Qu’est-ce que la cirrhose
du foie ?
La cirrhose est une maladie du foie, à la
progression lente, provoquée notamment par
une hépatite virale chronique C, B ou D (en
France, les hépatites sont la deuxième cause
de cirrhose après l’alcool. Cependant, elles
n’évoluent pas toutes vers la cirrhose).
En stade “cirrhose”, le foie est souvent plus
petit, plus dur. Il est recouvert de cicatrices
importantes (la fibrose) consécutives à la mort
des cellules du foie. Les délais d’apparition
d’une cirrhose sont variables (entre 10 et 40
ans après la contamination par une hépatite
virale devenue chronique). Certains facteurs
accélèrent son développement (principale-
ment le fait d'être porteur du VIH et la
consommation d’alcool).
Au stade de la cirrhose compensée (sans com-
plications), les symptômes ne sont pas
fréquents ou relativement “modérés” (fati-
gue, perte d’appétit, de poids, jaunisse légère,
troubles sexuels, etc.). Il arrive donc que, en
l’absence d’un dépistage, on ait une cirrhose
sans le savoir.
Traiter une cirrhose
due à une hépatite C
On peut traiter une hépatite C lorsqu’on a une
cirrhose compensée. On emploie générale-
ment un traitement “classique” par interféron
pégylé (injection une fois par semaine) et riba-
virine (gélules ou comprimés, deux fois par
jour, avec le repas).
Le traitement peut apporter une amélioration
de l’état du foie, et parfois la guérison (élimi-
nation du virus). Mais il arrive (rarement)
qu’au contraire, le traitement aggrave l’évolu-
tion de la cirrhose. Aussi, une discussion
approfondie avec le médecin et un suivi médi-
cal très attentif sont nécessaires.
Si un ou plusieurs traitements contre l’hépa-
tite C n’ont pas réussi à éliminer le virus, un
traitement “d’entretien” (interféron pégylé à
faible dose, sans ribavirine) peut être mis en
place afin d’essayer d’éviter la progression de
la cirrhose. N’hésitez pas à discuter avec votre
médecin des avantages et des inconvénients
de ce traitement d'entretien, qui est encore à
l'étude.
De nouveaux médicaments contre l’hépatite C
sont à l’étude mais ne seront probablement
pas disponibles avant plusieurs années.
Traiter une cirrhose
due à une hépatite B
Dans la plupart des cas, on traite l’hépatite B
avec des médicaments (gélules ou compri-
més) qui bloquent le virus. Ces médicaments
ne semblent pas présenter de risque particu-
lier en cas de cirrhose compensée.
L’interféron est parfois utilisé et demande les
mêmes précautions que pour l’hépatite C.
Lorsque le traitement est efficace, l’état du
foie peut s’améliorer. Mais attention : il ne
faut jamais arrêter un traitement contre l’hé-
patite B sans accord du médecin spécialiste
du foie (on risque une aggravation brutale de
l’hépatite).
Parmi les médicaments actuellement dispo-
nibles, certains ont l'autorisation officielle
pour le traitement de l'hépatite B et d'autres
Cirrhose du foie
ZOOM SUR LE PREMIER STADE
Maladie du foie, la cirrhose peut évoluer du stade
compensé (sans symptôme grave), au stade
décompensé (avec complications). Un suivi médical
précoce et une hygiène de vie peuvent permettre
d’éviter ou de ralentir l'évolution. Dans ce numéro,
Remaides fait le point sur le stade le moins avancé :
la cirrhose compensée.
SE SOIGNER Illustration : Jacqueline Maman - remaides 58 - décembre 2005
Quel suivi médical ?
En cas de cirrhose, un suivi médical spécialisé (médecin hépatologue) est indispensable :
• des bilans sanguins réguliers (tous les 3 mois) ;
des échographies (ou parfois scanner ou IRM) pour dépister
précocement un éventuel cancer du foie (tous les 4 à 6 mois ; et
selon les experts, tous les 3 mois si l’on a le VIH car les risques sont
plus importants) ;
• une endoscopie digestive tous les 1 à 3 ans pour dépister la présence
éventuelle de varices dans l’œsophage ou leur évolution (introduction
par la bouche d’une toute petite caméra. Si vous êtes trop stressé,
une anesthésie générale peut être effectuée).
