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Une Tg sérique mesurée pendant la stimulation de la TSH (TSH endogène ou TSH
recombinante humaine, rhTSH) est plus sensible pour détecter un cancer thyroïdien
différencié (CTD) résiduel ou métastatique qu’une mesure basale de la Tg faite pendant le
traitement par L-T4 (Fig. 6) (308). Le degré d’augmentation de la Tg sérique en réponse à la
TSH fournit une indication de la sensibilité de la tumeur à la TSH. Les tumeurs bien
différenciées montrent typiquement une augmentation de la Tg sérique de 10 fois le taux de
base en réponse à une TSH élevée (309). Les tumeurs faiblement différenciées qui ne
concentrent pas l’iodure peuvent afficher une réponse faible à la stimulation par TSH (310).
1. Situation actuelle des méthodes de dosage de la Tg
La thyroglobuline est habituellement mesurée dans le sérum, mais le dosage peut aussi être
effectué dans les liquides d’un kyste thyroïdien et les tissus obtenus par cytoponction de
nodules thyroïdiens à l’aiguille fine (311). La mesure de la Tg dans le sérum est un défi
technique. Actuellement, les méthodes immuno-métriques (IMA) gagnent en popularité sur
les méthodes de dosage radio-immunologiques (RIA). C’est parce que les méthodes IMA
offrent l’avantage pratique d’un temps d’incubation plus court, une gamme de valeurs
mesurées plus étendue et un anticorps marqué réactif plus stable, moins fragile que ceux
employés en RIA (312). Les laboratoires peuvent maintenant choisir entre des méthodes
isotopiques (immuno-radiométrique, IRMAs) et non isotopiques (surtout chimiluminescence,
ICMA). Cependant, les méthodes IMA sont plus sujettes à interférence en cas d’auto-
anticorps anti-thyroglobuline (TgAb) positifs, ce qui conduit à une sous-estimation des
niveaux de la Tg sérique. Cela a incité certains laboratoires à choisir des méthodes RIA pour
mesurer la Tg sérique chez les malades ayant des anticorps anti-Tg positifs et à limiter l’usage
de méthodes IMA aux seuls malades sans anticorps anti-Tg. Cependant, aucune méthode ne
peut prétendre être totalement libre d’interférences en présence d’anticorps anti-Tg qui
peuvent provoquer une sur–estimation comme une sous-estimation des valeurs de Tg
mesurées. À côté des problèmes créés par les interférences dues aux anticorps anti-Tg, les
méthodes actuelles de dosage de Tg sont aussi handicapées par des différences dans la
standardisation et la spécificité. De plus, elles font généralement preuve d’une sensibilité et
d’une reproductibilité insuffisante et manifestent un effet « crochet » en cas de valeurs élevées
de Tg (312).
(a) Standardisation. Les concentrations de Tg sériques mesurées par les méthodes RIA ou
IMA, varient largement (312,313). Un effort de collaboration récent parrainé par le Bureau de
Référence de la Commission de la Communauté Européenne a développé une nouvelle
préparation de référence internationale de Tg, la CRM-457 (298,314). Cet étalon peut être
obtenu auprès du Dr. Christos Profilis, BCR, Rue de la Loi 200, B 1049 Bruxelles, Belgique.
Les biais entre les différentes méthodes de mesure de la Tg peuvent résulter de différences
entre la matrice libre de Tg utilisée pour diluer les étalons et le sérum de patient, ou de
différences dans la reconnaissance de l’épitope par les différents anticorps anti-Tg utilisés par
chaque fabricant. Idéalement, les solvants utilisés pour les étalons devraient être du sérum
humain libre de Tg /anticorps anti-Tg ou une matrice non-sérique sélectionnée pour produire
un signal (coups radioactifs, unités légères relatives, etc…) identique à celui d’un sérum
humain libre de Tg/anticorps anti-Tg. Il est essentiel que les médecins soient informés avant
que le laboratoire ne change sa méthode de mesure de la Tg pour permettre la redéfinition des
valeurs de base des malades ayant un CTD.