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4 INTRODUCTION
4.1 GÉNIE ET CODE GÉNÉTIQUE
En génie génétique, on utilise des outils moléculaires pour étudier et manipuler l’ADN à des fins
pratiques : thérapies anti-cancer, agriculture (OGM), pharmacologie (insuline pour les diabétiques
produites par des bactéries) [1, p. 459]. Parmi les premières manipulations génétiques, en 1972
le chercheur Stanley Cohen introduit un gène de résistance à l'antibiotique tétracycline dans des
bactéries E. coli [2].
Un code universel. En 2001, l’ADN humain a été complètement décodé [3] et contient environ 3
milliards de nucléotides (A, T, C et G) alignés en de longues séquences qui constituent les gènes.
Le code génétique serait apparu il y a 3 à 4 milliards d’années chez des bactéries, les ancêtres des
organismes actuels. Il serait quasi universel : un gène d’une espèce peut être transplanté et
décodé par une autre espèce; par exemple, un plant de tabac peut s’illuminer après avoir reçu un
gène de luciole (figure 1) [1, p. 383, 4]!
Au cours de ce laboratoire, nous introduirons des gènes dans la bactérie E. coli à l’aide d’un plasmide bactérien. Voici les 2
principaux gènes transférés:
un gène de résistance à l’antibiotique ampicilline; nous vérifierons si la résistance acquise est spécifique à cet
antibiotique ou si la résistance acquise permet la survie face à divers antibiotiques;
un gène de contrôle, emprunté à une méduse, qui rend vert-fluorescent sous UV; il permettra de s’assurer que la
résistance acquise provient bien de gènes transférés par le plasmide et non d’une autre source.
4.2 BACTÉRIES MULTIRÉSISTANTES
Santé publique menacée. En 1929, Alexander Flemming découvre que la moisissure Penicillium notatum produit une substance
(la «pénicilline») capable de tuer certaines bactéries [1, p. 756]. Par la suite, des centaines d’autres «antibiotiques» ont été
identifiés et ont contribué à sauver un nombre incalculable de vies humaines et animales. Cependant, leur utilisation abusive
a contribué à l’augmentation de la résistance bactérienne; des bactéries multirésistantes constituent aujourd’hui une menace
très sérieuse à la santé publique, particulièrement en milieu hospitalier où le combat est devenu très ardu contre les
staphylocoques [1, p. 532] et autres Clostridium difficile (C. difficile) ou Neisseria gonorrhoeae (N. gonorrheae) [5, 6]
Évolution de la résistance. Lorsqu’une population de bactéries est exposée à un antibiotique (ex : dans le corps d’un malade,
dans un élevage porcin, etc.), les bactéries sensibles meurent mais il suffit de quelques bactéries plus résistantes qui survivent
et se multiplient pour créer une nouvelle population de bactéries résistantes; c’est un processus de sélection naturelle [1, p.
534].
Action des antibiotiques. Les antibiotiques agissent principalement sur la paroi bactérienne (ex : pénicilline et ampicilline) [1,
p. 644] ou sur la fabrication des protéines (ex : kanamycine) [7], mais il existe plusieurs autres modes d’action [8].
Acquisition et modes de résistance. Comment une bactérie donnée peut-elle devenir résistante? Une simple mutation dans
l’ADN bactérien peut modifier une des cibles de l’antibiotique qui est alors neutralisé. Mais le plus souvent, elle acquiert un
nouveau gène d’une bactérie déjà résistante; on parle alors de recombinaison génétique [1, p. 649]. Il existe plusieurs types
de gènes de résistance et ils peuvent être transférés de diverses manières. Par exemple, des bactéries résistantes possèdent
un gène codant pour un enzyme qui détruit l’antibiotique [1, p. 650]. Ces gènes spéciaux ont été élaborés au cours de
l’évolution des bactéries. Souvent, ils ne font pas partie de leur chromosome, ils sont plutôt inclus dans de petits anneaux
d’ADN appelés «plasmides» que seules certaines bactéries possèdent. Et ces plasmides peuvent être copiés et transmis à
d’autres bactéries!
FIGURE 1 – PLANT DE TABAC
LUMINEUX [4]