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remaides 48 - juin 2003 - Illustration : Jacqueline Maman 22
sont employés contre le VIH, mais ont également
une activité contre l'hépatite B : adéfovir (Hepse-
ra), lamivudine (Zeffix ou Epivir, également présent
dans Combivir et Trizivir), ténofovir (Viread), emtri-
citabine (Emtriva) et, bientôt sur le marché,
entécavir (Baraclude). Plusieurs autres médica-
ments sont à l’étude.
Des molécules pour la fibrose
De nombreuses molécules dites “anti-fibrosantes”
sont à l’étude pour évaluer leur bénéfice sur le foie.
Certains produits (disponibles en vente libre : phar-
macie, supermarché, magasin de diététique, etc.)
sont utilisés par certaines personnes pour leur
éventuel rôle protecteur sur le foie. L’efficacité de
ces produits n’a pas été démontrée. Leurs effets
indésirables semblent rares mais, par précaution,
il est recommandé de demander l’avis de son
médecin.
Cirrhose et médicaments
La plupart des médicaments sont transformés par
le foie. Lorsque cet organe fonctionne moins bien,
l'élimination des médicaments est modifiée. Cela
se produit surtout en cas de cirrhose compensée
avancée ou de cirrhose décompensée. On risque
d'avoir plus d'effets indésirables et de toxicité
pour le foie ou, parfois, une moindre efficacité des
médicaments.
Il est indispensable de faire le point avec son méde-
cin sur tous les traitements que l'on prend afin, si
besoin, d'ajuster les doses : somnifères, anti-dou-
leurs, substitution (Subutex), etc. Il faut aussi
discuter avec lui des médicaments “courants” :
aspirine, paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.),
anti-inflammatoires, antibiotiques, etc. Quant aux
traitements anti-VIH, il est particulièrement utile
de mesurer leurs concentrations dans le sang
(dosage sanguin) afin, si nécessaire, que le méde-
cin adapte les doses. Enfin, si l'on prend des
remèdes (y compris des tisanes) à base de plantes,
il est également utile d'en parler à son médecin.
Cynthia Benkhoucha
Remerciements au Dr Marc Bourlière
Hôpital St Joseph (Marseille)
Cirrhose,
alcool, tabac
et autres drogues
Quand on a une cirrhose, il est important d’éviter à son foie toute forme d’agression. La
consommation d’alcool est déconseillée (ou alors juste un verre très occasionnellement).
Les drogues sont à éviter, en particulier les plus toxiques pour le foie comme la cocaïne
ou les dérivés d’amphétamines (ecstasy, etc.). Le tabac contribuerait aussi à aggraver les
lésions du foie, mais ce risque est certainement moins important que l'alcool ou les
drogues citées précédemment.
Pour un soutien face à vos dépendances, vous pouvez parler avec votre médecin
et joindre Drogues Info Service (tél. : 0 800 23 13 13, gratuit depuis un poste fixe)
ou 01 70 23 13 13 (depuis un portable) et Écoute Alcool (tél. : 0 811 91 30 30).
Cirrhose
compensée
et alimentation
Une alimentation régulière et équilibrée est préférable pour une meilleure santé et une
meilleure efficacité des traitements. Il n’y pas de régime particulier si l'on n'a pas de
complication de la cirrhose.
En revanche, avoir un “surpoids” contribue à aggraver les lésions en provoquant une
surcharge de graisse dans le foie, appelée stéatose. Il est alors conseillé de consulter
un(e) diététicien(ne) ou un médecin nutritionniste.
La cirrhose
décompensée
La cirrhose décompensée, c’est l’apparition de symptômes importants, pouvant être
graves, dus au fait que :
les fonctions du foie (épuration du sang, sécrétion de bile, coagulation, etc.) sont
progressivement perturbées (c’est l’insuffisance hépatique) ;
le sang circule difficilement à travers le foie, ce qui entraîne une forte pression dans la
grosse veine reliant le système digestif au foie (la veine porte). C’est l’hypertension
portale.
Un cancer du foie peut également survenir au cours de la cirrhose.
Ces complications seront abordées dans un prochain article de Remaides.
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