École Normale Supérieure 20 novembre 2014 Topologie, analyse et calcul différentiel Feuille d’exercices no8 Exercice 1 : propriété de Banach-Saks Soit H un espace de Hilbert. Soit (un )n∈N une suite bornée d’éléments de H. Montrer qu’il existe une extraction φ : N → N telle que, si on pose : vN = uφ(0) + ... + uφ(N −1) N ∀N ∈ N∗ alors la suite (vN )N ∈N est convergente. Exercice 2 : fonction à dérivées successives prescrites On rappelle que le support d’une fonction f : R → R est l’adhérence de f −1 (R − {0}). Dans cet exercice, on souhaite montrer le résultat suivant, dû à Borel : Soient (cn )n∈N une suite de réels et I un voisinage ouvert de 0 dans R. Il existe f ∈ C ∞ (R), à support dans I, tel que : ∀n ∈ N, f (n) (0) = cn . 1. Montrer qu’il existe une fonction ϕ ∈ C ∞ (R), à support dans ] − 1, 1[, qui vaut 1 au voisinage de 0. 2. On introduit, pour εn suffisamment petit pour que ] − εn , εn [⊂ I, la fonction Ç x gn (x) = cn ϕ εn å n x n! . Montrer que si εn est assez petit, on a gn(α) (x) ≤ 2−n sur R, pour tout α ∈ {0, . . . , n − 1}. 3. Conclure, en utilisant la fonction f (x) := +∞ P n=0 gn (x). Exercice 3 : un théorème de Whitney Soit F un fermé de Rn . Un théorème de Whitney établit que F est le lieu des zéros d’une fonctions réelle de classe C ∞ , c’est-à-dire qu’il existe une fonction f : Rn → R de classe C ∞ telle que F = f −1 ({0}). 1. Montrer qu’il existe une famille dénombrable de boules (Bi )i∈N et d’applications fi ∈ C ∞ (Rn , R) S telles que F = Rn − Bi et, pour tout i ∈ N : i∈N {x ∈ Rn tq fi (x) = 0} = Rn − Bi 2. Construire l’application recherchée à partir des fi . 1 Exercice 4 : isométries de Rn On munit Rn de sa norme euclidienne. Rappelons que f : Rn → Rn est une isométrie si, pour tous x, y ∈ Rn , on a ||f (y) − f (x)|| = ||y − x||. Soit f une application de classe C 2 de Rn dans lui-même. On va montrer que f est une isométrie si et seulement si sa différentielle est une isométrie en tout point. 1. Si f est une isométrie, démontrer que sa différentielle l’est également. 2. À partir de maintenant, on suppose que la différentielle de f est une isométrie en tout point. Montrer que, pour tous h, k, l ∈ Rn et pour tout x ∈ Rn , on a : hd(2) f (x).(h, l), df (x).ki + hdf (x).h, d(2) f (x).(k, l)i = 0 3. On note g(h, k, l) = hd(2) f (x).(h, l), df (x).ki. Déduire de la question précédente que g(h, k, l) = −g(k, h, l) puis montrer que g(h, k, l) = 0. 4. Conclure. Exercice 5 : théorème de Lax-Milgram Soit H un espace de Hilbert. Soit a : H × H → R une application bilinéaire continue. On suppose que a est coercive, c’est-à-dire qu’il existe c > 0 tel que : ∀x ∈ H, a(x, x) ≥ c||x||2 On va montrer que, pour toute forme linéaire continue φ ∈ H 0 , il existe un unique u ∈ H tel que : ∀v ∈ H, a(u, v) = φ(v) 1. Montrer que si u existe, il est nécessairement unique. 2. a) Montrer qu’il existe une application linéaire et continue A : H → H telle que, pour tous u, v ∈ H : a(u, v) = hA(u), vi b) Montrer qu’il existe γ > 0 tel que : ∀u ∈ H, ||A(u)|| ≥ γ||u|| c) Montrer que l’image de A est fermée dans H. d) Montrer que A est surjective et conclure. Exercice 6 : opérateurs compacts Soient E, F deux espaces de Banach. On dit qu’une application linéaire continue u : E → F est compacte si l’image par u de la boule unité de E est d’adhérence compacte dans F . 1. a) Montrer que tout opérateur de rang fini est compact. b) Soit u ∈ Lc (E, F ). Montrer que s’il existe une suite (un )n∈N d’opérateurs de rang fini telle que ||u − un || → 0, alors u est compact. 2 2. Pour u ∈ Lc (E, F ), on définit l’adjoint de u, qu’on note u∗ , par : u∗ : F 0 → E 0 l →l◦u (où E 0 (resp. F 0 ) désigne le dual topologique de E (resp. F ), c’est-à-dire l’ensemble des formes linéaires continues sur E (resp. F )) Dans cette question, on suppose que u est compact et on montre que u∗ l’est aussi. a) Posons K = u(BE (0, 1)) ⊂ F . Soit i : F 0 → C(K, R) l’application qui à une fonction l associe l|K . Montrer qu’il existe une isométrie entre i(BF0 (0, 1)) et u∗ (BF 0 (0, 1)). b) En déduire que u∗ (BF 0 (0, 1)) est précompacte, puis que u∗ est compact. 3. On suppose maintenant que u∗ est compact et on montre que u est compact. a) Montrer que u∗∗ : E 00 → F 00 est compact. b) On note JE : E → E 00 l’application telle que JE (x)(l) = l(x) pour tous x ∈ E, l ∈ E 0 . On définit de même JF : F → F 00 . On a vu la semaine dernière que JE et JF étaient des isométries vers leurs images. Montrer que u∗∗ ◦ JE = JF ◦ u. c) Conclure. 4. On suppose maintenant E = F . a) Montrer que si u est compact, alors Ker (IdE − u) est de dimension finie. [Indication : penser à un théorème de Riesz.] b) Montrer que Im (IdE − u) est fermée. [Indication : montrer qu’il existe α > 0 tel que, pour tout y ∈ (Ker (IdE − u))⊥ , on ait ||(IdE − u)(y)|| ≥ α||y||.] c) Montrer que {l ∈ E 0 tq l(x) = 0 pour tout x ∈ Im (IdE − u)} = Ker (IdE 0 − u∗ ). d) En déduire que Im (IdE − u) est de codimension finie. [Remarque : on peut d’ailleurs démontrer que la dimension de Ker (IdE − u) et la codimension de Im (IdE − u) sont égales.] 3