Petercam Macro Research Note

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 |vendredi 23 décembre 2011|PETERCAM ECOSTRATEGY TEAM
Petercam Macro Research Note
Bart Van Craeynest, Chief Economist
Téléphone : 02/229 62 32
Courriel : [email protected]
Rédacteur
LA BELGIQUE À NOUVEAU EN RÉCESSION
Si la zone euro fait route vers une nouvelle récession, la Belgique a pris un peu d'avance et d'ores et déjà renoué avec une récession qui devrait perdurer une majeure partie de l'année 2012 en attendant une réponse crédible à la crise de la zone euro, condition sine qua non pour pouvoir envisager un retour à une croissance positive. Néanmoins, ce nouveau recul devrait être bien moins douloureux que la profonde récession de 2008‐2009 avec un impact limité sur le marché du travail. D'un autre côté, des efforts supplémentaires seront encore nécessaires ces prochaines années pour remettre les finances publiques sur les rails (et les y maintenir). Plombée par la relative solidité de l'euro, l'inflation, les lourds efforts d'assainissement et, surtout, le choc de confiance dû à la persistance de la crise de la zone euro, l'économie européenne a sensiblement ralenti ces derniers mois, ce qui n'est pas non plus resté sans conséquences en Belgique où l'activité économique a reculé de 0,5 % sur base annuelle pendant l'été, soit les premiers chiffres négatifs depuis le dramatique premier trimestre 2009. Le climat conjoncturel extérieur n'a fait que se détériorer ces derniers mois et les indicateurs avancés belges ont eux aussi continué à plonger. L'économie se sera aussi plus que probablement contractée au quatrième trimestre et aucune amélioration n'est en vue pour les premiers mois de 2012. L'incertitude quant à la crise de la zone euro et les efforts d'assainissement prévus assombrissent les perspectives. Malgré leur relative santé financière, ménages et sociétés ne devraient guère être enclins, dans ce contexte, à consommer ou investir à tout va. La relance de l'économie européenne, et donc aussi belge, passera impérativement par une restauration de la confiance, ce qui exige à tout le moins une perspective crédible de solution à la crise de la zone euro. Hélas, même si nous devrions nous en approcher à travers une série de nouveaux sommets européens en 2012, une réponse crédible n'apparaît pas pour demain. Il conviendra dès lors d'attendre la deuxième moitié de l'année avant de voir l'économie renouer éventuellement avec une croissance positive. D'ici là, le recul devrait rester limité grâce aux finances relativement solides des entreprises comme des ménages et à la situation plus positive dans le reste du monde. Car contrairement à 2008‐2009, où c'est toute l'économie mondiale qui s'était effondrée, les problèmes économiques sont aujourd'hui surtout concentrés en Europe. Globalement, l'économie belge devrait se contracter de 0,5% durant cette récession, soit un niveau proche de la récession de 2001, quand l'activité économique avait reculé de 0,7%, mais en rien comparable donc à la récession de 2008‐2009 qui avait abouti à une contraction de l'économie de 4,3%. Le principal risque dans le cadre de ce scénario est et reste la crise de la zone euro qui pourrait toujours totalement dégénérer. L'éclatement de la zone euro provoquerait une catastrophe économico‐financière à côté de laquelle la crise de 2008‐2009 ferait pâle figure. Et bien sûr, l'économie belge n'y échapperait pas non plus. Les dommages attendus devraient être suffisants pour convaincre les responsables politiques européens de tout faire pour éviter ce scénario. La BCE, de son côté, a d'ores et déjà fait savoir clairement qu'elle était prête à tout pour maintenir les banques européennes debout et elle fera aussi presque à coup sûr tout ce qui est en son pouvoir pour éviter le scénario‐catastrophe si l'euro devait réellement vaciller. Économie belge en récession
La nouvelle récession devrait être moins douloureuse
8
15
0.0
6
10
‐0.5
5
‐1.0
0
‐1.5
‐5
‐2.0
‐10
‐2.5
‐15
‐3.0
‐20
‐3.5
‐25
‐4.0
‐30
‐4.5
‐35
‐5.0
4
2
0
‐2
‐4
‐6
‐8
Croiss ance économique (variation
trimestrielle annualis ée en %)
Confiance des entrepris es (BNB)
‐10
T1 1999 T3 2000 T1 2002 T3 2003 T1 2005 T3 2006 T1 2008 T3 2009 T1 2011
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1 Recul économique en période de récession (en % du PIB)
1974‐75
1977
1980
1992‐93
2001
2008‐09
2010‐2011
|vendredi 23 décembre 2011|PETERCAM ECOSTRATEGY TEAM
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IMPACT LIMITÉ SUR L’EMPLPOI La profonde récession de 2008‐2009 a globalement eu un impact relativement limité sur l'emploi. Au final, 35.000 emplois avaient alors été perdus, soit un recul de 0,8% et plutôt une bonne surprise au vu de la forte contraction économique. Les employeurs avaient alors surtout compensé le repli de l'activité en réduisant le nombre d'heures de travail plutôt que de procéder à des licenciements effectifs. Ils avaient été aidés dans ce cadre par des systèmes dits tampons comme le chômage temporaire et la réduction du temps de travail. Le nombre d'heures de travail avait ainsi diminué de 2,3%. Les employeurs ont compris qu'il était difficile de trouver du personnel qualifié en période de reprise et sont dès lors moins rapidement enclins à couper dans leurs effectifs lorsque les affaires se portent un peu moins bien. Une dynamique similaire limitera également l'impact de la récession sur l'emploi dans les prochains mois et le nombre d'emplois en 2012 devrait stagner ou tout au plus diminuer légèrement. Les sociétés vont à nouveau faire face au malaise économique en adaptant le nombre d'heures de travail, ce qui devrait permettre de maintenir relativement l'emploi. RECUL DE L’INFLATION Les prix des matières premières ont commencé à augmenter en 2010, le prix du pétrole passant par exemple de 70 à plus de 125 dollars le baril entre juillet 2010 et avril 2011. Inévitablement, cela s'est traduit par une forte hausse de l'inflation qui s'est maintenue au‐delà des 3 % tout au long de l'année, avec même un pic à 3,8% en novembre. Depuis le printemps toutefois, les prix de la plupart des matières premières sont retombés sous la pression de la détérioration du climat conjoncturel international, un mouvement qui devrait transparaître dans les chiffres de l'inflation en 2012. Concrètement, l'inflation devrait refroidir rapidement dans les prochains mois et même repasser sous la barre des 2% d'ici l'été. Dans ce contexte, l'indice santé devrait déjà dépasser l'indice‐pivot en janvier et conduire dès lors à une adaptation des salaires et autres prestations. Aucun nouveau dépassement ne doit par contre être attendu dans le reste de l'année. Cela sera plus tôt pour 2013.
