DIAGNOSTIC GENETIQUE PREIMPLANTOIRE POUR L’EB Merci aux auteurs : dr. Karen Sermon, dr. Martine De Rycke et Prof. Ingeborg Liebaers (VUB, centre de génétique) Qu’est-ce que le Diagnostic Génétique Préimplantatoire ? Le Diagnostic Génétique Préimplantatoire (DPI) peut être comparé à une forme très précoce de diagnostic anténatal, soit encore avant le terme de la grossesse, et est possible grâce à l’obtention d’embryons par fécondation in vitro (FIV). Tant que ces embryons se trouvent encore en milieu de culture, une ou deux cellules peuvent être prélevées et utilisées pour un diagnostic génétique. Seuls les embryons pour lesquels il est démontré qu’ils ne sont pas porteurs de la maladie recherchée, sont implantés dans l’utérus de la mère. Lorsque l’embryon s’accroche, on est presque certain que le fœtus - et par conséquent le bébé qui viendra au monde - est sain. Le DPI diffère du diagnostic anténatal qui est établi pendant la grossesse. Lorsque le diagnostic est négatif et que le foetus est atteint, les parents se retrouvent face à un dilemme : interrompre la grossesse ou mettre au monde un enfant porteur d’une maladie grave. Le premier DPI a été réalisé au Royaume Uni au début des années 1990. Depuis, il est pratiqué dans le monde entier. Plusieurs milliers d’enfants sont déjà nés grâce au DPI ; ils sont en bonne santé et se développent normalement comme les autres enfants nés d’une FIV. Notre centre est l’un des centres DPI les plus importants du monde et est très certainement le plus important d’Europe. Après avoir procédé à un DPI dans notre centre, 400 couples ont pu avoir l’enfant qu’ils désiraient. Les différentes étapes du DPI Le DPI est un traitement très complexe et observé de très près par de nombreux spécialistes. Tant les médecins et les spécialistes paramédicaux qui traitent directement les patients (généticiens, spécialistes en fertilité) que les personnes qui travaillent en laboratoire (biologistes moléculaires, embryologistes) se penchent à tour de rôle mais de concert sur le cas du couple désireux d’avoir un enfant. Voici une description par étape qui vous explique pourquoi. Etape 1: le couple se présente au centre de génétique de la VUB Les patients qui courent le risque d’avoir un enfant atteint d’une malformation génétique peuvent décider de procéder à un DPI, soit parce qu’ils ont déjà eu recours à un ou plusieurs diagnostics anténatals systématiquement suivis d’une mauvaise nouvelles ou d’une interruption de grossesse, soit parce que leurs convictions religieuses ou éthiques les empêchent de recourir à celle-ci. D’autres patients encore sont stériles et doivent en tous cas procéder à une FIV. Au cours de la première consultation au centre de génétique médicale, on détermine si le coupe entre en ligne de compte pour le DPI : si seule la mutation qui est la cause de la maladie dans la famille est connue, le DPI est développé. Lors de cette consultation, on prélève du sang chez les deux membres du couple et éventuellement chez certains membres de la famille : les enfants porteurs de la maladie si le couple a déjà des enfants, les parents du couple ou même des parents éloignés. Tout est alors en ordre pour passer à l’étape 2, c’est-à-dire le développement d’un test adapté en laboratoire. 1 Etape 2: développement d’un test sur une seule cellule Une fois que le biologiste moléculaire a établi que le couple était un « bon candidat » pour le DPI, puisque la mutation est relativement facile à déterminer, on commence par développer le test sur une seule cellule. Ce développement est indispensable puisque seule une ou deux cellules ne peuvent être prélevées d’un embryon en culture qui ne se compose que de 8 cellules. Etant donné qu’une cellule comprend très peu d’ADN – si l’on fait la comparaison avec une prise de sang par exemple – un tel procédé est un travail délicat. Tout d’abord on examine si le test fonctionne sur une grande quantité d’ADN. Ensuite cette quantité d’ADN est réduite jusqu’à ce que l’on atteigne une quantité correspondant à ce qui se trouve dans une seule cellule. Ensuite on passe aux petites cellules prélevées du sang du patient qui sont examinées une à une jusqu’à ce qu’on en obtienne une cinquantaine. Ce n’est que lorsque le résultat est satisfaisant, càd lorsque plus de 90 % des cellules examinées donnent le résultat escompté, que le test est prêt à être pratiqué sur les embryons des patients. Etant donné que cette étape est très difficile sur le plan technique, il faut compter sur un délai de six mois minimum avant que le test soit au point. S’il s’agit de mutations qui se produisent souvent et pour lesquelles de nombreux patients font appel à nous, seul le premier patient est obligé d’attendre si longtemps. Le test est alors au point pour les autres patients qui peuvent - moyennant une préparation minimale - procéder à un cycle DPI. C’est par exemple le cas pour la plupart des patients qui viennent pour la mucoviscidose. Dans d’autres cas, comme la plupart des familles EB, toutes les familles sont porteuses de mutations diverses. Un nouveau test doit alors systématiquement être développé et un nouveau délai d’attente s’impose. Cependant, nous estimons qu’il est plus important d’avoir un test qui fonctionne