19e Congrès de Maîtrise des Risques et Sûreté de Fonctionnement - Dijon 21-23 octobre 2014
UTILISATION DES COMPOSANTS DEEP SUB-MICRON DANS LE CONTEXTE
AERONAUTIQUE
DEEP SUB-MICRON COMPONENTS IN THE AEROSPACE CONTEXT
Julie Berthon et Didier Regis Guillaume Hubert
Thales Avionics ONERA
Rue Toussaint Catros 2 avenue Edouard Belin
33185 Le Haillan 31055 Toulouse
(+33)5 56 13 44 90 +(33)5 62 25 28 85
(+33)5 57 26 77 21
Résumé
Depuis plus de 40 ans, la loi expérimentale de Gordon Moore prédit la progression du niveau d’intégration des composants
électroniques numériques et oriente par là même les développements électroniques.
Jusqu'à ces dernières années, cette évolution n’a pas eu de contrepartie mesurable sur la qualité des composants ; mais ceci
commence à n’être plus tout à fait vrai.
Cet article adresse l’impact de la réduction de la finesse de gravure des composants électroniques numériques sur leur fiabilité,
et ses répercussions dans les analyses de sécurité des systèmes aéronautiques embarqués. Dans ce cadre, il analyse d’un
point de vue qualitatif et quantitatif le comportement des technologies Deep Sub-Micron en termes de robustesse et de fiabilité
et adresse plus particulièrement trois fondamentaux des analyses de sécurité des systèmes aéronautiques : le taux de
défaillance, la durée de vie et la sensibilité aux radiations atmosphériques.
Summary
For more than 40 years, Gordon Moore’s experimental law has been predicting the evolution of the number of transistors in
integrated circuits, thereby guiding electronics developments.
Until last years, this evolution did not have any measurable impact on components’ quality; but the trend is beginning to reverse.
This paper is addressing the impact of scaling on the reliability of integrated circuits. It is analyzing - from both qualitative and
quantitative point of view - the behavior of Deep Sub-Micron technologies in terms of robustness and reliability. It is particularly
focusing on three basics of safety analyses for aeronautical systems: failure rates, lifetimes and atmospheric radiations’
susceptibility.
Introduction
L’acronyme anglais DSM (Deep Sub-Micron) fait référence aux composants « nettement sub-microniques » c’est-à-dire dont la
finesse de gravure est très inférieure au micron. Si ces composants sont apparus il y a quelques années déjà et sont utilisés
dans les applications aéronautiques depuis plus de 10 ans, la course à la miniaturisation s’est accélérée ces dernières années :
de 90nm en 2004, le nœud technologique - tel que défini par l’ITRS1 - est tombé à 28 nm en 2012 et devrait passer sous les 10
nm à l’horizon 2020.
Cette miniaturisation a deux motivations principales : d’une part, un objectif permanent de réduction des coûts et, d’autre part,
un impérieux besoin d'augmenter les puissances de calcul et de stockage de l'information, chose qui ne peut se faire qu'en
intégrant plus de transistors sur une même puce.
Si un tel niveau d’intégration offre des performances inégalées et suscite un grand intérêt pour les applications embarquées,
des études récentes montrent qu’il pose un certain nombre de problèmes en termes de robustesse2 et de fiabilité, parmi
lesquels :
• L’apparition de défaillances de jeunesse difficiles à piéger en déverminage ;
• Des problèmes d’intégrité de signal liés à des sources de bruits externes ou internes au composant ;
• Une vulnérabilité accrue aux particules de haute énergie ;
• La dégradation du WCET3 ;
• L’impact prématuré de mécanismes de dégradation entraînant une forte réduction de la durée de vie.
La possible remise en cause de la notion de taux de défaillance constant, la réduction de la durée de vie et la
vulnérabilité accrue aux particules de haute énergie sont les problématiques les plus critiques en termes de sûreté de
fonctionnement.
Ces problématiques sont très dépendantes de la technologie mais également étroitement liées aux contraintes
environnementales et aux conditions d’utilisation des composants : tension d’alimentation, fréquence de fonctionnement, etc.
1 L’ITRS (International Technology Roadmap for Semiconductors) est une organisation résultant d’un consortium d'acteurs de la
micro-électronique, sponsorisée par les associations nationales de l'industrie des semi-conducteurs européennes, américaines
et asiatiques. Son principal objectif est la rédaction d’une « feuille de route » identifiant les barrières techniques à franchir pour
chaque nouvelle génération de composant et servant de référence aux industriels de la microélectronique.
2 Selon l’IEEE, degré selon lequel un système, ou un composant, peut fonctionner correctement en présence d’entrée invalides
ou de conditions environnementales stressantes.
3 Le « Worst Case Execution Time » est défini comme le temps maximal nécessaire à l’exécution d’une instruction.
Communication 1C-4 Page 1 sur 10