Petercam Macro Research Note

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 |Wednesday, 17 August 2011|PETERCAM ECOSTRATEGY TEAM
Petercam Macro Research Note
Editors
Bart Van Craeynest, Chief Economist
Phone : 02/229 62 32
E-mail : [email protected]
Stijn Decock, Economist
Phone : 02/229 63 70
E-mail : [email protected]
RALENTISSEMENT DE L’ÉCONOMIE BELGE Après un premier semestre assez impressionnant, l'économie belge passera dans les prochains mois à la vitesse inférieure. Au cours des quelque 18 mois à venir, elle affichera vraisemblablement un faible taux de croissance de 1 à 1.5 %. Toutefois, de nombreux risques viennent obscurcir les perspectives conjoncturelles internationales, avec en tête des scénarios de récession imminente aux Etats‐Unis et dans la zone Euro. La crise de la dette en Europe domine cet horizon. Les finances publiques belges semblent raisonnablement maîtrisées, du moins aussi longtemps que les taux d'intérêt ne repartent pas à la hausse. Ce dernier facteur dépend toutefois surtout des mesures prises au niveau européen pour résoudre la crise de la dette. La mise sur pied éventuelle d’un gouvernement belge ferait à cet égard peu de différence. Entre‐temps, le rétablissement remarquable du marché du travail risque à nouveau d’atteindre ses limites. Malgré le faible taux d'emploi, les entreprises éprouvent à présent déjà des difficultés pour trouver de la main‐d'oeuvre adéquate. C’est une menace considérable pour le potentiel de croissance de l'économie. Pour mettre en oeuvre les mesures structurelles nécessaires sur ce plan, il est urgent d’avoir un gouvernement de plein exercice. Un peu plus de deux ans après la Grande Récession, l’économie belge continue d’œuvrer à son rétablissement. Au début de cette année, l'activité économique avait retrouvé son niveau d’avant la récession. Après avoir atteint le creux de la vague, l'économie a regagné depuis lors 5,5%, cette progression étant pour moitié redevable aux exportations (dont la contribution est évaluée à 2,3 points de pourcentage). Fidèle à la tradition, la Belgique a réussi à se raccrocher à l'économie allemande qui, durant la même période, a quasi « bondi » hors de la récession, en affichant un taux de progression de 7,3%. Freinée par les problèmes de la partie méridionale de la zone euro, la zone dans son ensemble n’atteint qu’une croissance de 3,5%. Outre les remarquables performances à l'exportation, les dépenses des ménages ont aussi contribué de façon appréciable au rétablissement de l’économie (avec une contribution de 1,8 point de pourcentage). Le rétablissement très net de la confiance des consommateurs a permis aux ménages de relâcher quelque peu leurs efforts d’épargne, après les avoir considérablement intensifiés par précaution durant la récession. Malgré une croissance des revenus pourtant modérée, les dépenses des ménages ont sensiblement progressé. Dans l’ensemble, l'économie belge s’est accrue de 2,7% sur une base annuelle au cours des deux dernières années. Résistant à plusieurs éléments contraires ‐ la hausse du prix des matières premières, l’augmentation de l’inflation, le ralentissement de la croissance aux E.‐U. et en Asie, la fermeté de l'euro et la mise en œuvre d’efforts fiscaux importants un peu partout en Europe, la croissance s’est encore accélérée dans la première moitié de cette année, même jusqu’à atteindre 3,2%, la performance la plus forte depuis le printemps de 2007. Entre‐temps, ce mouvement de rétablissement semble toutefois déjà en bonne partie derrière nous. La plupart des indicateurs précurseurs ont nettement baissé dans la zone euro au cours des derniers mois. Au printemps les économies allemande et française ont stagnés. Il semble que le ralentissement de la croissance dans le reste du monde va progressivement aussi affecter l'économie allemande. En outre, les efforts d'assainissement, estimés pour la zone euro dans sa totalité à 1% du PIB en 2011, ne resteront pas non plus sans conséquence. L'économie européenne est en décélération. Les fondements Petercam Macro Research Note
1 L'Allemagne, moteur de la reprise
104
103
Belgique
Allemagne
UEM
102
101
100
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98
97
96
PIB réel, indice Q1 2007=100
95
Q1 2007 Q3 2007 Q1 2008 Q3 2008 Q1 2009 Q3 2009 Q1 2010 Q3 2010 Q1 2011 Q3 2011
