Aristote

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Présentation de Philippe Bélanger
Séminaire Éthique et Politique
Université de Montréal
1er Février 2005
La notion de ''phronésis'' au sein de la pensée aristotélicienne
Une éthique de la vertu
But: Comprendre l'essentiel du projet éthique d'Aristote et plus particulièrement quelle est la
nature du concept de phronesis?
« L'intérêt qu'on peut trouver à lire aujourd'hui le philosophe ancien commence donc
avec la découverte de ces différences, souvent profondes et, par tant, significatives.
Elles témoignent de préoccupations que nous n'avons plus – à tort ou à raison, c'est
au lecteur d'en juger – et elles importent davantage peut-être qu'une vague et
lointaine communauté de pensée, hâtivement postulée sur la foi de ressemblances
apparentes »1
1. Considérations préliminaires sur la vertu
« Chez lui, comme on l'a vue, le nom de « Métaphysique » n'existe pas et celui d'éthique désigne
moins une discipline qu'un type de problème. »2
« (...) la vertu d'une chose est relative à son oeuvre propre. » (EN 1139a 16-17)
« Et par vertu humaine nous entendons non pas l'excellence du corps, mais bien celle de l'âme, et le
bonheur est aussi pour nous une activité de l'âme » (EN 1102a 15-17)
À la recherche de la nature de la droite règle et de son principe de détermination:
« Dans toutes les dispositions morales dont nous avons parlé (...) il y a un certain but, sur lequel,
fixant son regard, l'homme qui est en disposition de la droite règle intensifie ou relâche son effort, et
il existe un certain principe de détermination des médiétés, lesquelles constituent, disons-nous, un
état intermédiaire entre l'excès et le défaut, du fait qu'elles sont en conformité avec la droite règle »
(EN 1138b 22-25)
2. Sur l'Âme
« « Principe »se dit d'abord du point de départ du mouvement de la chose » (M 1012b 34)
1BODÉÜS
2Ibid,
Richard, ARISTOTE, Librairie philosophique J.VRIN, Paris, 2002, p.10
p.172
« Mais il semble bien qu'il existe encore dans l'âme une autre nature irrationnelle laquelle toutefois
participe en quelque manière à la raison » (EN 1102b 12-13)
« On voit que la partie irrationnelle de l'âme est elle-même double: il y a, d'une part, la partie
végétative, qui n'a rien en commun avec le principe raisonnable, et, d'autre part, la partie appétitive
ou, d'une façon générale, désirante, qui participe en quelque manière au principe raisonnable en tant
qu'elle écoute et lui obéit. » (EN 1102b 28-31)
« Prenons pour base que de discussion que les parties rationnelles sont au nombre de deux, l'une par
laquelle nous contemplons ces sortes d'êtres dont les principes ne peuvent être autrement qu'ils ne
sont, et l'autre par laquelle nous connaissons les choses contingentes (...). Appelons l'une de ces
parties la partie scientifique, et l'autre la calculative, délibérer et calculer étant une seule et même
chose(...) » (EN 1139a 6-12)
« (...) c'est alors la partie raisonnable qui sera double: il y aura, d'une part, ce qui, proprement et en
soi-même, possède la raison, et, d'autre part, ce qui fait que lui obéir, à la façon dont on obéis à son
père. »
(EN 1103 a 1-4)
Sur les facteurs qui définissent le désir et l'intellect:
« Et ce que l'affirmation et la négation sont à la pensée, la recherche et l'aversion sont dans l'ordre
du désir ; par conséquent, puisque la vertu morale est une disposition capable de choix, et que le
choix est un désir délibératif, il faut par la même qu'à la fois la règle soit vrai et le désir droit, si le
choix est bon, et qu'il y ait identité entre ce que la règle affirme et ce que le désir poursuit. » (EN
1139a 19-25)
« La pensée par elle-même cependant n'imprime aucun mouvement, mais seulement la pensée
dirigée vers une fin et d'ordre pratique » (EN 1139a 35-36
« (...) la vie vertueuse est une fin, et le désir a cette fin pour objet. » (EN 1139b 3-4)
3. La prudence
« (...) la prudence est une disposition, accompagnée de règle vraie, capable d'agir dans la sphère de
ce qui est bon ou mauvais pour un être humain. » (EN 1140b 4-5)
« Ainsi, une certaine unité des savoirs non méditatifs s'opère sous l'égide d'un savoir de type
prudenciel qu'Aristote appelle « sagacité » (phronèsis).
Celui-ci, d'après Aristote, inclut, à titre de composantes, diverses qualités (telles que
l'habilité, le bon conseil, etc.) et présente différentes formes entre lesquelles le savoir politique, et
plus précisément encore le savoir du législateur, occupe la place la plus éminente, parce qu'il décide
de façon souveraine de tous ce qu'il faut exécuter »3
« La prudence étant de l'ordre de l'action, il en résulte qu'on doit posséder les deux sortes de
connaissances et de préférence celle qui porte sur le singulier. Mais ici encore elle dépendra d'un art
architectonique. La sagesse politique et la prudence sont une seule et même chose »
(EN1141b 22-23)
« La bonne délibération au sens absolu est dès lors celle qui mène à un résultat correct par rapport à
la fin prise absoluement, alors que la bonne délibération en un sens déterminé est celle qui n'aboutit
à un résultat correct que par rapport à une fin elle-même déterminée. Si donc les hommes prudents
ont pour caractère propre le fait d'avoir bien délibéré, la bonne délibération sera une rectitude en ce
qui concerne ce qui est utile à la réalisation d'une fin, utilité dont la véritable conception est la
prudence elle-même » (EN 1142b 30-35)
« La prudence a sans doute pour objet les choses justes, belles et bonnes pour l'homme, mais ce ne
sont là des choses qu'un homme de bien accomplis naturellement. Notre action n'est en rien facilitée
par la connaissance que nous avons de ces choses (...) » (EN 1143b 23-24)
4. La Politique
« Or, il semble bien que le véritable politique soit aussi celui qui s'est adonné spécialement à l'étude
de la vertu, puisqu'il veut faire de ses concitoyens des gens honnêtes et soumis aux lois (...) » (EN
1102a 7-10
« Aristote, lui, plaide en faveur de deux vertus intellectuelles, la sagacité et la sagesse, où se
ramènent toutes les perfections de l'homme. L'une fait l'objet des principales réflexions de sa
philosophie politique, l'autre de sa quête avouée de sa philosophie première. »4
« Il est absurde, en effet, de penser que l'art politique ou la prudence soit la forme la plus élevée du
savoir, s'il est vrai que l'homme n'est pas ce qu'il y a de plus excellent dans le Monde. » (EN 1141a
20-22)
3Ibid,
4Ibid,
p.173
p.11
« L'oeuvre de la politique est en effet la justice instituée par la loi, sans laquelle l'homme est la pire
des bêtes qui soit. Si l'enseignement détaillé qu'Aristote entreprend sur la vertu s'adresse aux
politiques, c'est donc parce que l'exercice de la vertu, lorsqu'on est un homme sagace, se ramène à
l'exercice de la justice. »5
« Mais tandis que la philosophie, traitant de ces questions, enseigne à connaître ce qui est bien en
général, la sagacité politique consiste à décider ce qui est bon dans les situation particulières. »6
5. Le Bonheur
« Puisque le bonheur est une certain activité de l'âme en accord avec une vertu parfaite, c'est la
nature de la vertu qu'il nous faut examiner : car ainsi peut-être pourrons nous mieux considérer la
nature du bonheur lui-même » (EN LI 1102a 5-6)
5Ibid,
6Ibid,
p.200
p.177
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