bien et d’avoir un risque d’erreur minimal, plutôt que de pouvoir aider les patients en des délais plus courts. Lorsque le test est prêt, les patients en sont informés et nous pouvons passer à l’étape 3. Etape 3 : préparation au traitement FIV Après que le gynécologue spécialiste en fertilité a examiné la patiente, et lui a éventuellement fait passer des examens complémentaires, elle peut commencer la stimulation ovulaire. Cette stimulation va aider les ovaires à amener à maturation un maximum d’ovocytes en même temps. La médication donnée parallèlement permet de limiter cette stimulation à une quinzaine de jours, bien que cette durée puisse varier. Après les diverses prises de sang et écographies, lorsque l’on estime que les ovocytes sont arrivés à maturation, la patiente reçoit une dernière injection pour déclencher l’ovulation. Etape 4: le traitement FIV Ensuite, la gynécologue spécialiste en fertilité va recueillir les ovocytes arrivés à maturation en piquant directement dans les ovaires par voie vaginale. Parallèlement à cela, un échantillon de sperme est demandé au partenaire de la patiente. Les étapes suivantes se font en laboratoire, en dehors du corps de la femme. Les ovocytes arrivés à maturation sont injectés un à un avec un spermatozoïde. Après trois jours, un certain nombre d’entre eux (environ 5 ou 6 sur dix) vont se développer normalement et se composeront de 8 cellules. Une ou deux d’entre elles seront prélevées en vue d’un diagnostic génétique. Le test, spécialement conçu auparavant pour la famille, sera effectué sur ces mêmes cellules. On sait très souvent le lendemain quels embryons sont sains et quels embryons ne le sont pas. Un ou deux embryons sont replacés dans l’utérus de la mère le surlendemain, soit 5 jours après le prélèvement de l’ovule. Il peut malheureusement également arriver qu’aucun embryon ne puisse être replacé. Ceci peut être dû au fait qu’il n’y avait pas suffisamment d’ovules arrivés à maturation ou que les embryons ne se soient pas bien développés dans le milieu de culture. Parfois aussi, il peut s’avérer qu’aucun embryon n’était sain après le test. 2 Etape 5: après le traitement FIV Dans près d’un cycle sur quatre, l’embryon va s’accrocher et la patiente sera enceinte. La grossesse sera ensuite suivie comme une grossesse normale, chez le gynécologue que la patiente a elle-même choisi. Un diagnostic anténatal sera à nouveau proposé car, d’une part un petit risque subsiste quand même dans le cas d’une erreur commise pendant le DPI et car d’autre part un seul problème génétique a été pris en considération. Si la mère a par exemple plus de 37 ans, elle court davantage le risque d’avoir un enfant porteur d’une anomalie chromosomique telle que le syndrome Down. La patiente est tout à fait libre d’accepter ou de refuser cette proposition. Si la patiente n’est pas enceinte après le traitement, elle peut à nouveau procéder à une stimulation ovulaire après une courte période. L’assurance-maladie rembourse une grande partie des frais (traitement médicamenteux, hospitalisation, coûts de laboratoire) et ceci pour 6 tentatives DPI. DPI pour EB Comme mentionné plus haut, on peut proposer le DPI à tous les patients à condition que la mutation causée par la maladie soit connue, ou tout au moins le gène dans lequel s’est produit la mutation. Jusqu’à ce jour, nous n’avons mis au point qu’un seul test spécifique pour un couple qui courait le risque d’avoir un enfant atteint de l’EBS. Malheureusement, après trois cycles DPI, la patiente n’est pas tombée enceinte et le couple a décidé de ne pas poursuivre le traitement. Nous avons également reçu la demande d’un deuxième couple, mais il a déjà arrêté le traitement. A ce jour, nous avons deux demandes de deux couples présentant deux formes différentes d’EB. Les développements mis au point pour ces couples sont en cours. Debra Belgium - Bulletin d’info - novembre 2006 - année 8 - n°. 31 3 Les familles concernées peuvent s’adresser à un des huit centres belges de génétique médicale, liés aux hôpitaux universitaires. Centres francophones Université de Liège Centre de Génétique Humaine Centre Hospitalier Universitaire du Sart Tilman 4000 Liège 1 Tel. 04/366.71.24 http://www.genetique-hum-ulg.be/ Université Libre de Bruxelles Centre de Génétique Route de Lennik 808 1070 Bruxelles Tel. 02/555.41.45 http://www.uzbrussel.be/u/view/fr/121480Qui+est+qui.html?id=20447 Université Catholique de Louvain Unité de Génétique Croix-du-Sud 2 1348 Louvain-la-Neuve Tel. 010/47.37.23 http://www.uclouvain.be/gena-pops Loveral Institut de Pathologie et de Génétique Allée des Templiers 41 6280 Loverval Tel. 071/47.30.47 http://www.ipg.be Centres néerlandophones Universiteit Antwerpen Centrum Medische Genetica Universiteitsplein 1 2610 Wilrijk Tel. 03/820.25.70 http://webh01.ua.ac.be/cmg/ Vrije Universiteit Brussel Medische Genetica Laarbeeklaan 101 1090 Brussel Tel. 02/477.60.71 http://www.uzbrussel.be/u/view/nl/127801Medische+Genetica.html 4 Katholieke Universitair Leuven Centrum voor Menselijke Erfelijkheid Herestraat 49 3000 Leuven Tel. 016/34.59.03 http://www.uzleuven.be/cme/ Universiteit Gent Dienst Medische Genetica De Pintelaan 185 9000 Gent Tel. 09/240.36.03 http://medgen.ugent.be/CMGG/home.php