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solides, entre autres de l'économie allemande, de même que la solidité de la situation financière des entreprises et la fermeté du marché du travail doivent empêcher que l'économie ne retombe en récession. Des risques importants subsistent toutefois : le prix du pétrole et des matières premières, la politique budgétaire, l'impact de la crise de la dette sur le secteur financier européen, la situation aux E.‐U. etc. Bien que ce ne soit pas actuellement à l'ordre du jour, chacun de ces facteurs de risque peut pousser rapidement la zone euro vers la récession. La Belgique suit inévitablement la dynamique conjoncturelle internationale. L'économie belge a bien entamé l’année, mais les prochains trimestres s’annoncent moins favorables. Les indicateurs précurseurs les plus importants confirment que l'économie est en train de ralentir. Les entreprises en particulier avaient commencé l’année avec des chiffres remarquables à l’exportation et une croissance significative des investissements. La fermeté de l’euro, les signaux de plus en plus insistants d’un ralentissement dans le reste du monde et l’affaiblissement de la confiance des chefs d’entreprise laissent supposer un ralentissement de l’activité économique des entreprises. Ralentissement de l'économie belge
6
10
5
4
0
2
‐5
‐10
0
‐15
‐2
‐20
‐25
‐4
PIB réel (Variation annuelle en %)
‐30
Indicateur avancé BNB
‐6
‐35
Q1 1999 Q3 2000 Q1 2002 Q3 2003 Q1 2005 Q3 2006 Q1 2008 Q3 2009 Q1 2011
Les nouvelles positives émanant auparavant du secteur des entreprises se sont aussi traduites sur le marché du travail. Depuis la fin de 2009, 75.000 emplois supplémentaires ont été créés (soit une croissance de 1,7%). Entre autres grâce à la diminution des régimes d'inactivité temporaires, le nombre d’heures prestées a augmenté plus rapidement (+3,2%). S’y ajoute l’effet de l'indexation automatique des salaires, qui a permis aux revenus d’afficher une croissance nominale de nature à compenser la forte hausse de l'inflation. Certes, le niveau élevé de l’inflation a freiné les dépenses des ménages au début de cette année, mais une légère décélération de l’inflation, s’ajoutant à une reprise de la confiance des consommateurs, devrait relancer la consommation dans les prochains mois. La question reste posée quant à savoir dans quelle mesure le flux de nouvelles récentes concernant le ralentissement de la croissance et la baisse des cours des actions minent la confiance. L’assombrissement du climat conjoncturel international jette une ombre sur les perspectives de l'économie belge. Au deuxième semestre, la croissance retombera vraisemblablement en dessous du niveau de 2% sur une base annuelle. Les perspectives internationales semblent indiquer qu’également en 2012 la croissance sera, au mieux, très modeste (1.5%). Les nombreux risques internationaux continuent aussi bien entendu à représenter une menace pour la conjoncture belge. La solidité des finances publiques ne constitue pas un sauf‐conduit pour le marché obligataire
Malgré l’absence d’un gouvernement de plein exercice, les finances publiques belges ont assez bien résisté durant la récession. Le déficit budgétaire a atteint 6% du PIB en 2009, mais cela était dû surtout au recul conjoncturel et a été corrigé partiellement par la relance économique. Le solde primaire (c.‐à‐d. à l’exclusion des charges des taux d'intérêt,) sera vraisemblablement à nouveau en équilibre en 2011. La tendance à la baisse de la dette publique a cependant été interrompue : la dette a grimpé de 84,2% en 2007 à 96,7% en 2010. Néanmoins, la dynamique de la dette reste raisonnablement maîtrisée. Aussi longtemps que le taux d'intérêt de la dette publique ne remonte pas fortement, il reste possible que la dette s’oriente à nouveau à la baisse. Pour cela, des efforts seront nécessaires durant les prochaines années, surtout pour combiner la création d’un excédent avec la capacité de faire face aux Petercam Macro Research Note
