Le diagnostic clinique d'une entorse grave repose sur un faisceau de signes :
- Le traumatisme a été violent, avec impression de déboîtement ou de grand déplacement. La
sensation d'un craquement, surtout s'il a été audible, est très évocatrice. Par contre l'intensité
de la douleur et de l'impotence fonctionnelle n'est pas parallèle à la gravité de l'entorse. Au
contraire après la douleur initiale fulgurante commune à tous les types d'entorse, on observe
dans les entorses graves une sédation presque totale pendant quelques heures, suivie d'une
douleur permanente peu intense (classique évolution en trois temps), n'entraînant qu'une
impotence modérée. Au maximum, une sensation d'instabilité indolore à l'appui est très
évocatrice (mais elle est très rarement retrouvée).
- Il existe un volumineux hématome sous-cutané pré- et sous-malléolaire en œuf de pigeon,
apparu très précocement dans les minutes qui suivent le traumatisme. Quelques heures après, la
région péri-malléolaire est gonflée par un œdème plus étendu, la diffusion de l'hématome jusqu'à
la peau étant responsable de son aspect ecchymotique. Seuls les volumes de l'œdème et
l'étendue de l'ecchymose sont ici des signes de gravité.
- La mise en évidence d'une laxité tibio-astragalienne externe à l'examen clinique dynamique est
certes un signe de gravité, mais elle est aléatoire du fait du caractère douloureux de la
manœuvre qui nécessite pour certains l'usage d'ânes
Thésiques locaux. Elle ne saurait être recherchée avant que les
radiographies standards de la cheville n'aient confirmé l'absence de
fracture associée. L'examen est réalisé sur un patient en décubitus
dorsal, l'examinateur au pied du malade. On empaume d'une main le
talon par sa face externe, en sous-malléolaire, et de l'autre main le
quart inférieur de la jambe par sa face interne. Deux manœuvres sont
réalisées, très douces pour ne pas être douloureuses. Dans le plan
frontal, la main externe porte le talon en varus tentant de faire
bailler l'articulation de la cheville. Le mouvement anormal de
ballottement astragalien est rarement perçu. Le choc astragalien est
plus évocateur, traduisant le choc en retour de l'astragale contre la
malléole externe à l'arrêt de la contrainte (Fig. 2). Dans le plan
sagittal, on attire l'arrière pied vers l'avant à la recherche d'une
mobilité anormale de l'astragale glissant vers l'avant sous le tibia,
réalisant le tiroir antérieur (Fig. 3). La combinaison de ces manœuvres
recherche une sub-luxation rotatoire de l'astragale dans le plan
horizontal, autour du point fixe qu'est la malléole interne sur laquelle
s'insère le faisceau antérieur, intact, du LLI.
Figure 2 : Réalisation de la
manœuvre en varus forcé. Noter
la technique d'empaumement du
talon.