
nelle peut montrer des anomalies osseuses en rapport avec
une localisation tumorale, mais elle ne visualise pas
l’existence de la NM, même étendue, car il n’y a pas de
remaniement osseux, au moins les premiers temps. Si une
scintigraphie osseuse est réalisée, elle montre une absence
de fixation de l’isotope dans tous les espaces osseux
nécrosés, visualisant l’extension de la nécrose et permet-
tant d’apprécier l’existence de territoires encore hémato-
gènes ; elle permettra d’observer la réapparition de
l’hématopoïèse chez les patients évoluant favorablement.
L’imagerie par résonance magnétique permet elle aussi
d’évaluer l’étendue de la nécrose, par le changement de
l’intensité du signal secondaire aux variations des propor-
tions de lipides et d’eau contenus dans les éléments cellu-
laires : dans les NM extensives on peut observer au niveau
des cavités osseuses hématogènes (vertèbres, pelvis) une
image caractéristique correspondant à une zone centrale
d’intensité variable entourée par une couronne périphéri-
que distincte hyperdense [10].
Outre le traitement symptomatique, la transfusion de
concentrés érythrocytaires et/ou plaquettaires est parfois
nécessaire, avec une antibiothérapie adaptée devant toute
suspicion d’infection. Selon l’étiologie le traitement spé-
cifique sera instauré au plus vite, et concernant notamment
les tumeurs malignes la chimiothérapie doit être débutée
dès que possible. La survie des patients dépend essentiel-
lement de la maladie primitive et aucune publication ne
prouve statistiquement que la NM soit un facteur indépen-
dant de mauvais pronostic [6]. Il apparaît cependant que le
pronostic dépend principalement de la pathologie sous-
jacente lorsque la NM est modérée, alors que l’issue est
plus souvent fatale quand elle est étendue (plus de 50 %
du tissu hématopoïétique atteint) [4, 6]. Dans les deux
observations présentées l’évolution a été rapidement défa-
vorable, mais il s’agissait pour un patient d’une leucémie
aiguë monoblastique du sujet âgé, dont il n’existe pas
actuellement de traitement efficace, et pour l’autre patient
d’une tumeur maligne avec métastases multiples. Quand
un traitement symptomatique et un traitement spécifique
de la maladie causale se révèlent efficaces, la reconstitu-
tion du tissu hématopoïétique est observée et le pronostic
général rejoint celui de la maladie initiatrice [4, 6].
Le point de vue du biologiste
La NM correspond à diverses altérations cytologiques et
histologiques de la moelle osseuse hématopoïétique. Elle
est secondaire à une maladie cancéreuse (tumeur solide ou
hémopathie) dans 90 % des cas : les anomalies hématolo-
giques et biochimiques observées au niveau du sang péri-
phérique sont autant celles de la maladie sous-jacente que
liées à la NM en elle-même. L’anémie et la thrombopénie
sont presque constantes (91 % et 78 % des cas, respective-
ment). L’anémie s’installe rapidement, souvent dans les
jours qui suivent les douleurs osseuses : outre qu’elle peut
être préexistante à la nécrose, elle sera souvent majorée
par l’hémodilution en cours de réanimation. Le nombre
des leucocytes est augmenté (25 % des cas), normal (40 %
des cas) ou abaissé, et correspond souvent à des variations
du nombre des neutrophiles, avec parfois neutropénie
sévère [4]. Une érythromyélémie est rapportée dans la
moitié des cas [6], mais il s’agit également d’un signe non
spécifique d’une localisation métastatique osseuse. La
présence de blastes est presque constante quand il s’agit
d’une NM dans le cadre d’une leucémie aiguë (comme
c’était le cas pour l’observation 1), ce qui justifie une
étude attentive de l’hémogramme, même rétrospective,
surtout lorsqu’une NM est diagnostiquée sans orientation
concernant la maladie sous-jacente. Les anomalies biochi-
miques, essentiellement une augmentation des LDH, des
PAL sériques ou/et des transaminases, sont retrouvées
dans 40 à 50 % des cas, mais là encore elles peuvent
correspondre à la NM aussi bien qu’à la maladie sous-
jacente [6]. Un bilan d’hémostase doit être systématique-
ment réalisé car une CIVD est parfois retrouvée, primitive
ou secondaire (à la dissémination métastatique en premier
lieu), comme dans l’observation 2.
La ponction aspiration médullaire est parfois un échec
(ponction « blanche ») et il peut être nécessaire de répéter
Tableau 1. Maladies sous-jacentes ou associées aux nécroses médullaires. Les maladies cancéreuses (hémopathies et tumeurs
solides) sont les plus fréquemment citées.
Pathologies malignes (90 %) Maladies non cancéreuses (10 %)
Hémopathies (60 %)
Leucémies aiguës lymphoïdes
Leucémies aiguës myéloïdes (tous types)
Leucémie myéloïde chronique (plus rarement un autre syndrome
myéloprolifératif)
Lymphomes (maladie de hodgkin et lymphomes non-hodgkiniens)
Drépanocytose (2 %)
Infections (3 %)
Sepsis sévère
Tuberculose
Virales (Parvovirus, VIH)
Tumeurs solides (30 %)
Tumeur primitive non identifiée (25 % des cas)
Tumeur gastrique (30 % des cas)
Autres types, avec métastases médullaires
(poumon, ovaires, autres...)
Divers (5 %)
Médicaments (interféron alpha, ATRA...)
Microangiopathies thrombotiques ou coagulation intravasculaire disséminée
Syndrome des antiphospholipides
Anorexie mentale
pratique quotidienne
Ann Biol Clin, vol. 65, n° 6, novembre-décembre 2007640
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