Art, créations, cultures
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et pouvoir
Arts de l’espace
Arts du langage
Poésie
Arts du quotidien
Arts du son
Interprétation du poème d’Aragon
par le groupe « La Tordue »
Arts du spectacle vivant
Arts du visuel
De l’Antiquité
Au IXe s.
La Rose et le Réséda1
(le poème et son interprétation)
Du IXes. à la fin du
XVIIe s.
XVIIIe et XIXe s.
Le XXe siècle et
notre époque
1943/ 1944/ 1946
Arts, mythes et
religions
Arts, techniques,
expressions
Arts, rupture,
continuité
1 Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
5 Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
10 Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle3
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
15 Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
20 Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat
25 Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle4
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
30 L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison lequel
A le plus triste grabat
35 Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
40 Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
45 Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
50 Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
55 Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
60 Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda
Louis Aragon, La Diane française,
© Editions Seghers, 1946.
1. Le réséda : plante touffue à fleurs blanches ou jaunes qui retombent en grappes vers le sol ; alors que le rosier
est une plante grimpante.
2. Quatre résistants, deux communistes, probablement athées (Péri et Môquet) et deux catholiques (Estienne
d’Orves et Dru), tous arrêtés et exécutés par les Allemands pendant la guerre (Guy Môcquet n’avait que 17 ans
lorsqu’il fut fusillé comme otage le 22 octobre 1941).
3. La chapelle : lieu de culte catholique, petite église.
4. La citadelle : forteresse qui commande une ville.
5. Le grabat : lit misérable.
6. Le glas : son d’une cloche spéciale qui annonce la mort ou les obsèques d’une personne.
7. Passer de vie à trépas : mourir (le mot a donné le verbe : trépasser).
À Gabriel Péri et d’Estienne d’Orves comme à Guy Môcquet et Gilbert Dru2
Brève biographie de Louis Aragon :
Louis Aragon, de son vrai nom Louis Andrieux (1897 -1982) commence des études de médecine et rencontre,
en 1917, à l’hôpital du Val-de-Grâce, André Breton. En 1919, il fonde la revue Littérature avec Philippe Soupault
et André Breton. Louis Aragon est un membre du mouvement Dada et du mouvement surréaliste. En 1927, il
adhère au parti communiste. Il devient par ailleurs journaliste à L’Humanité. En 1928, il rencontre Elsa Triolet
et rompt avec les surréalistes en 1932.En 1940, il s’engage dans la Résistance. De cette période naissent ses plus
belles poésies, notamment Cantique à Elsa(1942), Les Yeux d’Elsa (1942) et La Diane française (1945), dans
laquelle la maîtrise de la forme lyrique lui permet d’assimiler l’amour de la femme avec l’amour du pays et de célébrer la lutte
contre les Allemands. C’est ainsi qu’à la Libération, fort de l'influence qu'il a gagnée dans la Résistance, Louis Aragon s’impose
comme l’écrivain communiste majeur et incontesté, défenseur d'une ligne politique. Il continue à publier de la poésie dans les années
1950 et 1960 ainsi que des romans.
Brève biographie du groupe La Tordue:
La Tordue est un groupe français de chansons poétiques et engagées qui a exisentre 1989 et 2003. Le groupe s’est formé
à Paris en 1989 avec Benoît Morel , le chanteur, et Pierre Payan. Puis très vite est arrivé Eric Philippon, et enfin Mathieu Morel pour
leur dernier album. En 1994, ils sont lauréats du tremplin du festival Chorus des Hauts de Seine. La Tordue s'est séparé en
décembre 2003.
