- VOL.XII, N°45
dans la construction du monde” (27).
- une fonction de plaisir: la Bible recon-
naît par le Cantique des Cantiques la
“force érotique qui transit toute rencontre
dans le couple”. Le plaisir entraîne la perte
de la maîtrise et donc l’obligation d’avoir
foi en l’autre et en soi-même. Le refus du
plaisir pourrait équivaloir au refus de
croire en l’autre. Mais ce sentiment éphé-
mère de plénitude faisant oublier le
manque qui nous constitue peut entraîner
une suraccumulation de plaisirs consti-
tuant un danger.
- enfin, une fonction fécondité.
Ces trois fonctions constitutives de la
sexualité ne seront épanouissantes que si
elles s’ordonnent à la quête d’un monde
conforme au projet de Dieu, un monde
qui reconnaisse son créateur, un monde
qui aime (27).
La condition d’homme ou de femme
sexués n’est pas une fatalité, encore moins
un manque, mais une bénédiction, un don,
un appel à une vie de liberté (7).
En ce qui concerne la sexualité féminine, le
plus grand changement de ces 30 dernières
années n’a été ni la contraception ni encore
moins l’IVG, mais, bien en amont, la
volonté des femmes de mieux maîtriser
leur descendance. Les femmes ont désiré
avoir des rapports sexuels quand elles le
voulaient, sans être enceintes, elles ont
voulu dissocier sexualité et procréation.
Pour ce faire, la loi Neuwirth leur a per-
mis d’utiliser la contraception et elles l’ont
utilisée. Massivement et très rapidement.
Si la théorie néomalthusienne estime que
la séparation entre sexualité et procréation
offre une chance de liberté et de bonheur,
l’Église rappelle que leur indissociabilité
permet de “ne pas altérer la double réa-
lité humaine”. D’une part, la fécondité
humanisée s’enracine dans une vie
sexuelle à laquelle le mariage donne sa
pleine signification, d’autre part la sexua-
lité trouve sa signification dans une rela-
tion d’amour établissant une communauté
de vie débordante, source de vie, c’est-à-
dire féconde dans tous les sens du terme
(7). L’Église catholique est rigoureuse sur
les conséquences morales du rapport entre
sexualité et fécondité.
L’animation de l’embryon se fait dès la
fécondation, le rendant dès lors personne
humaine, digne de respect au même titre
que tout autre et nous engageant vis-à-vis
de lui aux mêmes droits et devoirs
humains. Dans Evangelium Vitae, 1995, il
est dit: “Dans la biologie de la génération
est inscrite la généalogie de la personne”.
“Dès que l’ovule est fécondé, une vie est
inaugurée, différente de celle du père, dif-
férente de celle de la mère. Il ne sera jamais
humain s’il ne l’est pas déjà”. L’embryon
est une personne. Il doit être respecté et
traité comme une personne dès sa concep-
tion. La thèse de l’animation immédiate
est constante dans tous les textes.
■Dans la doctrine catholique,
quelles sont les applications
pratiques de tout cela?
La cohabitation avant le mariage est recon-
nue comme ayant été positive dans des
situations particulières mais n’est pas de
l’ordre du “souhaitable habituel” (27).
Les relations extraconjugales, bien que
n’entraînant pas systématiquement
l’échec du couple, ne peuvent être envi-
sagées dans l’engagement dans la fidé-
lité qu’est le mariage. Néanmoins, il est
rappelé que la responsabilité engagée
n’est pas seulement celle de celui qui tra-
hit et qu’elles peuvent amener à la notion
de “pardon” (27).
Concernant l’homosexuel, comportement
non reconnu comme norme par l’Église,
il a droit, plus que toute autre personne,
à être reçu et écouté. Souvent socialement
exclu, il est prioritaire dans la transcen-
dance chrétienne qui va au-delà du juge-
ment moral. Il sera reconnu en tant que
frère, témoin de Dieu.
En ce qui concerne la chasteté, il nous est
d’abord rappelé qu’étymologiquement
“chaste” est le contraire d’“incestueux”.
Être chaste peut représenter le renonce-
ment à un monde de toute puissance, au
désir de coïncider avec son origine. À l’in-
verse de la continence, qui réside en la
“contention des pulsions sexuelles”, la
chasteté représente la régulation de l’or-
ganisation des pulsions et augmente le
pouvoir relationnel de celui qui s’y engage.
Cette chasteté basée sur un renoncement
dû à l’évolution n’a plus rien à voir avec
un sentiment de culpabilité entraînant un
refoulement malsain de la génitalité.
La stérilisation directe, perpétuelle ou tem-
poraire de l’homme ou de la femme et
toute action sur l’acte conjugal visant à
rendre impossible la procréation est inter-
dite. L’utilisation des préservatifs est auto-
risée si l’existence d’un des deux parte-
naires est menacée. Par contre, il est licite
d’avoir recours aux périodes infécondes,
légitimes, ceci usant d’une disposition
naturelle. “Cela permettra de savoir renon-
cer à l’usage du mariage dans certaines
périodes, de sauvegarder une mutuelle
fidélité, de donner la preuve d’un amour
vraiment et intégralement honnête. Ceci
préviendra aussi le risque de voir passer
une autorisation individuelle ou familiale
au niveau collectif par le biais des autori-
tés publiques”. Pour Jean-Paul II: “le choix
des rythmes naturels comporte l’accepta-
tion du temps de la personne, l’accepta-
tion du dialogue, du respect de la respon-
sabilité commune, de la maîtrise de soi”.
L’interruption directe du processus de
génération déjà engagé est illicite. De
l’avortement, le pape nous dit qu’il est illi-
cite, si “directement voulu et provoqué,
même pour des raisons thérapeutiques”
(24). L’Église confirme par la voix épisco-
pale que “tous, dans une unanimité qui
ne souffre aucune exception, continuent
de condamner l’avortement ainsi que tout
procédé, chimique ou mécanique, même
s’il est présenté comme contraceptif” (17).
Il est noté que s’il faut choisir entre deux
normes, la théorie du moindre mal n’est
pas retenue comme une excuse.
Dans la médicalisation de la suite de la
grossesse et de la naissance, le Mystère,
ainsi nommé par saint Paul et devant don-
ner vie à un être humain issu du Créateur,
doit être respecté en tant que tel, et res-
pecté aussi pour l’enfant en tant que per-
sonne. Toute médecine expérimentale dont
l’efficacité constituerait le seul sacré et qui
occulterait l’énigme du Mystère ne peut
être encouragée (8). Le diagnostic anténa-
tal est moralement licite, uniquement
quand il est destiné à la sauvegarde et à
la guérison de l’embryon ou du fœtus. Il ne
peut être pratiqué à une femme qui aurait
l’intention de demander une interruption
de grossesse en cas de malformation (12).
Reste la question délicate de l’aide médi-
cale à la procréation et de tout acte pou-
vant modifier les conditions de vie et le
devenir de l’embryon. L’encyclique
Donum Vitae (12) interdit la fécondation
hors du corps. La médicalisation de la
conception et de la grossesse fait interve-
nir, par la main du médecin manipulant
une technique, une personne supplé-
mentaire dans ce temps réclamé par le
pape “chaste et intime”. Néanmoins, cette
aide externe peut être admise en tant
qu’aide à donner la vie si elle est prati-
quée dans le respect des êtres “manipu-
lés” par cette technique et dans le respect
du processus d’humanisation. Dans le cas
d’insémination artificielle, seuls les
gamètes endogènes peuvent être utilisés:
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