplanir
de nombreux obstacles.
!
un partenariat pour les soins doit être également établi avec le
patient. Le " villageois moyen " est tout à fait capable de prendre
des décisions courageuses et intelligentes par rapport aux
différentes possibilités de traitements. L'éducation et l'intelligence
ne sont pas synonymes. Les médecins n'ont pas le droit de décider
à la place du patient.
!
nous devons faire avec ce que nous avons. L'Inde a l'avantage de
posséder un réseau de centres de première, seconde et troisième
catégories. Cela a des avantages et des inconvénients. Nous devons
faire avec ce que la structure actuelle peut nous proposer. Si nous
ne le faisons pas, nous finirons par dépenser trop.
!les déficiences actuelles doivent être corrigées par les organ-
isations non gouvernementales (ONG). Nous devons trouver
des moyens pour corriger tous les défauts de la structure
actuelle. Si les ONG peuvent travailler avec les services
gouvernementaux, cela doit être au bénéfice des patients.
!les volontaires de bonne volonté peuvent être l'ossature des
installations. Il y a beaucoup de personnes pleines de courage
et de bonne volonté. Ce difficile travail ne nécessite que d'être
organisé et canalisé comme il faut.
L'EXPERIENCE DE CALICUT
A Calicut, petite ville dans l'état du sud de l'Inde dans l'état de
Kerala, nous avons développé une organisation avec le patient
au sommet, les proches et les volontaires autour de lui et le sys-
tème médical pour les soutenir. Le système médical implique
les services gouvernementaux et les ONG 14 : il s'agit d'une
association entre le " Government Medical College Hospital "
et la " société de lutte contre la douleur et des soins palliatifs "
qui est une organisation caritative dont le siège est à Calicut.
Cette société recherche et entraîne des volontaires, fournit
l'essentiel de l'équipe, de l'équipement et des médicaments qui
ne peuvent pas être délivrés par le système gouvernemental.
Cette organisation s'est développée durant les 8 dernières
années pour arriver à une moyenne de 2000 patients pris en
charge par an dans la clinique à Calicut. Chaque jour, une
moyenne de 60 patients est soignée et la clinique reçoit entre
100 et 130 patients par mois. Nous travaillons avec les
médecins locaux et les ONG pour développer des centres
périphériques dans les districts voisins. 27 cliniques de ce genre
sont actuellement opérationnelles dans les différentes parties
du Kerala. Dans certaines d'entre elles, il existe également des
programmes de visite des malades à domicile pour ceux qui
sont intransportables 15. Nous estimons qu'actuellement 15%
des nécessiteux du Kerala ont accès aux centres de la douleur
et aux soins palliatifs.
Bien qu'il est vrai que beaucoup de choses ont été faites en huit
ans, il y a encore un million de personnes qui ont besoin d'une
prise en charge de leur douleur. Pour les atteindre et les
soulager nous n'avons pas besoin de " gadgets " ni très chers ni
très sophistiqués. Nous avons juste besoin de morphine fab-
riquée en Inde à partir du pavot (ce qui est en train d'augmenter
en Inde), de quelques autres produits peu chers et d'une prise de
conscience par les gouvernants et les professionnels de la santé :
la prise en charge de la douleur est un droit de l'homme.
Cet article sur la prise en charge de la douleur dans une situation
difficile a été demandé par le comité WFSA chargé de la prise en
charge de la douleur pour être publiée dans " Update in
Anaesthesia ". Le Dr Rajagopal fait partie d'une équipe qui a mis
en place un très bon centre de lutte contre la douleur et de soins
palliatifs avec des ressources très limités. Ce centre est actuelle-
ment reconnu par l'Organisation Mondiale de la Santé comme un
centre de référence pour les autres pays en voie de développement
et utilisé par l'OMS comme centre d'entraînement.
Références
1. IASP Sub-committee on Taxonomy. Pain terms : a list with
defenitions and notes on usage. Pain. 1980 ; 8: 249-52.
2. Black RG. The Chronic Pain Syndrome. Surgical Clinics of
North America. 1975 ; 55 : 999-1011.
3. World Health Organisation. Cancer Pain Relief. WHO. 1986.
4. Twycross R. Introducing Palliative Care. Radeliffe Medical
Press. Oxford. 1999.
5. Sureshkumar K, Rajagopal MR, Naseema AM. Intravenous
morphine for emergency treatment of cancer pain. Palliative
Medicine. 2000 ; 14 : 183-8.
6. Expert Working Group of the European Association for
Palliative Care. Morphine in cancer pain : modes of adminis-
tration. British Medical Journal. 1996 ; 312 : 823-26.
7. Rajagopal MR. Joranson DE. Gilson AM. Medical use, misure
and diversion of opioids in India. The Lancet. 2001 ; 358 : 139-43.
Update in Anaesthesia 5
Update15.qxd 13/08/03 11:58 Page 5