ESCWA L'interdépendance de la situation politico-économique entre le Liban et la Syrie: Les répercussions de la crise syrienne sur le Liban et étapes-clé pour la transition et la reprise économique. Beirut 5 Juin 2013 Adib Nehmeh Conseiller Régional - ESCWA Excellences Mesdames, Messieurs Je tiens d’abord à remercier l’institut Bassel Fleihan et se partenaires pour cette opportunité d’adresser cette audience distinguée. Bien sur on n’a pas besoin de vous convaincre de l’interdépendance entre la Syrie et le Liban. C’est un fait historique et actuel incontesté. Il s’agit donc d’explorer quelques uns de ses aspects dans le contexte actuel, tout en soulignant surtout la dimension économique. Je me permets de partager avec vous quatre idées, dont trois traites des plans d’interdépendance en temps de crise, et une conclusion. 1 1. Sur le plan politique général Il s’agit d’une interdépendance politique au sens large qui affecte la stabilité politique, institutionnelle et sécuritaire du Liban. Le Liban fait de plus en plus partie du conflit Syrien. Les positions des différents acteurs Libanais intériorisent de plus en plus le conflit Syrien qui devient le cœur des tensions politiques et sécuritaires tant nationales que locales. Les libanais sont beaucoup plus divisés selon l’axe des positions vis-à-vis le conflit Syrien que selon des agendas Libanaises. Il a toujours été possible que les leaders libanais et les coalitions politiques trouvent des compromis sur différentes questions internes pour faire fonctionner le système et reconstituer les instituions. Avec cette articulation du Liban au conflit Syrien, le compromis devient presque impossible. L’incapacité du renouvellement des instructions de gouvernance, que ce soit le parlement ou le gouvernement, en est le résultat direct. La constitution et les instituions sont victimes de cette situation. Le discours belligérant et la polarisation prennent le dessus, sur la tolérance et le dialogue, et sur ce qui est commun. Répercussions sur l’économie ?... Bien sur. Le facteur le plus important qui a affecté l’économie libanaise pendant les dernières décennies était l'instabilité. Il est difficile de concevoir une croissance économique, une amélioration de la productivité, ou un développement économiques durable…, en absence d’un environnent favorable. L’élément le plus crucial en est la sécurité, la stabilité institutionnelle et législative, la présence d’un état garant et régulateur; la primauté de la loi… etc. C’est en quelque sorte le Facteur de Productivité Totale nécessaire pour toute économie fonctionnelle. Or tout cela manque gravement. 2 2. Sur le plan économique direct Je vais mentionner brièvement certains impacts : D’abord il y a les difficultés concernant l’exportation vers les pays autres que la Syrie travers les réseaux routiers qui passe forcement a travers la Syrie. Devenu irrégulier, sans garanties et plus couteux… compte tenu que le Liban n’a de frontières qu’avec la Syrie. Ce fait est compensé par la croissance d’exportation vers la Syrie, y compris contourner certaines sanctions. L’interruption d’un cycle d’économie localisée a sur les deux bords de la frontière, ainsi que les activités économiques sur les routes internationales entre Beyrouth et Damas ainsi qu’au dans le nord et le nord la Bekaa. Et enfin l’arrêt des échanges des ménages dans les marches des deux pays. Le flux des réfugiés syriens vers les régions libanaises pauvres dans le nord, la Bekaa et le Liban central. Le nombre des enregistrés touche 500 milles personnes, et certaines estimation avancent un nombre qui dépassent un millions. Certains résultats: o Pression sur les services de base et les services sociaux, dans le contexte de manque de capacité organisationnelle de l’état, pour une combinaison de raisons politiques et de capacités. o Ce sont en majorité des refugiées pauvres dans des régions libanaises à majorité pauvres aussi. Donc les ménages n’ont pas les ressources qui leur permettent d’absorber ce flux et ces impacts sur l’économie locale, dont une pression additionnelle sur le marché de travail, une compétition accrue sur le même type de petits boulots aves la main d’œuvre libanaises non qualifiées. Tout cela fait croitre les difficultés de vie quotidienne dans ces régions, déjà souffrant de pauvreté et de chaumage. 