CURRICULUM Forum Med Suisse No8 20 février 2002 164
Traitement
Les traitements médicamenteux et non médi-
camenteux atténuent les symptômes des pa-
tients, mais ne changent rien à l’évolution de la
BPCO.
Bronchodilatateurs en inhalation
Les bêta-adrénergiques et anticholinergiques,
seuls ou en association, ont un effet bénéfique
sur les symptômes d’une BPCO en exacerbation
ou stable.
Les anticholinergiques bloquent la contraction
des cellules musculaires lisses et la sécrétion
des glandes bronchiques par inhibition de la
stimulation vagale de l’arbre bronchique. Ils
sont de puissants bronchodilatateurs en cas de
crise. Ils sont pratiquement dépourvus d’effets
indésirables systémiques et ne provoquent pas
d’accoutumance. Les β2-mimétiques dilatent
les bronches, améliorent la clairance mucoci-
liaire et diminuent l’hyperinflation pulmonaire
plus marquée à l’effort. Les β2-mimétiques à
brève durée d’action s’utilisent pour le traite-
ment aigu de la dyspnée, du fait de leur entrée
en action rapide. Certaines études montrent
que l’association d’ipratropium, un anticholi-
nergique, à un bêta-adrénergique est plus effi-
cace que chacune de ces substances en mono-
thérapie.
Les β2-agonistes à longue durée d’action (sal-
métérol, formotérol), à raison de 2 inhalations
par jour seulement, sont indiqués pour le trai-
tement d’entretien symptomatique. Les pre-
mières études cliniques avec le tiatropium,
anticholinergique à longue durée d’action, à
n’inhaler plus qu’une seule fois par jour, confir-
ment son intérêt.
Le type d’inhalation – nébuliseur à poudre,
aérosol-doseur (avec ou sans chambre d’ex-
pansion), pulvérisateur – est essentiellement
fonction des meilleures expériences faites par
le patient. Les effets sont les mêmes, pour
autant que l’utilisation et la dose soient cor-
rectes. La prescription d’un bronchodilatateur
ne dépend pas de l’augmentation du VEMS à la
spirométrie après inhalation. Il s’est en effet
avéré que l’inhalation d’un bronchodilatateur
permet d’améliorer la dyspnée d’effort et les
performances physiques même si le VEMS ne
bouge pas. Seuls les patients ressentant une
amélioration de leur symptomatologie après les
inhalations méritent de recevoir un tel traite-
ment à long terme.
Théophyllines
Les théophyllines n’ont pas qu’un effet bron-
chodilatateur, mais aussi des effets clinique-
ment plus ou moins marqués sur la muscula-
ture respiratoire, le centre respiratoire et la cir-
culation pulmonaire. La marge thérapeutique
des théophyllines est étroite. Leur métabolisme
hépatique est modifié par plusieurs facteurs, et
notamment plusieurs médicaments, ce qui fa-
vorise à leurs effets indésirables tels que tre-
mor, palpitations et problèmes digestifs. Pour
prévenir de tels effets indésirables sans recou-
rir aux dosages des concentrations sériques,
seules des doses faibles (400–600 mg par jour)
sous forme retard sont actuellement prescrites.
Les théophyllines ne sont aujourd’hui plus des
médicaments de première intention dans le
traitement de la BPCO. Elles ne sont pas
meilleures que les médicaments en inhalation
et ne présentent pratiquement aucun avantage
comme médicaments d’appoint.
Stéroïdes
Les stéroïdes, en inhalation surtout, jouent un
rôle majeur comme traitement anti-inflamma-
toire de base de l’asthme. Seul un petit groupe
de patients BPCO par contre profite de l’inha-
lation chronique de stéroïdes. L’administration
systémique brève, soit pendant 2 semaines, de
cortisone («steroid-trial») est recommandée
chez tout patient BPCO symptomatique. Si le
VEMS augmente de 12–15%, nous parlons d’un
«steroid-trial» positif; ceci qui ne sera le cas que
chez 10% de ces patients. Chez certains pa-
tients, ce n’est que le «steroid-trial» qui per-
mettra de faire la distinction entre asthme et
BPCO. Chez d’autres, une composante asthma-
tiforme peut masquer la BPCO. Ces derniers
profiteront d’un traitement chronique par sté-
roïdes topiques. Un «steroid-trial» n’a de valeur
que s’il est effectué au cours d’une phase stable
de la maladie. Il est bien documenté que dans
les exacerbations, l’administration systémique
à court terme de stéroïdes accélère le retour de
la fonction pulmonaire aux valeurs de la phase
de stabilité de la maladie. Cet effet n’est pas
comparable à un «steroid-trial» positif, et ne
permet pas non plus de qualifier tel ou tel
patient pour un traitement à long terme par
stéroïdes en inhalation.
Plusieurs grandes études ont montré que l’in-
halation de stéroïdes topiques ne change rien à
l’évolution à long terme de la BPCO, c.-à-d. à la
diminution du VEMS avec le temps. Ce n’est que
chez les patients ayant une BPCO au moins mo-
dérée (VEMS <50% VT) que l’incidence des exa-
cerbations à répétition peut être légèrement
diminuée. Mais cet effet n’est obtenu qu’à des
doses élevées de stéroïdes topiques. En tenant
compte de ces éléments actuels, nous pouvons
épargner à de nombreux patients un traitement
par inhalation à long terme aussi inefficace et
cher que superflu.
N-acétylcystéine
Ce médicament, auparavant utilisé comme mu-
colytique avec un effet contesté, a fait la preuve
de diminuer la fréquence des exacerbations.