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Revue Marocaine de Rhumatologie
puis, à partir de variation de ces niveaux d’activité, des
critères de réponse à l’instar des réponses de l’EULAR
dans la polyarthrite rhumatoïde [9,10].
L’efficacité et la rapidité de réponse aux AINS sont
reconnues comme critère de classification diagnostique
de la maladie selon B. Amor [11] et selon les nouveaux
critères ASAS/EULAR [3]. De nombreux essais randomisés
en double insu comparant différents AINS au placebo
ont démontré l’efficacité de ces médicaments sur la
douleur, la raideur, la durée du dérouillage matinal,
l’incapacité fonctionnelle et l’activité de la maladie dans
les spondylarthrites à prédominance axiale [12,13]. De
nombreuses études montrent en effet que ces médicaments
sont habituellement rapidement efficaces dans plus de 70
% des cas sur la lombalgie inflammatoire au début de
la maladie. Si l’AINS est arrêté, une rechute douloureuse
est toutefois observée en moins de 48 heures. Signalons
également que les données d’efficacité disponibles ne
permettent pas de privilégier une molécule par rapport
aux autres y compris au regard de leur sélectivité vis-à-vis
de la cyclo-oxygénase.
Les donnés de la littérature concernant l’efficacité structurale
des AINS sont controversées [14]. La COX-2 intervenant
dans les processus d’ossification hétérotopique, il est logique
de penser que des inhibiteurs de cette enzyme altèrent des
phénomènes d’ossification, tels que les syndesmophytes.
Cette question a des répercussions pratiques majeures :
faut-il prescrire un AINS en continu dans la SpA axiale,
ou seulement lors des poussées symptomatiques de la
maladie ? Des études récentes plaident en faveur d’un effet
strucural des AINS en continu [15-17]. Wanders et al [16]
dans un essai contrôlé randomisé d’une durée de 2 ans,
ont ainsi montré que la progression radiographique a été
significativement ralentie chez les patients sous AINS en
continu par rapport à ceux qui prenaient des AINS à la
demande. Ces résultats suggèrent une efficacité structurale du
traitement mais ils demandent à être confirmés. Ils soulèvent
également le problème du maintien d’un traitement continu
par AINS chez des patients devenus asymptomatiques. Les
résultats de cette étude concordent avec ceux d’une étude
récente [17] qui suggèrent que les AINS pourraient avoir
un effet « modificateur » sur l’évolution de la maladie et
semblent retarder la formation d’os nouveau chez les sujets
atteints de SpA à prédominance axiale. Signalons enfin
que malgré leur efficacité, les AINS ne sont pas toujours
suffisants pour contrôler la maladie ; 25% des patients ne
répondraient pas aux AINS, ce qui constitue un facteur de
mauvais pronostic [18].
QUAND ET COMMENT LES PRESCRIRE ?
Un traitement par AINS donné en continu dans une SpA
n’est pas recommandé par la HAS [4]. Dans ces cas là, une
réévaluation thérapeutique serait nécessaire. Le traitement
par AINS est limité à la période symptomatique. Lors
des phases douloureuses, il est recommandé de débuter
par un AINS per os en recherchant la dose minimale
efficace, sans dépasser la dose maximale définie par
l’AMM avec, si possible, la prise le soir d’une forme à
délitement prolongé permettant de couvrir toute la phase
inflammatoire nocturne et matinale. En cas d’échec, après
quelques jours de traitement, il convient de faire l’essai
d’un autre AINS. Au moins 3 AINS doivent être essayés
successivement avant de conclure à l’échec des AINS. Pour
certains praticiens, la phenylbutazone peut être essayée ;
pour d’autres sa toxicité hématologique et néphrologique
(HTA, œdème) en limite l’utilisation.
Si l’administration prolongée d’AINS à une dose élevée
est nécessaire, il est recommandé de lui associer un
gastroprotecteur efficace inhibiteur de la pompe à protons
IPP ou misoprostol prescrits hors AMM. Il convient de
rappeler que ce traitement préventif n’est recommandé
par l’Afssaps que dans les situations suivantes :
• âge supérieur à 65 ans ;
• antécédent d’ulcère gastrique ou duodénal, compliqué
FMC L. Ichchou
Règles d’utilisation des AINS
•Rechercherlesfacteursderisqueassociés
•Évaluerlescomorbiditésettenircompteduterrain
•Respecterindicationsetposologie:dosela+faible/durée
+courte
•NeJAMAISassocier2AINS,Alternerentre2AINS:oui
•Seméerdel’Acideacétylsalicyliquefaibledose
•ToujoursrespecterlesCI
•AssocierunIPP(ouutiliserunCOXIB)
•Éviterlesantiacides
•Seméerdesco-prescriptionsIECdiurétiques
•NepasassocierauxAVK
Règles à respecter (+++)
•Choixadaptéàl’horairedessymptômes+++
•Expliquer+++etinformerlepatientsurletraitementetsonsuivi
•Autogestionparlepatient
Cas particuliers, bons à savoir
•MICIavecSpA:niAINS,niCOXIB
•Infectionouinammationcutanée=pasd’AINScarrisquedecellulite
•COXIB+AVK=risquehémorragique
Tableau 4 : Les règles d’utilisation des AINS