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2 Vers un recul de l'inflation 7
6
Inflation
Cours du pétrole (euro/baril)
5
100
80
60
4
40
3
20
2
0
1
‐20
0
‐40
‐1
‐60
‐2
‐3
Variation annuelle en %
janv.‐03 janv.‐04 janv.‐05 janv.‐06 janv.‐07 janv.‐08 janv.‐09 janv.‐10 janv.‐11 janv.‐12
‐80
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NOUVEAUX EFFORTS D’ÉCONOMIES EN VUE
Le nouveau gouvernement a établi fin novembre un budget devant ramener le déficit en dessous de 3 % du PIB en 2012. Les mesures prises pour y parvenir sont toutefois loin d'être convaincantes, d'autant que le budget repose sur une prévision de croissance trop optimiste de 0,8% et qu'il est apparu clairement depuis lors que le point de départ de 2011 était moins favorable que ce sur quoi avaient tablé les négociateurs gouvernementaux. Résultat, le gouvernement devra rapidement se mettre en quête d'environ 1 % du PIB en plus, soit quelque 3,7 milliards d'euros, pour atteindre ses objectifs budgétaires, ce qui est loin d'être gagné d'avance. Quoi qu'il en soit, la recherche de moyens et d'économies supplémentaires est appelée à devenir un sujet récurrent ces prochaines années. Si le gouvernement souhaite ramener sa dette à 60% du PIB, il devra parvenir à un surplus budgétaire ces prochaines années. Par ailleurs, des moyens supplémentaires devront dans le même temps être trouvés pour faire face à l'inévitable augmentation des dépenses de soins de santé du fait du vieillissement de la population. En tenant compte d'hypothèses prudentes pour la croissance économique et les taux d'intérêt, l'effort budgétaire d'ici 2030 devrait s'élever à 8,5% du PIB, soit 31,5 milliards d'euros (en euros d'aujourd'hui). À titre de comparaison, les dépenses totales propres des autorités fédérales en 2010 (hors charges d'intérêts) se sont élevées à 29 milliards d'euros, les dépenses publiques totales pour les soins de santé à 27 milliards d'euros. Des choix douloureux seront dès lors inévitables. Petercam Macro Research Note
3 A la recherche de 30 milliards 80000
70000
Dépenses primaires propres (en mio euros)
60000
50000
40000
30000
20000
10000
0
Autorités fédérales
Communautés et régions
Autorités inférieures
Sécurité sociale
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PERSPECTIVES DE L'ECONOMIE BELGE
2009
2010
2011
2012
-2.7
2.3
1.9
-0.1
0.8
0.8
2.3
0.2
0.8
0.6
0.1
1.2
-9.3
7.3
-9.2
-1.6
-1.8
1.6
7.1
6.3
-1.7
0.0
1.3
-2.4
-11.3
-10.6
9.9
8.7
4.8
5.5
0.5
1.2
0.0
0.6
2.2
1.7
3.5
3.0
2.1
2.1
-24
64
58
-3
7.9
8.3
6.9
7.1
2.9
18.8
-0.5
16.6
0.8
16.6
0.5
16.9
-5.8
-2.2
95.9
-4.1
-0.7
96.2
-4.1
-0.8
97.5
-3.7
-0.4
99.0 Croissance
(Variation annuelle en %)
PIB
Consommation privée
Consommation publique
Investissements des entreprises
Investissements publics
Investissements dans le logement
Exportations
Importations
Inflation
(Variation annuelle en %)
Indice des prix à la consommation
Indice santé
Marché du travail & revenu
Emploi intérieur
(variation sur l'année, en '000)
Taux de chômage
(en % de la population active)
Revenu disponible des ménages
Taux d'épargne des ménages
(en % du revenu disponible)
Finances publiques
(en % du PIB)
Solde de financement
Solde primaire
Dette publique
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