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dépenses supplémentaires dues au vieillissement de la population. Pour ramener progressivement la dette publique d'ici 2030 à 60% du PIB, il faut générer progressivement un excédent primaire, qui devrait atteindre 5% d'ici 2030. En outre, des moyens doivent être trouvés pour faire face aux dépenses supplémentaires liées au vieillissement de la population. Selon le dernier rapport du Comité d'étude sur le vieillissement, ces dépenses atteindront d'ici 2030 3,8% du PIB. Répartie de manière équilibrée entre cette année et 2030, cette combinaison représente annuellement un effort d'assainissement supplémentaire de 0,5% du PIB. Un effort persistant de cette ampleur n’est certainement pas évident, mais entre 1983 et 1998, le gouvernement belge a cependant réussi un exploit similaire. Bien que le contexte conjoncturel ait été plus propice durant cette période que ce que nous pouvons attendre dans les années à venir, les efforts nécessaires à cet égard ne sont pas impossibles à atteindre. Mais cela nécessite un gouvernement qui ose faire des choix difficiles. D'une manière ou d'une autre, il faudra une rupture claire avec la politique budgétaire des dix années passées, qui visait surtout un assouplissement budgétaire. Dette publique: différents scénarios possibles
La BCE allège temporairement la pression sur les pays à risque
7.0
160
Equilibre primaire du budget
Sans compensation du surcoût du vieillissement
Taux d'intérêt implicite grimpe à 6% en 2020
Croissance nominale à 5,5%
Excédent primaire à 4% 140
120
6.5
Allemagne
Belgique
Italie
Espagne
6.0
5.5
5.0
4.5
100
4.0
80
3.5
3.0
60
2.5
En % du PIB
40
2.0
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026 2028 2030
Jan‐10
Apr‐10
Jul‐10
Oct‐10
Jan‐11
Apr‐11
Jul‐11
Outre la discipline budgétaire indispensable, la condition la plus importante pour la viabilité des finances publiques se situe au niveau des taux d'intérêt, qui sont fixés sur le marché obligataire international. Le taux d'intérêt des obligations italiennes, espagnoles et belges a nettement augmenté ces dernières semaines. Des particularités nationales spécifiques ont fait que la Belgique figure sur la liste des pays à risque. Les mouvements récents sur le marché relèvent toutefois plus d’un climat d’inquiétude générale au sujet de l'avenir de l'Union monétaire et des réactions insuffisantes des autorités européennes, que de la situation nationale. Les dernières semaines la BCE a réussi à réduire la pression, mais sans proposer une solution strucurelle. Aussi longtemps que les autorités européennes ne trouvent pas une solution globale convaincante, la pression continuera de s’accentuer sur les pays à risque. Même la Belgique peut ainsi également se retrouver rapidement dans une situation intenable. Les promesses ou les mesures nationales n’y feront pas grand‐chose dans ce cas.
Le marché du travail atteint ses limites
Bien que l'économie belge ait traversé en 2008‐09 la récession la plus profonde depuis la Deuxième Guerre mondiale (se traduisant par un recul de l'activité économique de 4,2%), le marché du travail a fort bien résisté. Une réaction similaire sur le marché du travail à celle que l’on avait connue au cours des récessions précédentes aurait provoqué, lors de la récession récente, une perte de 120.000 postes de travail (1). En fait, par solde, la perte d’emplois s’est limitée à 39.000, comme il ressort de l’évolution du chômage. Le taux de chômage a augmenté de 6,7% vers le milieu de 2008 à 8,5% au début de 2010 (+1,8 point de pourcentage), mais cette hausse est somme toute moins dramatique que lors des deux précédentes récessions (+3,6% au début les années 90, +2,7% au début des années 2000) alors que le recul de l'activité économique était nettement plus prononcé. Les difficultés de trouver des travailleurs qualifiés au cours de la phase d’expansion précédente ont amené les entreprises à conserver leur personnel durant la période de récession. Le recul de l'activité a surtout été compensé par une diminution des heures prestées, et non pas tellement par des suppressions effectives d’emplois. Les entreprises ont pu faire usage des possibilités offertes par les régimes subventionnés en matière d’inactivité temporaire. Petercam Macro Research Note
3 (1) Perte d’emplois par recul en points de pourcentage de l'activité économique, en moyenne au cours des récessions depuis 1970, à l'exception de la récession du début les années 80, qui a eu des répercussions exceptionnellement pénibles pour l'emploi.
