DOCTRINE DE
LA
VERTU INTRODUCTION
contrainte
l.
-
Mais l'homme étant cependant un
être libre
nécessaire, c'est-à-dire comme un devoir pour les hommes.
-
(moral), le concept du devoir ne peut envelopper aucune autre En effet puisque les penchants sensibles nous égarent vers des
contrainte qu'une
contrainte personnelle
(par la représenta- fins (comme matière du libre-arbitre), qui peuvent être
tion de la loi seulement), lorsqu'il s'agit de la détermination contraires au devoir, la raison législatrice ne peut autrement com-
interne de la volonté (les mobiles). En effet c'est ainsi seule- battre leur influence qu'en leur opposant
à
son tour une
fin
ment qu'il est possible d'unir cette
contrainte
(fût-elle mème morale, qui doit être ainsi donnée
a priori
indépendamment du
extérieure) avec la liberté du libre-arbitre
;
mais
à
ce point de
I
penchant.
vue le concept du devoir devient un concept éthique. On nomme
fin
l'objet du libre-arbitre (d'un être raisonnable),
Les penchants de la nature forment donc dans le cœur de dont la représentation determine [le vouloir]
à
une action qui
l'homme des
obstacles
à
I'accomplissement du devoir et aussi produise cet objet.
-
Or je puis bien
à
la vérite être contraint
des forces opposees (en partie puissantes) que l'homme doit se par autrui
à
des actions qui sont dirigees en tant que moyens
juger capable de combattre et de vaincre par la raison non vers une fin, mais je ne puis jamais être contraint par autrui
h
seulement dans l'avenir, mais aussi
à
l'instant même tandis
posséder une fin,
c'est moi seul qui détiens le pouvoir de
me
qu'il y pense; en d'autres termes l'homme doit se juger capa- proposer quelque chose comme
fin.
-
Mais si, de plus, je suis
ble de
pouvoir
ce que la loi lui ordonne inconditionnellement obligé de me proposer comme fin quelque chose qui est com-
comme ce qu'il
doit
faire. pris dans les concepts de la raison pratique et si par consequent
Or on nomme
courage (fortitudo)
la force et la décision réflé- [je dois admettre] en plus du principe formel de détermina-
chie d'opposer une résistance
à
un adversaire puissant, mais tion du libre-arbitre (tel que celui qu'enveloppe le droit), encore
injuste, et lorsqu'il s'agit de l'adversaire que rencontre l'inten-
I
un principe matériel de détermination, qui consiste
B
posséder
tion morale
en nous
le courage est alors
VERTU
(virtus, forti-
une fin, qui puisse être opposée
à
la
fin
qui résulte des penchants
tudo moralis).
Ainsi la doctrine génerale des devoirs dans la sensibles, il s'agit alors du concept d'une
fin qui est en elle-
partie qui consiste
à
soumettre
à
des lois non pas la liberte
méme un devoir;
et la théorie de celle-ci ne peut relever de la
exterieure, mais la liberté intérieure, est une
doctrine de la
doctrine du droit, mais appartient
à
l'éthique, dont le concept
n'implique rien d'autre qu'une
contrainte personnelle
d'aprés
La doctrine du droit ne concernait que la condition
formelle
des lois morales.
de la liberte (constituke par l'accord de la liberte avec elle- Par la même raison on peut également definir l'éthique comme
même lorsque sa maxime était érigée en loi universelle), c'est- le système des
fins
de la raison pure pratique.
-
Fin et devoir
àdire le
DROIT.
En
revanche l'éthique nous offre encore une lié
à
la contrainte
<Zwangspflickt>,
ces deux expressions carac-
matibre
(un objet du libre-arbitre), une
FIN
de la raison pure, térisent les deux divisions de la doctrine générale des mœurs.
qu'elle presente en même temps comme une fin objectivement Que l'éthique contienne des devoirs que l'on ne puisse être
contraint (physiquement) d'observer par autrui, c'est là ce qui
1.
Toutefois lorsqu'il se considère objectivement, en fonction de sa ddtemina-
résulte simplement de ce qu'elle est une doctrine des
fins;
en
tion par sa raison pure pratique (d'après I'humanile' en sa propre personne),
effet subir ou se proposer une semblable
contrainte
est chose
l'homme se trouve en m8me temps comme ttre moral assez saint pour ne violer
contradictoire.
la
loi interieure qu'A contre-cœur
:
c'est qu'en effet il n'existe pas d'homme assez
dCprave pour ne pas sentir en lui-même tandis qu'il la viole une resistance et un
Mais que I'éthique soit une
doctrine de la vertu (doctrina
sentiment de mkpris pour lui-même, qui le mkne
A
exercer une contrainte sur
officiorum virtutis),
c'est là ce qui découle aussi de la précé-
lui-meme. Expliquer le phknomène suivant lequel en cette alternative (qu'illustre
dente définition de la vertu, comparée
à
l'obligation, dont le
la belle fable d'Hercule placé entre la vertu et la volupt.5) I'homme se montre
plus dispose
A
kcouter son penchant que la loi. est chose impossible
;
c'est que
caractère propre a également été indiqué.
-
En effet, il n'existe
nous ne pouvons expliquer ce qui arrive qu'en
k
dkrivant d'une cause d'aprhs
aucune autre determination du libre-arbitre, qui par son concept
des lois de la nature
;
et en ce cas nous ne parvenons plus
A
penser le libre-arbitre
soit propre
à
échapper
à
toute contrainte même physique dépen-
comme libre.
-
Cependant cette contrainte personnelle qui se manifeste en deux
dant du libre-arbitre d'autrui. en dehors de celle qui consiste
à
sens opposbs, ainsi que I'impossibilitk d'kvitcr [ce conflit], nous font connaître
i'incompréhensible qualitd de la liberte'.
se proposer une
fin.
Autrui peut bien me
contraindre
à
faire
quel-
I
!