atteinte des qualités organoleptiques des poulets (Viau
et al, 2001). Le présent travail vise à définir des
critères de formulation pour obtenir une présentation
de carcasse de poulet convenable à l’abattoir.
1. Matériels et méthodes
Cinq expérimentations successives ont été réalisées de
manière à établir des corrélations entre les profils en
acides gras de l’aliment distribué aux animaux de 22
jours à l’abattage à celui du gras abdominal et à la
qualité visuelle de la carcasse, selon le dispositif
décrit dans le Tableau 1.
1.1. Aliments
Un aliment démarrage, identique pour tous les
animaux et contenant 5% d’huile de maïs a été
distribué à tous les animaux, puis les poulets ont reçu
un aliment contenant 8 % d’un mélange de différentes
matières grasses : suif, huiles de palme et de coprah,
tournesol, tournesol oléique, maïs et lin (Tableau 2).
Les aliments ont été fabriqués à la Station de
Recherche Avicole (INRA) pour les expérimentations
1, 4 et 5, et à Sourches (Glon-Sanders) pour les
expérimentations 2 et 3.
Pour l’expérimentation 1, 8 régimes expérimentaux
ont été distribués, caractérisés par leur profil en acides
gras : A, B, C, D, E, F, G, et H (tableau 3). La
variation du rapport d’acides gras saturés/ acides gras
insaturés a été réalisée dans les 7 premiers traitements
par modification séparée des proportions relatives des
deux principaux acides gras polyinsaturés
alimentaires : l’acide linolénique a varié de 2 à 10%,
l’acide linoléique restant constant (40%) (traitements
A à D). L’acide linoléique a varié de 20 à 60%, en
substitution de l’acide oléique, l’acide linolénique
restant constant (2%) (traitements E à G). Un régime,
à base de suif, enrichi en acides gras saturés et
appauvri en acide linoléique (15%) a servi de
référence (H).
Les aliments testés pour les expérimentations
suivantes sont présentés dans le Tableau 2. Des
régimes supplémentaires ont été introduits afin
d’obtenir des profils intermédiaires (I, M, J et K), un
peu moins saturés que H, et correspondant plus à la
pratique (avant le 14 novembre 2000). Dans la
dernière expérimentation, les apports en C16 ont été
maximisés par l’utilisation d’huile de palme et d’huile
de coprah (O, P, Q et R).
1.2. Contrôles et mesures
Les animaux ont été pesés collectivement par parquet
à 21 jours et individuellement avant l’abattage. La
consommation d’aliment a été contrôlée par parquet.
Les différents profils en acides gras ont été
déterminés à l’ITERG pour les huiles, aliments et
mélanges de gras abdominaux prélevés sur 20
animaux par traitement.
Une notation de la présentation des carcasses a été
réalisée systématiquement par plusieurs personnes
entraînées, de 1 (graisse molle et huileuse) à 5
(graisse ferme et sèche).
2. Résultats
Les performances de croissance ont été très peu
modifiées par la nature des lipides ingérés. Les
pourcentages de graisse abdominale n’ont pas
présenté d’écarts significatifs entre traitements.
Les profils en acides gras de la graisse abdominale
sont bien corrélés à ceux des lipides présents dans
l’aliment, notamment pour C16 (r= 0,97), C18 :2 (r=
0,98) et C18 :3 (r= 0,97), et un peu moins bien pour
C18 :0 (r= 0,92) et C18 :1 (r= 0,92) (Figures 1 à 5).
La note de présentation des carcasses est bien corrélée
à la teneur en C16 :0 (r=0,78) et aux acides gras
polyinsaturés totaux (C18 :1 + C18 :2 + C18 :3) (r= -
0,78). Plus les graisses sont insaturées, plus les
carcasses paraissent molles et huileuses. La notation
des carcasses est ainsi expliquée par les teneurs en
acides gras polyinsaturés :
Note carcasse = 5,756 - 0,11 C18 :3 (%) - 0,04 C18 :2
(%) - 0,03 x C18 :1 (%)
r= 0,80, ETR = 0,50, n=27
La notation des carcasses peut aussi être expliquée par
une variable synthétique des acides gras polyinsaturés
(AGPI = C18 :1 + C18 :2 + C18 :3) :
Note carcasse = 5,812 – 0,039 AGPI (%)
r= 0,78, ETR = 0,50, n=27
L’estimation est quasi équivalente, cette équation
donne néanmoins moins de poids au C18 :3 et ne tient
pas compte de la proportion des acides gras insaturés
entre eux. Pour obtenir une carcasse de présentation
convenable (note > 3, graisse assez ferme, non sèche),
la teneur en acides gras polyinsaturés ne doit pas
excéder 72 % de la matière grasse alimentaire.
Conclusion
Il est ainsi possible d’utiliser de telles équations en
formulation afin de tenir compte de la qualité visuelle
et technologique des carcasses. La pratique actuelle
qui consiste à utiliser 1 à 2 % d’huile de palme dans
l’aliment permet de satisfaire ces critères et d’obtenir
des carcasses de bonne présentation, tout en
maintenant un profil en acides gras corporels
relativement insaturé et donc bénéfique pour le
consommateur.