Ou peut-être quelques millions d’emplois –
en Chine, qui, en passant, doit créer
22 millions de nouveaux emplois chaque année
pour absorber les migrants ruraux. Avec
pareille toile de fond, de sincères craintes de
déflation sont nées chez ceux qui se souciaient
principalement de la baisse des prix des biens
manufacturés et des pertes d’emplois massives
dans le secteur manufacturier.
Le boom présidentiel de M. Bush ?
Maintenant, de nombreux rapports écono-
miques laissent toutefois entendre que
l’économie mondiale reprend enfin vie.
L’économie américaine, en particulier, a
connu un impressionnant taux de croissance
de 8,3 % au troisième trimestre et les bénéfices
ont crû de 30 % par rapport à l’année précé-
dente. Or, ce type de chiffres est généralement
associé aux marchés émergents, non à une
économie de 11 billions $. Même le secteur
manufacturier essoufflé a apparemment réussi
un retour, car le très surveillé indice manufac-
turier de l’ISM a augmenté en novembre à
62,8, sa plus haute valeur depuis deux décen-
nies (voir tableau 3). Le président Bush en est
sûrement très heureux.
Mais il n’y a pas que nos voisins du Sud –
la reprise semble mondiale. Nous venons
d’apprendre d’un analyste japonais qu’au
cours des derniers mois, la production indus-
trielle nippone a crû à un taux annualisé de
près de 20 % surtout grâce aux exportations
vers la Chine. Bien qu’il faille peut-être
tempérer légèrement ces statistiques, il
convient de noter que le cycle commercial
mondial est maintenant si fort que même un
Japon autrefois moribond affiche d’intéres-
sants résultats. Bien entendu, la Chine a
connu un formidable essor cette année,
comme de nombreux autres pays asiatiques
en voie de développement qui ont profité de
l’importante baisse des taux d’intérêt et de la
reprise du commerce international.
Même l’Europe, qui traînait quelque peu de
l’arrière, montre des signes d’activité
économique plus solide. L’indice IFO du cli-
mat des affaires en Allemagne, par exemple, a
nettement augmenté depuis avril, dénotant
un redressement de la confiance chez les
dirigeants d’entreprise allemands. Au Royaume-
Uni, la conjoncture semble assez bonne pour
que la Banque d’Angleterre juge opportun de
hausser les taux d’intérêt.
L’attaque du monstre de l’inflation aux 50
tentacules
Comme c’était à prévoir, les investisseurs
inquiets devant l’éventualité d’une déflation,
il y a quelques mois, craignent aujourd’hui
le retour de l’inflation. Certes, les marchés
financiers ont connu des « transactions
de relance ». Les actions ont surclassé les
obligations et le rendement des obligations est
en hausse depuis le début de l’année. Le
cours des produits de base augmente et les
« devises fondées sur les produits de base »
comme le dollar australien, le dollar canadien
et le rand sud-africain ont monté en flèche.
Les actions cycliques ont également remonté.
Nous croyons que les transactions de relance
auront encore la faveur des investisseurs pen-
dant une bonne partie de 2004, mais pas
nécessairement autant qu’en 2003. Malgré
une croissance bien plus solide, la Réserve
fédérale a indiqué clairement qu’elle n’était
pas pressée de relever les taux d’intérêt pour
l’avenir prévisible. Beaucoup de capacité reste
encore inexploitée dans le monde et le
marché du travail des États-Unis commence à
peine à se rétablir. Préconisant un taux d’in-
flation de base annuel d’à peine 1,3 %, la
Le syndrome chinois (suite)