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Impact de la récession au niveau des heures prestées, non au niveau du nombre d'emplois
L'emploi a particulièrement bien résisté
à la dernière récession 102
0.0
PIB réel
‐0.5
Nombre d’emplois
Heures prestées
101
‐1.0
PIB réel
‐1.5
100
Emploi ‐2.0
99
‐2.5
98
‐3.0
‐3.5
97
‐4.0
96
‐4.5
Baisse en pourcentage
‐5.0
Indice, début i
00
95
1974‐75
1977
1980
1992‐93
2001
Q2 2008
2008‐09
Q4 2008
Q2 2009
Q4 2009
Q2 2010
Q4 2010
Q2 2011
Grâce à la relance économique, le marché du travail a pu reprendre. Depuis le début de l’année 2010, ce sont, par solde, 75.000 emplois supplémentaires quoi ont été créés, ce qui a permis de compenser, et même au‐delà, l’impact de la récession. L'emploi se trouve à présent 0,8% au dessus du niveau d’avant la récession. La Belgique suit, dans ce domaine également, l'exemple allemand, où l'emploi se situe déjà 1% au dessus du niveau antérieur à la récession. À titre de comparaison, dans le reste de l'UEM, l'emploi est encore 3,8% en dessous du niveau d’avant la récession. Outre la création d’emplois, le nombre d’heures prestées a également une nouvelle fois fortement augmenté, tandis que le taux de chômage a diminué rapidement de plus d' un point de pourcentage. Le rétablissement du marché du travail risque d’atteindre maintenant déjà ses limites. Le nombre d’entreprises qui déclarent ne pas trouver suffisamment de main‐d’œuvre qualifiée pour réaliser leurs plans de croissance s’est à nouveau accru rapidement dans la foulée de la relance de l’activité économique. Cela est confirmé par le rapport entre le nombre de demandeurs d'emplois et les vacances d’emplois. En Flandre, le nombre de demandeurs d'emplois par vacance d’emploi était à nouveau redescendu à peine un an après le début de la relance à 4,8, soit guère plus que son niveau le plus bas de 2007‐08. Les difficultés pour trouver la main‐d'oeuvre qualifiée illustrent les problèmes structurels du marché du travail. En outre, ces problèmes émergent aujourd'hui alors que l’on a atteint un taux de chômage relativement plus élevé qu’au cours des phases de rétablissement précédentes. Cela signifie qu'une partie importante des sans‐emploi ne correspond pas aux profils recherchés par les entreprises. Celles‐ci ne parviennent pas à trouver de la main‐d'œuvre qualifiée et cela constitue une menace importante pour le potentiel de croissance de l'économie dans sa totalité. Il faut donc instaurer d’urgence les mesures structurelles nécessaires pour élargir quantitativement et qualitativement le potentiel de travail. Cela exige une réforme des régimes d’allocations, la diminution des possibilités de retraite anticipée, la réorientation des choix d’enseignement et de formation et une attention spécifique accordée à l’emploi des jeunes (le taux d'emploi est de 44% pour les jeunes de 20 à 24 ans en Belgique, contre 61,9% en moyenne dans les pays voisins), la mise au travail des immigrants non européens (taux d'emploi de 38,8% en Belgique, contre 50,9% en moyenne dans les pays voisins) et des personnes âgées (taux d'emploi de 37,9% en Belgique, contre 50,8% en moyenne dans les pays voisins). Les entreprises trouvent difficilement les candidats adéquats
Pénurie sur le marché de l'emploi 14
6
12
6.5
12
Demandeurs d'empl oi par poste
vacant (Fl andre)
10
7
10
7.5
8
8
8
6
6
8.5
4
9
2
4
9.5
2
0
Q1 1986
10
Q1 1989
Q1 1992
Q1 1995
Q1 1998 Q1 2001
Q1 2004
Q1 2007
Contraintes de production: main‐d'œuvre qualifiée insuffisante
Taux de chômage (échelle de droite, inversée)
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4 Q1 2010
0
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
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PERSPECTIVES DE L'ECONOMIE BELGE
2009
2010
2011
2012
PIB
-2.7
2.1
2.6
1.5
Consommation privée
Consommation publique
-0.2
0.4
1.6
1.1
1.5
1.1
1.5
1.3
Investissements des entreprises
Investissements publics
Investissements dans le logement
-7.5
9.0
-3.0
-0.9
-2.8
-2.5
3.6
6.2
1.2
2.1
5.8
1.1
-11.4
-10.9
10.6
8.4
7.3
6.9
4.0
3.9
0.0
0.6
2.2
1.7
3.6
3.1
2.2
2.0
4438
8.0
4468
8.2
4520
7.4
4560
7.2
1.6
18.6
0.0
17.3
1.1
17.0
1.8
17.2
-6.0
-2.3
96.3
-4.1
-0.7
96.7
-3.4
0.0
94.8
-3.6
-0.3
95.0 Croissance
(Variation annuelle en %)
Exportations
Importations
Inflation
(Variation annuelle en %)
Indice des prix à la consommation
Indice santé
Marché du travail & revenu
Emploi intérieur (en '000)
Taux de chômage
(en % de la population active)
Revenu disponible des ménages
Taux d'épargne des ménages
(en % du revenu disponible)
Finances publiques
(en % du PIB)
Solde de financement
Solde primaire
Dette publique
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