On parle beaucoup du Liban depuis quelques mois dans la presse française.
Ce pays serait selon certains l’exemple du « vent démocratique » qui souffle-
rait sur le monde arabe. Un autre exemple serait la Palestine, depuis la mort de
Yasser Arafat et l’élection du nouveau président Mahmoud Abbas. Évidem-
ment il est plus difficile de nous en dire autant de l’Irak où chaque jour se pro-
duisent des attentats sanglants et où règne le chaos, mais même dans ce cas on
vient parfois nous dire qu’on est sur la voie de l’établissement de la
démocratie.
En protestant contre l’attentat commis le 14 février dernier contre l’ancien
Premier ministre libanais, Rafic Hariri, la presse et une partie des politiciens
français, dont ceux qui sont au gouvernement, ont retrouvé un de leurs thèmes
favoris. Il consiste à dénoncer la présence et l’action de la Syrie au Liban et à
en faire la responsable de tous les maux du pays.
Sans nourrir de sympathie pour le régime de Damas, on peut remarquer
que sur ce plan la politique française rejoint la politique américaine. Après
avoir dénoncé le régime irakien et l’avoir renversé, les dirigeants des États-
Unis dénoncent le régime syrien à peu près dans les mêmes termes. Et cette
fois ils ont le renfort des dirigeants français, les mêmes qui avaient critiqué les
méthodes de George Bush lorsqu’il préparait la guerre contre l’Irak.
Mais cette sensibilité des dirigeants français à l’égard de ce qui se passe en
Syrie, et surtout au Liban, n’est pas plus désintéressée que celle des dirigeants
américains lorsqu’ils prétendaient s’intéresser au sort des Irakiens victimes de
la dictature de Saddam Hussein et leur apporter la démocratie. Le Liban et la
Syrie sont pour la France de vieilles terres coloniales. Ses capitalistes y ont
gardé de vieilles accointances, et c’est pourquoi les noms de ces deux pays
suscitent toujours parmi les politiciens français des réactions particulières. Ils
réveillent leur désir de se mêler de ce qui se passe là-bas, comme lorsqu’on
parle de la Côte-d’Ivoire, du Tchad ou de l’Algérie.
Les interventions des pays impérialistes au Proche et au Moyen-Orient ont
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