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l’identité, l’angoisse de vivre, la mort… Peu importe
qu’il s’agisse d’un dramaturge ou d’un peintre. Le
spectateur qui connaît Ionesco appréciera tous les
petits et grands clins d’œil aux œuvres ; celui qui
ne le connaît pas pourra le découvrir. Si, après
avoir vu la pièce, le spectateur a envie de lire ou
de relire Ionesco, c’est mission accomplie. Des
gens m’ont dit : « Ionesco m’a toujours fait peur.
Vous m’avez donné le goût de le lire ». Rien ne
peut me faire plus plaisir.
Vous avez repris des traits du style
d’Ionesco, sans toutefois l’imiter
servilement. Qu’est-ce qui appartient en
propre à Richard Letendre ?
Je me suis imprégné de son esthétique théâtrale
et, par la force des choses, j’ai repris plusieurs
procédés ionesciens. Disons que ma vision du
langage, et du monde probablement, est plus
ludique que tragique. Chez Ionesco, les mots
prolifèrent comme les objets, ou ils sont répétés
jusqu’à ce qu’ils perdent leur sens, jusqu’à
l’incommunicabilité, jusqu’à l’absurde. Moi, j’aime
jouer avec les mots comme d’autres jouent avec
de la pâte à modeler ; j’aime surprendre, cultiver
l’équivoque, faire surgir un sens inattendu ou
insolite par les homophonies ou les parentés de
sons. Je me décrirais modestement comme une
sorte de « patenteux » du langage.
L’aventure de Qui est ce Ionesco ? s’est
poursuivie jusqu’en Roumanie…
J’ai eu une triple chance. D’abord, d’avoir été
traduit. Cela a permis de tisser des liens avec
la communauté roumaine de Montréal. Ensuite,
de m’être rendu en Roumanie et d’avoir assisté
à la représentation de ma pièce adaptée par le
metteur en scène Bogdan Cioaba. J’avoue que
j’ai rarement été aussi ému au théâtre. Ici, au
Québec, la pièce a été jouée une soixantaine de
fois sans recevoir beaucoup d’échos. Je passe huit
jours en Roumanie, on m’invite à la télévision, à
la radio, on parle de la pièce dans le journal, elle
gagne un prix. Je suis probablement plus connu
à titre d’auteur en Roumanie qu’au Québec. J’en
suis assez fier.
ENTRETIEN AVEC THÉRÈSE PERREAULT, METTEURE EN SCÈNE
Thérèse Perreault a joué sur la scène du Théâtre du Nouveau
Monde, de La Licorne et à la télévision, entre autres dans La
Galère, Les Boys, Les Invincibles, Un homme mort, Les Poupées
russes, Bouscotte, La Boîte à Lunch et, en 2013, dans La Vie
parfaite à Radio-Canada. Elle a prêté sa voix à l’émission Passe-
Partout. Elle participe régulièrement aux Grands Reportages sur
les ondes de RDI. Qui est ce Ionesco ? est sa troisième mise en
scène professionnelle.
© PHOTO EFFET V
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Thérèse Perreault