Les chercheurs se penchent sur l’assiette des seniors Il faut manger pour vivre… et pour être en bonne santé ! Ce qui est vrai tout au long de la vie l’est tout particulièrement chez les plus de 60 ans, qui représentent aujourd’hui un cinquième de la population française. Les liens entre la nutrition, la santé et le bien-être deviennent de plus en plus importants à mesure que l’on vieillit, observent les chercheurs de l’Inra. Pour améliorer l’assiette des seniors, de nombreuses pistes sont aujourd’hui explorées. Fonte musculaire : optimiser l’action des produits laitiers et de la viande La sarcopénie ou fonte musculaire est une des grandes fragilisations liées à l’âge. Source de faiblesse musculaire, elle est aussi à l’origine de chutes et de fractures. Elle est évidemment accentuée par la sédentarité et la dénutrition. En plus d’une activité physique modérée tant qu’elle est possible, les apports de protéines de bonne qualité biologique sont essentiels. Celles de la viande (un tiers des protéines consommées en France) sont très utiles. Les recherches en cours semblent montrer qu’elles sont plus rapidement digérées et mieux assimilées quand la température de cuisson de la viande est faible. C’est une piste pour renforcer leur action bénéfique. Une autre piste est celle des produits laitiers, riches en protéines de bonne qualité nutritionnelle. Les produits laitiers liquides retiennent aujourd’hui l’attention, car ils sont digérés plus rapidement et assurent un afflux rapide et massif d’acides aminés dans le sang. Ce qui permet une restauration protéique musculaire optimale. La leucine, un acide aminé fortement présent dans les produits laitiers, joue un rôle prépondérant pour assurer la synthèse protéique et donc préserver les muscles. Ostéoporose : calcium + vitamine D, et polyphénols ? Problème majeur de santé publique, l’ostéoporose concerne 3 millions de femmes en France. Cette déminéralisation osseuse, qui fragilise le squelette, est à l’origine chaque année d’environ 145 000 fractures. Pour limiter le risque, on connaît le rôle du calcium des produits laitiers et de la vitamine D, indispensables pour l’acquisition et le maintien de la masse osseuse. On connaît aussi l’importance du maintien d’une activité physique à doses modérées. Des chercheurs de l’Inra s’intéressent aujourd’hui au potentiel des polyphénols contenus dans de nombreux fruits et légumes. La fisétine, un polyphénol contenu notamment dans les fruits rouges, pourrait ainsi participer au maintien de la santé osseuse. D’autres travaux sont aussi en cours sur les composants de l’olive. Déclin cognitif : vitamine A et oméga 3 En France, environ 17 % des plus de 75 ans sont atteints d’une forme de démence (dont la maladie d’Alzheimer), soit 870000 cas. Les chercheurs s’intéressent aux rétinoïdes, en particulier à l’acide rétinoïque, un métabolite de la vitamine A qui joue un rôle capital dans le développement du système nerveux central et le bon fonctionnement du cerveau adulte. Le métabolisme de la vitamine A est fortement perturbé au cours du vieillissement et les besoins en vitamine A seraient augmentés chez les personnes âgées. D’où l’espoir de diminuer les altérations cérébrales et les déficits de mémoire en modulant les apports nutritionnels de vitamine A : foie, beurre, lait, œufs, fromages, végétaux riches en bêtacarotène, etc… Autre piste : les oméga3, crédités d’une action contre les maladies cardiovasculaires, ils pourraient aussi protéger du déclin cognitif liée à l’âge et des pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Honneur aux poissons gras, aux huiles de noix et de colza et aux produits laitiers qui en sont les principales sources. Contre la dénutrition, une alimentation qu’on mange avec plaisir En augmentation dans la population européenne, la dépendance et la perte d’autonomie alimentaire favorisent la dénutrition. Celle-ci concerne 15 à 40 % des personnes vivant en institution et 50 à 70 % des personnes hospitalisées. Les personnes bénéficiant d’une aide à domicile pour l’alimentation ont 46 % de risque d’être dénutries, alors que celles qui ne bénéficient d’aucune aide ont seulement un risque de 4 à 16 %. La variété des aliments, la qualité de leur goût et leur présentation améliorent le plaisir de manger et augmentent les quantités consommées, révèle l’enquête Aupalesens, menée chez 559 Français de plus de 65 ans. Par exemple, la présence de deux légumes augmente la consommation de viande, les condiments augmentent l’agrément du repas… L’enquête Optifel, menée chez 420 personnes âgées révèle de son côté l’importance des modes de préparation et de conditionnement. Les légumes bouillis sont plus appréciés en Espagne, les gratins ont les faveurs des Français. Des recherches sont conduites pour mettre à la disposition des seniors des produits faciles à préparer, répondant à leurs goûts et à leurs besoins nutritionnels. Et pour améliorer aussi l’accessibilité et la distribution des denrées. Toutes les pistes explorées aujourd’hui sont en quête d’une meilleure efficacité nutritionnelle, au service de la santé des personnes âgées. (Nutrinews hebdo) Dossier de Presse INRA. Les chercheurs se mettent à la table des seniors