3 Un autre flux de citoyens syriens des classes moyennes et riches des businessmen et leurs capitaux est une autre facette. Ceux-ci sont repartis dans les villes, ils sont qualifiés et certains d’entre eux ont rejoint des institutions ou des firmes libanaise, ou ont établit certains biseness au Liban. Ce flux a contribuée à maintenir une demande hausse sur le marché immobilier, ainsi que maintenir les prix dans ce secteur. Autre dimension, on estime (toujours des estimations qui manquent de précisons bien sur) entre trois et quatre milliards de dollars sont entrés dans notre marché financier et ont alimenté notre stock de dépôts dans les banques commerciales (certains avancent même un chiffre plus élevé). Cette contribution a compensé partiellement la récession économiques et la diminution des taux de croissance des dépôts bancaires de 50% a peut prêt des ceux de l’avant crise en Syrie. Mais il faut noter que ces dépôts sont en majorité temporaires, et a cause de l’instabilité en Syrie et au Liban, et a cause de l’interdépendance des situations des deux pays et l’incertitude de l’avenir même proche, ces capitaux ne seront pas vraiment investît au Liban, et ne contribueront probablement pas positivement a une certaine croissance tangible. Un autre aspect très important et qui cause des distorsions économiques, sociales et culturelles, est l’expansion de ce qu’on peut nommer comme une économie parallèle de crise et de conflit. Le premier volet est la prolifération des projets et interventions humanitaires et leur financement qui ciblent les refugiés Syriens et les communautés qui les reçoivent ainsi que les intermédiaires, dont des associations et leurs staffs qui prennent en charge l’exécution. C’est ce le volet économie de crise (humanitaire). Le deuxième volet 4 - économie de guerre – consiste au financement des conflits armés (régional bien sur, mais aussi national et local). Cette économie comprends l’argent politique pour les partisans ; le salaires ou équivalent des salaire pour le combattants ; le prix des armes et des munitions ; les compensations des dégâts physiques et des pertes humaines ; les soins médicaux des blessés ; le commerce et la contrebandes des armes ; le biseness du trafic des personnes et leur passage de part et d’autres des frontières et a l’intérieur du pays…etc. C’est toute une économie de financement et d’extraction forcées des ressources d’ordre de dizaines de millions de dollars (sinon plus), une économie parallèle qui fleurit pendant le conflit et qui crée des mécanismes et des bénéficiaires qui forment des groupes de pression qui contribuent à la prolongation du conflit et résistent a tout effort de retourner a l’économie productive de paix. 3. Sur le plan social Déjà une société polarisée et à la limite de la fragmentation, le conflit syrien pousse plus loin ces phénomène et risque même d’atteindre un niveau de fragmentation sociétal à base politicocommunautaire, qui affecte la mobilité des personnes, et les échanges et investissent, dans une économie-société intégrée. Cette situation a encouragé les tentatives d’institutionnalisation de la fragmentation communautaire et politique à travers les propositions de loi, tel que la loi électorale qui pourrait avoir des répercussions graves et structurelles sur l’intégrité du pays et tout l’environnement macro économique et social qui affectera l’économie aussi. Le conflit syrien a contribué à l’affaiblissement institutionnel et symbolique d’un état déjà faible. Ce fait encourage d’avantage la génération de conflits localisés, et même un comportement de horsloi individuel et généralisé. C’est une source additionnelle d’impunité, et de refus de la primauté de la loi, et du respect 5 minimum des normes économiques, qui pousse à l’expansion des comportements mafieux aux niveaux individuel et collectif, anarchique et organisé, et qui dérive toute activité économique de son parcours normal, ou l’empêcher même. 4. Conclusion Considérant tous ces aspects interconnectés, j’arrive à une conclusion essentiale. Déjà le Liban a vécu un processus de marginalisation du rôle des intérêts économiques et de la rationalité économique dans les processus de prise de décision. Avec le conflit Syrien on est face à un phénomène plus avancé, que l’on peut décrire comme un processus d’exclusion de l'Economique de la sphère et des processus de formulation des politiques publiques, surtout au niveau des instances constitutionnelles. En principe, le Politique se définit en tant qu’une cristallisation intégrée des intérêts et des composantes économique, sociale, idéologique...etc. Mais ce n’est pas le cas maintenant. Déjà les décisions sont prises en dehors des instances constitutionnelles. Et quand on adopte une stratégie ou une position, les intérêts nationaux sont exclus en faveur des facteurs régionaux ; et les intérêts économiques sont exclus en faveur des facteurs purement politiques (et articulés sur les conflits régionaux). Ni le national, ni l’économique, n’ont un poids important dans la définition des positions et des politiques publiques. Pour commencer correctement, il faut restituer le rôle de l’économique en tant que composante à part complète du Politique au niveau des institutions et des discours. 6 Aurait-il une solution claire ? Au moins on peut dire que la Voie (dans le sens de direction) est plus ou moins identifiée : le passage de l’état néo-patrimonial a l’état développemental. Ou plus simplement agir dans la direction de du slogan principal des soulèvements sociétaux arabes depuis décembre 2010 : Justice Sociale et un Etat Civil, Démocratique, et Moderne. Beyrouth 4 Juin 2013 7