Crime
(ang. : crime ; all. : Verbrechen ; esp. : crimen ; ital. : crimine)
Le vocabulaire juridique français réserve ce mot pour désigner les infractions
les plus lourdement punies, celles que jugent les cours d’assises.
Selon une tradition qui remonte à Durkheim, la sociologie emploie généra-
lement ce terme dans un sens plus large pour désigner tout comportement que
le droit incrimine en menaçant son auteur d’une peine.
Cet usage est conforme à l’étymologie (Dictionnaire historique de la langue
française, Paris, Le Robert, 2000, vol. 1, p. 565) qui évoque l’idée de trier, de
décider, donc de soumettre une situation à une décision judiciaire.
Mais ce n’est qu’une convention. Nous pourrions parler aussi de délinquance,
au singulier ou au pluriel. Les juristes parleraient d’infractions.
difficile d’échapper,sinonpourlui-même, du moins pour ce
qu’il révèle de la mise en ordre —et du désordre —des relations
sociales.
Sa forte actualitéau tournant du XXeet du XXIesiècle a deux
conséquences sur son étude, l’une positive, l’autre négative. Une
puissante demande de connaissance joue en faveur de la création
de filières d’enseignement, de la constitution d’un marchéde la
formation professionnelle et permanente, du développement de
la recherche. Mais, dans une situation aussi passionnée, le poids
des modes et des lieux communs pèse lourdement sur tout ce qui
se dit àpropos du crime.
Placédans une conjoncture àla fois porteuse et périlleuse, le
sociologue du crime doit clarifier méthodiquement les bases et
les avenues de ce champ de connaissance. D’autant que ce
chapitre des sciences de la sociétélaisse une impression déce-
vante : depuis un bon siècle qu’il est entamé,onn’a pas le senti-
ment d’une progression réelle de la connaissance, alors pourtant
que tous les modèles imaginables ont été,touràtour, mis en
œuvre pour «expliquer »le crime. On a la sensation d’une
histoire immobile oùtoutes les hypothèses peuvent sans cesse
ressurgir sous des vêtements àpeine modernisés. De surcroît,
chaque théorie rend compte de certains crimes, mais s’adapte
mal àd’autres. Explicitement ou subrepticement, chaque auteur
a travaillésur un ou quelques cas de figure quitte àextrapoler
LA SOCIOLOGIE DU CRIME4