Discographie : Ils ont sorti 5 albums entre 1995 et 2002 « La rose et le réséda » appartient à leur premier album : « Les
choses de rien » sorti en 1995
Contexte (historique, social, artistique …) :
« La Rose et le Réséda », c’est le dernier poème qu’Aragon signa de son vrai nom et publia avant de rentrer dans la clandestinité. Il
parait d'abord le 1er mars 1941 dans Le Mot d'ordre, un journal marseillais. Il est ensuite largement copié et diffusé clandestinement
par tracts anonymes. En décembre 1944, Aragon le publie au sein du recueil de poésie La Diane française dont le thème est
la Résistance, en ajoutant la dédicace aux quatre résistants : Guy Môquet, Gabriel Péri, Honoré d'Estienne d'Orves et Gilbert Dru.
Analyse de l’œuvre
1. LE SENS GLOBAL DE LŒUVRE
a) Le thème du poème :
Ce poème parle de deux personnages : deux résistants arrêtés, probablement pendant une action de résistance puis exécutés pendant
la Seconde Guerre mondiale.
b) Le « refrain » : deux personnages opposés mais unis :
La présentation des deux personnages principaux est reprise (10 fois dans le poème, 9 fois dans la chanson). Cette périphrase
désigne le croyant et l’athée qui ne sont pas des personnages précis mais des personnages symboliques qui représentent tous les
martyrs de la résistance. D’ailleurs, ils ne sont opposés qu’en apparence puisqu’ils se battent ensemble jusqu’à la mort pour la
même cause (v3) « Tous deux adoraient la belle... ».
En effet, face au danger, il faudrait être stupide pour se battre entre nous, croyants ou incroyants : « Fou qui fait le délicat / Fou qui
songe à ses querelles / Au cœur du commun combat ». Il faut au contraire s’unir dans un « commun combat » contre
l’envahisseur.
Le titre reprend l’opposition entre ces deux types de résistants : « La Rose » est une plante grimpante : elle symbolise donc ici le
chrétien qui cherche à s’élever vers Dieu. À l’opposé, « le Réséda » est une plante dont les fleurs retombent en grappes vers le sol :
il symbolise donc les communistes pour qui seul le réel compte. De même, l’alouette est un oiseau qui fait son nid au sol, alors que
l’hirondelle niche en hauteur, sous les toits. « L’alouette », c’est donc l’athée, et « l’hirondelle » symbolise le croyant. On identifie
aussi la « flûte » au son doux et léger que l’on assimile au croyant alors que le « violoncelle » au son grave renvoie à l’humain, à
l’athée.
c) La cause commune :
Cette « belle prisonnière », c’est une allégorie de la France (Marianne). Les « soldats » qui la retiennent prisonnière sont les
Allemands qui occupent le territoire français.
C’est à elle que les deux résistants sont « fidèles » jusquà la mort. Ils lui souhaitent de « vivre », c’est à dire de se libérer du joug
nazi. Et ils y croient fermement comme en moigne le proverbe : « qui vivra verra », proverbe que l’on dit lorsqu’on est sûr de
soi !
2. LA STRUCTURE MUSICALE QUI SUIT LA STRUCTURE POETIQUE
Le poète laisse au lecteur le soin de rétablir le rythme du poème en rétablissant, à la lecture, les signes de ponctuation. De même, on
pourrait facilement diviser ce poème en trois strophes en suivant la structure du récit qui nous est fait :
a) V 1à 24 : La résistance : présentation des personnages
Les deux résistants sont présentés ainsi que le contexte historique de la Seconde Guerre mondiale. Le symbole « Quand les
blés sont sous la grêle » représente l’Occupation nazie, les destructions, le rationnement, les privations. Les temps verbaux utilisés
dans cette première partie sont principalement ceux du passé (imparfait et passé simple de l’indicatif).
Cette 1ère partie commence dans le calme par la guitare sèche qui accompagne la voix en picking. Après quelques accords,
apparait le thème du refrain « celui qui croyait.... » Il est chanté par une voix d’homme en soliste puis toujours en duo avec une
autre voix d’homme par la suite. Cette présentation des personnages est soutenue par un chœur d’hommes qui chante
l’accompagnement harmonique en notes longues et tenues, ce qui donne un sentiment de recueillement, renforcés par des
silences entre certains vers (exemples : après le vers12).
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